3° Dimanche - Temps Ordinaire

Première lecture (Is 8, 23b – 9, 3)

« Dans un premier temps, le Seigneur a couvert de honte le pays de Zabulon et le pays de Nephtali ; mais ensuite, il a couvert de gloire la route de la mer, le pays au-delà du Jourdain, et la Galilée des nations. Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse : ils se réjouissent devant toi, comme on se réjouit de la moisson, comme on exulte au partage du butin. Car le joug qui pesait sur lui, la barre qui meurtrissait son épaule, le bâton du tyran, tu les as brisés comme au jour de Madiane. – Parole du Seigneur ». (Is 8, 23b – 9, 3)

Chers auditeurs, que c’est-il passé dans les régions dont parle le prophète ?

Dans les premiers temps, bien avant qu’il y ait un roi en Israël, avant David, avant Saul, au temps de Déborah, Baraq détruisit l'armée de Sisera avec ses dix mille hommes, et ces dix mille étaient de Nephtali et de Zabulon (Juges 4,1-16).

Beaucoup plus tard, cette région que l’on appelle globalement la Galilée, est devenue une région de honte. Les habitants furent infidèles au Dieu de leurs pères, et Dieu excita l’animosité du roi d’Assyrie qui les déporta (1Chr 5, 18. 25-26 ; 2 Rois 15, 29). La chute de Samarie, c’est l’an 721 avant J-C.

Mais le prophète Isaïe annonce une grande lumière sur cette région. Elle va recevoir la visite de Dieu (Is 9, 1-2) et ses habitants vont retrouver la sainte et douce loi du Seigneur : aimer le vrai Dieu avec tout soi-même, aimer le prochain comme soi-même, respecter les shabbats sans les profaner, honorer les parents, ne pas tuer, ne pas voler, ne pas commettre l'adultère, n'être pas faux dans les témoignages, ne pas désirer la femme ni les biens d'autrui.

Avec l’évangile de ce dimanche, il devient clair que le prophète annonçait Jésus, c’est lui qui est la « grande lumière ». L’Évangile dit :

« Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : ‘Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations ! Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée’. À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : ‘Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche’. » – Acclamons la Parole de Dieu » (Mt 4, 12-17). 

Et voici une explication spirituelle donnée par Jésus à Luisa Piccarreta qui peut être méditée à la fois comme un commentaire du péché de ce pays de l’ombre et comme un commentaire de la grande lumière que ce pays a ensuite accueilli :

« Ma fille, puisque la créature descend très bas lorsqu’elle ne vit pas dans notre Volonté, même lorsqu’elle fait le bien, étant donné qu’il lui manque la lumière de notre Volonté et la force de notre sainteté, le bien qu’elle fait reste couvert d’une fumée qui l’aveugle et produit l’amour-propre, la vaine gloire et l’amour de soi. On peut dire que la créature reste empoisonnée de sorte qu’elle ne peut pas produire un grand bien, ni pour elle-même ni pour les autres. Pauvres bonnes œuvres sans ma Volonté ! Elles sont comme des petites cloches sans aucun son, comme des pièces de monnaie sans l’image du roi, qui n’indiquent pas la valeur de l’argent. Ses œuvres peuvent tout au plus se convertir en satisfactions personnelles. Et moi, qui aime tant les créatures, je suis souvent contraint de gâter le bien qu’elles font, afin qu’elles puissent entrer en elles-mêmes et essayer d’agir de façon droite et sainte. [comme Dieu le fit par l’épreuve de l’invasion assyrienne dans les territoires de Zabulon et de Nephtali !]

« Mais pour celle qui vit dans notre Vouloir, il n’y a aucun danger que la fumée de l’amour-propre puisse entrer, même dans les plus grandes œuvres qu’elle pourra accomplir. Cette âme est la petite flamme nourrie par la grande lumière qui est Dieu. La lumière sait comment se débarrasser de l’obscurité des passions et de la fumée de l’amour-propre. Et comme cette âme est lumière, elle comprend tout de suite que tout ce qu’elle fait de bien – c’est Dieu qui travaille dans son propre néant. [Cf. le psaume : « Seigneur, tes mains m’ont façonné, affermi »]. Et si ce néant n’est pas vidé de tout ce qui ne se rapporte pas à Dieu, Dieu ne descend pas au fond du néant de cette créature pour accomplir les grandes œuvres dignes de lui. Ainsi, même l’humilité n’entre pas dans notre Vouloir ; y entre plutôt le néant de la créature, la connaissance qu’elle n’est rien et que tout le bien qui entre en elle n’est rien d’autre que l’action divine. Il arrive alors que Dieu soit le porteur du rien, et que le rien soit le porteur de Dieu. [On retrouve saint Jean de la Croix et sainte Thérèse d’Avila]

Ainsi, dans mon Vouloir, toutes les choses changent pour la créature. La créature n’est rien d’autre que la petite lumière qui doit se soumettre – autant qu’elle le peut – à la grande lumière de mon Fiat, de telle sorte qu’elle ne fait rien d’autre que se nourrir elle-même de lumière, d’amour, de bonté, et de sainteté divine. Quel honneur d’être nourrie par Dieu ! Par conséquent, il n’est pas étonnant que la créature étant la petite flamme, Dieu s’en nourrisse » (Luisa Piccarreta, Le Livre du Ciel, 25 avril 1938)

Psaume Ps 26

« Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ?

Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ?

J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche :

habiter la maison du Seigneur, tous les jours de ma vie.

Mais j’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants.

Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ; espère le Seigneur. » (Ps 26 (27), 1, 4abcd, 13-14)

« Le Seigneur est ma lumière » : il m’inspire ce que je dois faire, il m’inspire par sa parole, mais aussi par l’intermédiaire des événements et des personnes qui m’entourent, il respecte les autorités naturelles quand elles sont droites.

« Le Seigneur est mon salut », c’est-à-dire la source de ma vie. Il soutient mes pas, il est présent dans le souffle de ma respiration, dans le battement de mon cœur, il soutient ma vie. Il est un Dieu de vie qui veut que le dessein de sa création s’accomplisse.  Il a fait l’univers entier pour que nous puissions vivre et accomplir la grandeur de notre vocation. Le Seigneur est mon salut, il me sauve et me délivre parce qu’il me veut du bien. Il veut que je vive parce qu’il veut que je puisse le connaître et l’aimer, reconnaitre tout l’amour qu’il a mis pour moi dans ce bel univers, connaître son amour, connaître son caractère en quelque sorte.

« De qui aurais-je crainte ? » Le Seigneur me protège. Le Seigneur a tout intérêt à protéger ses amis. Le Seigneur a tout intérêt à protéger ceux qui veulent faire sa volonté. On dit que Dieu n’est pas puissant, ce n’est pas vrai, mais il est patient, c’est-à-dire qu’il supporte ce que saint Paul appelle les vases d’iniquités, les vases de sa colère (Rm 9, 22). Nous souffrons donc à cause des méchants. Mais ce n’est pas une raison pour avoir peur. Car Dieu assignera un terme aux méchants. Dieu pose une limite au mal, dès maintenant. Et, de plus, viendra le jugement eschatologique qui anéantira ceux qui rejettent Dieu.

« Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ? »  

Prions ce verset plus en profondeur. Saint Augustin dit, par exemple dans son sermon 282, que le Christ prie « pour » nous comme grand prêtre, il prie « en » nous comme notre tête, et il prie « par » nous comme notre Dieu. Vivons-le. Prions. « Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ? »  C’est Jésus qui le murmure à nos oreilles ; « Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ? »  C’est Jésus qui le dit en nous, dans notre cœur.

« J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur, tous les jours de ma vie ».

Bien sûr qu’il faut sortir, mais tout en allant ici et là, il faut habiter la maison du Seigneur. Il faut vivre en son centre, et non pas dispersé, éclaté comme on dit. Il faut vivre partout en étant capable d’entendre la voix du Seigneur et de sentir le parfum de sa grâce, la lumière et la chaleur de son amour. Vivre en étant attentif à sa Volonté, c’est cela la grande lumière.

« Mais j’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants » ; cette parole a été dite même par des gens en grandes souffrances, et ils ont été exaucés. Un proverbe africain dit : « Dans la misère, tu trouves une famille ». Et c’est vrai. Dans les difficultés, ce ne sont sans doute pas les amis habituels qui vous aident, mais souvent, vous avez la surprise de voir un geste de bonté là où vous ne vous attendiez pas. Il ne faut pas en vouloir à vos amis habituels, ils ont leur agenda, ils sont vos amis pour d’autres raisons, mais le Seigneur sss c’est servi de quelqu’un pour vous faire une bonté. Vous aussi, soyez l’instrument du Seigneur pour qu’il puisse faire des bontés à d’autres !

« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ; espère le Seigneur. »

Sans pour autant priver l’homme de liberté, Dieu est assez puissant pour relever l’homme qui a un jour goûté à la vie dans la Divine Volonté et qui s’est laissé tromper et qui est tombé. Jésus explique à Luisa Piccarreta que « Grande était la plénitude de la sainteté d’Adam avant sa chute dans le labyrinthe de sa volonté humaine, car il possédait le premier acte de notre Fiat, générateur de sa création, et il possédait par conséquent la plénitude de lumière, de beauté, de force, de grâce. Toutes les qualités de notre Fiat se reflétaient en lui et l’embellissaient tellement que nous étions nous-mêmes charmés de le regarder en le voyant si bien formé, chère image de nous-mêmes que notre Être divin avait formée en lui. Et c’est pourquoi, bien qu’il soit tombé, il n’a pas perdu la vie ni l’espérance régénératrice de notre Fiat, car ayant possédé la plénitude de son acte au début de sa vie, il ne voulait pas perdre celui qui l’avait possédé. La Divinité se sentait tellement liée à Adam qu’elle ne voulait pas le bannir à jamais. Il en coûte trop de perdre ce qui fut un jour possédé par notre Fiat ; notre puissance se sentirait faible ; notre amour, le feu qu’il possède, s’affaiblirait pour ne pas avoir à le faire. Ce serait véritablement une gêne divine de perdre celui qui a possédé même un seul acte de la plénitude de notre Volonté. » (Luisa Piccarreta, Livre du Ciel, 21 avril 1929).

« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ; espère le Seigneur. »

Jésus disait à Luisa (Livre du Ciel 16 octobre 1926) : « Ainsi, lorsque tu t’occupes de mon divin Fiat, si tu parles, si tu circules en lui, tu nous mets en fête parce que nous sentons que c’est quelqu’un qui nous appartient – nous sentons que c’est notre fille qui parle, qui circule, qui travaille dans le champ de notre Volonté ».

« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ; espère le Seigneur. »

Jésus disait à Luisa : « C’est en toi que j’ai placé l’espérance de la longue génération des enfants de mon éternel Fiat ». (Livre du Ciel 16 octobre 1926) 

Une autre fois, Jésus, comme incapable de contenir l’amour de son divin Cœur,  ajouta : « Ma fille bien-aimée, tu es mon espérance – l’espérance du Royaume de ma Divine Volonté sur la terre ; cette espérance qui ne dit pas ‘doute’, mais ‘certitude’, parce que son Royaume est déjà présent en toi » (Livre du Ciel, 9 mai 1929)

Deuxième lecture (1 Co 1, 10-13.17)

« Frères, je vous exhorte au nom de notre Seigneur Jésus Christ : ayez tous un même langage ; qu’il n’y ait pas de division entre vous, soyez en parfaite harmonie de pensées et d’opinions. Il m’a été rapporté à votre sujet, mes frères, par les gens de chez Chloé, qu’il y a entre vous des rivalités. Je m’explique. Chacun de vous prend parti en disant : ‘Moi, j’appartiens à Paul’, ou bien : ‘Moi, j’appartiens à Apollos’, ou bien : ‘Moi, j’appartiens à Pierre’, ou bien : ‘Moi, j’appartiens au Christ’. Le Christ est-il donc divisé ? Est-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? Le Christ, en effet, ne m’a pas envoyé pour baptiser, mais pour annoncer l’Évangile, et cela sans avoir recours au langage de la sagesse humaine, ce qui rendrait vaine la croix du Christ. – Parole du Seigneur. »  (1 Co 1, 10-13.17)

L'église de Corinthe fut fondée par Paul lors de son second voyage missionnaire. Dès que Paul quitte la ville, les difficultés commencent. Paul est intervenu dans une première lettre (perdue) à laquelle il fait allusion. Des joutes d'idées et de mots augmentées par la venue d'Apollos et d'autres missionnaires se recommandant de Képhas (Pierre) suscitent partis et coteries. Dans le même temps, arrivent aux oreilles de Paul divers désordres moraux. Paul répond à cette situation délicate.

Dans la lecture de ce dimanche, il est d’abord question d’unité. « Qu’il n’y ait pas de division entre vous, soyez en parfaite harmonie de pensées et d’opinions ».

Aujourd’hui, notre désir d'unité ne devrait pas se limiter à des occasions ponctuelles, telles que la semaine de l’unité, mais il devrait devenir partie intégrante de toute notre vie de prière. C'est la voie de la prière qui a ouvert la route au mouvement œcuménique, tel que nous le connaissons aujourd'hui. A partir du milieu du XVIII siècle, divers mouvements de renouveau spirituel sont apparus, désireux de contribuer par le biais de la prière à la promotion de l'unité des chrétiens. Depuis le début, des groupes de catholiques, animés par des personnalités religieuses de renom, ont activement participé à des initiatives similaires. La prière pour l'unité a également été soutenue par le Pape Léon XIII qui, dès 1895, recommandait l'introduction d'une neuvaine de prière pour l'unité des chrétiens. Ces efforts entendaient réaliser la prière prononcée par Jésus lui-même au Cénacle "afin que tous soient un" (Jn 17, 21). C’est la prière de Jésus la veille de sa Passion, juste avant sa Croix. Il n'existe donc pas d'œcuménisme authentique qui ne s'enracine pas dans la prière.

Nous allons donc poursuivre avec une grande priante, à qui Jésus explique :

« Le Royaume du Fiat suprême viendra d’un cœur crucifié lorsque ma Volonté, crucifiant le tien, fera surgir son Royaume et le bonheur pour les enfants de son Royaume. C’est pourquoi, depuis que je t’ai appelée à l’état de victime, je t’ai toujours parlé de la crucifixion ; et tu pensais que c’était la crucifixion des mains et des pieds, et je t’ai laissée dans la pensée de cette crucifixion. Mais ce n’était pas celle-là ; elle n’aurait pas été suffisante pour faire venir mon Royaume. La crucifixion complète et continue de ma Volonté dans ton être tout entier était nécessaire ; et c’était précisément ce dont j’avais l’intention de te parler – que ta volonté subirait continuellement la crucifixion par ma Volonté afin de faire venir le Royaume du Fiat suprême. » (Livre du Ciel, 1er janvier 1927).

C’est ce qu’a fait Jésus à Gethsémani : mon père, si tu veux… non pas ma volonté mais la tienne ! Matthieu, Marc et Luc rapporte cette prière essentielle, le secret de l’union de l’humain et du divin, le secret, pour nous, de notre divinisation.

Saint Paul se plaint aux Corinthiens : « Il m’a été rapporté à votre sujet, mes frères, par les gens de chez Chloé, qu’il y a entre vous des rivalités ». Jésus explique à Luisa Piccarreta :

« Ma bonne fille, ah ! la volonté humaine. Elle fait la guerre à Dieu. Les armes qu’elle utilise contre son Créateur la blessent elle-même et son âme est déchirée en morceaux devant Dieu. Chaque acte de la volonté humaine la sépare de son Créateur, de sa sainteté, de sa force, de sa puissance, de son amour et de son immutabilité. Sans ma Divine Volonté, la créature devient semblable à une cité assiégée dont les ennemis obligent tous les habitants à mourir de faim dans les tourments, mais avec cette différence : le bourreau qui déchire ses membres est la volonté de l’âme elle-même. Ce ne sont pas des ennemis qui la tourmentent, car elle est devenue sa propre ennemie. Si tu savais la douleur que je ressens en voyant des âmes mises en pièces ! Chaque acte de la volonté humaine est une division que l’âme forme entre son Dieu et elle. Elle se retire de la beauté de sa Création. Elle devient frigide à l’amour pur et véritable. Elle perd son origine et se prépare à un enfer anticipé si sa volonté la précipite dans un péché grave, ou au purgatoire si le péché est léger. » (Livre du Ciel, 5 mars 1933).

«        Ma fille, la croix [La croix dont parle saint Paul en ce dimanche] a amené à maturité le Royaume de la Rédemption pour le compléter et se placer en gardienne de tous les rachetés, de telle sorte que si quelqu’un permet à la croix d’être sa gardienne, il reçoit en lui-même les effets d’un fruit mûr qui a de la saveur, de la douceur et de la vie, et la croix lui fait ressentir tout le bien de la Rédemption, de sorte qu’il mûrit avec le fruit de la croix et se dispose à retourner dans le Royaume de ma Volonté, car la croix a également amené à maturité le Royaume de ma Volonté. De fait, qui t’a disposée à te faire vivre en elle ? Ne serait-ce pas la croix de tant d’années qui t’a permis de mûrir comme un beau fruit, qui t’a enlevé le goût amer que contient la terre et tous les attachements des créatures pour les convertir en divine douceur, se postant en gardienne pour que rien n’entre en toi qui ne soit saint, rien qui ne te donne que ce qui vient du Ciel ? La croix n’a rien fait d’autre que laisser couler en toi les fluides vitaux et former en toi ton Jésus. Et ton Jésus, te trouvant mûre, forma le Royaume de sa Divine Volonté dans les profondeurs de ton âme. Et me présentant en maître, je t’ai parlé et te parle encore de ma Divine Volonté. Je t’ai enseigné ses voies, la vie que tu dois avoir en elle, les prodiges, la puissance et la beauté de mon Royaume » (25 août 1927).

Rappelons que le millénarisme c'est imaginer le règne de la Divine Volonté AVANT le jugement eschatologique (cf. catéchisme de l'Eglise catholique 675-677). Or, il faut bien remarquer, que Luisa parle de ce jugement, donc elle n'est pas millénariste. Cf. F. Breynaert, Préparer dès maintenant le retour glorieux du Christ, avec les écrits de Luisa Piccarreta (préface Mgr Rey), Téqui 2018.

Évangile Mt 4, 12-23

« Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations ! Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée. À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : ‘Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche.’

Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. De là, il avança et il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque avec leur père, en train de réparer leurs filets. Il les appela. Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent.

Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple. – Acclamons la Parole de Dieu. » (Mt 4, 12-23)

Il est intéressant, chers auditeurs, d’observer ce qu’il y a avant, et ce qu’il y a après.

  1. Ce qu’il y a avant.

Ce passage de l’évangile suit immédiatement les tentations de Jésus au désert, ce qui donne à réfléchir.

Pierre et André, Jacques et Jean n’ont dddd encore vu aucun miracle, mais ils vont suivre Jésus, c’est dire combien il était rayonnant après ses 40 jours de jeûne au désert.

Jésus peut proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche » parce qu’ayant vaincu toute forme de tentation, il a lui-même fait régner Dieu sur sa propre personne. Le verbe proclamer n’est d’ailleurs pas une très bonne traduction, car il s’agit plutôt d’une prédication. Jésus touche les cœurs parce qu’il parle de son propre fond. Jésus a, si l’on peut dire, constitué tous les matériaux du royaume des Cieux qu’il veut instaurer « sur la terre comme au ciel ». Le Oui de chacun, la conversion de chacun, c’est le premier acte de bonne volonté que Jésus va ensuite lui-même fortifier et affermir, de sorte que chacun pourra mettre ses pas dans les pas de Jésus, ses actes dans les actes de Jésus, et prendre de Jésus les matériaux, c’est-à-dire les exemples et les grâces dont il a besoin.

Les tentations de Jésus au désert s’achèvent en ces termes chez Matthieu : « Alors le diable le  quitte. Et voici que des anges s'approchèrent, et ils le servaient » (Mt 4, 11). Mais le parallèle dans l’évangile  de Luc dit :

« 13. L’Accusateur, ayant achevé toutes ses tentations,/ s’éloigna de lui jusqu’à un moment [favorable].

14. Jésus, dans la puissance (= la force) de l’Esprit, / retourna en Galilée,

et sa renommée se répandit / dans tout le pays d’alentour. » (Lc 4, 13-14)

Ce qui permet de comprendre pourquoi Jésus guérit des foules de malades.

« Et la foule, tout entière, / cherchait à s’approcher de lui :

une puissance (une force), en effet, / sortait de lui ;

et eux, tous, / il les guérissait » (Lc 6, 19).

  1. Ce qu’il y a après.

Jésus commence par guérir (Mt 4, 23). Juste après, viendront les Béatitudes (Mt 5). Les Béatitudes ne disent pas que c’est bien d’être pauvre et de pleurer, les Béatitudes disent que ceux qui sont pauvres et qui pleurent sont visités par Dieu, ils sont bienheureux parce que Dieu en prend soin, ils les guérissait tous, et se manifeste par des grâces merveilleuses.

  1. Et encore…

Enfin, et c’est sans doute une surprise pour vous, l’évangile de Matthieu est sans doute composé de telle sorte que l’évangile de ce jour est introduit, dans un collier compteur, par l’Annonciation à Joseph. Écoutez les échos et vous vous laisserez facilement convaincre :

A Joseph, l’ange annonce que Jésus « sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1, 21). Les disciples, dans l’évangile de ce dimanche, entendent que Jésus prêche « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » C’est la même thématique.

A Joseph, l’ange demande d’assumer une vocation, son rôle d’époux de Marie et de père de Jésus. Aux disciples, Jésus demande d’assumer leur vocation, leur rôle de pêcheur d’hommes (Mt 4, 19). Ainsi, le Oui des premiers disciples qui lâchent leurs filets fait écho au Oui de Joseph.

Joseph ne dit rien, mais il agit, « Joseph fit comme l'Ange du Seigneur lui avait prescrit » (Mt 1, 24). Les disciples ne disent rien, mais « Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent » (Mt 4, 22).

Eh bien, confions-nous à ce grand saint Joseph, confions-lui nos vocations, notre vie, à la suite aussi des apôtres Pierre et André, Jacques et Jean. Et, puisqu’il s’agit dans l’Évangile de guérisons nombreuses, consacrons en particulier l’exercice des charismes de guérison.

Les biens charismatiques apportent de nombreux avantages. D’une part, la santé est rendue aux malades, la délivrance des possédés, la résurrection des morts, la prophétie qui avertit les hommes, etc. D’autre part, Dieu est connu et glorifié par ses œuvres, par celui qui les accomplit, par ceux en faveur de qui ou en présence de qui elles s’accomplissent. (cf. Jean de la Croix, La montée du Carmel, Livre III, chapitre 29)

Mais ces œuvres peuvent être accomplies par quelqu’un qui n’est pas en état de grâce et ne possède pas la charité. C’est pourquoi, c’est toujours de la charité qu’il faut se réjouir, et non pas des œuvres et des charismes. Si l’on met sa joie dans l’estime que l’on fait de ces œuvres merveilleuses, le jugement est obscurci, et cette joie pousse à faire ces œuvres en dehors du temps voulu. Et elle se détourne beaucoup de l’habitude substantielle de la foi, qui est une habitude obscure. (La montée du Carmel, Livre III, chapitre 30)

Jean de la Croix dit : « Quand l’âme dégage sa volonté de toute affection aux témoignages et signes sensibles, elle s’élève à une foi plus pure que Dieu lui infuse et élève à un degré beaucoup plus éminent. Il augmente en même temps en elle les deux autres vertus théologales : l’espérance et la charité. » (La montée du Carmel, Livre III, chapitre 31). Cf. F. Breynaert, Trente-trois jours pour se consacrer à Jésus-Christ par Marie, EDB, Nouan le Fuzelier, 2012

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Date de dernière mise à jour : 16/02/2023