Introduction
Réparer la planète d’un point de vue agronomique
Comment s'organiser ?
L'éclairage du christianisme des origines
Chemins de vie spirituelle.
Bibliographie
Introduction
Il nous faut être honnête et observer ce que dit vraiment le texte de la Genèse : « Dieu dit : “Faisons l’homme [« Adam » de la racine « dam », le sang] à notre image, comme notre ressemblance [du verbe « damah », ressembler, être consanguin], et qu’ils dominent [verbe au pluriel : Adam, c’est tout le genre humain] sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les bestioles qui rampent sur la terre” » (Gn 1, 27-28). L’homme, par son intelligence-volonté, doit avoir part au gouvernement du monde, il domine sur les animaux, ce qui le fait ressembler à Dieu dans sa providence et ce qui établit une relation Père-fils entre Dieu et l’homme.
Par son travail, il imite Dieu, il est donc en danger de s’identifier à Dieu ; c’est de ce danger que la clôture du jardin de la Genèse le protège (Gn 2, 8), en rappelant la limite, la distinction. De plus, la Genèse demande de « garder et de cultiver la terre » (Gn 2, 15). Dieu demande que l’homme contemple la nature, en essayant d’en comprendre l’harmonie et les bienfaits, pour en tirer parti en la respectant. Il demande aussi de travailler à la manière d’un bon fils dans la maison de son Père. La Genèse évoque aussi la perspective du repos et du culte divin le 7° jour ; l’homme ne doit pas épuiser ni sa santé ni sa terre, il est fait pour la rencontre avec son Créateur, et aussi pour la rencontre avec les autres.
Réparer la planète d’un point de vue agronomique
Tous les êtres vivants sont formés principalement de Carbone.
Avant d’être un problème, le carbone et le gaz carbonique font partie de la vie !
Les plantes captent le CO2 par la photosynthèse, et le CO2 retourne dans l’air par la respiration des êtres vivants et toutes les combustions.
Le sol stocke le carbone sous forme de matière organique. Les sols suisses stockent ainsi l’équivalent des émissions carbone de 6 centrales thermiques pendant 100 ans.
La planète n’est pas un être vivant, « Gaia », mais le sol contient des êtres vivants :
- Insectes,
- Champignons,
- Bactéries…
Et l’on peut restaurer la vie dans tous les sols.
Ces micro-organismes rendent solubles et digestibles : azote (nitrate), soufre (sulfate), phosphore (phosphate), fer (chélates), magnésium, cuivre, oligoéléments et même des vitamines. Les plantes sont alors riche de goût, et en bonne santé. Les animaux et les hommes ont une nourriture saine et savoureuse.
Quand le sol est mort, il faut apporter artificiellement les nitrates etc. On a alors des déséquilibres et des carences dans les plantes, les animaux et les êtres humains.
Tous les êtres vivants sont formés principalement de Carbone… Pour être riche d’êtres vivants, le sol a donc besoin de carbone ! feuilles mortes des arbres (haies), pailles et fumier, et aussi les tailles de haies, fragmentées… Le bois raméal fragmenté (BRF) augmente le taux de carbone du sol et ramène les champignons et les vers de terre.
Il est bon d’associer les arbres à l’agriculture : autour ou dans les champs. En plus, on a beaucoup d’insectes utiles.
La matière organique fait adhérer l’argile les limons et les sables, de sorte que le sol ne part pas en poussière, emportée par l’eau et le vent. Il résiste à l’érosion. Les vers de terre améliorent la qualité du sol et font remonter les nutriments.
L’humus constitue un stock de matière organique (carbonée) dans le sol.
- Il est mentionné dans les programmes de formation des agriculteurs.
- MAIS il n’apparaît pas dans les textes de loi.
- L’agriculture biologique interdit l’usage et les résidus de tel ou tel produit MAIS il n’y a pas d’obligation de résultat pour l’augmentation du taux d’humus dans le sol.
Dans les Organismes internationaux (Cop 21, accords de Paris, etc.), le problème est connu et reconnu : par exemple le protocole de Kyoto en 1995 (article 2, § 1, art a, ii) évoque « les technologies de piégeage de dioxyde de carbone », MAIS il n’y a aucun instrument politique spécifique.
Globalement, la question est traitée avec légèreté.
Depuis 1950, les sols perdent leur vie cachée. Les labours l’enfouissent trop la matière organique et les champignons ne peuvent plus la transformer en humus. Les sols deviennent très pauvres en vers de terre, et les nutriments ne sont plus remontés, ils sont perdus dans la nappe phréatique. Les sols deviennent poussiéreux, sensibles à l’érosion. Il faut compenser leur pauvreté par plus d’engrais... Sans parler des OGM qui sont des plantes stériles autorisant de fortes doses d’herbicides qui détruisent encore plus la vie du sol…
Il y a 30 ans, le champ était à la hauteur du bois. L’agriculteur a perdu son sol qui s’est dégradé.
Sol sans couvert, compacté, le sol absorbe mal l’eau. Dans le sol les êtres vivants suffoquent. Les sels minéraux inutilisés sont emportés dans la nappe phréatique…
L’engrais vert, plus ou moins grand, est une culture intercalaire qui va piéger les nutriments qui n’ont pas été utilisés, évitant qu’ils ne soient lessivés et emportés dans la nappe phréatique. On le laisse ensuite geler, on le fauche, ou on l’écrase.
Dans la pratique, les engrais verts sont trop souvent tout juste faits pour obtenir les subventions. On peut en faire un usage beaucoup plus bénéfique.
Les vers de terre améliorent la qualité du sol et font remonter les nutriments. Mais les labours détruisent les vers de terre, et les agronomes réfléchissent et expérimentent :
Labour ou…. Non labour (semis direct) ? Laissant ces questions aux spécialistes, abordons la seconde question.
Comment s'organiser ?
Faut-il viser un gouvernement mondial centralisé ?
Ou une collaboration multipolaire, représentant des intérêts variés ?
La « taxe carbone » dissuade ceux qui émettent du gaz carbonique dans l’atmosphère. Les instances mondiales s’intéressent à l’agronomie comme un moyen de fixer dans le sol le gaz carbonique (CO2) de l’atmosphère. Mais il s’agit surtout d’orienter des flux financiers et d’organiser un pouvoir.
Durant la conférence de Madrid en 2019, les pays développés s'opposent aux demandes d'argent des pays en développement pour soutenir l'adaptation agricole. C’est sur les énergies renouvelables que les financements sont importants.
De plus (toujours en 2019), un nouveau plan d'action quinquennal en faveur de l'égalité des sexes est destiné à « soutenir la mise en œuvre des décisions et des mandats liés au genre dans le processus de la CCNUCC (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) ».
Al Gore, auteur de films écologistes, est le plus large actionnaire du seul marché du carbone opérant aux USA www.centpapiers.com/maurice-al-le-chicago-climate-exchange/5378)...
Les populations pauvres ont besoin d’une protection douanière de l’ordre par exemple de 50 dollars par tonne de céréale. L’organisation actuelle inonde les capitales des pays pauvres d’une nourriture bon marché, mais l’agriculture ne peut plus se développer. Les paysans s’entassent dans des bidonvilles ou cultivent de la drogue.
Nous pourrions aussi parler de la luzerne. C’est une légumineuse, elle capte l’azote de l’air, et fourni aux animaux un fourrage riche en protéines. Mais, pour des raisons de cours internationaux, on lui préfère le soja. Un soja qui provient souvent d’Amérique latine, produit dans des conditions peu respectueuses des gens. En Argentine, on voit des mères protester : les herbicides abondamment déversés par avion sur les champs de soja OGM génèrent des cancers et des enfants malformés… Or, chez nous, la luzerne a beaucoup d’avantages : c’est une culture qui dure 7 à 10 ans, ou plus encore : il y a donc d’importantes économies de tracteur et de diésel : point besoin de travailler la terre tous les ans ! En plus, après la luzerne, qui est une plante très couvrante, il n’y a plus de mauvaises herbes. Dernier avantage, par ses racines profondes, la luzerne améliore la qualité du sol et supporte très bien la sécheresse.
L'éclairage du christianisme des origines
Le péché de l’homme au jardin de la Création a donné aux puissances angéliques mauvaises un pouvoir sur l’ensemble du créé.
Pour réparer un système, il faut être extérieur à ce système ; pour sauver le monde, il faut être envoyé par le Créateur. Jésus peut sauver parce qu’il est l’Envoyé du Père, fidèle à sa volonté : il y a là une vérité très importante :
« Ma nourriture / celle qui est la mienne,
C’est que je fasse la volonté de celui qui m’a envoyé, / et que j’accomplisse son œuvre » (Jn 4, 34 FG).
« Sauver la planète » comporte une dimension surnaturelle.
Cependant, il y a des contrefaçons du christianisme qui vont tenter d’imiter le salut du monde en faisant appel au pouvoir des puissances angéliques mauvaises.
Désormais, « La création attend avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu : car elle a été assujettie à la vanité, non de son gré, mais à cause de celui qui l’y a assujettie, avec l’espérance qu’elle aussi serait un jour libérée de l’esclavage de la corruption pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu » (Rm 8, 19-21)
La création étant « assujettie au pouvoir du mauvais » (Rm 8), chercher un salut dans un culte de la terre, ou dans l’animisme est donc une illusion dangereuse.
« Le Royaume ne s’accomplira donc pas… selon un progrès ascendant mais par une victoire de Dieu sur le déchaînement ultime du mal (cf. Ap 20,7-10). » (Catéchisme de l’Eglise catholique § 677)
Le déchaînement du mal va se fédérer autour de l’Antichrist.
La Révélation nous apprend qu’un Antichrist va se manifester.
L’Antichrist va promouvoir son propre culte : « Auparavant doit venir l'apostasie et se révéler l'Homme impie, l'Etre perdu, l'Adversaire, celui qui s'élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu'à s'asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu. » (2Th 2, 3-4)
Il va donc chercher à établir une religion mondiale en cherchant à confondre les religions, pour former une religion unique, pour lui adresser un culte, à lui, l’Antichrist.
Les religions ne sont pas équivalentes, mais les hommes sont égaux en dignité puisque Jésus a donné sa vie pour tous et pour chacun. Tout homme peut trouver le Christ, le reconnaitre et confesser sa foi ; tout homme peut aussi reconnaître et rejeter l’Antichrist quand il se manifestera.
Pour qu’il se manifeste au monde entier, il faut auparavant que se mette en place une certaine mondialisation et une certaine forme de gouvernement pyramidal au sommet duquel il puisse asseoir son emprise.
Nous pouvons représenter cette pyramide par un schéma à condition de nous souvenir aussi de la parabole de l’ivraie : ce n’est pas à nous de faire le tri et d’arracher l’ivraie, il peut y avoir des serviteurs de Dieu à chaque étage de cette pyramide.
Qui est assez naïf pour croire que la misère générée par toutes sortes de mauvaises décisions résoudra les problèmes de pollution ?
L’Antichrist ne peut pas réparer la planète parce qu’il n’a pas la sagesse divine. Par exemple, on voit se profiler des efforts pour diminuer la population mondiale. Les expressions « développement durable » ou « écologie intégrale » sont utilisées par certains groupes mondialistes pour justifier des projets de dépeuplements massifs. On peut le faire en répandant des maladies, ou par des guerres.
« Alors l’Impie se révélera et le Seigneur le fera disparaître par le souffle de sa bouche, l’anéantira par la manifestation de sa Venue. Sa venue à lui, l’Impie, aura été marquée, par l’influence de Satan, de toute espèce d’œuvres de puissance, de signes et de prodiges mensongers. » (2Th 2, 8-11)
L’Antichrist Recevra toute la puissance du diable (Saint Irénée, Contre les hérésies, livre V).
La Bible parle en particulier de trois démons :
- Mammon : séduction de l’argent (Mammon)
- Baal-zébul : séduction de l’occultisme (demander aux anges déchus un pouvoir au lieu de demander la Vie à Dieu).
- Asmodée : impureté et dépravation.
« Alors l’Impie se révélera, et le Seigneur le fera disparaître par le souffle de sa bouche, l’anéantira par la manifestation de sa Venue. Sa venue à lui, l’Impie, aura été marquée, par l’influence de Satan, de toute espèce d’œuvres de puissance, de signes et de prodiges mensongers. » (2Thessaloniciens 2, 3-12)
La Venue glorieuse du Christ n’est pas la fin du monde. Le bon grain et l’ ivraie grandissent ensemble jusqu’au jugement de l’Antichrist*par Jésus, venant dans la gloire et par ses anges Venue glorieuse du Christ « royaume des justes » « sur la terre comme au Ciel » : « Ainsi le Christ, après s’être offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude, apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut [la vivification] de ceux qui l’attendent » (He 9, 28).
C’est surtout l’augustinisme (que l’on connaît principalement comme moralisme) qui est responsable de cet oubli. A la fin de ce temps, Jésus viendrait pour assister à une fin du monde imaginée en destruction finale ‒ le monde livré au Mal n’ayant d’ailleurs jamais servi que de décor, de sorte que les âmes méritantes gagnent (péniblement) sur terre le Paradis d’après leur mort. Autant détruire le monde tout de suite ! Faute d’espérance pour le monde, l’église latine s’est ainsi repliée sur une espérance individualiste.
Aussi, une certaine spiritualité chrétienne actuelle de l’écologie semble « réapprendre » de non-chrétiens les notions de salut du monde (« sauver la planète ») ou de réconciliation (« se réconcilier avec la nature ») : curieux effet boomerang ! Tout se passe comme si une idée chrétienne avait été oubliée par les chrétiens occidentaux et reprise par d’autres. Jusqu’où les chrétiens peuvent-ils se reconnaître dans l’idée de « sauver la planète » ou de « se réconcilier avec la nature » ?
L’augustinisme a laissé libre la voie pour les différentes formes de messianismes laïcs.
Que serait un messianisme écologique ?
- Une dictature économique. Des lobbies industriels ou agricoles peuvent imposer leur produits dont les résultats ne sont pas forcément probants.
- Une dictature politique. Même si l’objectif parait bon « sauver la planète », certains intérêts politiques peuvent s’y mêler et imposer par exemple des politiques eugénistes ou nuisibles à leurs adversaires. A l’heure du confinement mondial, on voit le forum économique mondial afficher sa volonté d’un « Reset ».
- Une dictature spirituelle. (propagandes diverses, pressions culturelles, textes confus et illogiques mais imposants par leur volume, fascinant par leur style, diverses techniques de manipulations mentales telles que l’eurythmie, occultisme). Le monde de l’écologie n’en est pas forcément exempt.
« Nous attendons ta venue dans la gloire » (Prière après la consécration).
Le monde a été créé avec une Sagesse incommensurable, et l’esprit de l’homme est créé capable de découvrir cette Sagesse et d’y coopérer.
La royauté du Christ, dont le pouvoir est reçu d’en haut, est vivificatrice. Les hommes, comme des rameaux sur la vigne, portent du fruit, chacun à sa place. Liberté et subsidiarité.
Chemins de vie spirituelle.
La relation au Créateur est une dimension très importante de l’écologie.
N’est-il pas extraordinaire que l’homme puisse entrer en relation avec son Créateur ? Et que son Créateur l’attende pour se communiquer à lui ?
Les violences faites à la nature commencent avec l’abandon du « jour du Seigneur », souvent au nom de la rentabilité, c’est-à-dire au nom de l’argent placé au-dessus de Dieu…
Les violences continuent avec la prétention selon laquelle seule compte la création produite par l’homme, jusqu’à voir en l’homme son propre créateur.
Comme cela a été dit dès l'introduction, le problème ne vient pas du judéo-christianisme et du verset de Gn 1, 28 qu’il faut lire avec honnêteté.
Le problème vient d’abord d’un oubli, ce qu’on peut résumer ainsi :
Le « salut du monde » a été opéré par Jésus, mais il doit être reçu. « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20, 22) dit le Ressuscité. Or une partie du monde a rejeté l’annonce du salut. Se manifestent alors très tôt des « antichrists » ; et, à la fin des temps, « l’Antichrist » unique se manifestera. L’Eglise attend rien de moins que le retour de Jésus dans « la gloire » (et non pas corporellement) pour anéantir l’Antichrist et son pouvoir (2Th 2,8). Car Jésus reviendra pour une « restauration » et une « régénération » (Mt 19, 28 ; Ac 3, 21), accomplissant le règne de Dieu « sur la terre comme au ciel » (Mt 6,10), avant de « remettre » son royaume au Père (1Co 15, 22-28). Il reviendra donc dans la gloire pour le salut de ceux qui l’attendent (He 9, 28). Ensuite, en sa présence spirituelle et glorieuse, ainsi que celle des saints qui l’accompagneront, ceux qui seront restés sur terre pourront s’organiser en formant ce que saint Irénée appelle le « royaume des justes ». Ce Royaume, dont la durée permettra l’accomplissement des promesses, sera un « prélude de l’incorruptibilité, royaume par lequel ceux qui en auront été jugés dignes s’accoutumeront peu à peu à saisir Dieu », explique le saint Evêque et martyr de Lyon . Oublier tout cela conduit à dévaloriser le monde.
Nous sommes appelés à une transformation spirituelle :
- plus d'espérance (la Parousie)
- moins de naïveté (l'Antichrist).
Donc :
- une joie, une paix, plus ferme, la confiance quoi qu'il arrive.
- une préparation à endurer, à être isolé ou à soutenir des personnes persécutées ou disons "résistantes".
Bibliographie
Françoise Breynaert, L’Apocalypse revisitée. Une composition orale en filet. Imprimatur. Parole et Silence, 2022. 377 pages. réédité en 2024
Françoise Breynaert, La Venue glorieuse du Christ. Véritable espérance pour le monde, Paris, éditions du Jubilé (octobre 2016)