La Vierge Mère

Exercices pour les étudiants de l’institut Foi vivifiante

Etude : F. Breynaert, Parcours christologique, Parole et Silence 2016, p. 35-44 et p.119-134

(Le livre est plus complet que les vidéos ; la seconde vidéo donne à la fin un parallèle avec l'islam)

Exercices :

  1. Pourquoi le discours sur Marie Vierge et Mère fait-il partie du discours sur le Christ ? 
  2. Quels sont les arguments bibliques ? 
  3. Quelles sont les expressions de stupeur adorante ?
  4. Quel est le message positif pour tout être humain ?

Couv christologie

La virginité de Marie à l'Incarnation

Jésus avait il des frères ? Marie dans l'Ecriture

La virginité de Marie

 

« Mais Marie dit à l’ange : "Comment cela sera-t-il,

puisque je ne connais pas d’homme ?" » (Lc 1, 34).

 

 

            Une citation d’Olivier Clément introduit parfaitement ce thème.

« Accepter, accueillir le miracle de l’Incarnation, c’est accepter que Marie soit la ‘Mère de Dieu’ et ‘Mère réellement Vierge’; il n’y a rien ici contre la sexualité, contre l’amour humain. Le sens est tout autre.

Nous savons bien que la vie qui nous donnons, que nous transmettons, c’est une vie pour la mort.

Il fallait une intervention de Dieu, il nous voulait que la chaîne des naissances pour la mort fût rompue et que se levât avec Jésus un vivant qui vit totalement, un vivant qui ne serait plus à l’intérieur de la mort comme nous, mais qui se serait volontairement laissé prendre par elle pour la détruire.

La virginité féconde de Marie (les trois étoiles sur l’icône), comme les apparitions du ressuscité toutes aux portes closes signalent cette vie plus de vivante que la nôtre, une matérialité transfigurée ».[1]

 

            L’Église dans son magistère authentique confesse que Marie est la mère virginale de Jésus Christ. Elle s’engage formellement et très vivement sur les points suivants[2] :

- Le fait historique salvateur, un fait concernant directement le mystère de l’incarnation du Verbe Rédempteur;

- Le rôle de Marie, unique et qui ne peut pas être répété : la maternité de Marie de Nazareth, mère de Dieu sauveur.

- L’état de virginité permanente (physique, spirituelle, morale, psychologique), concernant l’épouse de Joseph de Nazareth.

- L’événement, prodigieux et réel, de la conception et de la naissance virginale, indique et explicite la dignité, l’identité et la messianité du Christ né de la Vierge.

 

            Avant d’en venir au « dogme » énoncé dans les conciles, il faut rappeler les données bibliques : la virginité de Marie n’est pas un fait que l’Eglise aurait inventé pour ses besoins théologiques, c’est un fait qu’elle a découvert avec stupeur. Nous une grande importance à l’allocution de Jean-Paul II à Capoue, en 1992, pour l’anniversaire du synode de Capoue en l’an 392, lequel avait déjà réfléchi à la virginité de Marie.

 

Ce qu’en dit la Bible

-1- L’oracle d’Isaïe dit « Oracle de l’Emmanuel »

« C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici, la jeune femme est enceinte, elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel » (Is 7, 14).

 

            Même si la tradition hébraïque, le Midrash Rabbah sur Exode 18, 5 interprète Isaïe 7, 14 en disant que l’enfant de la femme enceinte est tout simplement Ezéchias, et même si certains exégètes chrétiens ont suivi le midrash juif, cependant, dit Benoît XVI, cette lecture n’est qu’une hypothèse « qui ne peut être vérifiée d’aucune façon », et il convient de lire le texte d’Isaïe 7, 14 comme « une question ouverte », une parole « adressée à l’humanité »[3].

 

-2- Annonciation à Marie (Lc 1, 34)

 « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? » (Lc 1, 34)

 

            Saint Bernard commente ainsi : « Courage, Vierge féconde ! Tu as donc résolu de t’offrir vierge au Christ, mais tu ignores que tu dois lui être offerte aussi comme mère ! Tu choisis d’être vouée au mépris en Israël, et pour plaire à celui à qui tu t’es vouée, tu braves la malédiction de la stérilité ; mais voici la malédiction changée en bénédiction et la stérilité compensée par la fécondité »[4].

 

-3- Annonciation à Marie (Lc 1, 35)

« L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu » (Lc 1, 35).

 

            Quand la nuée couvrit la Tente de la rencontre, la gloire du Seigneur, sa Shekinâh, remplissait le lieu (Ex 40,34-35). De même, Marie sur laquelle descend l’Esprit Saint est le lieu de la présence divine. Ainsi, les images de l’Ancien Testament nous permettent de comprendre que, dans le récit de l’Annonciation, les titres de Jésus « saint » et « Fils de Dieu » sont donc à entendre au sens fort du terme.

 

-4- Généalogie du Christ (Mt 1, 16)

« Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie de [grec: « ‘ek »] laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ (ou Messie) » (Mt 1, 16).

 

            La forme passive « de laquelle fut engendré » constitue une rupture dans la généalogie ; le manque de complément d’agent peut être considéré sans difficulté comme un sous-entendu de l’action divine sans semence masculine.

            La fonction maternelle est accomplie par Marie, et indiquée avec une préposition identique à celle qui est utilisée pour les autres femmes de la généalogie.

            « La généalogie des hommes a son importance par rapport à l’histoire du monde. Et malgré cela, à la fin, il y a Marie, l’humble vierge de Nazareth, celle en qui arrive un nouveau commencement, celle en qui recommence de façon nouvelle le fait d’être une personne humaine »[5].

 

-5- Jésus avait-il des frères ?

            Trois expressions de l’Ecriture ont suscité parfois quelques commentaires, même si elles n’ont pas troublé la foi des premiers lecteurs attentifs de l’Ecriture, qui connaissaient tous les contextes :

  • Objection 1. Le Nouveau Testament parle de Jésus comme « Premier né » (Lc 2,7 - récit de Noël) : cela veut-il dire qu’il y a eu un deuxième et un troisième enfant né de Marie ?
  • Objection 2. Il est aussi écrit : « Joseph ne la connut pas jusqu’au jour où elle enfanta un fils » (Mt 1,25). Comme l’expression biblique « connaître » désigne aussi les relations sexuelles, cela signifie-t-il que Joseph a connu Marie après le jour de l’enfantement ?
  • Objection 3. Enfin, dans le Nouveau Testament, 7 citations évoquent des « frères et sœurs » de Jésus : En Mc 6,3 et Mt 13,55 : « Celui-ci n’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joset, de Jude et de Simon ? ». Ac 1,14 parle des « frères de Jésus ». Ga 1,19 parle de « Jacques, le frère du Seigneur ». Jude 1 parle de « Jude frère de Jacques » (qui peut être le frère du Seigneur). Jn 2,12 évoque : « sa mère, ses frères et ses disciples ». Et Mt 12,46 et ses parallèles parlent de « sa mère et ses frères ». Marie aurait-elle donc eu d’autres enfants ?

 

Les réponses aux objections :

            L’objection 1 n’a pas de poids : Jésus « Premier né » ne signifie pas qu’il y a eu un second :

            Luc note que Marie met au monde son fils premier-né (Lc 2, 7) mais que cela ne sous-entend pas qu’il y a eu un deuxième ou un troisième. Cette indication prépare la présentation de Jésus au Temple, avec le sacrifice prescrit par Moïse pour le rachat des premiers-nés ou, plus précisément, de ceux qui ouvrent le sein, expression biblique que Luc reprend (Lc 2,23). On rachetait le premier-né dans le mois qui suivait sa naissance, c’est-à-dire sans qu’on sache s’il aurait ou non un cadet.

 

            L’objection 2 est aussi facile à surmonter :

            Mt 1, 25 insiste seulement sur la conception virginale de Jésus et n’implique aucunement des relations sexuelles entre Joseph et Marie après l’enfantement du Christ. Lorsque la Bible dit par exemple « Nos regards sont tournés vers le Seigneur notre Dieu jusqu’à ce qu’il nous prenne en pitié » (Ps 123,2) cela ne signifie pas qu’après avoir obtenu miséricorde, nos regards se détourneront de Dieu.

 

            Une réponse complète à la troisième objection doit additionner plusieurs arguments forts :

            1. Jacques et Joset sont appelés « frères de Jésus » mais ils sont sûrement les fils d’une autre Marie.

            Jacques, Joset (Mc) ou Joseph (Mt) - les premiers deux frères de Jésus nommés en Mc 6,3 et Mt 13,55 - étaient très probablement les fils d’une Marie différente de la mère de Jésus. Marc dit en effet : « Il y avait aussi des femmes qui regardaient à distance, entre autres Marie de Magdala, Marie mère de Jacques le petit et de Joset, et Salomé » (Mc 15,40). Cette « Marie » est encore appelée plus loin « Marie, [mère] de Joset » (15,47), puis « Marie [mère] de Jacques » (16,1). Lc 24,10 aussi fait mention de « Marie, celle de Jacques ».

 

            2. Simon et Jude sont des cousins du Seigneur.

Simon était « le fils d’un oncle du Seigneur », « fils de Cléophas, frère de Saint Joseph », selon Hegesippe, originaire d’Orient, probablement de Syrie-Palestine, qui écrivit vers 150-200 des "mémoires" dont Eusèbe de Césarée rapporte plusieurs extraits (Eusèbe, Histoire ecclésiastique III,11-12 et 19-20). Après le martyre de Jacques, Simon fut nommé évêque à "parce que c’était un second cousin du Seigneur": "second" est à comprendre en lien avec Jacques, qui devait donc être aussi le cousin de Jésus (et non pas son frère au sens strict).

 

            3. Les « frères et sœurs » de Jésus ne sont jamais appelés « fils ou filles de Marie ».

            Seul Jésus est appelé « le » fils de Marie, ou « le » fils du Charpentier. Et de la Vierge on dit seulement qu’elle est « la mère de Jésus ».

 

            4. Jésus n’aurait pas confié Marie au disciple au pied de la Croix (Jn 19, 26) s’il avait eu des frères de sang.

            Si Marie s’était remariée après son veuvage ou si elle avait eu d’autres enfants, elle n’aurait pas pu quitter les siens pour aller chez le disciple. Athanase, Hilaire, Epiphane et Jérôme y voient confirmée la virginité perpétuelle : Si Marie avait des fils et si son mari était encore en vie, pour quel motif le Christ aurait-il confié Marie au disciple (Jean) ?

 

            5. Tout cela vient du fait qu’il n’y a pas de mot en hébreu ou en araméen pour dire « cousin ».

            Ce sont les mots « frères » et « sœurs » qui désignent la parenté proche. La tradition orale s’est fixée en araméen avant d’être écrite en grec dans l’Evangile. C’est dans cette culture orale que s’est fixée l’appellation « frères de Jésus » pour désigner ses proches parents. Ce « titre de gloire » reconnu aux cousins de Jésus fut conservé quand l’Evangile a été écrit ou traduit en grec, de même que les Septante ont traduit servilement l’original hébreu de l’Ancien Testament en utilisant le terme grec « frère » (« adelphos ») et non cousin (« anepsios ») lorsqu’il y a un rapport de parenté beaucoup de plus large. Il y a d’abondantes attestations de cet usage : par exemple Lot et Jacob qui sont les neveux, respectivement, d’Abraham, Gn 11,27; 14,12, et de Laban, Gn 29,12; sont appelés leurs frères (Abraham-Lot: Gn 13,8; 14,14.16 ; Laban-Jacob: Gn 29,15).

 

            6. Dans le grec du Nouveau Testament, le mot frère a souvent une signification qui n’est pas biologique.

            Le mot « frère », en grec « adelphos », se rencontre 41 fois avec le sens de « frères biologiques » ; « frères » dans le sens « adeptes d’une même religion » est cité 213 fois ; « frères » comme « collaborateurs proches » : 22 fois, dans les épîtres de Paul et Pierre ; Et « frères » comme « membres d’une même communauté ou famille » : 42 fois.

            La « sœur » de Marie au pied de la Croix est sûrement sa cousine : Jn 19, 25 parle d’une certaine Marie, sœur de Marie la mère de Jésus. Il ne peut bien sûr s’agir d’une sœur de sang ou même d’une demi-sœur car les parents n’auraient pas donné le même nom à deux enfants.

            Donc l’incertitude du mot « frère » ou « sœur » en grec est telle qu’il n’est pas sérieux de s’appuyer sur ce mot pour affirmer que Marie ait eu d’autres enfants. L’ensemble de ces arguments tirés de l’Ecriture apporte une réponse très sérieuse aux objections.

 

            7. Avec Marie « toujours Vierge » s’accomplissent aussi certains beaux textes de l’Ecriture.

            « L’homme me ramena vers la porte extérieure du sanctuaire, celle qui fait face à l’orient ; elle était fermée. Le Seigneur me dit : " Cette porte restera fermée ; on ne l’ouvrira pas ; personne n’entrera par là ; car le Seigneur, le Dieu d’Israël, est entré par là ; elle restera fermée. » (Ezéchiel 44,1-2) C’est en faisant référence à cet oracle que saint Zénon de Vérone († 380) appelle Marie la « porte close » par laquelle, sans l’ouvrir, Jésus est entré dans le monde. La Vierge est aussi le « jardin clos », la « fontaine scellée » du Cantique des cantiques.

 

8. Enfin, il y a un argument de bon sens qui rejoint le sens commun de la foi.

            Déjà Philon, juif, avait compris que Léa cessa d’enfanter (Gn 29,35) après avoir engendré son quatrième fils, Judas parce que son nom qui veut dire « louer Dieu », signifie le sommet de la perfection (De Plantatione, 135). Combien plus Marie, après avoir engendré la plénitude de la perfection, cessa-t-elle d’enfanter ! Il faut bien mal connaître qui est Marie et qui est Joseph pour penser qu’ils ont pu avoir des enfants après avoir accueilli l’Incarnation du Fils de Dieu. Marie a reçu la visite de Dieu, et depuis, elle est toujours vierge, voilà la nouveauté, voilà l’histoire sainte, l’impact de Dieu dans son existence personnelle qui est encore plus consacrée uniquement à Jésus à partir de ce moment.

 

            Conclusion.

            L’Eglise d’Orient et d’Occident confesse Marie « toujours vierge » (Aieparthénos). L’Incarnation du Verbe de Dieu dans le sein virginal de Marie a suscité la stupeur, l’admiration et la louange. Le fait que Marie n’ait pas d’autres enfants mais qu’elle soit toujours vierge, ne suscite aucun conflit entre la raison et la foi -si les méthodes d’exégèse sont saines- mais c’est surtout un fait riche en signification : la divinité de Jésus comble Marie, et la consacre encore davantage. La virginité de Marie est un don et une grâce qui inspirent. Les trois étoiles traditionnelles sur les icônes de la Mère de Dieu évoquent cette virginité de Marie, avant, pendant et après l’enfantement du Christ : qu’elles illuminent nos cœurs !

 

Les pères de l’Eglise

            Il n’est pas possible d’évoquer tout ce que les pères de l’Eglise ont dit. Retenons simplement deux textes remarquables.

            Le premier fait le lien entre l’enfantement virginal et la résurrection (St Ephrem †373) :

« Comme le Seigneur entra [Ressuscité au cénacle] toutes portes closes, de la même manière il sortit d’un sein virginal, parce que cette vierge enfanta vraiment et réellement sans douleur »[6].

 

            Le second fait le lien entre la virginité de Marie et celle de l’Eglise (saint Ambroise de Milan †397) :

« Notre mère [l’Église] n’a pas de mari, mais elle a un époux,

parce que,

aussi bien l’Église de tout le peuple fidèle que l’âme de chacun,

est épousée par le Verbe de Dieu, son époux éternel, et sans détriment de la pudeur, elle devient féconde spirituellement.

Elle nous donna la vie

non pas par une œuvre d’homme, mais par la vertu de l’Esprit Saint,

non pas dans les douleurs, mais avec la félicité des anges »[7].

 

Ce qu’en dit le magistère 

 

La profession du pape Virgile (551)

« C’est ainsi que notre Seigneur, contre la sauvagerie des erreurs de cette sorte, a équipé du haut du ciel le ministère pastoral qu’il a confié au bienheureux apôtre Pierre par une triple injonction en disant : "Pais mes agneaux". Et c’est à juste titre que le soin de les paître a été confié à celui dont la profession de foi excellente a été louée par la bouche du Seigneur. ... dans la brièveté admirable d’une question et d’une réponse il a confessé qu’un seul et même (Christ) est Fils d’homme et Fils de Dieu : "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant". Mt 16,16, exprimant par là le mystère de la très sainte Incarnation, puisque dans l’unité de la personne et en gardant la propriété des deux natures il était à la fois homme et Dieu, et qu’il demeurait ce qu’il a pris dans le temps de sa mère toujours vierge et ce qu’il est avant les siècles en étant né du Père. Mais en s’unissant la chair, sans confusion, sans division, sans changement et substantiellement, Dieu Verbe, notre Emmanuel qui était attendu grâce à l’annonce de la Loi et des prophètes, est venu ». (DS 413)

 

            La formulation « Marie toujours vierge » apparait comme une évidence admise de tous, les erreurs qui visées concernent l’union de la divinité et de l’humanité dans le Christ, autrement dit les malentendus sur le concile de Nicée ou de Chalcédoine.

 

Le second Concile de Constantinople (en 553)

« Si quelqu’un ne confesse pas qu’il y a deux générations du Dieu Verbe, l’une avant les siècles, du Père, intemporelle et incorporelle, l’autre aux derniers jours, du même Verbe qui est descendu des cieux et s’est incarné de la sainte et glorieuse Mère de Dieu toujours vierge et qui a été engendré d’elle, qu’un tel homme soit anathème ». (DS 422)

 

            Là encore, la formulation « Marie toujours vierge » apparait comme une évidence admise de tous, les erreurs qui visées concernent le monophysisme qui ampute l’humanité du Christ.

 

Le concile Vatican II

  « Marie se livra elle-même intégralement, comme la servante du Seigneur, à la personne et à l’œuvre de son Fils […] Ce qu’Ève la vierge avait noué par son incrédulité, la Vierge Marie l’a dénoué par sa foi « (LG 56)

  « L’enfantement n’a pas lésé la virginité de Marie mais il l’a consacrée » (LG 57).

  « La bienheureuse Vierge […] elle est devenue pour nous, dans l’ordre de la grâce, notre Mère » (LG 61).

 

            Le concile affirme la virginité dans la conception de Jésus et pendant l’enfantement (LG 57). Cette virginité est « consacrée ». Il s’agit d’une virginité permanente parce que Marie s’est consacrée entièrement à l’œuvre de son Fils qui dure jusqu’au salut de tous les hommes (LG 56) de sorte que c’est avec le titre « La Vierge » qu’elle déploie sa maternité spirituelle à notre égard (LG 61).

 

La virginité de Marie, fait et signification (St Jean-Paul II)

            Cette magistrale allocution, à l’occasion d’un congrès pour l’anniversaire du synode de Capoue en l’an 392, est sans aucun doute le document le plus important de l’époque contemporaine sur le sujet. Le pape rappelle les principales données de l’Ecriture et de la tradition, et il montre aux théologiens les thèmes à approfondir.

 

« [Introduction]

C’était l’année 392. A Rome, sur la chaire de Pierre, siégeait le pape Sirice. A Capoue était célébré un synode important que les sources historiques ont considéré comme « plénier ». [… Il a abordé] le fait et la signification de la virginité de l’humble et glorieuse Mère du Christ.

Tout d’abord, pour une réflexion théologique fructueuse sur la virginité de Marie, il est essentiel de prendre un point de départ approprié. Dans la complexité de ses aspects, la question de la virginité de Marie ne peut pas être traitée correctement à partir de sa personne à elle, de la culture de son peuple et des conditions sociales de son temps.

Déjà, les Pères de l’Église ont clairement perçu que la virginité de Marie avant d’être une "question mariologique" est un "thème christologique."

Ils ont observé que la virginité de la Mère est une exigence découlant de la nature divine du Fils ; elle est la condition concrète dans laquelle, selon un plan libre et sage de Dieu, est advenue l’Incarnation du Fils éternel, celui qui est "Dieu né de Dieu", le seul Saint, le Seigneur, le Très-Haut.

Et par conséquent, dans la tradition chrétienne, le sein de la Vierge Marie, fécondé par l’Esprit Saint (Pneuma) sans intervention divine de l’homme (cf. Lc 1, 34-35), est devenu, comme le bois de la croix (cf. Mc 15, 39) ou les bandages de sépulture (cf. Jn 20, 5-8), le signe pour reconnaître, en Jésus de Nazareth, le Fils de Dieu.

La réflexion sur la maternité virginale de Marie a offert à chaque génération de chrétiens la possibilité de donner une réponse complète à la question qui court d’un bout à l’autre de l’Evangile : "qui est Jésus ?" et a permis de répondre : Il est le vrai Fils de Dieu, le vrai Fils de l’homme, né du Père "avant les temps", né d’une femme (cf. Ga 4, 4) "dans le temps".

Par conséquent, c’est seulement à la lumière qui émane du Verbe préexistant et éternel, source de vie et d’incorruptibilité, que l’on peut comprendre la nécessité et le don de la virginité de sa Mère.

Le théologien doit s’approcher du mystère de la virginité féconde de Marie avec un profond sens de vénération vis-à-vis de l’agir libre, saint, et souverain de Dieu. En parcourant les pages des saints pères et des textes liturgiques on observe que peu de mystères salvateurs ont suscité autant de stupeur, d’admiration et de louange que l’incarnation du Verbe de Dieu dans le sein virginal de Marie.

Les Pères, conscients de la profonde unité entre les deux phases de l’unique révélation appliquent à Marie, la vierge mère de l’Emmanuel (Is 7, 14; Mt 1, 23), les symboles les plus vénérables de l’Ancien Testament : le buisson ardent, l’Arche de l’Alliance, le Tabernacle de Gloire, le Temple du Seigneur - et ils ont déclaré leur incapacité à célébrer le mystère […].

Mais le théologien, qui approche le mystère de la virginité de Marie avec un cœur plein de foi et de respect adorant, ne renonce pas à la tâche d’analyser les données de la révélation et de découvrir leur harmonie et leurs connexions. En effet, dans le sillage de l’Esprit, qui "sonde tout, même les profondeurs de Dieu" (1Co 2, 10), il se place dans la grande et fructueuse tradition théologique […].

 

[Virginité et Résurrection]

  Par exemple, dans la réflexion adorante sur le mystère de l’Incarnation du Verbe, un lien particulièrement important a été repéré entre le début et la fin de la vie terrestre du Christ, c’est-à-dire entre sa conception virginale et sa résurrection d’entre les morts, deux vérités qui se rattachent étroitement à la foi en la divinité de Jésus.

  Elles appartiennent au dépôt de la foi, elles sont professées par toute l’Église et énoncées explicitement dans les Symboles de la foi. L’histoire montre que les doutes ou les incertitudes sur l’une se répercute inévitablement sur l’autre, comme, au contraire, l’adhésion humble et forte à l’une d’elles favorise l’acceptation cordiale de l’autre.

  Il est connu que quelques Pères de l’Église établissent un parallélisme significatif entre la génération de Christ ex intacta Virgine et sa résurrection ex intacto sepulcro. Dans le parallélisme, relativement à la génération de Christ, certains mettent l’accent sur la conception virginale, d’autres sur la naissance virginale, d’autres sur la virginité perpétuelle de la Mère, mais tous témoignent de la conviction qu’entre les deux événements salvateurs - le génération-naissance du Christ et sa résurrection d’entre les morts - il existe un rapport intrinsèque qui répond à un plan précis de Dieu : un lien que l’Église, guidée par l’Esprit, a découvert, mais n’a pas créé.

  […] À ce sujet, il est notable que quelques études, en scrutant le texte sacré avec les méthodes propres de l’exégèse scientifique, s’aperçoivent d’un rapport, inhérent dans le texte évangélique lui-même, entre les bandes de la crèche (Lc 2, 7s) et les bandes du sépulcre (Lc 23,53 ; 24,12). Les Saints Pères l’avaient déjà relevé.

  L’Église d’autre part dans sa méditation théologique sur le mystère de Christ a parcouru souvent, pleine d’amour, le chemin qui mène du jardin du Calvaire à la crèche de Bethléem, et dans la liturgie le Noël, elle a toujours célébré en regardant vers Pâques, comme elle a célébré Pâques en mémoire de Noël : elle reconnaît en Marie le témoin exceptionnel de l’identité entre l’Enfant né de son sein virginal et le crucifié qui est rené ressuscité du sépulcre.

 

[Le fait et sa signification]

  Et il est encore nécessaire que le théologien en proposant la doctrine de l’Église sur la virginité de Marie maintienne l’indispensable équilibre entre l’affirmation du fait et l’explication de son sens. Les deux font partie intégrante du mystère : le sens ou la valeur symbolique de l’événement a son fondement dans la réalité du fait et celui-ci, à son tour, montre toute sa richesse quand sont déployés les sens symboliques.

Dans la confession de foi en la virginité de la Mère de Dieu, l’Église proclame comme faits réels que Marie de Nazareth :

- Elle conçut vraiment Jésus par l’opération de l’Esprit Saint sans intervention d’homme;

- Elle donna le jour à son fils véritablement et virginalement et pour lui resta vierge après l’accouchement ; vierge - selon les saints Pères et les Conciles qui traitèrent expressément le problème - en ce qui concerne aussi l’intégrité de la chair [Concile de Latran, canon 3, etc.]

- Elle vécut, après la naissance de Jésus, en totale et perpétuelle virginité, et avec Saint Joseph, appelé lui aussi à jouer un rôle de premier plan dans les événements initiaux de notre salut, elle se consacra au service de la personne et de l’œuvre du Fils. [Vatican II, Lumen gentium 56…]

 

[Le sens caché de la virginité de Marie, une recherche féconde]

Aujourd’hui […] la recherche du sens caché de la virginité ouvre au théologien un champ de travail vaste, fécond, exaltant. Si, avec une méthode rigoureuse, avec fidélité à la parole normative, à la Tradition universelle, aux directives du magistère, avec une attention à l’expérience liturgique, il sonde l’événement salvifique de la conception et de la naissance du Christ ainsi que la virginité perpétuelle de Marie, il se trouvera pour ainsi dire au contact de toute l’Ecriture :

Avec le passage où Dieu forme l’homme de la terre vierge (Gn 2,4b-7),

Avec les textes qui rapportent les anciennes alliances, les prophéties messianiques, les promesses faites à David, auxquelles fait écho avec l’Alliance de l’Incarnation ;

Avec la geste d’Abraham dont la foi obéissante revit, intensifiée, dans le oui de Marie ;

Avec les récits des maternités prodigieuses de quelques femmes stériles, Sarah, la femme de Manoach, Anne, Elisabeth, qui devinrent fécondes par la grâce de Dieu ;

Avec les passages qui décrivent la naissance des disciples du haut, de l’eau et de l’Esprit (Jn 3,3-8) c’est-à-dire modelé sur la naissance de Jésus du sein de Marie par l’œuvre de l’Esprit Saint ! ;

Avec l’épisode de la maternité pascale de Marie, advenue elle aussi dans la foi à la Parole et dans laquelle les pères découvrirent aussi une dimension virginale : le Fils, vierge, confie à la Mère vierge au disciple vierge ;

Avec la littérature inter-testamentaire elle-même où des pages de lyrisme intense expriment le désir poignant d’Israël de devenir épouse, pure et fidèle, communauté eschatologique où l’on n’entende plus la plainte de la douleur de l’accouchement ni les chants funèbres de la mort.

 

Ce sont des exemples. Ils indiquent comment des expressions telles que Theotokos ou Vierge Mère (Virgo Mater), si elles sont lues en profondeur et avec une attention aux multiples voix convergentes, sont presque le résumé de l’économie salvatrice. […]

 

[Virginité physique et spirituelle]

L’intégrité de la doctrine exige que sois mise en évidence, avec le relief dû, la « virginitas cordis » (virginité du cœur) de Marie Très sainte. Si, pour ses valeurs symboliques, la virginitas carnis (la virginité physique) est importante, la virginitas cordis de la Mère de Jésus l’est bien davantage.

  Dans sa condition virginale, elle est la nouvelle Ève, la vraie Fille du Sion, la parfaite Disciple, l’icône achevée de l’Église. Elle réalise en soi l’idéal

De l’adhésion parfaite au projet de Dieu sans compromis et sans la pollution du mensonge et de l’orgueil ;

De l’accomplissement fidèle de l’alliance, tandis que l’infraction de la part d’Israël est comparée par les prophètes à l’adultère ;

De l’acceptation sincère du message évangélique où sont déclarés bienheureux les Purs de cœur (Mt 5,8) et où est exaltée la virginité pour le Royaume (Mt 19,12).

De la droite compréhension du mystère de Christ - la Vérité par excellence (Jn 14,6) et de sa doctrine ; c’est pourquoi l’Église est appelée vierge aussi parce qu’elle garde intégral et intact le dépôt de la foi.

 

  L’Église a toujours enseigné que la virginitas carnis (la virginité physique) ne vaut rien si dans le cœur se nichent le mensonge et l’orgueil, si est absent l’amour.

 

[La virginité, une valeur pour aujourd’hui]

  Certes, le climat culturel de notre temps n’est pas toujours sensible aux valeurs de la virginité chrétienne. Il ne serait pas difficile d’en énumérer les causes. Mais ceci ne doit pas décourager le théologien dans son engagement. Au temps de Paul la culture dominante n’était pas prête à accueillir le mystère de la Croix mais, par fidélité à Christ, Paul en fit le cœur de son message (Cf. 1Cor 2,2 ; Gal 3,1 ; 6,14).

  Le théologien doit être animé par la confiance sereine que les valeurs évangéliques sont authentiquement valides pour l’homme et pour la femme d’aujourd’hui, même quand ils les ignorent ou les négligent.

  La virginité est un don et une grâce. Elle est un bien de l’Église dont participent aussi - sans aucun doute la plus grande partie - qui ne sont pas appelés à la vivre dans leur corps, mais sont toujours appelés à la vivre dans leur propre cœur.

  Il revient au théologien d’indiquer les raisons qui peuvent aider l’homme et la femme de notre temps à redécouvrir les valeurs de la virginité ; il doit déterminer le langage le plus apte pour transmettre les valeurs évangéliques dont elle est porteuse, montrer comment en beaucoup de cas la virginité est un signe de liberté intérieure, de respect de l’autre, d’attention aux valeurs de l’Esprit, de capacité à pousser le regard au-delà des frontières du monde temporel (Mt 22,30), de vivre radicalement au service du Royaume.

  Et je me demande : l’empreinte virginale qui marque la création de l’homme (Gn 2,4-7.22-23) et sa recréation dans le Christ, n’a-t-elle aucune inspiration à offrir aux mouvements écologiques de notre temps qui déplorent beaucoup de formes de violence infligées à la création, la dégradation de la nature et la pollution de l’environnement ?

  Le théologien doit surtout montrer à nos contemporains que l’idéal de l’homme nouveau, parfait, s’est accompli dans le Christ Jésus : il est l’homme (Jn 19,5). En Lui le projet anthropologique de Dieu a atteint la perfection absolue. A présent, dans l’origine du Christ - sa conception dans le sein de Marie - et dans sa naissance à la vie définitive - du sépulcre inviolé - il y a un "élément virginal" de grande portée concernant son être, exemple pour tous les disciples.

 

[Conclusion et bénédiction]

Les évêques qui ont participé au synode de Capoue en l’an 392 n’étaient certainement pas superficiels. Ils ont compris que la question de la virginité perpétuelle de Marie n’était pas secondaire, et qu’elle ne s’arrête pas à l’humble personne de la Servante du Seigneur, mais qu’elle concernait les aspects fondamentaux de la foi : le mystère du Christ, son œuvre de salut, le service du Royaume.

Leur témoignage est un exemple pour nous. En souhaitant que ceux qui se mettent aujourd’hui à réfléchir sur le mystère de Dieu sachent en recevoir un éclairage, je vous donne à tous ceux qui ont pris part à ce congrès international, ma bénédiction ».[8]

 

Le propos de virginité de Marie (St Jean-Paul II)

 

Durant les années 1996-1997, le pape Jean-Paul II a donné de nombreuses audiences concernant la Vierge Marie. Plusieurs concernent le mystère de sa virginité, dont celle-ci, citée par ses extraits principaux :

 

« 1. À l’ange qui lui annonce la conception et la naissance de Jésus, Marie pose une question: « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge?» (Lc 1, 34). […] Le contexte dans lequel est posée la question: « Comment cela va-t-il se faire? », et l’affirmation qui suit : « Je ne connais pas d’homme », mettent en évidence aussi bien la virginité actuelle de Marie que son intention de rester vierge.

 

2. En faisant état de cette difficulté, Marie, loin de s’opposer au projet divin, manifeste son intention d’y correspondre totalement. […]

Certains ont estimé que les paroles et les intentions de Marie étaient invraisemblables car, dans le milieu judaïque, la virginité ne passait pas pour une valeur ou un idéal à rechercher. […] « Soyez féconds et multipliez-vous » (Gn 1, 28), le mariage est considéré comme la vocation naturelle de la femme, qui comporte les joies et les souffrances propres à la maternité.

 

3. […] Il ne semble pas que Marie ait eu connaissance de ces groupes religieux juifs qui pratiquaient l’idéal du célibat et de la virginité. Mais le fait que Jean-Baptiste ait probablement vécu une vie célibataire, et que la communauté de ses disciples ait tenu une telle vie de célibat en grande estime, pourrait faire supposer que le propos virginal de Marie rentre lui aussi dans ce nouveau contexte culturel et religieux.

4. Mais l’aventure extraordinaire de la Vierge de Nazareth ne doit pas nous faire tomber dans l’erreur de lier complètement ses dispositions intimes à la mentalité ambiante, évacuant ainsi le caractère unique du mystère qui s’est réalisé en elle. En particulier, nous ne devons pas oublier que Marie avait reçu, dès le commencement de sa vie, une grâce surprenante, que l’ange a reconnue au moment de l’Annonciation. «Pleine de grâce» (Lc 1, 28), Marie fut enrichie d’une perfection de sainteté qui, selon l’interprétation de l’Église, remonte au premier moment de son existence : le privilège unique de l’Immaculée Conception a exercé une influence sur tout le développement de la vie spirituelle de la jeune femme de Nazareth.

On doit donc penser que ce qui conduisit Marie vers l’idéal de la virginité, fut une inspiration exceptionnelle de ce même Esprit Saint qui, au cours de l’histoire de l’Église, poussera tant de femmes sur la voie de la consécration virginale.

[…]

De plus, l’aspiration à la vie virginale était en harmonie avec cette «pauvreté» devant Dieu, à laquelle l’Ancien Testament accorde une grande valeur. En s’engageant pleinement dans cette vie, Marie renonce aussi à la maternité, richesse personnelle de la femme, tant appréciée en Israël. Ainsi, «elle occupe la première place parmi ces humbles et ces pauvres du Seigneur qui espèrent et reçoivent de lui le salut » (LG, 55). Mais, en se présentant à Dieu comme une «pauvre» et n’aspirant qu’à une fécondité spirituelle, fruit de l’amour divin au moment de l’Annonciation, Marie découvre que sa pauvreté est transformée par le Seigneur en richesse : elle sera la Mère vierge du Fils du Très-Haut. Elle découvrira aussi plus tard que sa maternité est destinée à s’étendre à tous les hommes que son Fils est venu sauver »[9].

 

© Françoise Breynaert


[1] Olivier CLÉMENT « La mère de Dieu, un éclairage orthodoxe », dans : Jean Comby (ed), Théologie, histoire et piété mariale. Actes du colloque de la faculté de théologie de Lyon, 1-3 octobre 1996, Lyon, Profac (1997), 209-221.

[2] Cf. S-M PERRELLA, Il parto verginale di Maria, in "Marianum" 56 (1994), pp. 95-213., p. 95-97

[3] J. RATZINGER, BENOIT XVI, L’enfance de Jésus, Flammarion, Paris 2012, p. 74-76

[4] Saint BERNARD, 3° homélie Super missus est, § 7-8, dans Ecrits sur la Vierge Marie, Mediaspaul, Paris 1995, p. 81-85

[5] J. RATZINGER, BENOÎT XVI, L’enfance de Jésus, Flammarion, Paris 2012, p. 15-19

[6] Saint EPHREM, Diatessaron II, 6, SC 121 par L.LELOIR, Cerf, Paris 1966, p.69

[7] Saint AMBROISE, De virginibus, 1,31: PL 16, 208

[8] St JEAN PAUL II, Allocution à Capoue, 24 mai 1992, n°11, in Actae Apostolicae 85, (1993, 2, p.670). Le site officiel du Vatican n’en donne pas la traduction française. La traduction vous est offerte par Françoise Breynaert (docteur en mariologie).

http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/speeches/1992/may/documents/hf_jp-ii_spe_19920524_concilio-capua_it.html

[9] JEAN PAUL II, Audience générale, 24 juillet 1996

http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/audiences/1996/documents/hf_jp-ii_aud_19960724_it.htmlLe site officiel du Vatican n’en donne pas la traduction française. La traduction vous est offerte par Françoise Breynaert (docteur en mariologie).

Christologie 7. Des pères aux conciles. Marie, la Vierge Mère.

La Vierge Mère selon les pères de l'Eglise

 

« Entrant alors dans le logis,

ils virent l’enfant avec Marie sa mère,

et, se prosternant, ils lui rendirent hommage » (Mt 2, 11).

 

            Les pères de l’Eglise ont parlé de Marie vierge et mère, non pas d’abord par dévotion, mais parce que Marie vierge et mère est le signe de la véritable identité du Christ. Marie est comme la clé de voûte de la vraie théologie.

            Dès le II° siècle, à l’extérieur des communautés chrétiennes, des Juifs et des païens, intransigeants et cultivés, se montrent scandalisés par la prétention chrétienne de confesser Jésus Fils de Dieu et Dieu. Ils jugent mythique sa conception virginale et font des calomnies : la rumeur selon laquelle il aurait été un imposteur et un prestidigitateur né de la fornication prend de plus en plus consistance[1]. Ces calomnies rendent beaucoup plus facile de nier sa divinité.

 

            Aux marges des communautés chrétiennes, mûrissent des courants de pensée qui réduisent l’identité du Christ à celle d’un prophète simple (Ebionites), ou à une apparition fugace du divin dans ce monde (gnostiques).

            Pour ces hérétiques, il faut rejeter Marie pour mieux nier que Jésus soit vrai Dieu et vrai homme, et pouvoir dire que nous sommes nous-mêmes notre propre rédempteur (gnose) ou que nous sommes, sans le Christ, les sauveurs du monde (messianisme des ébionites).

            Ainsi, dans ces doctrines, la maternité de Marie est insignifiante et elle est réduite à une simple fonction biologique ou à une maternité-ombre. Soit on niait sa maternité divine et virginale (Ebionites) soit on vidait de contenu sa maternité humaine (Docètes).

            De tels échafaudages intellectuels rendent vain le salut en Christ, c’est-à-dire l’humanisation de Dieu et ensuite la divinisation de l’homme.

       

Saint Ignace d’Antioche (né vers 35, mort en 107 ou 113)

            Au II° siècle, les opposants au christianisme ridiculisaient l’affirmation qu’un Dieu se soit fait homme, et de plus, crucifié.

            A l’intérieur même de l’Eglise, se développent les hérésies pour réduire le scandale de l’Incarnation et de l’abaissement de Dieu :

            Ce n’est qu’une réalité spirituelle, disent les gnostiques, tout ce qui est abaissement n’est qu’une apparence, disent les docètes. D’autres encore réduisent Jésus à un simple homme, adopté par Dieu au moment de son baptême au Jourdain…

            Aucune de ces hérésies ne peut apporter le salut. Pour être divinisé, nous avons besoin d’un homme qui soit Dieu. Pour sauver le monde et y apporter le règne de Dieu, nous avons besoin de Dieu fait homme. Tous ceux qui prétendent apporter le règne de Dieu par eux-mêmes n’apportent finalement que la guerre…

            Cependant, dès le commencement de l’évangélisation, le paradoxe chrétien de l’humanisation de Dieu, le Verbe s’est fait chair, ne fut pas accepté de ceux qui étaient préoccupés de sauvegarder la transcendance de Dieu et qui regardaient la création avec pessimisme : tout ce qui est indigne de Dieu est un scandale insupportable, c’est une promiscuité dont il faut protéger Dieu à tout prix. Ils furent appelés "Docètes", du verbe grec dokein = apparaître, parce qu’ils inventèrent la doctrine selon laquelle le Christ n’aurait pas vraiment assumé notre condition mortelle, mais seulement son apparence.

           Saint Ignace d’Antioche devine le point faible et aussi la gravité du courant docète. Dieu tromperait l’homme en le laissant dans une illusion ! Et aussi : on pouvait torturer Jésus, cela n’atteignait Dieu qu’en apparence ! Et enfin, Dieu ne nous aime pas, il n’est pas venu chez nous, il serait comme un pompier qui ferait juste un peu trempette sans plonger pour sauver celui qui se noie…

            Dans ce contexte, Ignace ne manque pas d’ironie quand, sur le chemin de son martyre, il déclare aux Docètes: « Si c’est une apparence tout ce qui a été fait par le Seigneur, moi aussi je suis en apparence enchaîné »[2]. Au-delà de l’ironie, l’idée maîtresse de saint Ignace est qu’il faut partir des événements et non pas des schémas humains limités.

            La transcendance de Dieu n’est pas entamée par l’incarnation, parce que la création, et en particulier la création humaine est une bonne chose dès lors qu’elle vient de Dieu. Non seulement, mais c’est à travers elle que Dieu se révèle, nous atteint et nous sauve. Le salut professé par l’Église n’est pas en effet une révélation désincarnée des mystères célestes, comme les Docètes le pensaient, mais elle comporte des faits historiques et concrets et des actions vraies et humaines du Christ, Dieu incarné par Marie. En autres termes : Jésus n’était pas un homme-ombre, un fantôme ni avant ni après la résurrection.

           

« Soyez donc sourds quand on vous parle d’autre chose que de Jésus-Christ, de la race de David, [fils] de Marie, qui est véritablement né, qui a mangé et qui a bu, qui a été véritablement persécuté sous Ponce Pilate, qui a été véritablement crucifié, et est mort, aux regards du ciel, de la terre et des enfers, qui est aussi véritablement ressuscité d’entre les morts. C’est son Père qui l’a ressuscité... »[3]

 

            L’important n’est pas ici David, mais la réalité de l’humanité du Christ qui n’est pas une apparition, un fantôme, un esprit. Ignace n’utilise pas un titre pour dire Marie, il dit simplement "Marie" parce que ce qui l’intéresse c’est Marie en tant qu’être humain qui a existé dans l’histoire. Marie est fondamentale parce qu’elle a donné à Jésus un vrai corps par lequel Jésus est « réellement », né, persécuté, crucifié, ressuscité. Saint Ignace répète quatre fois l’adverbe "véritablement " :

            La réalité historique du Christ est le vrai salut ;

            La vraie maternité de Marie ou la naissance biologique du Seigneur de Marie sont la garantie de l’incarnation du fils de Dieu et ensuite la garantie du Salut ;

            Evidemment la naissance biologique du Christ est la garantie de salut si le Christ est vraiment le Fils de Dieu fait homme, sinon notre divinisation ne pourrait pas avoir lieu.

 

            S’explique aussi sa fermeté doctrinale vis-à-vis de la conception virginale :

« Fils de Dieu selon la volonté et la puissance de Dieu, issu vraiment d’une Vierge »[4].

 

            Saint Ignace d’Antioche part des faits et recherche leur sens dans la Parole de Dieu. Il part de la catéchèse apostolique : la virginité de Marie, l’accouchement du Christ, la mort du Seigneur. Ces données sont appelées par lui "mystères retentissants", ce sont des évènements du salut, des cadeaux gratuits de Dieu pour le salut de l’homme, pour "la destruction de la mort".

            Ces mystères retentissants ne sont pas reçus par ceux qui prétendent enfermer Dieu dans leurs propres schémas limités : une Vierge deviendrait féconde ? Impossible ; un Dieu descendrait dans l’utérus d’une femme ? Absurde ; un Dieu qui meurt ? Infamant. Les démons eux-mêmes avec leurs intelligences supérieures ne réussissent pas à comprendre l’extraordinaire de ces événements si ordinaires qui arrivent selon un projet préétabli de Dieu, un plan caché au diable "prince de ce monde" :

« Mon esprit est la victime de la croix, qui est scandale pour les incroyants, mais pour nous salut et vie éternelle (cf. 1Co 1,23, 24) : Où est le sage ? Où est le disputeur ? (1Co l, 20) où est la vanité de ceux qu’on appelle savants ? Car notre Dieu, Jésus-Christ, a été porté dans le sein de Marie, selon l’économie divine, [né] de la race de David (Jn 7,42 ; Rm 1,3 ; 2Tim 2, 8) et de l’Esprit-Saint. Il est né, et a été baptisé pour purifier l’eau par sa passion.

Le prince de ce monde (Jn 12,31 ; 14, 30) a ignoré la virginité de Marie, et son enfantement, de même que la mort du Seigneur, trois mystères retentissants, qui furent accomplis dans le silence de Dieu.

Comment donc furent-ils manifestés aux siècles ? Un astre brilla dans le ciel plus que tous les astres, et sa lumière était indicible, et sa nouveauté étonnait, et tous les autres astres avec le soleil et la lune se formèrent en chœur autour de l’astre, et lui projetait sa lumière plus que tous les autres. Et ils étaient troublés, se demandant d’où venait cette nouveauté si différente d’eux-mêmes. Alors était détruite toute magie, et tout lien de malice aboli, l’ignorance était dissipée, et l’ancien royaume ruiné, quand Dieu apparut en forme d’homme, pour une nouveauté de vie éternelle (Rm 6, 4) : ce qui avait été décidé par Dieu commençait à se réaliser. Aussi tout était troublé, car la destruction de la mort se préparait »[5].

 

            Le Prince de ce monde a trompé l’homme en le traînant dans le mal et dans la mort. Dieu trompe le Prince de ce monde en reconduisant l’homme au bien et à l’immortalité à travers une virginité féconde, un accouchement devenu présence de Dieu, une mort devenue résurrection.

 

Saint Justin (100-165)

Au 2° siècle comme aujourd’hui, deux questions se posent :

- Pourquoi Dieu s’est-il fait homme ?

- Et pourquoi s’est-il fait homme d’une vierge ?

 

            La réponse de saint Justin est abord un renversement de la question. Ce n’est pas à nous de poser la question, il faut partir de ce l’événement : Dieu s’est fait homme, parce qu’il l’a voulu.

            Puis la réponse de saint Justin est : Dieu s’est fait homme, pour que l’homme devienne Dieu !

            La Vierge Mère est le signe le plus fort que Dieu a remis à l’humanité pour rendre croyable son projet incroyable. C’est pourquoi les prophètes, et en particulier Isaïe 7,14 ont annoncé la conception virginale:

« Mais le signe qui est vraiment "signe" et devait devenir le motif de la crédibilité pour le genre humain - c’est-à-dire que le premier-né de toutes les créatures, en assumant la chair d’un sein virginal, se serait vraiment fait enfant - Dieu l’annonça au moyen de l’Esprit prophétique, pour que, quand il se réaliserait, on sache qu’il s’accomplit par la puissance et par la volonté du Créateur de l’univers »[6].

 

            La virginité de Marie est le signe que Dieu veut s’incarner, que la vie humaine est aimée de Dieu et qu’elle a un sens, elle vient de Dieu et elle est pour Dieu.

            La virginité de Marie est un signe de crédibilité pour l’incarnation, c’est donc le signe que l’homme est sauvé,

- un signe donné au monde païen (bien que la conception virginale n’ait rien à voir avec les mythes païens.)

- un signe donné au monde juif à travers l’accomplissement de la prophétie d’Isaïe 7,14 (bien que les Juifs donnent une autre interprétation à cette prophétie).

 

            "La Vierge", comme Justin appelle ordinairement Marie, est le chemin de Dieu pour se faire homme et le chemin de l’homme pour comprendre le projet de Dieu.

 

Saint Irénée (vers 120-201)

            Irénée s’inscrit un peu dans la même ligne, la Vierge Mère, fondement historique et garantie du Salut. De plus, Irénée développe une théologie de l’histoire, en soulignant la responsabilité de Marie. Dans une Alliance, la réponse est tout aussi importante que le don. La rédemption ne peut se faire sans le Oui de Marie (cf. le chapitre spécifique concernant Irénée).

 

Origène (183-254)

            Origène appelle le Christ "Homme-Dieu" (grec : Theanthropos) et Marie "Mère de Dieu" (grec : Theotokos). Socrate de Constantinople (380-450) porte le témoignage suivant dans son Histoire Ecclésiastique :

« Les anciens n’ont pas hésité, ils ont eu l’audace d’appeler Marie Mère de Dieu... Origène lui-même, dans le premier tome de ses commentaires sur l’Epître de l’Apôtre aux Romains, explique comment elle est appelée Mère de Dieu et examine cela largement »[7].

            Il y n’a pas de raison de douter de l’historicité de cette nouvelle[8]. Mais est-ce qu’Origène avait toutes les introductions théologiques pour atteindre la conception parfaite de la communication des idiomes dans le Christ et pour pouvoir dire ensuite que Marie peut être appelée "Mère de Dieu" ?

 

La tradition apostolique (vers l’an 215)

            La Tradition apostolique, document liturgique romain de l’an 215 environ, fait mention de la Vierge Mère du Christ, Verbe de Dieu, Sauveur de l’homme à deux moments clés, dans la célébration eucharistique et au baptême.

            A l’Eucharistie :

« Nous te rendons grâces, ò Dieu, pour ton Enfant bien-aimé Jésus-Christ, que tu nous as envoyé en ces derniers temps (comme) sauveur, rédempteur et messager de ton dessein, qui lui est ton Verbe inséparable par qui tu as tout créé et que, dans ton bon plaisir, tu as envoyé du ciel dans le sein d’une vierge et qui ayant été conçu, s’est incarné et s’est manifesté comme ton Fils, né de l’Esprit-Saint et de la Vierge »[9].

            Au baptême, lors de la seconde immersion du catéchumène on lui demande :

« Crois-tu en Christ Jésus, Fils de Dieu, né par l’Esprit Saint de Marie la Vierge ? »[10]

            Le motif est évident : la vraie maternité de Marie vis-à-vis du Christ et sa fécondité virginale sont la base historique et la garantie du salut.

            L’Église du troisième siècle incorpore et fixe dans une formule de foi la doctrine de la naissance du Christ Verbe de Dieu sauveur de l’homme: "De l’Esprit Saint et de la Vierge" (Tradition apostolique 4), ou "Par l’Esprit Saint de Marie la vierge" (Tradition apostolique 21). Cette formule entrera définitivement dans le symbole du concile de Constantinople, en 381.

 

Tertullien (160-220 environ)

            Tertullien est le plus grand apologiste latin et le pionnier de la théologie occidentale. A la suite des Pères du deuxième siècle, il proclame avec vigueur la conception virginale et la maternité réelle de Marie.

            La maternité de Marie est vraie dans le sens précis que le Christ était vraiment homme, il a vraiment pris son corps en elle, sa chair était une vraie chair humaine. Par cette manière réelle d’être homme, le Fils de Dieu, par Marie, résume en lui-même l’héritage des patriarches, les promesses de Dieu à Israël, et il s’unit au premier homme Adam dont il devient le fils et le Sauveur :

« Dites-moi, je vous prie, si l’Esprit de Dieu est descendu dans une matrice sans avoir l’intention d’y prendre chair pourquoi descendre dans une matrice ? Il aurait pu en effet rester à l’extérieur pour prendre une chair spirituelle. »[11]

« Quelle sorte de chair pouvons-nous et devons-nous reconnaître dans le Christ ? Assurément, nulle autre chair que celle d’Abraham, puisque le Christ est la semence d’Abraham; nulle autre chair que celle de Jessé, puisque le Christ est la fleur de la racine de Jessé ; nulle autre chair que celle de David, puisque le Christ est le fruit des reins de David ; nulle autre chair que celle de Marie, puisque le Christ est du sein de Marie ; enfin pour remonter encore plus haut, nulle autre chair que celle d’Adam, puisque le Christ est le second Adam »[12].

 

            La maternité de Marie est vraie, elle est aussi virginale : le Christ a Dieu pour Père et il a une vierge pour mère :

« Il ne convenait pas que le Fils de Dieu naquit d’une semence humaine, de crainte qu’entièrement fils de l’homme, il ne fut pas également fils de Dieu et n’eut rien eu de plus en lui que Salomon ou que Jonas […]

Pour être en même temps fils de l’homme, c’était sa chair, et elle seulement, qu’il devait prendre de la chair de l’homme, sans la semence de l’homme. En effet la semence de l’homme était superflue pour qui avait en soi la semence de Dieu. Ainsi, de même qu’avant de naître d’une vierge, il a pu avoir Dieu pour père sans avoir une mère humaine, de même, en naissant de la Vierge, il a pu avoir une mère humaine sans avoir de père humain »[13].

 

            Tertullien a su considérer la maternité virginale de Marie sous son aspect le plus profond qui la rattache au mystère trinitaire (Dieu Père, Fils et Esprit Saint). C’est le mérite du grand théologien africain.

            Notons tout de même que l’appellation du Christ comme Fils de l’homme ne désigne plus que le Verbe incarné en son humanité, elle a perdu la dimension communautaire d’un royaume (Dn 7) et donc du Christ qui veut nous incorporer en lui ; heureusement, saint Paul a parlé de l’Eglise comme « corps du Christ », de sorte que cette signification primitive du Fils de l’homme est malgré tout transmise, dans un autre langage.

© Françoise Breynaert


[1] Cf. Actes de Pilate (cf P. VANNUTELLI, Actorum Pilati textus synoptici, Roma 1938, c. 2, v. 3, 41), et CELSE (cf. Contra Celsum, 1, 32: PG 11, 720-721). Le discours de Celse est de 178 environ mais la légende peut avoir circulé un peu avant.

[2] St IGNACE D’ANTIOCHE, Lettre à Smyrne, 4,2

[3] St IGNACE D’ANTIOCHE, Lettre aux Tralliens, IX

[4] St IGNACE D’ANTIOCHE, Lettre à Smyrne, I

[5] St IGNACE D’ANTIOCHE, Lettre aux Ephésiens, XVIII

[6] St JUSTIN, Dialogue 34: PG 6, 673

[7] SOCRATE de Constantinople, Histoire Ecclésiastique, VII, 32, PG 67,812 A. (Ne pas le confondre avec le philosophe qui vécut à Athènes et qui est mort en l’an 399 avant J-C).

[8] E. PERETTO, Mariologia patristica, in Complementi interdisciplinari di Patrologia, o.c., 718

[9] Anaphore eucharistique, Tradition Apostolique 4, texte français par B.BOTTE, SC 11 bis, Cerf 1968, p. 49

[10] Tradition Apostolique 21, texte français par B.BOTTE, SC 11 bis, Cerf 1968, p. 84

[11] De carne Christi 19, 5, dans J-P MAHE, Tertullien, La chair du Christ, source chrétiennes 216, Paris, Cerf, 1975, p. 289

[12] De carne Christi 22, 6, dans J-P MAHE, Tertullien, la chair du Christ, source chrétiennes 216, Paris, Cerf, 1975, p. 301

[13] De carne Christi 18, dans J-P MAHE, Tertullien, la chair du Christ, source chrétiennes 216, Paris, Cerf, 1975, p. 283-285

Date de dernière mise à jour : 13/07/2019