Chine - quelques sanctuaires

La Chine a 4000 ans d’histoire… Elle inventa le papier, l'imprimerie, la poudre à canon et la boussole… Elle devint une république en 1911, et une république populaire en 1949, elle est maintenant ouverte à l’économie de marché.

Saint Thomas en Chine

Commençons par évoquer le site archéologique du Kong Wang Shan, littéralement le « Mont du Prince Duc », dans l’ancienne ville de Lianyungang, port chinois du Ier siècle, région de l’actuelle ville de Shangaï.
Une falaise sculptée surplombe la route qui conduisait aux capitales de l’Empire des Han : Xi’an et Luoyang.
En Chine, le sens mystérieux de cette falaise unique pose question, la clef interprétative échappant aux chercheurs chinois : elle est en effet hébréo-araméenne.
Pierre Perrier, membre du conseil d’administration du CNRS, et plus tard secrétaire de l’Académie des Technologies de France, a fait un travail de pionnier. Il a publié : Pierre Perrier, L’Apôtre Thomas et le Prince Ying, éd. Jubilé, 2012. Et un colloque a eu lieu à Paris en 2013. Cf. Ilaria Ramelli, Pierre Perrier, Jean Charbonnier et Coll., L’apôtre Thomas et le christianisme en Asie, actes du colloque de Paris, éd. AED 2013 ;
https://www.youtube.com/watch?v=epCJbfpjSUQ  
Les bas-reliefs de cette falaise datent de l’année 70 après Jésus-Christ et racontent la mission de saint Thomas en Chine en l’an 65-68.
On y voit : l’apparition du Christ à l’empereur Mingdi, coiffe plates et vêtements araméens de saint Thomas et de Shofarlan le traducteur, Nativité (Vierge Marie tenant l’enfant Jésus dans une position inconnue en Chine), célébration de la parole (Qoubala) devant le linceul du Christ,  célébration du Qourbana, sacrifice eucharistique avec vêtements liturgiques chrétiens, autel et croix., symbole de l’attente du retour du Christ. Les chroniques chinoises racontent que le prince Mingdi invita saint Thomas, alors en Inde, à venir avec une présentation de l’Evangile et sa traduction. Le prince Ying qui écouta saint Thomas se convertit avec son peuple, le prince Ying mourut martyr. Le fait que l’empereur Mingdi soit représenté sous les représentations de Jésus furent jugées intolérables.

Cette lecture hébréo-araméenne est confirmée par l’archéologie chinoise récente, qui a mis en lumière les fondations d’un vaste ensemble cultuel situé en face de la frise et en contrebas : orienté ouest-est vers le lever du soleil (à Pâques), il s’agit d’un complexe nécessairement chrétien, où l’on retrouve un plan rappelant celui du Temple de Jérusalem, axé sur un Saint des Saints carré ; des comparaisons peuvent d’ailleurs être faites avec des restes en Inde et en Mésopotamie – mais évidemment pas à Rome, où le christianisme a été déclaré très tôt superstitio illicita  par le Sénat * et où il ne pouvait donc pas se manifester ouvertement dans des édifices.
L'enjeu de ces découvertes est important : si la Chine a été évangélisée en l'an 65-68 par saint Thomas, on ne peut plus dire que le christianisme y soit un impérialisme occidental et les chrétiens des suppôts d'un tel impérialisme. 

Sheshan : Marie aide des chrétiens - XIX° siècle

Saint Jean-Paul II évoque le sanctuaire de Sheshan

Le pape Jean Paul II a longuement évoqué le sanctuaire de Sheshan durant l’Angélus du dimanche 21 août 1988 :

« Notre pèlerinage dominical nous pousse aujourd’hui vers le lointain Orient, et vers le sanctuaire de Notre Dame de Sheshan, en Chine, élevé en 1942 à la dignité de basilique mineure.

Sheshan se trouve à 50 km de Shanghaï. Grâce à la beauté du paysage et à la douceur du climat, la colline de Sheshan constitue un lieu qui attire les touristes. Au XVIII° siècle, deux empereurs sont venus de Pékin pour la visiter. L’un d’eux, le fameux Kangxi, lui donna le nom de « mont du bambou vert ». En effet, la colline est recouverte de ce type de plante, que la peinture chinoise de tous les siècles reproduit avec tant de grâce, et dont les germes, entre autres, sont considérés comme un plat très apprécié par ce peuple.

L’évangélisation est arrivée à Sheshan en 1844. Les missionnaires y construisirent une maison de cinq chambres, dont l’une était une chapelle. En 1864, un Chinois construisit sur la cime de la colline un kiosque hexagonal, où il mit une image de la Sainte Vierge qu’il avait peinte lui-même, sous le titre de Marie « aide des chrétiens ». Dès lors, se diffusa la dévotion à Notre Dame de Sheshan « aide des chrétiens » et chaque année, une fête la célèbre le 24 mai, avec grande solennité.

Aujourd’hui, il y a deux églises : une à mi-pente de la colline et l’autre au sommet. Cette dernière fut construite en 1873 et refaite en 1925, elle a un clocher de 33m de haut, au sommet duquel il y a une statue de Notre Dame qui soulève son fils Jésus, les bras ouverts pour bénir. A cause de cette position, de loin, cette statue ressemblait à une croix étendue sur la Chine.

L’église qui se trouve à mi-pente a été construite en 1894. Sur les côtés de l’entrée, il y a deux inscriptions :

« La petite chapelle est à mi-pente de la colline ; arrêtons-nous un peu, pour augmenter notre affection filiale envers la Sainte Vierge. »

« La grande église est au sommet ; montons encore un peu pour demander la bénédiction de la Mère affectueuse. »

Autour de Sheshan, il y a de nombreux canaux. Les pêcheurs, qui vivent sur des barques, sont en majorité de fervents catholiques. Tous les ans, au mois de mai, ils vont en pèlerinage au sanctuaire et des pèlerins de tout le pays s’unissent à eux. Durant cette année mariale, les pèlerinages se sont succédés sans interruption. Nous désirons nous unir spirituellement aux fidèles chinois, et je me recommande à leur prière. Ensemble, je présente mon acte de dévotion filiale à Notre Dame de Sheshan et je lui confie ma sollicitude pour toute l’Eglise, en particulier l’Eglise de Chine.

Jean Paul II, Angelus du dimanche 21 août 1988

Prière de Benoît XVI à Notre-Dame de Sheshan

Voici la prière de Benoît XVI à Notre-Dame de Sheshan, pour la Journée de prière pour l'Eglise de Chine, samedi 24 mai.

Vierge très sainte, Mère du Verbe incarné et notre Mère,

vénérée dans le sanctuaire de Sheshan sous le vocable d'«Aide des Chrétiens»,

toi vers qui toute l'Église qui est en Chine regarde avec une profonde affection,

nous venons aujourd'hui devant toi pour implorer ta protection.

Tourne ton regard vers le peuple de Dieu et guide-le avec une sollicitude maternelle

sur les chemins de la vérité et de l'amour, afin qu'il soit en toute circonstance un ferment de cohabitation harmonieuse entre tous les citoyens.

Par ton «oui» docile prononcé à Nazareth, tu as permis au Fils éternel de Dieu de prendre chair dans ton sein virginal

et d'engager ainsi dans l'histoire l'œuvre de la Rédemption, à laquelle tu as coopéré par la suite avec un dévouement empressé, acceptant que l'épée de douleur transperce ton âme, jusqu'à l'heure suprême de la Croix, quand, sur le Calvaire, tu restas debout auprès de ton Fils, qui mourait pour que l'homme vive.

Depuis lors, tu es devenue, de manière nouvelle, Mère de tous ceux qui accueillent dans la foi ton Fils Jésus et qui acceptent de le suivre en prenant sa Croix sur leurs épaules.

Mère de l'espérance, qui, dans l'obscurité du Samedi-Saint, avec une confiance inébranlable, est allée au devant du matin de Pâques, donne à tes fils la capacité de discerner en toute situation, même la plus obscure, les signes de la présence aimante de Dieu.

Notre-Dame de Sheshan, soutiens l'engagement de tous ceux qui, en Chine, au milieu des difficultés quotidiennes, continuent à croire, à espérer, à aimer, afin qu'ils ne craignent jamais de parler de Jésus au monde et du monde à Jésus.

Dans la statue qui domine le Sanctuaire, tu élèves ton Fils, le présentant au monde avec les bras grands ouverts en un geste d'amour.

Aide les catholiques à être toujours des témoins crédibles de cet amour, dès maintenant unis au roc qui est Pierre, sur lequel est construite l'Église.

Mère de la Chine et de l'Asie, prie pour nous maintenant et toujours. Amen !

© Copyright du texte original en français : Librairie Editrice du Vatican, donné le 16 mai 2008 sur ZENIT.org.

Tong Lu : Une apparition en 1900

Dans la région de Pékin, à partir de juin 1900, la Vierge serait apparue sous l’aspect d’une « belle dame » vêtue de blanc, émergeant d’une lumière éclatante, à environ 150 km au sud de Pékin, au-dessus d’un village chrétien encerclé par les Boxers.
Des témoins allèguent une apparition peu après à Pékin, selon des notes manuscrites rédigées par le père Trémorin en juillet 1966. Un petit monument commémore l’événement.

Cf. G.Hierzenberger, Erscheinungen und Botschaften der Gottesmutter Maria, Augsburg, Pattloch Verlag 1993, p. 244.

T’sing Yang : apparition et guérison en 1902

Dans le district d’Ousi, en août 1902, près d’un sanctuaire local dédié à Notre-Dame de Lourdes, une femme mourante « voit une dame à côté d’elle, vêtue de bleu, entourée d’une grande lumière ».

Notre Dame lui dit : - «Votre maladie est très grave, mais si vous voulez guérir, envoyez chercher de l’herbe au sanctuaire de T’sing Yang. […] C’est au sanctuaire de la Vierge qu’il faut aller et non à la pagode. »

Elle envoie son mari au sanctuaire, boit la tisane, s’endort et se réveille guérie. Les villageois accourent. Le 11 février 1903, la voyante raconte son expérience devant plusieurs centaines de personnes. En 1913, un sanctuaire est érigé. Deux mille personnes s’y rendent.

N.B. A Lourdes, Notre-Dame avait demandé à sainte Bernadette de manger de l'herbe (une herbe amère). Il est beau de voir le lien entre Lourdes et la Chine !

Le régime communiste a détruit le sanctuaire.

Cf. R. Kling, « Les apparitions de T’sing Yang, 1902 », Rosa Mystica, no 31, mai-juin 1980, 13-16.

 

Zo-sé : Marie Auxiliatrice des Chrétiens XX° siècle

Le sanctuaire de Marie Auxiliatrice des Chrétiens de Zo-sé est d'importance nationale, il est situé au cœur de la Chine catholique. Il se lève sur une colline à quelques kilomètres de Shanghaï. En 1844, un missionnaire, remarquant un temple de Bouddha en ruine, pensa y mettre un sanctuaire en l’honneur de Marie. Son rêve se réalise en 1867, et bientôt les chrétiens y vinrent en pèlerinage.

C’est dans ce sanctuaire, en 1924, que le Délégué Apostolique en Chine, tous les évêques avec de nombreux prêtres vinrent consacrer publiquement la Chine à la Vierge*.

Le sanctuaire actuel, inauguré en 1935, a été déclaré par Pie XII en 1942 comme basilique mineure.

Après la victoire militaire de Mao-tse-tung, le sanctuaire fut profané et il resta fermé pendant vingt ans. Mais le courage de plus de trente mille pèlerins a débloqué la situation. En 1978, entre le 15 et le 17 mars, les pèlerins pénétrèrent à l’intérieur du sanctuaire (en ruine) et y placèrent une petite statue de la Sainte Vierge. Les autorités ne purent pas intervenir, parce que l'action s'était déroulée dans le calme. Ainsi rouvert au culte, le sanctuaire fut confié aux prêtres de l'Église nationale, alors séparée de Rome et qui, en 1990, firent amener de Turin une statue de Marie Auxiliatrice.

* Pour la consécration d'un pays, cf. Françoise Breynaert, Trente-trois jours pour se consacrer à Jésus-Christ par Marie, EDB, Nouan le Fuzelier, 2012 (traduit en espagnol, Edibesa, Madrid 2013) (Nihil obstat). 


 

Saint Thomas en Chine de l'an 65 à 69 (Pierre Perrier)

Date de dernière mise à jour : 13/01/2020