Les textes liturgiques guident la foi, non sans un profond émerveillement. De manière sobre mais sûre, ces textes orientent vers la joie et la beauté de tout ce qui vient de Dieu.
Rite copte
L’Annonciation est célébrée le 29 barmahât, environ le 7 avril.
L'évènement est tellement important que les Coptes le fêtent aussi chaque 29 des mois égyptiens. L’événement célébré est le fait que Dieu se soit fait homme, sans cesser d'être Dieu, unissant ainsi notre humanité à la vie divine :
« Au moment où Marie donna son consentement pour la conception divine, le Fils unique, la personne de Dieu le Verbe, une des trois personnes éternelles, descendit et d’une manière ineffable pour l’intelligence humaine, habita dans les entrailles de la Vierge : et ainsi, dans le temps il prit d’elle tout ce qui appartient à l’homme en union parfaite [avec la divinité], sans la possibilité d’une future séparation. Ce jour est donc le début de toutes les fêtes. »
Cf. Sinassario 29 barmahât, ed. Forget, in CSCO 67,50-52 texte en arabe ; 90, 51-52s en latin. Gabriele GIAMBERARDINI, Il culto mariano in Egitto, Jerusalem 1974, vol 3, p.46-47
Rite romain
Dans le Chronicon Paschale (avant 550), document civil romain, on lit : « Aujourd’hui 25 mars selon le calendrie. r romain, et selon la tradition des saints docteurs, l’Église de Dieu, catholique et apostolique, célèbre l’Annonciation de Notre Dame, la glorieuse mère de Dieu et toujours Vierge. »
Nous lisons, dans le Sacramentaire Grégorien (vers 660) :
GrH 143, Après la communion :
« Répands ô Père ta grâce en nos âmes ;
toi qui à l’annonce de l’ange, nous as révélé l'Incarnation de ton fils,
guide-nous par sa passion et par sa croix à la gloire de la résurrection.
ar Jésus le Christ notre Seigneur. »
C'est maintenant la prière finale de l'angélus, avant, c’était la prière de post communion.
Il n’y a pas de prière plus synthétique : l'Incarnation, la passion, la Résurrection. À remarquer : "Répands ô Père ta grâce en nos âmes, est bien en lien avec la communion qui remplit nos âmes ; "la grâce" se transforme en "gloire."
Nous lisons, dans le sacramentaire Gélasien, GeV 847-853, substantiellement contemporain du sacramentaire Grégorien :
Collecte:
« Exauce-nous, Seigneur, Père saint, Dieu tout puissant et éternel, qui par l'ombre de la grâce divine sur le sein très saint de la bienheureuse Marie, as daigné éclairer le monde entier ; suppliants, nous implorons ta majesté pour que, ce que nous ne sommes pas capables d'obtenir avec nos mérites, nous méritions de l’obtenir avec son aide. »
Sur les offrandes :
« O Seigneur, nous t’en prions, regarde favorablement les offrandes que nous te présentons en l’honneur de la bienheureuse et glorieuse toujours Vierge Marie, Mère de Dieu, à l'occasion de sa solennité annuelle. Ton Saint Esprit, co-éternel avec toi, a rempli son sein de la splendeur de sa grâce et de sa vérité, qu’il nous purifie avec bienveillance. »
Cf. Ignazio CALABUIG, Il culto di Maria in occidente, In Pontificio Istituto Liturgico sant’Anselmo. Scientia Liturgica, sotto la direzione di A.J. CHUPUNGCO, vol V, Piemme 1998. p.304-305
Rite byzantin
Le concile in Trullo, en 692 est un concile convoqué par l’empereur Justinien II à Constantinople ; il témoigne que la fête de l’Annonciation était très importante à Constantinople puisque l’on fait pour elle une exception : « En tous jours du carême saint, sauf samedi et dimanche et le jour saint de l’Annonciation, on célèbre les pré-sanctifiés ».
Voici le Tropaire et une strophe des Vêpres composés par saint André de Crête († 740) :
Tropaire : « Aujourd’hui a commencé notre salut et la manifestation du mystère éternel : le Fils de Dieu devient le Fils de la Vierge, et Gabriel annonce la grâce. Avec lui nous crions donc à la Mère de Dieu : Réjouis-toi, ô pleine de grâce, le Seigneur est avec toi.»
Strophe : « Aujourd’hui c’est heureuse l’annonce de la joie, triomphe des Vierges ; les choses d’ici bas sont en harmonie avec celles d’en haut ; Adam est renouvelé, Ève est libérée de la tristesse passée, et la tente de notre nature, par la divinisation de la substance assumée, est consacrée temple de Dieu. O mystère ! Incompréhensible est le mode de cet abaissement (kénose), ineffable la manière de cette conception. Un ange est employé pour le prodige, un sein virginal accueille le Fils, l’Esprit Saint est envoyé d’en haut ; le Père des cieux se félicite et l’union advient dans une volonté commune. Sauvé en Lui et par Lui, nous unissons nos voix à celle de Gabriel et nous proclamons à la Vierge : "Réjouis-toi, ô pleine de grâce, par toi vient à nous le salut, le Christ notre Dieu, qui en ayant assumé notre nature l’a élevée à la hauteur de la sienne. Prie-le de sauver nos âmes !" »
Cf. Corrado MAGGIONI, Benedetto il frutto del tuo grembo, Due millenni di pietà mariana, Portalupi Editore s.r.l. 2000, p. 79-85, traduction F.Breynaert
Rite wisigoth (Espagne antique)
En Espagne la fête de Marie était l’octave avant Noël, le 18 décembre, « Notre Dame de l’ô » parce que les antiennes commençaient avec « ô ! ». Au septième siècle, on refusait une fête le 25 mars en plein carême et proche de Pâques. Les fêtes mariales devaient être proches de Noël (concile de Tolède, 656)
L’« Ilatio » correspond en un certain sens à la préface de la liturgie hispanique qui est une liturgie qui se reconstruit complètement pour chaque fête.
L’Ilatio du deuxième dimanche d’Avent a une grande richesse théologique, spirituelle et poétique. Il met en évidence la syntonie admirable entre l’ange qui promet, la Vierge qui croit, l’Esprit qui agit. La contemplation de Marie comme celle qui croit (cf. Lc 1, 45) fait percevoir l’importance de son rôle dans le salut : elle est la mère du Fils de Dieu Sauveur et l’image de l’Église. La maternité divine de la Vierge, fruit de sa foi et de la grâce de l’Esprit, devient le modèle de la maternité de la Vierge Église.
« Il est juste et digne, convenable et salutaire de proclamer avec émerveillement la venue de notre Seigneur Jésus Christ qui est né parmi les hommes et pour les hommes,
un messager céleste parlait,
sur la terre une Vierge saluée écoutait,
l’Esprit Saint dans le sein vint et créait ;
Ce que l’ange promet, Marie le croit, l’Esprit vrai Dieu coopère,
La certitude suivait l’annonce de l’ange,
La vérité accomplissait la promesse,
Et la vertu, à l’ombre du Très haut,
Apprit à être une virginité féconde.
Voici que tu concevras et que tu enfanteras un fils, annonçait l’ange.
Et comment cela se fera-t-il ? répondit Marie.
Mais elle répondit en le croyant et non pas en doutant,
Remplie de l’Esprit Saint parce que l’ange l’assura.
Vierge avant de concevoir, toujours Vierge après l’enfantement,
Elle a conçue son Dieu dans son esprit avant de le concevoir en son sein.
Elle, la première, a reçue le sauveur du monde,
Et pour cela elle est la vraie Mère du fils de Dieu.
C’est lui qu’adorent les anges, les trônes, les dominations et les puissances, en disant : »
Le missel actuel s’en est inspiré : « Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire, de t’offrir notre action de grâce ; toujours et en tout lieu, à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant, par le Christ notre Seigneur. C’est lui qui pour sauver les hommes devait naître parmi les hommes ; c’est lui que l’ange annonce à la Vierge Immaculée et qu’à l’ombre de l’Esprit Saint elle accueille par la foi ; Lui qu’elle porte avec tendresse dans sa chair. (…) » (Préface du 25 mars, missel romain, Paul VI)
Rite arménien
Le 7 avril pour les orthodoxes, le 25 mars pour les catholiques.
Le synode de Sis de 1345 a montré que sur la maternité divine de Marie, sur sa plénitude de grâce, mais aussi sur sa coopération à l’œuvre du salut se fonde sa médiation des grâces : « En ayant porté dans ses bras celui devant qui tremblent de crainte les esprits célestes, elle est celle qui intercède perpétuellement pour le monde, pour toutes les nations qui la célèbrent, la dispensatrice des grâces aux assoiffés, qui joint parmi eux le droit et la grâce. » Elle est « notre réconciliation », « la médiatrice entre la vie divine et humaine ».
G. GHARIB e altri, I Testi mariani del I millenario, vol IV, Roma, 1991.