L'Ile Bouchard (1947)

Récit (et commentaire)

L'Ile Bouchard n'est pas une île en pleine mer, c'est le nom d'un village dans la région de Tours.

Le 8 décembre 1947, Il est 12 heures 50 quand Jacqueline Aubry, 12 ans, sa sœur Jeanne, 7 ans, Nicole Robin, 10 ans, une cousine, entrent dans l'église paroissiale. Laura Croizon, 8 ans, y entrera plus tard, avec sa sœur Sergine, à l'invitation des trois précédentes qui étaient allées au dehors de l'église chercher ceux ou celles qui passaient!

Jacqueline Aubry raconte : « J'ai vu une belle dame, vêtue d'une robe blanche, ceinture bleue (qui bougeait comme s'il y avait du vent, voile blanc légèrement brodée autour. Le voile reposait sur le front. Les pieds de La dame étaient nus et apparents et reposaient sur une Large pierre rectangulaire formant Le bas de la grotte dans laquelle Elle nous est apparue. A son bras droit était passé un chapelet aux grains blancs montés sur une chaîne d'or. Les cheveux étaient blonds et Longs et retombaient sur le devant, de chaque côté, en formant deux anglaises [c’est-à-dire des tresses]. La ceinture bleue était un Large ruban et Les manches de la robe étaient vagues; A ses pieds, cinq roses, roses, Lumineuses, formaient une guirlande en forme de demi-cercle, qui se terminait par deux feuilles vertes reposant sur Les extrémités de La pierre. Sous les pieds, on lisait l'invocation écrite en lettres d'or : Ô ! Marie, conçue sans péchés, priez pour nous qui avons recours à vous (C’est l’invocation donnée à la Rue du Bac à Paris en 1830). L'ange se tenait sur un pierre plate, de même couleur que la grotte, mais en dehors d'elle, le genoux à terre, à peu de distance de La dame, à sa droite. Il était vêtu d'une robe blanche et avait des ailes blanches, aux bords dorés. Il tenait à la main droite un Lys blanc, et L'autre main reposait sur sa poitrine. Les cheveux étaient blonds, en forme d'anglaises. Il était couleur Lumière! »

Une autre fois Jacqueline Aubry ajoutera: « Le visage de la Sainte Vierge était extraordinaire de beauté. Les yeux, on les a vus bleus. Elle faisait toute jeune, 16-17 ans, mais aussi elle faisait dame, c'est pourquoi on l'appelait Ma­dame. »

La dame sourit aux enfants, mais ne dit rien. Les fillettes récitent une dizaine de chapelet, suivie des trois invocations: Ô ! Marie conçue sans péchés ...
Après quelques minutes, L'apparition disparaît dans une belle poussière de Lumière.

Une heure plus tard, après avoir raconté ce qui précède au curé, et à la sœur directrice, les enfant retournent à l'église et revoient le même tableau, le visage marqué par la tristesse. "Dites aux petits enfants de prier pour la France ... (courte pause), car elle en a grand besoin."
Après son visage redevint souriant. Laura et Jeannette demandent : - "Madame, est-ce que vous êtes notre Maman du Ciel ?" - "Oui, Je suis votre Maman du Ciel."
Jacqueline: - "Madame, quel est L'ange qui vous accompagne? " - "Je suis l'ange Gabriel" répond celui-ci. - "Donnez-moi votre main à embrasser. Revenez ce soir à 5 heures, et demain à 1 heure." Et elle disparaît dans sa belle poussière de lumière.
En embrassant la main des enfants, la Sainte Vierge a laissé un bel "ovale de lumière" que la mercière qui balayait le pas de sa porte a bien vu. Arrivées à l'école les enfants n'ont pu montrer aux sœurs cette preuve, les traces avaient disparues, mais toutes les élèves ont cru.

Au rendez-vous de 17 heures, seule Jacqueline pourra être présente. C'est le salut du Saint Sacrement, l'apparition est là. Le prêtre bénit l'assistance avec l'Hostie. L'apparition s'efface devant Jésus puis réapparaît. Jacqueline est trop jeune pour soupçonner qu'une telle manière d'agir, l'effacement devant le Fils, est un véritable argument d'authenticité.

Peu avant 13 heures le lendemain, les quatre enfants sont en prière. L'ange, à l'heure dite sera à gauche, et non à droite de la Vierge. Mais son attitude est la même.
Jacqueline demande : - "Madame, est-ce que je peux faire rentrer mes amies ?"- "Oui, mais elles ne me verront pas." Les enfants vont chercher leurs camarades.
Le dialogue reprend : - "Embrassez la croix de mon chapelet." Les quatre enfants baisent le Crucifix, Jeannette et Nicole se mettent sur la pointe des pieds, puis Jacqueline soulève sans l'ombre d'un effort les deux plus petites Laura et Jeannette. Après ce baiser, la Vierge trace sur Elle-même le signe de croix, très lentement.

Commentaire : Imaginons la Vierge Marie faire le signe de la Croix, elle qui fut debout au calvaire, présente à l’agonie de son Fils, sa mort d’amour pour notre salut, pour notre vie éternelle. La Vierge Marie fait le signe de Croix avec émotion, avec foi, attention, amour. Nous ne savons pas faire le Croix, c’est elle qui nous l’apprend.

Continuons le récit : - "Je vais vous dire un secret que vous pourrez redire dans trois jours. Priez pour la France qui en ces jours-ci est en grand danger. Allez dire à Monsieur le Curé de venir ici à deux heures, d'amener les enfants et la foule pour prier. Commencez le Je vous salue Marie."

Commentaire : En France, depuis le 29 novembre 1947, sabotages et émeutes se succédaient. Une semaine plus tard, un officier de police parisien, informé par la presse, viendra dire au curé: "Nous n'arrivions pas à comprendre pourquoi tout n'a pas sauté ! Maintenant, nous savons." Le 9 décembre, Robert Schumann, grand chrétien, forme le gouvernement et contre toute logique, le 10 décembre les communistes cessent leur agitation et reprennent le travail.

L’apparition de l’Ile Bouchard montre l’ange Gabriel agenouillé devant la Vierge Marie, comme à l’Annonciation. L’ange Gabriel avait dit à la Vierge Marie « ne crains pas » (Lc 1, 30). De même, aux disciples dans la tempête, Jésus dit : « N’ayez pas peur » (Jn 6, 20).

Continuons le récit. Les enfants récitent une dizaine et la Vierge sourit. "Dites à Monsieur le curé de construire une grotte le plus tôt possible, là où Je suis, d'y placer Ma statue et celle de l'ange à côté. Lorsqu'elle sera faite, Je la bénirai. Revenez à deux heures et à cinq heures." Le curé ne permettra pas le rendez-vous de deux heures. A dix sept heures, elles seront là avec des dizaines de personnes : "Chantez le Je Vous salue Marie, ce cantique que J'aime bien. Dites à la foule de s'approcher pour réciter une dizaine de chapelet."

Le mercredi 10 décembre à 13 heures, pour la sixième apparition la foule est plus nombreuse. Le curé et les sœurs sont enfermé dans la sacristie, regardant par le trou de la serrure. "Chantez le Je Vous salue Marie". La dizaine de chapelet est terminée, la Sainte Vierge s'inclinera respectueusement pendant le Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit. - "Baisez ma main." Jacqueline et Nicole à nouveau sur la pointe des pieds, Jeannette et Laura soulevées sans efforts, aux yeux de tous. "En quoi faudra-t-il faire la grotte que vous avez mandée hier s'enquiert Nicole? "- "En papier pour commencer." Jacqueline à qui sa maman qui était dans l'assistance avait soufflé la question .demanda à genoux en implorant: - "Madame, voulez-vous faire un miracle pour que tout te monde croie ?" - "Je ne suis pas venue ici pour faire des miracles, mais pour vous demander de prier pour la France. Mais demain, vous y verrez clair et ne porterez plus de lunettes. Je vais vous confier un secret que vous ne direz à personne, promettez-Moi de le garder." - "Nous le promettons." - "Revenez Me voir demain à une heure.

Le lendemain, jeudi 11, Madame Aubry s'aperçoit que les yeux de Jacqueline n'ont plus de trace de la conjonctivite purulente et que la myopie a cessé. Elle n'a plus besoin de lunettes! Le papa de Jacqueline, qui n'avait jamais mis les pieds au presbytère, et qui avait été furieux d'être la risée de ses camarades de café, court au presbytère et ramène le curé chez lui ! Devant ce miracle, le curé levant les bras au ciel s' exclamera: - "C'est donc vrai qu'Elle descend parmi nous!" Il téléphone à l'évêché et reçoit l'autorisation d'assister aux apparitions.

On chante le "Je Vous salue" et ensuite la Vierge demande: - "Priez-vous pour les pécheurs ?" - "Oui Madame." 
Une dizaine du chapelet, priée par tous préludera aux questions préparées par le curé et par Sœur saint Léon. - "D'où vient cet honneur que Vous veniez en l'église saint Gilles ?"
Cette question est légitime après tout : est-ce à cause de Clovis, converti sur le tombeau de Martin, évêque de Tours, est-ce à cause du congrès de Tours, en 1920, qui vit la séparation entre socialistes et communistes ? Rien de tout cela n’est évoqué par Notre Dame. La Vierge Marie donne la raison de son choix :
 - "C'est parce qu'il y a ici des personnes pieuses et que Jeanne Delanoue y est passée." - "Est-ce en souvenir de Jeanne Delanoue qui vous aimait tant et aimait à vous prier à Notre-Dame des Ardillers et qui est venue établir ses filles ici ?" - "Combien y a-t-il de sœurs ici ?" - "Elles sont trois." - "Quel est le nom de leur fondatrice ?"- "Jeanne Delanoue"
L'assistance n'entend pas les questions de la Vierge, mais entend les réponses simultanées des visionnaires.
Née en 1666, et morte en 1736 à Saumur, sainte Jeanne Delanoue, est une vierge d'une confiance totale en la Providence de Dieu, elle accueillit d'abord chez elle des orphelines, des vieilles femmes, des malades, et des femmes perdues, ensuite, avec des compagnes, elle fonda l'Institut des Sœurs de Sainte-Anne-de-la-Providence.

- "Madame, voulez-Vous bien guérir ceux qui ont des maladies nerveuses et des rhumatismes ?" - "Je donnerai du bonheur dans les familles... Voulez-vous chanter maintenant: Je Vous salue Marie ?'' - "Nous le voulons bien." - "Est-ce que Monsieur le curé va construire la grotte ?" - "Oui Madame, nous vous le promettons." - "Revenez demain à une heure". "Oui Madame, nous reviendrons demain."

12 décembre à 13 heures. Le curé a battu le rappel de "collègues" des environs. Le même scénario se reproduit. Après la dizaine de chapelet, suivie de l'invocation donnée rue du Bac, la Sainte Vierge donne sa main à embraser aux enfants: "Baisez Ma main". Et les enfants, comme les fois précédentes, devant la foule se dressent sur la pointe de leurs pieds ou sont portés sans effort. Chacun peut voir que les baisers, qu'ils entendent, sont donnés au même endroit.

La tête de la "Dame" est auréolée d'un arc-en-ciel et sur sa poitrine, on peut lire: "MAGNIFICAT".
Commentaire : Notre monde est habitué aux dialectiques, le petit devenant grand au risque de devenir à son tour despote dans un rapport de classes où les seuls changements sont des changements de groupe prioritaire. Jésus refuse d’entrer dans ce genre de politique et s’enfuit quand on veut le faire roi. La Vierge qui se dit servante. Elle qui, dans son Magnificat oppose les puissants non pas aux faibles mais aux humbles.

Et voici la suite du récit :

- "Priez-vous pour les pécheurs ?"
Commentaire : le bonheur parfait sera donné au Paradis. Sur la terre, Notre Dame a promis « du bonheur » dans les familles. En famille, on se blesse immanquablement, énervements, manques d’attention. Il faut parfois fuir, aller faire un tour, mais il faut toujours prier pour les autres, car dans la prière, il y a l’amour, et l’amour fait trouver des solutions, des gestes et des paroles qui apportent du bonheur.

- "Oui Madame, nous prions." - "Bien, très bien, surtout, priez beaucoup pour les pécheurs". Une nouvelle dizaine de chapelet, et Jacqueline s'enhardit à demander la guérison d'une paralysée. - "Madame, voulez- Vous guérir cette jeune fille ?" "Si je ne la guéris pas ici, Je la guérirai ailleurs." - "Oh! Madame, voulez-Vous bien faire un miracle ?" - "Je ne suis pas venue ici pour faire des miracles, mais pour que vous priiez pour la France. Revenez demain à une heure." puis Elle bénit la foule et disparut.

Le samedi 13 décembre, Jacqueline offrira un bouquet d'œillets roses - "Madame, voici des fleurs." La Vierge bénit les fleurs. A la fin de la troisième dizaine, et avec un ensemble parfait, les enfants enchaînent l'invocation à Marie commencée par la Sainte Vierge Elle­-même: "Ô ! Marie, conçue sans péchés, priez pour nous qui avons recours à vous."

Dimanche 14 décembre. La foule prie le chapelet. Ils sont des milliers. La Vierge est resplendissante, encore plus qu'avant. - "Chantez le Je vous salue Marie." - "On lui chante de tout son cœur" raconte Jacqueline. Après cela, le curé fait lire une demande par le deux plus grandes, Jacqueline et Nicole. "Nous vous demandons de bénir Monseigneur l'Archevêque, ses vingt cinq années d'épiscopat, Monseigneur l'évêque de Blois, les deux paroisses, les écoles libres, la mission du carême, les prêtres du doyenné et de donner des prêtres à la Touraine." La Vierge approuve de la tête en souriant.

Chaque enfant veut offrir un bouquet à la Sainte Vierge qui leur sourit. - "Madame, voici des fleurs" (un bouquet d'arômes, un bouquet d' œillets, un bouquet de roses et un bouquet de violette) Jacqueline insiste : - "Embrassez-les." - "Je les embrasserai, mais Je ne veux pas les prendre. Vous les emporterez."

- "Madame, que faut-il faire pour consoler Notre Seigneur de la peine que lui font les pécheurs? - "II faut prier et faire des sacrifices. Continuez le Chapelet. "

Celui-ci terminé, après le trois invocations, Jacqueline reprend: - "Madame, je vous en prie, faites une preuve de votre présence." - "Avant de partir, J'enverrai un vif rayon de soleil. Dites à la foule qu'elle chante le Magnificat." - "Oui Madame, nous allons Le chanter." Le curé entame, la foule suit, le chapelet continue. - "Priez pour les pécheurs." - "Oui Madame, nous prierons."

"Récitez une dizaine de chapelet les bras en croix."

"Ô ! Marie conçue sans péchés." Trois fois les enfants enchaînent.

La Vierge disparaît et fait ce qu'elle avait annoncé. Un fort rayon de soleil éclairera d'une superbe lumière l'emplacement où il faut réaliser la grotte.

Reconnaissance :

« Depuis 1947, de nombreux catholiques viennent en pèlerinage à l’église paroissiale Saint Gilles de l’Ile-Bouchard pour y vénérer la Vierge Marie. Ces pèlerinages ont porté de nombreux fruits de grâce. Sans jamais céder à l’attrait du sensationnel, ils développent un esprit de prière et contribuent à la croissance de la foi des participants. Après avoir soigneusement étudié les faits et pris conseil des personnes compétentes, j’autorise ces pèlerinages et le culte public célébré en l’église paroissiale Saint-Gilles de l’Ile-Bouchard pour invoquer Notre-Dame de la Prière, sous la responsabilité pastorale du curé légitime de cette paroisse. » (Mgr Vingt-Trois, archevêque de Tours, le 8 décembre 2001)

« Le message central de L’Ile- Bouchard comporte l’invitation à la prière et l’apprentissage de la prière, pour les familles et pour la France, pour le pays dans lequel on vit. Tous ces sujets sont des sujets d’actualité. » (Mgr Vingt-Trois, archevêque de Tours, Revue Il est vivant, Hors série 2012, l’Ile Bouchard p. 10)

Témoignages[1]

 « Des vacances riches spirituellement où le Seigneur est présent avec nous, soude la famille, nous fait mettre le doigt sur les choses essentielles. Ce temps en famille pas comme les autres nous a fait le plus grand bien, nous repartons gonflés à bloc ! »

« Je suis agréablement surprise par la retraite pour enfants. On ne peut pas dire que Jean et Henri étaient particulièrement contents d’aller à la messe. Et Jean commençait depuis l’an dernier à développer un certain esprit critique vis-à-vis de Dieu. Ils m’ont longuement parlé tous les deux de leur week-end. En me disant : Maman, j’étais heureux d’aller à la messe et la prière. Ou « La prière, c’est drôlement bien ! C’est la première fois que je prie de ma vie » (merci pour nous, pauvres parents, qui essayons tant bien que mal de les faire prier en famille…), « les chants, c’était super, on se sentait bien pendant la prière »


[1] Revue Il est vivant, Hors-série 2012, l’Ile Bouchard

Synthèse et Co


mmentaire : Françoise Breynaert

Date de dernière mise à jour : 13/01/2020