25° dimanche - Temps Ordinaire

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25e dimanche to evangile mt 20 1 1625e dimanche du temps ordinaire.  Evangile Mt 20, 1-16 (85.5 Ko)

 

Première lecture (Is 55, 6-9)

Psaume (Ps 144 (145), 2-3, 8-9, 17-18)

Deuxième lecture (Ph 1, 20c-24.27a)

Évangile (Mt 20, 1-16)

Première lecture (Is 55, 6-9)

Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver ; invoquez-le tant qu’il est proche. Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées ! Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon. Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. – Parole du Seigneur.

Commentons « Qu’il [l’homme perfide] revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon » avec sainte Faustine, Jésus lui dit : « Mon cœur déborde d’une grande miséricorde pour les âmes et particulièrement pour les pauvres pécheurs. Si elles pouvaient comprendre que je suis pour elles le meilleur Père, que c’est pour elles que le sang et l’eau ont jailli de mon cœur comme d’une source débordante de miséricorde » (Petit Journal § 367). Et Jésus ajoute : « Dans les couvents il y a des âmes qui remplissent mon cœur de joie, mes traits sont gravés en elles et c’est pour cela que le Père céleste les regarde avec une prédilection particulière, elles seront un spectacle pour les anges et les hommes, leur nombre est très petit, ce sont elles qui protègent de la justice du Père céleste et qui obtiennent miséricorde pour le monde. L’amour de ces âmes et leurs sacrifices soutiennent l’existence du monde. » (Petit Journal § 367).

Dans la première lecture de ce dimanche, Dieu dit aussi : « Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées ». Ce verset est très important.

Le gouvernement mondial qui se met en place sous nos yeux n’a pas la vision du bien commun, mais il recherche surtout le bien d’une élite financière mondiale, ce qui est très différent. Il n’a pas les pensées de Dieu, et s’il devient totalitaire, lui soumettre totalement notre volonté serait déshumanisant.

L’intelligence artificielle peut en savoir beaucoup plus que nous, mais elle est ne crée que par la répétition et elle ne peut donner la vie divine, ni offrir « un chemin au-dessus de nos chemins », là encore, lui soumettre notre vie serait déshumanisant.

Dieu sait beaucoup de choses que nous ignorons, il est le maître de tout, il veille au bien commun de toute l’humanité et de tout l’univers. Nos actions ne peuvent pas égaler celles de Dieu et nos pensées ne peuvent percevoir qu’un bien particulier, par exemple : notre équilibre personnel, le bien de notre famille, de notre pays, ou même du monde entier mais sous un aspect partiel avec des informations très imparfaites. Et pourtant l’évangile indique que l’homme doit se diriger vers la volonté de Dieu, et Jésus nous montre l’exemple par sa prière à Gethsémani  : « Non comme je veux, [Père] mais comme tu veux » (Mt 26, 39). 

« Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins - dit le Seigneur - sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées » : ce verset doit servir à ceux qui commandent pour toujours s’efforcer de penser au bien commun et non pas à des intérêts particuliers. Saint Thomas d’Aquin écrit : « Le bien de tout l’univers est celui que considère Dieu, son créateur et gouverneur ; aussi tout ce que Dieu veut, il le veut sous la raison du bien commun, qui est sa bonté, laquelle est le bien de tout l’univers. Tandis que la créature ne saisit, selon sa nature, qu’un bien particulier qui lui est proportionné » [1]. Saint Thomas distingue l’objet matériel, qui est un bien particulier que notre intelligence est capable de discerner, et l’objet formel, qui est le bien commun voulu par Dieu, car Dieu veut toute chose sous la raison de bien. Si notre intention est bonne, « pour une raison de bien » dit saint Thomas, alors nous sommes dans la volonté divine « quant au motif du vouloir ». Mais nous ignorons ce que Dieu veut dans le détail de nos vies, et nous ne pouvons pas nous conformer à sa volonté sous ce rapport. « Dans la gloire cependant, tous verront en chacune de leurs volontés particulières l’ordre que Dieu établit entre ce que les gens veulent et ce qu’il veut lui-même. Et c’est pourquoi les gens conformeront en tout leur volonté à celle de Dieu, non seulement formellement, mais aussi matériellement » [2].

« Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées » dit le Seigneur. Sainte Faustine dit : « j’ai compris à un certain moment, combien déplaît à Dieu une action qui peut paraître la plus louable, mais qui n’est pas inspirée par une intention pure ; ces actions incitent Dieu à punir plutôt qu’à récompenser » (Petit Journal § 484). Mais il faut être prudents quand nous jugeons des intentions des autres, surtout de ceux qui prient. Sainte Faustine témoigne : « Aucun des gens ne comprend mon cœur et cela ne m’étonne plus maintenant, car cela m’a autrefois étonnée quand mes intentions étaient blâmées et mal interprétées, mais maintenant je ne m’en étonne plus du tout. Les gens ne savent pas percevoir l’âme, ils voient le corps et ils jugent d’après ce corps ; mais comme le ciel est loin de la terre, de même les pensées de Dieu sont loin de nos pensées » (Petit Journal § 1445).

Pour sainte Faustine, qui demandait la fête de la divine miséricorde et la peinture d’une représentation du Christ ressuscité, l’accomplissement de la volonté divine passait par l’obéissance à ses supérieurs religieux : à ceux qui, dit-elle, « tiennent la place de Dieu auprès de moi » (Petit journal § 375). Et c’est logique, même pour nous qui ne vivons pas avec de tels vœux religieux : nous avons tous à situer notre vision du bien, même si nous pensons être inspirés de Dieu, en lien avec d’autres personnes spécialement celles qui ont la charge du bien commun. C’est une question de finalité et non pas d’intermédiaires, si les intermédiaires se prennent pour Dieu, alors les moyens humains (le comment) remplacent le but poursuivi, ce qui provoque des dérives.

Jésus dit à sainte Faustine : «Je suis avec toi. Pendant cette retraite, je t’affermirai dans la paix et le courage, pour que les forces ne te manquent pas dans l’accomplissement de mes desseins. C’est pourquoi tu vas absolument renoncer à ta propre volonté pendant cette retraite et ainsi toute ma volonté s’accomplira en toi. Sache que cela va te coûter beaucoup, c’est pourquoi écris sur une page blanche ces mots : À partir d’aujourd’hui ma propre volonté n’existe pas, et barre la page ; et de l’autre côté, écris ces mots : À partir d’aujourd’hui j’accomplis la volonté de Dieu, partout, toujours, en tout. Ne t’effraie de rien, l’amour t’en donnera la force et en facilitera l’accomplissement. » (Petit Journal § 372). Chers auditeurs, un tel sacrifice de la volonté personnelle n’a bien sûr de sens que vis-à-vis de Dieu, et parce que les pensées de Dieu sont au-dessus des nôtres comme le dit le livre d’Isaïe.

Psaume (Ps 144 (145), 2-3, 8-9, 17-18)

Chaque jour je te bénirai, je louerai ton nom toujours et à jamais. Il est grand, le Seigneur, hautement loué ; à sa grandeur, il n’est pas de limite. Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ; la bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres. Le Seigneur est juste en toutes ses voies, fidèle en tout ce qu’il fait. Il est proche de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent en vérité.

« Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour » (Ps 144, 8). Ce portrait divin rappelle la première lecture : « Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées ! Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon. » Il rappelle surtout, mot pour mot, la présentation que Dieu avait faite de lui-même au Sinaï : « Le Seigneur [YHWH] passa devant lui [Moïse] et il cria : "[YHWH] Yahvé, [YHWH] Yahvé, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité ; […] 8 Aussitôt Moïse tomba à genoux sur le sol et se prosterna, 9 puis il dit : "Si vraiment, Seigneur, j’ai trouvé grâce à tes yeux, que mon Seigneur veuille bien aller au milieu de nous, bien que ce soit un peuple à la nuque raide, pardonne nos fautes et nos péchés et fais de nous ton héritage." » (Exode 34, 6, 8-9).

La royauté divine n’est pas distante et hautaine, comme cela arrive parfois dans l’exercice du pouvoir humain. Dieu exprime sa royauté en se penchant sur les créatures les plus fragiles et sans défense.

Sainte Faustine : « Ô mon Dieu, je suis consciente de ma mission dans la sainte Église. Mon incessant effort doit être d’obtenir la miséricorde pour le monde. Je m’unis étroitement à Jésus et je me tiens comme une offrande suppliante pour le monde. Dieu ne me refusera rien si je Le supplie par la voix de son Fils. Mon offrande n’est rien d’elle-même, mais lorsque je l’unis au sacrifice de Jésus-Christ, elle devient toute-puissante et elle peut fléchir la colère divine. Dieu nous aime dans Son Fils, la douloureuse passion du Fils de Dieu est ce qui ne cesse de tempérer la colère de Dieu » (Petit Journal § 482).

« Le Seigneur est juste en toutes ses voies, fidèle en tout ce qu’il fait » (Ps 144, 17). Il existe en hébreu deux adjectifs typiques pour illustrer l’alliance qui existe entre Dieu et son peuple : saddiq et hasid. Ils expriment la justice qui veut sauver et libérer du mal, et la fidélité qui est signe de la grandeur pleine d’amour du Seigneur. Le psalmiste se place du côté de ceux qui en bénéficient. Le croyant "invoque" le Seigneur dans une prière confiante, il le "cherche" dans la vie "avec un coeur sincère" (cf. v. 18), il "craint" son Dieu, respectant sa volonté et obéissant à sa parole (cf. v. 19), mais surtout il l’"aime", assuré d’être accueilli sous le manteau de sa protection et de son intimité (cf. v. 20).

« Le Seigneur est proche de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent en vérité » (Ps 144, 18). « Cette phrase était particulièrement chère à Barsanuphe de Gaza, un ascète mort autour de la moitié du 6e siècle, souvent interpellé pour la sagesse de son discernement. C’est ainsi, par exemple, qu’à un disciple qui exprimait le désir "de rechercher les causes des diverses tentations qui l’avaient assailli", Barsanuphe répondait : "Frère Jean, ne crains rien des tentations qui sont apparues contre toi pour te mettre à l’épreuve, car le Seigneur ne te laisse pas en proie à celles-ci. Lorsque l’une de ces tentations te vient, ne prends donc pas la peine d’examiner ce dont il s’agit, mais crie le nom de Jésus : "Jésus, aide-moi". Et il t’écoutera car "il est proche de ceux qui l’invoquent". Ne te décourage pas, mais cours avec ardeur et tu rejoindras l’objectif, dans le Christ Jésus notre Seigneur" [3]. Et ces paroles du Père de l’Antiquité valent également pour nous. Dans nos difficultés, problèmes et tentations, nous ne devons pas uniquement accomplir une réflexion théorique - d’où venons-nous ? - mais nous devons réagir de façon positive, invoquer le Seigneur, maintenir un contact vivant avec le Seigneur. Nous devons même crier le nom de Jésus : "Jésus, aide-moi !". Et nous sommes certains qu’il nous écoute, parce qu’il est proche de celui qui le cherche. Ne nous décourageons pas, mais courons avec ardeur - comme le dit ce Père - et nous atteindrons, nous aussi, l’objectif de la vie : Jésus, le Seigneur. » (Audience générale du 8 février 2006).

De plus, ce psaume, mais cela n’apparaît pas dans l’extrait de ce dimanche, parle beaucoup de la royauté de Dieu. Le Christ aura son royaume sur la terre comme au Ciel, et il offrira ce royaume au Père, alors ce sera la Fin et la vie éternelle. Rappelons par exemple qu’en 1Co 15, 22-27, nous lisons :

« 22 En effet, c’est en Adam que meurent tous les hommes ; c’est dans le Christ que tous revivront 23 mais chacun à son rang : en prémices, le Christ. Ensuite ceux qui appartiennent au Christ lors de sa venue. [La résurrection des justes nettement mise en lien avec la Résurrection du Christ, car les saints apparaîtront avec le Christ lors de sa venue glorieuse cf. 1Th 3, 13.] 24 Ensuite viendra le terme quand il remettra la royauté à Dieu le Père, après avoir détruit toute domination, toute autorité, toute puissance. [Ce « Ensuite » en araméen « hāydēn », repris par le grec « Eita ») au début du verset 24 indique une consistance propre au temps inauguré par le verset 23 : c’est le « temps » de la venue du Christ, ce que saint IRÉNÉE appelle le royaume des justes (étape du processus de la fin), et qui conduit au Père (étape ultime et ineffable)]. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. 25 C’est lui en effet qui doit régner jusqu’au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. 26 Et le dernier ennemi qu’il détruira, c’est la mort, 27 car il a tout mis sous ses pieds » (1Co 15, 22-27).

Dans cette perspective, le psaume prend une grande force : « la bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres. Le Seigneur est juste en toutes ses voies, fidèle en tout ce qu’il fait » (Ps 144).

Alors gardons la foi !

Deuxième lecture (Ph 1, 20c-24.27a)

Frères, soit que je vive, soit que je meure, le Christ sera glorifié dans mon corps. En effet, pour moi, vivre c’est le Christ, et mourir est un avantage. Mais si, en vivant en ce monde, j’arrive à faire un travail utile, je ne sais plus comment choisir. Je me sens pris entre les deux : je désire partir pour être avec le Christ, car c’est bien préférable ; mais, à cause de vous, demeurer en ce monde est encore plus nécessaire. Quant à vous, ayez un comportement digne de l’Évangile du Christ. – Parole du Seigneur.

Un peu d’histoire… Sur l’emplacement d’un bourg agricole, Philippe, roi de Macédoine, le père d’Alexandre le grand, donna son nom à la ville en l’an 356 avant J-C. Plus tard, l’Empereur romain Auguste en fit un point d’appui, une colonie, c’est-à-dire une ville de plein droit romaine, alors que la région avoisinante était sous un régime de tutelle. À Philippe, on était fier de se savoir Romain (Ac 16, 21) et les magistrats étaient censés avoir des fonctions militaires, d’où leur nom de stratèges généraux (Ac 16, 19). Toutes les divinités de la Thrace, de la Grèce, de l’Égypte et de Rome étaient également admises par les lois impériales (Ac 16, 21). Un seul Dieu n’était pas reconnu : le Créateur, Père de Jésus-Christ que Paul venait prêcher. C’est alors que saint Paul écrit aux Philippiens.

Il écrit aux Philippiens depuis une prison (Ph 1, 7, 12-13). Et nous savons par ailleurs qu’il a beaucoup souffert : le séjour de Paul à Éphèse avait dû être très mouvementé. Nous voyons Paul revenir de Corinthe en évitant Éphèse et convoquer les anciens de l’Église à Milet (Ac 20, 16-17), et dans le discours qu’il leur adresse, il évoque « larmes, épreuves, embûches des Juifs » (Ac 20, 19). Il écrit aux Corinthiens : « J’ai livré combat contre les bêtes à Éphèse » (1Co 15, 32) et « La tribulation qui nous est arrivée en Asie nous a accablés à l’extrême, au-delà de nos forces, à en désespérer de vivre plus longtemps » (2Co 1, 8-9), et nous en venons à la lecture de ce dimanche : « Frères, soit que je vive, soit que je meure, le Christ sera glorifié dans mon corps ».

Continuons : « En effet, pour moi, vivre c’est le Christ, et mourir est un avantage. Mais si, en vivant en ce monde, j’arrive à faire un travail utile, je ne sais plus comment choisir. Je me sens pris entre les deux : je désire partir pour être avec le Christ, car c’est bien préférable ; mais, à cause de vous, demeurer en ce monde est encore plus nécessaire. » Derrière ce passage, il y a tout le contexte du lien entre Paul et les Philippiens. La lettre commence en mentionnant Timothée. Paul sait ménager l’espace nécessaire à ses collaborateurs pour que soient reconnus leur travail et leurs mérites. Et Paul se montre très affectueux envers les Philippiens. « Paul et Timothée, serviteurs du Christ Jésus, à tous les saints dans le Christ Jésus qui sont à Philippes, avec leurs épiscopes et leurs diacres. 2 A vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ ! 3 Je rends grâces à mon Dieu chaque fois que je fais mémoire de vous, 4 en tout temps dans toutes mes prières pour vous tous, prières que je fais avec joie, 5 car je me rappelle la part que vous avez prise à l’Evangile depuis le premier jour jusqu’à maintenant ; 6 j’en suis bien sûr d’ailleurs, Celui qui a commencé en vous cette oeuvre excellente en poursuivra l’accomplissement jusqu’au Jour du Christ Jésus [c’est-à-dire le jour du retour glorieux du Christ] » (Ph 1, 1-6)

Avec sainte Faustine :

« Ô mon Dieu, comme je désire que les âmes sachent que Tu les as crées à cause de Ton amour inconcevable ; ô mon Créateur et Seigneur, je sens que j’écarterai le voile du ciel pour que la terre ne doute pas de Ta bonté. Fais de moi, Jésus, une offrande agréable et pure devant la face de Ton Père. Jésus, moi qui suis misérable, pécheresse, transforme-moi en Toi, car Tu peux tout, et remets-moi à Ton Père Éternel. Je désire devenir une hostie expiatoire devant Toi, et devant les hommes un simple pain ; je désire que le parfum de mon offrande ne soit connu que de Toi. Ô Dieu Éternel, un feu qui ne s’éteint pas brûle en moi, implorant Ta miséricorde ; je sens et je comprends que c’est mon devoir ici-bas et pour l’éternité. Tu m’as Toi-même fait parler de cette grande miséricorde et de Ta bonté. » (Petit Journal § 483).

« Le Seigneur Jésus me fit connaître combien Lui est agréable l’âme qui vit pour la volonté de Dieu, elle lui rend ainsi la plus grande gloire… Aujourd’hui, je compris que, même si je n’accomplissais rien de ce que le Seigneur exige de moi, je sais que je serai récompensée comme si j’avais tout accompli, car Il voit l’intention avec laquelle je commence, et même s’Il me reprenait aujourd’hui, Son œuvre n’en souffrirait rien, car Lui seul est le Maître – de l’œuvre et de celui qui agit. Il ne dépend de moi que de L’aimer à la folie ; toutes les œuvres ne sont qu’une petite goutte devant Lui, c’est l’amour qui compte, qui est force et mérite. Il a ouvert dans mon âme de grands horizons – l’amour comble les abîmes. » (Petit Journal § 822).

« Quant à vous, ayez un comportement digne de l’Évangile du Christ. » (Ph 1, 27).

La communauté de Philippe a besoin de retrouver des réflexes chrétiens d’humilité et de service, à l’image du Christ qui « ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu », et fut « obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix ! Aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom » (Ph 2, 6-11).

Et nous, avons-nous un « comportement digne de l’Évangile du Christ » (Ph 1, 27) ?

Évangile (Mt 20, 1-16)

En ce temps-là, Jésus disait cette parabole à ses disciples :

« Le royaume des Cieux est comparable…
à 
un maître de maison / qui sortit le matin afin de salarier des ouvriers pour sa vigne.
2
Or il trancha avec les ouvriers pour un dinar la journée / et les envoya à sa vigne.

3 Et il sorti / à la troisième heure,
et il en vit d’autres qui se tenaient sur la place, / sans emploi.

4
Et il leur il dit : / ‘Allez vous aussi, à la vigne !

Et, ce qu’il convient / je vous le donnerai !’

5
Or, eux, / ils y allèrent.

Et il sortit de nouveau à la sixième et à la neuvième heure, / et il fit de même.
Et vers la onzième heure, / il sortit,

et en trouva d’autres qui se tenaient là, / sans emploi.

Et il leur dit : / ‘Pourquoi vous tenez-vous là, toute la journée, sans emploi ?’

7 Ils lui disaient : / ‘C’est que personne ne nous a salariés.’
Il leur dit : / ‘Allez-vous aussi à ma vigne !’

Or, lorsque ce fut le soir / le maître de la vigne dit à son intendant :
‘Appelle les ouvriers / et donne-leur leur salaire,

et commence par les derniers / jusqu’aux premiers.’

9 Ils vinrent donc, / ceux de la onzième heure,
et ils reçurent chacun / un dinar.

10 Et, quand les premiers / arrivèrent,
ils espérèrent / qu’ils allaient remporter davantage ;

mais ils remportèrent, chacun, eux aussi, / un dinar.

11 En l’emportant,
ils murmuraient contre le maître de sa maison, / et disaient :

12
‘Ces derniers n’ont travaillé qu’une heure, / et tu les a mis à égalité avec nous,

qui avons supporté le poids du jour / et sa chaleur !’

13 Or, lui, il répondit / et dit à l’un d’eux :
‘Compagnon, / je ne te fais aucun tort ;

n’as-tu pas tranché avec moi / d’un dinar ?

14 Reçois ce qui est à toi, / et va.
Je veux donner à ce dernier-ci, en effet, / autant qu’à toi.

15 Ou bien ne m’est-il pas autorisé de faire ce que je veux de ce qui est à moi ?
Ou bien ton œil est-il mauvais / parce que je suis bon ?’

16 Ainsi les derniers seront premiers, / et les premiers [seront] derniers. »

 Acclamons la Parole de Dieu.

Remarques sur la traduction :

v. 2 « Or il trancha avec les ouvriers pour un dinar la journée », ce verbe « trancher » est caractéristique de l’Alliance que l’on concluait en tranchant en deux morceaux un objet, ou même un animal. Le maître de la parabole représente le Dieu vivant qui veut faire alliance avec nous.

v. 8 « māre (karmā) » pourrait être la forme construite de mārā : le maître (de la vigne), ou de  māryā, le Seigneur (de la vigne), Dieu. Mais nous laissons à la parabole son vocabulaire de parabole.

v. 14 « Reçois [saḇ] ce qui est à toi », nous avons le verbe nsaḇ qui peut être traduit aussi bien par prendre que par recevoir. Nous retrouvons ce verbe dans l’institution de l’Eucharistie. « Prenez [saḇ], mangez, ceci est mon corps » : en traduisant « prenez », nous incitons les gens à se servir eux-mêmes dans la patène, en traduisant « recevez » nous incitons les gens à recevoir, plutôt à genou dans la bouche.

Les Pères de l’Église ont tous compris dans la parabole que celui qui se met au service du Seigneur avec zèle sera traité par Lui avec justice, même s’il n’a pas beaucoup travaillé à cause de l’imminence de sa mort. Mais le maître reprend celui qui voudrait venir chez lui pour imposer à Dieu ses propres volontés.

Nous allons prendre quelques extraits du sermon 87 de saint Augustin.

« Le denier est la vie éternelle, et l’éternité est égale pour tous. La diversité des mérites établira sans aucun doute une diversité de gloire ; la vie éternelle cependant, considérée en elle-même, ne saurait être inégale pour personne. Il n’y a ni plus ni moins de longueur dans ce qui est également éternel ; ce qui n’a pas de fin n’en a ni pour toi ni pour moi. Mais la chasteté conjugale brillera d’une autre manière que la pureté des vierges, et la récompense des bonnes oeuvres paraîtra autrement que la couronne du martyre. »

Saint Augustin interprète les heures du jour comme étant les âges de la vie, ou les époques bibliques, commençons par les époques bibliques : « Les premiers justes, tels qu’Abel et Noé, ont été en quelque sorte appelés à la première heure; mais ils ne parviendront qu’avec nous à la gloire de la résurrection. Les autres justes qui les suivirent, Abraham, Isaac, Jacob et leurs contemporains, ont été appelés à la troisième heure, et ce n’est qu’avec nous encore qu’ils seront heureusement ressuscités. Avec nous seulement aussi ressusciteront, dans la félicité, d’autres justes, Moïse, Aaron et tous les autres qui avec eux ont été invités vers la sixième heure. Au même moment encore ressusciteront glorieusement les saints Prophètes, appelés à la neuvième heure ; et à la fin du monde, tous les Chrétiens, appelés à la onzième heure seulement, jouiront avec eux du même bonheur. Tous le recevront en même temps ; mais voyez combien auront attendu les premiers. Ceux-ci auront attendu beaucoup et nous bien peu ; et tout en recevant à la même heure, ne semblera-t-il point que notre récompense ne souffrant aucun retard, nous la recevrons les premiers »

Saint Augustin s’interroge : « Dirons-nous que nous avons toujours le temps, puisque la même récompense est assurée à tous, quelle que soit l’heure où ils commencent à travailler ? » Il donne une première réponse en considérant que le monde est très malade, et que le Christ est le médecin que Dieu nous a envoyé : « Courons tous au grand Médecin des âmes, gardons-nous de nous mettre en fureur contre lui ; prenons garde aussi à la léthargie ou à l’indifférence spirituelle »

Et un peu plus loin : « C’est donc une chose évidente, mes frères, et entièrement indubitable, croyez-la, soyez-en bien sûrs : lorsque renonçant à une vie inutile ou profondément corrompue, un homme se convertit à la foi chrétienne, Jésus-Christ notre Dieu lui remet tous ses anciens péchés, et effaçant en quelque sorte toutes ses dettes, il fait avec lui comme table rase. Tout lui est pardonné, et personne ne doit craindre qu’il reste quoique ce soit sans l’être. Mais aussi personne ne doit se laisser aller à une sécurité funeste ; une espérance téméraire tue l’âme aussi bien que le désespoir »

« Pour toi, viens quand il t’appelle. Oui, la même récompense est assurée à tous ; mais le moment de se rendre au travail est singulièrement décisif. Faisons une supposition. On appelle à la sixième heure ces jeunes gens dont l’ardeur est aussi bouillante que la chaleur au milieu du jour ; s’ils répondaient : Attendez, l’Évangile nous apprend que tous nous recevrons une même récompense, nous irons donc à la onzième heure, quand nous serons parvenus à la vieillesse ; pourquoi tant travailler, puisqu’il n’est pas question de recevoir davantage ? On leur dirait sans aucun doute : Tu refuses le travail sans savoir si tu arriveras à la vieillesse ? On t’appelle à la sixième heure, viens. Le Père de famille t’a promis le denier, lors même que tu ne viendrais qu’à la onzième heure mais personne ne t’a assuré que tu vivrais une heure encore ; je ne dis pas, que tu vivrais jusqu’à onze heure, mais jusqu’à sept. Et sûr de la récompense mais incertain de la vie, tu remets à plus tard l’invitation qui t’est faite ! Ah ! prends garde de perdre en différant ainsi ce, que t’assure la divine promesse »

 

[1] I-II Prima Secundae Qu.19 a.10

[2] I-II Prima Secundae Qu.19 a.10 s1 – au passage, il est clair que les écrits de Luisa Piccarreta sur la vie dans la divine volonté ne peuvent être interprétés que dans la perspective de la Parousie et de la gloire de la venue glorieuse du Christ.

[3] Barsanuphe et Jean de Gaza, Epistolario, 39: Collection de Textes patristiques, XCIII, Rome 1991, p. 109

Date de dernière mise à jour : 07/08/2023