13e dimanche -Temps Ordinaire

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Télécharger l'évangile de ce dimanche traduit de l'araméen (syriaque) pour une récitation orale :

 13e dimanche du tps ordinaire mt 10 37 42Evangile du 13e dimanche du tps ordinaire Mt 10, 37 42 (75.1 Ko)

Sur Radio espérance : tous les mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 8h15
et rediffusées le dimanche à 8h et 9h30). 

Et Radio Ecclésia et en Corse.

 

Première lecture (2 R 4, 8-11.14-16a)

Psaume (Ps 88 (89), 2-3, 16-17, 18-19)

Deuxième lecture (Rm 6, 3-4.8-11)

Évangile (Mt 10, 37-42)

Première lecture (2 R 4, 8-11.14-16a)

« Un jour, le prophète Élisée passait à Sunam ; une femme riche de ce pays insista pour qu’il vienne manger chez elle. Depuis, chaque fois qu’il passait par là, il allait manger chez elle. Elle dit à son mari : ‘Écoute, je sais que celui qui s’arrête toujours chez nous est un saint homme de Dieu. Faisons-lui une petite chambre sur la terrasse ; nous y mettrons un lit, une table, un siège et une lampe, et quand il viendra chez nous, il pourra s’y retirer’. Le jour où il revint, il se retira dans cette chambre pour y coucher. Puis il dit à son serviteur : ‘Que peut-on faire pour cette femme ?’ Le serviteur répondit : ‘Hélas, elle n’a pas de fils, et son mari est âgé’. Élisée lui dit : ‘Appelle-la’. Le serviteur l’appela et elle se présenta à la porte. Élisée lui dit : ‘À cette même époque, au temps fixé pour la naissance, tu tiendras un fils dans tes bras’. – Parole du Seigneur. »

Dans cette joyeuse lecture, nous voyons que Dieu récompense le couple qui héberge son prophète. Dans l’évangile, Mt 10,37-42, nous lirons : « Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète / reçoit une récompense de prophète ». La récompense peut être reçue durant cette vie, on parle d’une justice immanente, ou dans l’autre vie.

En l’occurrence, ici, la récompense d’avoir donné l’hospitalité au prophète de Dieu est la fécondité. Dieu est un Dieu de Vie. Le jeune Élisée répétait au prophète Élie : « Aussi vrai que le Seigneur est vivant et que tu vis toi-même » (2R 2, 3.4.6). Et ce Dieu de Vie guérit la stérilité. La Bible le proclame haut et fort dans le contexte des paganismes ambiants, et des cultes aux Baals.

Les religions dites tribales, que l’on appelait autrefois simplement paganisme, connaissent des divinités ordonnées à chaque secteur de la vie. Elles ont un aspect positif qui est la représentation d’une vie acceptée comme venant de Dieu. Et les cultes de fertilité consistent à célébrer de manière joyeuse le mystère de la fécondité. Ce faisant, on en arrive néanmoins à un abus extatique, dans lequel les éléments divins et humains s’entremêlent et perdent alors leur dignité. Ainsi, ces cultes ont conduit des sociétés entières à la ruine en remettant en cause la nature même de la religion.

Élisée, comme avant lui Elie, est un prophète d’Israël, dans le royaume du Nord, c’est-à-dire autour de Samarie. Il s’inscrit dans une longue histoire durant laquelle les Hébreux quittent peu à peu une attitude païenne. En effet, inspirés des rites babyloniens, il y avait en Israël des pieux sacrés ou des arbres sacrés, sous lesquels avaient lieu des rites magiques ou des prostitutions dites sacrées, ce sont les cultes aux Baals.

Les cultes de Baals sont des cultes de fertilité dans lesquels la frontière entre Dieu et l’homme est dissoute : dans une débauche sans pareille, le divin est tiré vers le bas et sa dignité est déformée. En ce sens, les cultes de Baal se révèlent être la véritable raison de la destruction morale des peuples, dont le pays doit être libéré. De plus, ils sont accompagnés de sacrifices humains, surtout d’enfants. Ces cultes s’adressent non pas au Créateur mais à des anges déchus, des démons : « Car vous aviez irrité votre Créateur en sacrifiant à des démons et non à Dieu » (Ba 4, 7) !

Dans ce contexte, le miracle que fit Élisée pour le couple qui lui offre l’hospitalité est un miracle éloquent. Il nous enseigne que la vie doit être demandée au Très Haut. Et le message vaut encore de nos jours. Les cultes aux Baals sont encore pratiqués dans certains cercles ésotériques. Les sacrifices humains revêtent des formes sophistiquées. Et nous devons être très vigilants notamment sur les vaccins à ARNm. Un article de 2021 concluait qu’il n’y a pas d’augmentation du risque de fausses couches, https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33882218  mais les auteurs ont écrit un correctif le 8 septembre 2021 pour annuler purement et simplement la conclusion de l’article initial https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34496193. Même stupéfaction lorsque des rapports confidentiels ont été mis à disposition du public, par exemple, « sur 36 femmes enceintes dont l’évolution a été suivie, 28 ont perdu leur bébé » [1]. Ceux qui lancent l’alerte sont parfois menacés ; l’évangile de ce dimanche ne parle pas seulement d’accueillir les prophètes, comme Élisée, mais aussi les hommes justes : « qui accueille un homme juste en sa qualité de juste / reçoit une récompense de juste ».

Revenons à la première lecture. Nous pourrions comparer la foi en Dieu (YHWH) et le rejet de l’idolâtrie à un champ dans lequel on a semé du blé et que l’on vient désherber. Au lieu de capter le divin comme dans la civilisation sumérienne par de grandes tours appelées ziggurat (la tour de Babel), Abraham a reçu une promesse, gratuitement.cececec Au lieu de capter le divin par la divination et la magie, Moïse apprend au peuple à recevoir de Dieu au désert la manne et l’eau du rocher. Cependant, la plupart des Hébreux ont mis des siècles à le voir et à l’intégrer dans leur comportement. Comme des mauvaises herbes qui auraient envahi le terrain ensemencé… Et, comme on désherbe le blé, les prophètes tenteront d’arracher ce qui empêche la croissance de la nouvelle attitude religieuse. Ainsi, nous avons d’abord l’action des Juges (cf. Gédéon et Samuel), puis de prophète Élie et Élisée, et d’autres encore.

Au temps d’Elie, la reine Jézabel avait amené avec elle ses dieux, ses cultes aux Baals. On reproche aussi à Jézabel le cynisme avec lequel elle n’hésita pas à recourir à la diffamation comme moyen légal pour faire tuer Naboth, un israélite attaché à la vigne héritée de ses pères parce que sa foi y voyait le don de la terre que le Dieu d’Israël avait promise à son peuple. Élisée a fait oindre Jéhu comme roi d’Israël et ce dernier, après avoir fait périr la reine Jézabel, fit en sorte que « Baal disparut d'Israël » (2Rois 10, 28), du moins pour cette génération. L’histoire de Jézabel nous enseigne que la lutte contre Baal est aussi une lutte pour la justice.  

Parce qu’il est imprégné de Dieu, Élisée se mit à faire des miracles, comme par exemple une multiplication d’huile pour une veuve, ou, comme dans la lecture de ce dimanche, guérir la stérilité du couple qui lui donne l’hospitalité. Ensuite, l’enfant de ce couple mourut, mais Élisée opéra un second miracle en ressuscitant cet enfant (2R 4, 34-35). Le miracle n’est pas quelque chose de sensationnel, mais, par le miracle, la bonté de Dieu se rend visible d’une manière qui dépasse les capacités humaines. Il y eut des miracles de résurrection jusque sur le tombeau du prophète Élisée (2R 13, 20-21). Le Créateur veut être aimé et connu, tous ces miracles sont éloquents pour nous dire qu’il est un Dieu de Vie.

Psaume (Ps 88 (89), 2-3, 16-17, 18-19)

L’amour du Seigneur, sans fin je le chante ;
ta fidélité, je l’annonce d’âge en âge.
Je le dis : C’est un amour bâti pour toujours ;
ta fidélité est plus stable que les cieux.

Heureux le peuple qui connaît l’ovation !
Seigneur, il marche à la lumière de ta face ;
tout le jour, à ton nom il danse de joie,
fier de ton juste pouvoir.

Tu es sa force éclatante ;
ta grâce accroît notre vigueur.
Oui, notre roi est au Seigneur ;
notre bouclier, au Dieu saint d’Israël.

Chers auditeurs, nous allons devancer la lecture de l’évangile « Qui perdra sa vie à cause de moi / la trouvera » (Mt 10, 38) avec un témoignage, puis nous allons reprendre ce psaume comme une prière pour les chrétiens persécutés au Nigéria par Boko Haram, un groupe d'idéologie salafiste djihadiste, formé en 2002 et qui continue de sévir.

« Le 2 octobre 2012, j’avais à peine 20 ans et j’étais étudiant en première année. Alors que je revenais de l’université, ma mère préparait le dîner. C’est alors que nous avons entendu comme un bruit de tonnerre : c’étaient des hommes armés de Boko Haram ! Ils ont fait irruption dans la maison et ont exigé de leur donner tout ce qui avait de la valeur. Ils ont tout dérobé et l’ont mis dans leur camion. Ils nous ont alors appelés, mon frère cadet et moi, et nous ont fait sortir de la maison. Ils ont dit à ma mère et aux plus petits de s’enfermer dans une autre pièce. Puis ils ont demandé à mon père et à nous deux si nous étions prêts à renier Jésus et à embrasser l’islam. Mais mon père a refusé. Alors ils nous ont dit : “Nous allons vous tuer.” Je leur ai répondu : “Si vous nous tuez, qu’est-ce que vous y gagnez ?” 

Furieux, ils m’ont frappé avec la crosse du fusil, puis ils ont pris mon père et l’ont assassiné. Ils l’ont décapité et ont mis sa tête sur son ventre, devant mes yeux. Puis ils ont essayé de décapiter mon frère, qu’ils ont laissé pour mort. Pendant ce temps, d’autres le frappaient et le piétinaient. Ils ont fait la même chose avec moi. Ils ont pris un autre couteau, avec des dents-de-scie et ils ont essayé de me couper le cou.» Manga a gardé des cicatrices bien visibles.

«À ce moment précis, j’ai pensé à Jésus quand il a été cloué sur la croix et j’ai fait mienne sa prière : “Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font.”

Je ne savais pas si j’allais survivre, mais j’ai prié quand même.

[…] Ils nous ont amenés dans la salle d’opération et ont sauvé mon frère. Vu l’état dans lequel je me trouvais, ils ont dû faire venir des chirurgiens expérimentés, qui ont tout essayé. Mais rien n'y faisait et ils ont dû laisser tomber. 

Et voilà qu'au moment de sortir, l’électrocardiogramme a montré que mon cœur battait de nouveau. Jésus était à l'œuvre ! Les médecins étaient musulmans, mais l’un d’entre eux m’a dit : “Ton Dieu est un Dieu vivant ! Nous avions décidé de t’abandonner, mais ton Dieu, lui, ne t’a pas abandonné !” 

Quelque temps après, ma mère a été kidnappée par le même groupe de Boko Haram. Elle, et d’autres femmes, ont été détenues dans une forêt. Mais grâce à l’intercession et au jeûne des frères et sœurs, elle a été libérée et elle est aujourd’hui de nouveau à la maison avec nous. Dans Timothée 3,12, il est dit que tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés. Ce qui veut dire que si nous gardons notre identité de chrétiens, nous serons toujours persécutés, d’une façon ou d’une autre. Quand vous êtes paysan, on va lâcher du bétail sur vos terres pour qu’il mange vos récoltes. Si on se rebiffe, on sort le couteau pour nous tuer. On ne peut pas se plaindre aux autorités, car ils sont tous musulmans et on leur enseigne que tuer un chrétien est un honneur. Nous devons donc sans arrêt fuir pour survivre. 

La situation nous dépasse, mais nous savons que notre Dieu est un Dieu vivant qui peut faire basculer la situation en un clin d’œil. Et même s’il ne le faisait pas, nous lui resterions fidèles. Alors, continuez à prier pour nous, c’est la meilleure chose que vous puissiez faire pour le Nigéria ».

Chers auditeurs, ce chrétien du Nigéria, a vu mourir son père et a refusé de renier Jésus. Laissé lui-même pour mort, il a prié en reprenant les paroles de Jésus en croix : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 33).

Dans le Coran, dès la Fatiḥa, on lit que Dieu est ramān / raīm, deux formes très proches qui correspondent à peu près à miséricordiant / miséricordieux [1]. Le Dieu qui fait miséricorde (raḥmān) – c’est-à-dire qui est ému et veut le bien des hommes – est miséricordieux en Lui-même (raḥīm). Est-Il prêt à pardonner ou tient-Il une comptabilité aveugle des actes bons et mauvais, et en suscitant même les uns et les autres ? Ce sont des questions à poser aux musulmans.

Par ses propres forces, l’homme ne peut pas proposer le pardon. Un seul a ouvert ce chemin, c’est Jésus. Parce que ce chemin implique Dieu. C’est le secret du pardon. Pardonner, c’est d’abord cela : confier à Dieu le mal subi et la cause à défendre, et ouvrir une porte pour un avenir où Il interviendra. C’est sortir de la spirale du Mal par un acte de foi. Dieu est tout-puissant mais il attend que nous lui donnions les situations.

Cf. https://www.issa-al-massiah-messiah-messie-messias.com/fr/pages/sortir-de-la-spirale-du-mal/ff-6.html

Reprenons le psaume comme une prière pour eux.

Deuxième lecture (Rm 6, 3-4.8-11)

« Frères, ne le savez-vous pas ? Nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Nous le savons en effet : ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus ; la mort n’a plus de pouvoir sur lui. Car lui qui est mort, c'est au péché qu'il est mort une fois pour toutes ; lui qui est vivant, c'est pour Dieu qu'il est vivant. De même, vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ. – Parole du Seigneur ».

Nous allons commenter cette lecture avec saint Louis Marie de Montfort. Il s’afflige de ce que le baptême et ses engagements sont oubliés (VD 127). Il fut l’un des premiers à donner au renouvellement des vœux du baptême une place essentielle au cœur des cérémonies de la mission [2]. Il part à Rome (à pied) pour rencontrer le pape Clément XI qui le destina aux missions intérieures (1706) afin de « faire renouveler partout l’esprit du christianisme par le renouvellement des vœux du baptême. » Son apostolat s’épanouit dans les diocèses de Nantes et la Rochelle, jusqu’à sa mort à Saint-Laurent-sur-Sèvre (1716).

Dans son « Contrat d’Alliance » (CA 1-3) il propose une procession générale qui matérialise le peuple de Dieu en chemin vers le Temple de Dieu. À la porte de l’église est présenté l’Évangile pour la profession de foi personnelle ("je crois fermement toutes les vérités de l’Évangile de Jésus Christ") et on se rend aux fonts baptismaux pour le renoncement au démon et le choix de Jésus Christ, en renouvelant les vœux du baptême ; c’est alors que près de l’autel de la Sainte Vierge, on explicite le rôle médiateur de Marie dans notre chemin vers Jésus ("je me donne tout entier à Jésus Christ par les mains de Marie, pour porter ma croix à sa suite, tous les jours de ma vie"). Suit la bénédiction avec le Saint-Sacrement, l’Eucharistie étant au centre de la vie de l’Église. On termine avec la bénédiction d’objets sacrés : crucifix, chapelets, images… pour les emporter à la maison.

Dans « L’amour de la Sagesse éternelle », Montfort fait le constat que Marie est l’aide opportune qui soutiendra notre fidélité, et il donne cette grande prière :

« 223. O Sagesse éternelle et incarnée ! ô très aimable et adorable Jésus, vrai Dieu et vrai homme, Fils unique du Père éternel et de Marie toujours vierge !
Je vous adore profondément dans le sein et les splendeurs de votre Père, pendant l'éternité, et dans le sein virginal de Marie, votre très digne Mère, dans le temps de votre incarnation.

Je vous rend[s] grâce de ce que vous vous êtes anéanti vous-même, en prenant la forme d'un esclave, pour me tirer du cruel esclavage du démon. Je vous loue et glorifie de ce que vous avez bien voulu vous soumettre à Marie votre sainte Mère en toutes choses, afin de me rendre par elle votre fidèle esclave.

Mais, hélas ! ingrat et infidèle que je suis, je ne vous ai pas gardé les vœux et les promesses que je vous ai si solennellement faits dans mon baptême : je n'ai point rempli mes obligations ; je ne mérite pas d'être appelé votre enfant ni votre esclave ; et, comme il n'y a rien en moi qui ne mérite vos rebuts et votre colère, je n'ose plus par moi-même approcher de votre sainte et auguste Majesté. C'est pourquoi j'ai recours à l'intercession et à la miséricorde de votre très sainte Mère, que vous m'avez donnée pour médiatrice auprès de vous ; et c'est par son moyen que j'espère obtenir de vous la contrition et le pardon de mes péchés, l'acquisition et la conservation de la Sagesse.

224. Je vous salue donc, ô Marie immaculée, tabernacle vivant de la Divinité, où la Sagesse éternelle cachée veut être adorée des anges et des hommes.
Je vous salue, ô Reine du ciel et de la terre, à l'empire de qui tout est soumis, tout ce qui est au-dessous de Dieu.

Je vous salue, ô Refuge assuré des pécheurs, dont la miséricorde n'a manqué à personne ; exaucez les désirs que j'ai de la divine Sagesse, et recevez pour cela les vœux et les offres que ma bassesse vous présente.

« 225. Moi, N..., pécheur infidèle, je renouvelle et ratifie aujourd'hui entre vos mains les vœux de mon baptême ; je renonce pour jamais à Satan, à ses pompes et à ses œuvres, et je me donne tout entier à Jésus-Christ, la Sagesse incarnée, pour porter ma croix à sa suite tous les jours de ma vie, et afin que je lui sois plus fidèle que je n'ai été jusqu'ici.

  Je vous choisis aujourd'hui, en présence de toute la cour céleste, pour ma Mère et Maîtresse. Je vous livre et consacre, en qualité d'esclave, mon corps et mon âme, mes biens intérieurs et extérieurs, et la valeur même de mes bonnes actions passées, présentes et futures, vous laissant un entier et plein droit de disposer de moi et de tout ce qui m'appartient, sans exception, selon votre bon plaisir, à la plus grande gloire de Dieu, dans le temps et l'éternité ».

Dans le « Traité de la vraie dévotion », fidèle au sens profond du baptême qui est aussi une décision contre Satan et le péché (VD 73), Montfort invite à se vider de « ce qu’il y a de mauvais en nous », parce que « ce mauvais fond » communique sa « mauvaise odeur » (VD 78) aux grâces divines et parce que notre Seigneur est infiniment pur et hait la moindre souillure. Il s’agit véritablement d’un passage par la mort, comme dans la seconde lecture de ce dimanche, c’est haïr son âme, perdre sa vie, afin de la trouver (Mt 16, 24 ; Lc 9, 23). Mourir à soi comme le grain tombé en terre (Jn 12, 24). « Nous n’aurons pas une étincelle du pur amour qui n’est communiquée qu’aux âmes mortes à elles-mêmes et dont la vie est cachée avec Jésus Christ en Dieu (Col 3,3). » (VD 81).

Dans le « Secret de Marie », Montfort témoigne : « Je l’ai [Marie] mille et mille fois prise pour tout mon bien avec saint Jean l’Évangéliste, au pied de la croix [Jn 19, 25-27] et je me suis autant de fois donné à elle […] et si vous [Jésus] voyez en mon âme et mon corps quelque chose qui n’appartienne pas à cette auguste Princesse, je vous prie de me l’arracher et de le jeter loin de moi, puisque, n’étant pas à Marie, il est indigne de vous» (SM 66). Et il invite : « Il faut que vous fassiez un sacrifice de vous-même entre les mains de Marie » (SM 70). Et ce sacrifice est une Pâque qui porte le « fruit de vie » et donne la béatitude « jusqu’à la mort et dans les siècles des siècles » (SM 78).

 

 Évangile (Mt 10, 37-42)

« Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi / n’est pas digne de moi ;
celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi / n’est pas digne de moi ;

quiconque ne prend pas sa croix et ne me suit pas / n’est pas digne de moi.

Qui a trouvé sa vie / la perdra ;
qui perdra sa vie à cause de moi / la trouvera.

Qui vous accueille / m’accueille ;
et qui m’accueille / accueille Celui qui m’a envoyé.

Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète / reçoit une récompense de prophète ;
qui accueille un homme juste en sa qualité de juste / reçoit une récompense de juste.

Et quiconque donne à boire, / même un simple verre d’eau fraîche,
à l’un de ces petits / en sa qualité de disciple,

amen, je vous le dis : / non, il ne perdra pas sa récompense. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

Je vous encourage à mémoriser l’évangile, avec cette traduction qui respecte la structure en petgames ou répons, les reprises de souffle, traduction disponible sur mon site foi-vivifiante.fr.

« Quiconque ne prend pas sa croix et ne me suit pas / n’est pas digne de moi » (Mt 10, 38). Voici le commentaire de saint Hilaire de Poitiers (+ 367) : « car ceux qui appartiennent au Christ ont crucifié leur corps avec ses péchés et ses convoitises (cf. Ga 5, 24). Nul n'est digne du Christ s'il ne porte pas sa croix, par laquelle nous partageons la passion, la mort, la sépulture et la résurrection du Seigneur. Nul n'est digne de lui s'il ne suit pas le Seigneur afin de vivre de la nouveauté de l'Esprit dans ce mystère de foi.

« Qui a trouvé sa vie / la perdra ;
qui perdra sa vie à cause de moi / la trouvera »
(Mt 10, 39).

Saint Hilaire de Poitiers : « Il faut clouer ses péchés à la croix du Seigneur ; il faut sauvegarder la liberté de proclamer glorieusement la foi en répondant aux persécuteurs par le mépris des choses présentes ».

Saint Jean Chrysostome (est mort en 407 après avoir été archevêque de Constantinople) commente la lettre aux Romains lue en 2e lecture : « Il y a en effet différentes espèces de morts : l'une est la mort du corps, selon laquelle Abraham était mort, et ne l'était point: car il est écrit: « Dieu n'est point le Dieu des morts, mais des vivants » (Mt 22,32) ; l'autre est la mort de l'âme, à laquelle le Christ fait allusion quand il dit : « Laissez les morts ensevelir leurs morts» (Mt 8,22) Il y en a une troisième qu'il faut louer, et qui est le fruit de la sagesse; celle dont Paul a dit : ‘Notre vieil homme à été crucifié’ (Rm 6,6) » [3].

« Qui vous accueille / m’accueille ;
et qui m’accueille / accueille Celui qui m’a envoyé » (Mt 10, 40).

Saint Hilaire de Poitiers [4] : « Et ainsi, celui qui reçoit les Apôtres, reçoit le Christ. Or, celui qui reçoit le Christ, reçoit Dieu son Père, car dans les Apôtres, il ne reçoit rien d'autre que ce qui est dans le Christ, et il n'y a rien d'autre dans le Christ que ce qui est en Dieu ».

Continuons la méditation de l’évangile. Quiconque rendra service à un prophète, un simple lanceur d’alerte, « reçoit une récompense de prophète ». Pensons-y. Quiconque rendra service à un disciple, à quelqu’un qui continue de rappeler publiquement les commandements de Dieu, « ne perdra pas sa récompense ».

Revenons au verset : « Quiconque ne prend pas sa croix et ne me suit pas / n’est pas digne de moi » (Mt 10, 38). Nous sommes habitués à parler de la croix, mais l’image est très forte et elle a dû choquer les auditeurs de Jésus. Chers auditeurs, à la fin de cette émission, je voudrais vous faire réfléchir au film de Mel Gibson sur la Passion du Christ (2004) et à ce que cache le vif intérêt manifesté dans les pays arabes par ce film. Le Président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, l’avait qualifié d’« émouvant et historique » [5]. Au Qatar, Ahmad Ali, l’éditeur du quotidien Al-Watan, loue la « politique d’ouverture » du prince qatariote : « La projection du film [de Mel Gibson] au Qatar est un pas en avant vers la politique d’ouverture culturelle et la tolérance religieuse dans notre pays. Toutefois, nous désirons entendre l’autre point de vue, celui du Ministère des Affaires Islamiques… parce que le silence de ce Ministère à propos de la diffusion du film au Qatar pourrait être interprété comme une acceptation de la version [chrétienne] erronée de la crucifixion de ‘Issa (Jésus) »[6].

L’intérêt pour le film de Mel Gibson vient du fait que l’on voit le Diable (Iblis pour les musulmans), très personnifié dans le film, perdre son pouvoir à cause du sang versé d’Al Massih (le Messie). Le Diable « Prince de ce monde », tient les gens dans la chaîne du mal : il les attaque à la fois de l’extérieur (injustices, maladies, malheurs) et de l’intérieur : il incite les gens à détruire à leur tour les autres ou à s’autodétruire. Le Diable (Iblis pour les musulmans) n’arrive pas à entraîner Jésus (‘Issa pour les musulmans) qui demeure innocent, alors, il va concentrer tout le mal du monde contre lui. Jésus (‘Issa pour les musulmans) retourne ce mal en une souffrance offerte : il donne sa vie jusqu’à la dernière goutte de son sang ! Et ainsi, il a déjoué le Diable-Iblis et il a brisé la chaîne du mal.

Jésus a versé son sang pour que le sang humain ne soit plus versé. C’est par une inversion morbide que certains font couler le sang « des insoumis » comme un acte cultuel rendu à Dieu. Le sang de Jésus purifie le monde.

Ceux qui exaltent la violence et la mort continuent le travail de Shaytan, tout en prétendant purifier le monde !

Le vrai « martyr » (shayd) est celui qui donne sa vie pour les autres et non pas celui qui perd sa vie après avoir essayé de tuer le plus possible d’ennemis de Dieu.

https://www.issa-al-massiah-messiah-messie-messias.com/fr/pages/sortir-de-la-spirale-du-mal/ff-5.html

 

[1] Bi-smi Llāhi r-raḥmāni r-raḥīmi.

[2] Louis CHATELLIER, La religion des pauvres, Aubier, Paris 1993, p. 237

Aujourd’hui, les vœux du baptême que l’on a fait enfant par le parrain et la marraine sont renouvelés lors de la profession de foi et dans la liturgie de la nuit pascale.

[3] Saint Jean Chrysostome sur la lettre aux Romains § 1105

[4] Saint Hilaire de Poitiers, Commentaire de saint Matthieu, ad loc.. Source chrétienne 254.

[5] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), 21 mars 2004

[6] Al-Watan (Qatar) 22 mars 2004

Date de dernière mise à jour : 06/07/2023