17° dimanche -Temps Ordinaire

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Voici pour mémoriser le texte de l'évangile de ce jour en vue d'une récitation orale avec reprises de souffles.

Evangile du 17e dimanche du temps ordinaire mt 13Evangile du 17e dimanche du temps ordinaire Mt 13, 44-52 (89.25 Ko)

17ème Semaine du Temps Ordinaire Première lecture (1 R 3, 5.7-12)

En ces jours-là, à Gabaon, pendant la nuit, le Seigneur apparut en songe à Salomon. Dieu lui dit : « Demande ce que je dois te donner. » Salomon répondit : « Ainsi donc, Seigneur mon Dieu, c’est toi qui m’as fait roi, moi, ton serviteur, à la place de David, mon père ; or, je suis un tout jeune homme, ne sachant comment se comporter, et me voilà au milieu du peuple que tu as élu ; c’est un peuple nombreux, si nombreux qu’on ne peut ni l’évaluer ni le compter. Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal ; sans cela, comment gouverner ton peuple, qui est si important ? » Cette demande de Salomon plut au Seigneur, qui lui dit : « Puisque c’est cela que tu as demandé, et non pas de longs jours, ni la richesse, ni la mort de tes ennemis, mais puisque tu as demandé le discernement, l’art d’être attentif et de gouverner, je fais ce que tu as demandé : je te donne un cœur intelligent et sage, tel que personne n’en a eu avant toi et que personne n’en aura après toi. » – Parole du Seigneur. 

« Je te donne un cœur intelligent et sage ». Il est question d’intelligence, non pas d’une intelligence artificielle, mais d’une intelligence reliée au cœur. La gouvernance n’est pas d’abord une affaire de calcul économique ou stratégique, ce n’est pas une affaire d’algorithmes et de courbes de croissance ou de statistiques de mortalité… Il est question de cœur, donc aussi de charité. « La charité dépasse la justice, parce qu’aimer c’est donner, offrir du mien à l’autre ; mais elle n’existe jamais sans la justice qui amène à donner à l’autre ce qui est sien, c’est-à-dire ce qui lui revient en raison de son être et de son agir. Je ne peux pas ‘donner’ à l’autre du mien, sans lui avoir donné tout d’abord ce qui lui revient selon la justice. Qui aime les autres avec charité est d’abord juste envers eux. » (Caritas in veritate § 6)

« L’Église n’a pas de solutions techniques à offrir et ne prétend aucunement s’immiscer dans la politique des États. Elle a toutefois une mission de vérité à remplir, en tout temps et en toutes circonstances, en faveur d’une société à la mesure de l’homme, de sa dignité et de sa vocation » (Caritas in veritate § 7-8). L’Église n’a pas de solution technique à offrir, par exemple, en matière de décisions sanitaires. Elle n’a pas non plus à s’immiscer dans la politique des États ni même leur politique militaire. Ce n’est pas son rôle. Mais elle a une mission de vérité à remplir. C’est difficile, car les puissants de ce monde ont les moyens financiers de contrôler la presse et les réseaux sociaux.

« Je te donne un cœur intelligent et sage ». Souvenons-nous de l’histoire de la tour de Babel (Gn 11), Dieu a voulu une pluralité des langues et des peuples, parce que dans le langage unique, il ne serait plus possible à l’homme de distinguer la vérité de l’erreur, ce qui est apparent et ce qui est réel. Or notre époque est tentée par la reconstruction de la tour de Babel : une information unique, des vêtements uniques, une santé unique, une monnaie unique, etc. Et il devient de plus en plus difficile de discerner le mensonge.

De plus, chers auditeurs, Salomon nous enseigne que la sagesse et le discernement doivent être demandés au Créateur. Il faut exprimer correctement le lien vital qui relie l’homme à son Créateur. Je réserve une partie dédiée à la quaternité du réel dans mon livre Jean, l’évangile en filet. Le réel créé est composé 1- de lois stables, mais aussi 2 - de contingent, 3-  d’aléatoire, et 4 - d’une dimension mystérieuse par lequel le réel se renouvelle dans une fraîcheur toujours nouvelle.

Satan est un serpent rusé, et sa langue bifide distille une fausse sagesse, celle de l’idole qui, notamment, confond les lois qui permettent de calculer, avec la sagesse divine qui est créatrice. Dieu seul peut créer, l’homme peut observer les lois de l’univers et ce qui est aléatoire, les probabilités, mais il ne peut pas créer.  il est créé pour vivre en relation vivante avec le Créateur qui lui communique une vie toujours nouvelle, et une sagesse, la vraie sagesse, la sagesse divine.

Un ordinateur saurait reproduire le bel ordre des lois, l’intégration les données du réel contingent, la part à l’aléatoire. L’ordinateur peut ainsi posséder une capacité d’apprentissage ou la capacité de composition artistique par exemple une composition musicale, cependant, il n’est pas humain, parce qu’il ne peut pas posséder la quatrième dimension par laquelle toute l’anthropologie, à l’image du Temple, tient debout.  J’explique dans mon livre « Jean, l’évangile en filet » que la programmation informatique ne peut pas reproduire le « Saint des Saints », par lequel l’homme est relié à son Créateur. Donc, vouloir faire sauter la barrière entre le biologique (le cerveau) et l’informatique programmable ne peut que détruire la nature humaine, dans une indescriptible douleur, jamais connue jusqu’à présent.

L’évangile de Jean nous fait entendre la voix céleste du Père (Jn 12, 27-32). Ensuite, n’ayant trouvé en lui aucun motif de condamnation, Pilate se devait de libérer Jésus : tel est la loi, la légalité, l’ordre juste. Mais Pilate tergiverse parce que cette légalité semble l’opposer à César, lequel, paradoxalement, représente lui aussi l’ordre, la légalité. En logique binaire, c’est l’impasse totale : l’ordre de la légalité, quand il veut « occuper tout le terrain », s’autodétruit. À Pilate qui tergiverse, Jésus déclare : « Tu n'aurais aucune autorité, si cela ne t'avait été donné d'en haut » (Jn 19, 11). Ce qui se passe ici est capital au plan métaphysique. En lui indiquant l’origine divine de son pouvoir, Jésus indique à Pilate cette possibilité nouvelle, qui est celle d’un mode de gouvernement qui puise sa Sagesse en Dieu. La volonté humaine qui s’unit à la volonté divine met en œuvre « la causalité d’instauration », ne relevant ni de la nécessité (car Jésus ne l’oblige pas), ni de la contingence, ni des possibles antérieurs (car cela ne s’est encore jamais vu) : une sagesse. Malheureusement, Pilate n’était pas mûr pour l’accueillir.

Il faut observer cette dernière catégorie (la première étant les lois, la seconde le contingent, la troisième l’aléatoire) n’a pas de place dans la pensée aristotélicienne qui inspire encore à la fois les scientifiques et les théologiens, et les prive d’une réponse adéquate au transhumanisme actuel. Il est urgent de revenir à une pensée biblique, et, notamment, johannique [1].

Psaume (Ps 118 (119), 57.72, 76-77, 127-128, 129-130)

« Mon partage, Seigneur, je l’ai dit, c’est d’observer tes paroles. Mon bonheur, c’est la loi de ta bouche, plus qu’un monceau d’or ou d’argent. Que j’aie pour consolation ton amour selon tes promesses à ton serviteur ! Que vienne à moi ta tendresse, et je vivrai : ta loi fait mon plaisir. Aussi j’aime tes volontés, plus que l’or le plus précieux. Je me règle sur chacun de tes préceptes, je hais tout chemin de mensonge. Quelle merveille, tes exigences, aussi mon âme les garde ! Déchiffrer ta parole illumine et les simples comprennent ». 

Salomon était un roi sage. Il demandait la sagesse au Créateur. « Cette demande de Salomon plut au Seigneur, qui lui dit : « Puisque c’est cela que tu as demandé, et non pas de longs jours, ni la richesse, ni la mort de tes ennemis, mais puisque tu as demandé le discernement, l’art d’être attentif et de gouverner, je fais ce que tu as demandé : je te donne un cœur intelligent et sage, tel que personne n’en a eu avant toi et que personne n’en aura après toi. »

Malheureusement, grisé par ses succès, Salomon avait commencé à vivre une vie débridée, avec un grand harem. Selon les critères modernes, on pourrait dire que Salomon était un roi éclairé qui a laissé une place aux différentes religions, permettant ainsi leur tolérance mutuelle, mais précisément, c’est sous son règne que commence la division ultérieure entre Israël et Juda (Jérusalem et Samarie) et sa tolérance religieuse est déplorée comme un abandon de la sagesse et un déclin vers la folie extrême du culte idolâtre (sss ). L’idole est un miroir. L’idolâtrie est le péché des origines qui coupe l’homme de sa relation vitale avec son créateur.

C’est pourquoi, chers auditeurs, nous allons méditer le récit des origines.

Adam a reçu de la divinité une haleine de vie (« Neshamah ») différente de celle des animaux (« nefesh ») et par conséquent, aucun animal ne peut aider l’homme à prendre conscience de ce qu’il a reçu de la divinité ni à reconnaître sa propre humanité ! Cela signifie aussi que pour que la communication entre deux humains soit réellement humaine, il faut que ce soit une communication en Dieu, devant Dieu, avec Dieu. Et cela, Adam ne peut pas le trouver pas dans sa vie psychique [2].

YHWH (le Seigneur) empêche l’homme de combler ce manque par sa propre imagination. Il plonge l’homme dans un sommeil et, de son côté, le Seigneur forme « Isha » (en hébreu). Or l’être humain reconnaît Isha comme « l’os de ses os et la chair de sa chair », c’est-à-dire comme sa propre intériorité et sa vie. L’intériorité profonde d’Adam est comme projetée à l’extérieur pour qu’il puisse en prendre connaissance : YHWH lui rend possible la connaissance de ce qui le constitue comme être humain. Isha représente son intériorité, sa sagesse, tirée de son côté, « l’intérieur de l’intérieur » qui correspond dans la quaternité du Temple au « Saint des Saints ».

La femme contingente a déjà été « créée » le 6° jour, ici, nous avons le verbe « banah », construire : « Isha » n’est pas une « création », mais un acte de la « providence » divine (Gn 2, 18-25). Dieu donne à Adam une information qui ne lui était pas accessible par le processus de la connaissance ordinaire. Pour accéder à cette révélation, il faut un nouveau mode de connaissance qui est proprement l’acte de foi.

À ce stade du récit, la femme contingente existait déjà, sinon elle ne pourrait pas servir de figure pour autre chose. Isha n’est pas la femme mariée à un homme appelé Ish. Elle est l’aide en tant qu’intelligence inspirée, qui est dans l’homme (l’être humain)  la forme la plus haute de la vie. C’est elle qui peut recevoir la parole divine quand l’homme (l’être humain) s’éveille à la Foi. C’est « l’intériorité de l’intériorité », capable non seulement de gouverner, mais d’écouter Dieu pour gouverner selon la sagesse divine, comme les sages l’expliqueront clairement plus tard : « C’est elle [la Sagesse] qui protégea le premier modelé, père du monde, qui avait été créé seul, c’est elle qui le tira de sa propre chute et lui donna la force de devenir maître de tout » (Sagesse 10, 1-2).

Adam représente tout être humain sur la terre (Adamah). Son usage de l’intelligence sera juste et bon s’il écoute ce qui vient de cette « femme-Sagesse ».

Or lorsque saint Jean [3] nous parle de la mère de Jésus, il ne dit pas comme saint Luc, une « Vierge nommée Marie », il dit : « Femme » comme aux noces de Cana (Jn 2, 4) ou au calvaire (Jn 19, 26).

A Cana, la mère de Jésus montra l’exemple d’une totale disponibilité à la volonté de Dieu, une ouverture à tout ce qu’il peut demander, sans vouloir par soi-même imposer une solution. Elle a simplement averti Jésus du manque de vin (Jn 2, 3) et elle a simplement dit aux serviteurs : « la chose qu’il vous dit, faites-la » (Jn 2, 5). Et en cela, elle est « Isha », la Femme-Sagesse qui amène le genre humain à écouter la parole du Seigneur Dieu.

Au calvaire, Jésus la désigne « Femme », c’est-à-dire la « femme-Isha », la « femme-Sagesse », donnée au disciple pour qu’il apprenne à retrouver son intériorité profonde et à écouter la parole divine par la foi.

La consécration à Marie rend une âme vraiment libre de la liberté des enfants de Dieu. On lui donne tout, « et cette chère maîtresse, par reconnaissance, élargit et dilate le coeur, et fait marcher à pas de géant dans la voie des commandements de Dieu. Elle ôte l'ennui, la tristesse et le scrupule. Ce fut cette dévotion que Notre Seigneur apprit à la chère Agnès de Langeac religieuse morte en odeur de sainteté, comme un moyen assuré pour sortir des grandes peines et perplexités où elle se trouvait » (Montfort, Secret de Marie § 15) 

Forts de cette méditation, nous reprenons le psaume de ce jour :

« Mon partage, Seigneur, je l’ai dit, c’est d’observer tes paroles. Mon bonheur, c’est la loi de ta bouche, plus qu’un monceau d’or ou d’argent. Que j’aie pour consolation ton amour selon tes promesses à ton serviteur ! Que vienne à moi ta tendresse, et je vivrai : ta loi fait mon plaisir. Aussi j’aime tes volontés, plus que l’or le plus précieux. Je me règle sur chacun de tes préceptes, je hais tout chemin de mensonge. Quelle merveille, tes exigences, aussi mon âme les garde ! Déchiffrer ta parole illumine et les simples comprennent ». 

Deuxième lecture (Rm 8, 28-30)

Frères, nous le savons, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu'ils sont appelés selon le dessein de son amour. Ceux que, d’avance, il connaissait, il les a aussi destinés d’avance à être configurés à l’image de son Fils, pour que ce Fils soit le premier-né d’une multitude de frères. Ceux qu’il avait destinés d’avance, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il en a fait des justes ; et ceux qu’il a rendus justes, il leur a donné sa gloire. – Parole du Seigneur. 

Voici quelques lignes du catéchisme de l’Église catholique :

321 La divine Providence, ce sont les dispositions par lesquelles Dieu conduit avec sagesse et amour toutes les créatures jusqu'à leur fin ultime.

322  Le Christ nous invite à l'abandon filial à la Providence de notre Père céleste (cf. Mt 6,26-34), et l'Apôtre S. Pierre reprend: "De toute votre inquiétude, déchargez-vous sur lui, car il prend soin de vous" (1P 5,7 cf. Ps 55,23).

323  La providence divine agit aussi par l'agir des créatures. Aux êtres humains, Dieu donne de coopérer librement à ses desseins.

324  La permission divine du mal physique et du mal moral est un mystère que Dieu éclaire par son Fils, Jésus Christ, mort et ressuscité pour vaincre le mal. La foi nous donne la certitude que Dieu ne permettrait pas le mal s'il ne faisait pas sortir le bien du mal même, par des voies que nous ne connaîtrons pleinement que dans la vie éternelle.

313 "Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu" (Rm 8,28). Le témoignage des saints ne cesse de confirmer cette vérité :

Ainsi, S. Catherine de Sienne dit à "ceux qui se scandalisent et se révoltent de ce qui leur arrive" : "Tout procède de l'amour, tout est ordonné au salut de l'homme, Dieu ne fait rien que dans ce but" (dial. 4,138).

Et S. Thomas More, peu avant son martyre, console sa fille : "Rien ne peut arriver que Dieu ne l'ait voulu. Or, tout ce qu'il veut, si mauvais que cela puisse nous paraître, est cependant ce qu'il y a de meilleur pour nous" (lettre).

314  Nous croyons fermement que Dieu est le Maître du monde et de l'histoire. Mais les chemins de sa providence nous sont souvent inconnus. Ce n'est qu'au terme, lorsque prendra fin notre connaissance partielle, lorsque nous verrons Dieu "face à face" (1Co 13,12), que les voies nous seront pleinement connues, par lesquelles, même à travers les drames du mal et du péché, Dieu aura conduit sa création jusqu'au repos de ce Shabbat (cf. Gn 2,2) définitif, en vue duquel Il a créé le ciel et la terre ».

Saint Paul : « Ceux que, d’avance, il connaissait, il les a aussi destinés d’avance à être configurés à l’image de son Fils, pour que ce Fils soit le premier-né d’une multitude de frères ».

Continuons avec le Catéchisme de l’Eglise catholique

2017  La grâce du Saint-Esprit nous confère la justice de Dieu. En nous unissant par la foi et le Baptême à la Passion et à la Résurrection du Christ, l'Esprit nous fait participer à sa vie.

2018  La justification, comme la conversion, présente deux faces. Sous la motion de la grâce, l'homme se tourne vers Dieu et se détourne du péché, accueillant ainsi le pardon et la justice d'en Haut.

2019  La justification comporte la rémission des péchés, la sanctification et la rénovation de l'homme intérieur.

2020  La justification nous a été méritée par la Passion du Christ. Elle nous est accordée à travers le Baptême. Elle nous conforme à la justice de Dieu qui nous fait justes. Elle a pour but la gloire de Dieu et du Christ et le don de la vie éternelle. Elle est l'oeuvre la plus excellente de la miséricorde de Dieu.

2021  La grâce est le secours que Dieu nous donne pour répondre à notre vocation de devenir ses fils adoptifs. Elle nous introduit dans l'intimité de la vie trinitaire.

Saint Paul : « Ceux qu’il avait destinés d’avance [ce qui ne veut pas dire prédestinés], il les a aussi appelés [ils sont libres de répondre oui ou non]  ; ceux qu’il a appelés, il en a fait des justes ; et ceux qu’il a rendus justes, il leur a donné sa gloire »

De nos jours, pour gouverner, on fait des calculs et des probabilités, et on prend des décisions d’une manière mécanique. Pour que la finance marche, on écrase le développement du concurrent par des guerres. On entend des hommes puissants déclarer qu’ils sont capables de réduire la population mondiale de 20%, et on entend certains dire qu’ils veulent corrompre l’Occident à un degré jamais atteint, la corruption des mœurs allant de pair avec la stérilisation, volontaire ou forcée. Mais quand toute cette élite aura imposé sa solution mondiale, son ridicule éclatera au grand jour. Les hommes ne voudront plus se laisser avoir par les idoles du pouvoir technologique et de l’argent. Satan aura perdu son pouvoir de séduction. Il sera « lié » nous dit l’Apocalypse « pour mille ans » Ap 20, 1-5). Seule une vie connectée à la Sagesse divine est digne d’être vécue. Seule une planète où chacun est nourri de la Sagesse divine est durable, et non seulement durable, mais capable de préparer l’humanité à son assomption dans la gloire divine, pour l’éternité.

Voici une homélie importante de saint Augustin qui concerne la parabole de l’ivraie que nous avons lue dimanche dernier, et qui nous décrit la « gloire » qui nous est destinée.

« Le huitième jour figure la vie nouvelle qui suivra la fin des siècles, comme le septième désigne le repos dont jouiront les saints sur cette terre ; car le Seigneur y régnera avec ses saints […] C’est sur cette terre effectivement que l’Église apparaîtra d’abord environnée d’une gloire immense, revêtue de dignité et de justice. Point de déceptions alors, point de mensonge, point de loup caché sous une peau de brebis. […] Dans ce moment donc il n’y aura plus de méchants, ils seront séparés d’avec les bons ; et, semblable à un monceau de froment qu’on voit sur l’aire encore, mais parfaitement nettoyé, la multitude des saints sera placée ensuite dans les célestes greniers de l’immortalité.

Ne vanne-t-on pas le froment dans le lieu même où on l’a battu ? Et l’aire où on l’a foulé pour le séparer de la paille ne s’embellit-elle point de la beauté de ce froment que rien ne dépare ?

Si nous y voyons encore, quand on a vanné, la paille amoncelée d’un côté, nous y voyons d’autre part le blé entassé ; mais nous savons à quoi est destinée cette paille et avec quelle allégresse le laboureur contemple ce froment. […] À la suite de ce septième jour, quand on aura contemplé sur l’aire même cette belle récolte, la gloire et les mérites des saints, nous entrerons dans cette vie et dans cette paix dont il est dit que "l’œil n’a point vu, que l’oreille n’a point entendu, que dans le cœur de l’homme n’est point monté ce que Dieu a préparé à ceux qui l’aiment" »[4].

Évangile (Mt 13, 44-52)

Traduction de l’araméen pour une récitation orale, avec reprises de souffle et balancement gauche / droite.

[En ce temps-là, Jésus disait à la foule ces paraboles :]

44 « Le royaume des Cieux est comparable… / à un dépôt caché dans un champ ;

qu’un homme a découvert / et qu’il a caché,

et dans sa joie, il s’en est allé vendre tout ce qu’il possédait, / et il a acheté ce champ !

45 Encore, le royaume des Cieux est comparable… / à un négociant qui recherche de belles perles.

46 Or, ayant trouvé une perle… / de grande valeur,

il s’en est allé vendre tout ce qu’il possédait / et il l’a achetée !

47 Encore, le royaume des Cieux est comparable… / à un filet tombé en mer

et qui rassemble toutes espèces.

48 Quand il fut plein,

ils l’ont remonté sur les rivages de la mer, / et ils se sont assis pour trier :

les bons / ils les ont lancés dans les paniers ;

les mauvais, / ils les ont rejetés dehors.

49 Ainsi en sera-t-il / à la perfection du monde :

les anges sortiront [apparaîtront] / et sépareront les mauvais d’entre les justes.

50 et ils les jetteront / dans la fournaise ardente,

là seront les pleurs / et les grincements des dents.

51 Jésus leur dit : /  ‘Avez-vous compris toutes ces choses ?’

Ils lui disaient : / ‘Oui, Notre Seigneur !’

Il leur dit :

‘C’est pourquoi tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux / est comparable à un maître de maison

qui fait sortir de son trésor des choses neuves / et des choses anciennes’. »

Il y a des choses anciennes, par exemple, vendre au sens de tout quitter pour suivre l’appel de Dieu, Élisée l’avait déjà fait, Salomon aussi à sa manière quand il demanda la sagesse plutôt que la richesse.

Les choses nouvelles ont rapport avec la venue de Jésus.

Les bergers de Noël qui ont témoigné de la naissance du Sauveur sont comparables à cet homme qui a tout vendu pour un trésor caché dans un champ.

Pierre, André, Jacques et Jean qui ont lâché leur filet sont comparables à ce négociant qui a tout vendu pour acheter la perle précieuse.

Ensuite, l’image du filet de pêche et du tri des poissons est similaire à la parabole du bon grain et de l’ivraie de dimanche dernier. Au verset 48 Jésus évoque « les mauvais ḇīše [poissons] », et ensuite, il explique que les anges « sépareront les mauvais ḇīše ». Il s’agit du jugement eschatologique.

Il y a des mauvais poissons dans l’Église, mais il y en a aussi beaucoup qui sont bons. De même, il y a de l’ivraie dans le monde, mais il y a aussi du blé. Un tri se fera, mais par les anges, au jour du jugement. C’est ce que l’Apocalypse décrit par le jugement de la bête et du faux prophète jetés dans l’étang de feu [5].

Comme dans la parabole de l’ivraie en Mt 13, 40, nous retrouvons ici, au verset 49, le mot « šūlāmā » : la perfection, le terme, la plénitude. Il s’agit du jugement eschatologique et ce que l’on traduit généralement par la fin du monde, ne signifie pas qu’il n’y aurait plus rien après le jugement eschatologique, mais que le monde doit atteindre sa perfection, c’est la plénitude des temps. Monde et siècle étant le même mot en araméen. C’est ce que saint Augustin appelle le 7e jour avant le 8e jour qui est l’éternité.

Comme c’est une parabole très comparable à celle de la parabole de l’ivraie que Jésus a déjà expliquée, quand Jésus demande si les disciples ont compris, ils répondent oui.

Et vous, « Avez-vous compris toutes ces choses ? »  L’Église ne réalise pas ce qui ne se réalisera qu’à travers le jugement eschatologique. L’hérésie du millénarisme, ou du messianisme politique, c’est de vouloir imposer un monde idéal avant ce jugement eschatologique (cf. Catéchisme de l’Église catholique 676). Même si nous chantons parfois que l’Église est le corps du Christ, nous attendons que Jésus revienne dans la gloire pour établir son règne, à travers ce jugement qui éliminera l’ivraie et qui jettera dehors les mauvais poissons. Il établira alors son règne.

Jésus nous parle du monde idéal, Matthieu utilise cette expression « royaume des Cieux » par habitude juive, pour parler du royaume de Dieu sans prononcer le nom de Dieu, il s’agit bel et bien ici de l’accomplissement du Notre Père « que ton règne vienne sur la terre comme au ciel ». Ce monde idéal, ce royaume ne peut se réaliser pleinement qu’après le jugement des ennemis de Dieu. 

« Avez-vous compris toutes ces choses ? » Le grand problème de la Révolution française, et de toutes les révolutions, c’est de vouloir opérer nous-mêmes le salut du monde et le tri des hommes, on se donne le droit de la guillotine contre les réfractaires ou de la censure de ceux qui ont une vision différente, voire de l’hôpital psychiatrique pour ceux qui ne croient pas au discours officiel du moment. C’est aussi le problème de l’islam, à ceci près que l’islam croit en la vie éternelle. Pour l’islam, le monde idéal est soumis, alors que pour les laïcistes, le monde idéal est libéré. Mais dans les deux cas, le monde idéal est imposé par une violence médiatique, ou par un djihad, une guillotine, ou un goulag. L’enseignement de l’évangile est terriblement dérangeant, parce qu’il nous dit que le jugement eschatologique n’appartient qu’à Dieu et à ses anges.

L’Église ne doit donc pas adopter une posture révolutionnaire.

L’Église et une communauté, et elle doit définir les règles d’entrée dans sa communauté. L’Église est une famille, et il y a des conditions pour en faire partie, comme Jésus a dit : « quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là m'est un frère et une soeur et une mère » (Mt 12, 49), mais l’Église n’a pas vocation à participer à une quelconque révolution mondiale qui imposerait sa vision du monde idéal moyennant la censure ou l’élimination physique des opposants. 

« 47 Encore, le royaume des Cieux est comparable... / à un filet tombé en mer et qui rassemble toutes espèces !

48 quand il fut plein,

ils l’ont remonté sur les rivages de la mer, / et ils se sont assis pour trier :

les bons / ils les ont lancés dans les paniers ;

les mauvais, / ils les ont rejetés dehors.

49 Ainsi en sera-t-il / à la perfection du monde [la plénitude du siècle] :

les anges sortiront [apparaîtront] / et sépareront les mauvais d’entre les justes.

50 et ils les jetteront / dans la fournaise ardente,

là seront les pleurs / et les grincements des dents. »

Dans la première lecture, nous avons entendu Salomon demander la sagesse pour gouverner. Il préférait demander la sagesse plutôt que la richesse. Il ne recherchait pas ses droits, et en tant que roi, il pouvait se dire qu’il avait droit à beaucoup de choses, il recherchait à bien accomplir son devoir de roi. C’est très actuel.

« On a souvent noté une relation entre la revendication du droit au superflu ou même à la transgression et au vice, dans les sociétés opulentes, et le manque de nourriture, d’eau potable, d’instruction primaire ou de soins sanitaires élémentaires dans certaines régions sous-développées ainsi que dans les périphéries des grandes métropoles. Cette relation est due au fait que les droits individuels, détachés du cadre des devoirs qui leur confère un sens plénier, s’affolent et alimentent une spirale de requêtes pratiquement illimitée et privée de repères. L’exaspération des droits aboutit à l’oubli des devoirs » (Benoit XVI, Caritas in veritate 43).

Ainsi, nous, soyons comme de bons poissons, sachons tout vendre pour avoir la perle précieuse, qui est la Sagesse éternelle, Jésus-Christ, car c’est lui qui est notre avenir.

 

[1] F. BREYNAERT, Jean, L’évangile en filet. L’oralité d’un texte à vivre. (Préface Mgr Mirkis – Irak) Éditions Parole et Silence. Paris, 8 décembre 2020.

[2] Cf. Jean-François FROGER, Le livre de la création, Editions les Grégoriennes, 2017, p. 327

[3] Cf. F. Breynaert, Jean, L’évangile en filet. L’oralité d’un texte à vivre. (Préface Mgr Mirkis – Irak) Éditions Parole et Silence. Paris, 8 décembre 2020.

 [4] Saint AUGUSTIN, Sermon 259.

[5] Françoise BREYNAERT, L’Apocalypse revisitée. Une composition orale en filet. Imprimatur. Parole et Silence, 2022.

Date de dernière mise à jour : 22/06/2023