12e dimanche - Temps Ordinaire

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Voici pour mémoriser le texte de l'évangile de ce jour en vue d'une récitation orale avec reprises de souffles.

A 12e dimanche du temps ordinaire mt 10 26 33Année A 12e dimanche du temps ordinaire Mt 10, 26 33 (75.67 Ko)

 

1e lecture (Jr 20, 10-13)

Psaume (Ps 68 (69), 8-10, 14.17, 33-35)

2e Lecture (Rm 5, 12-15)

Évangile (Mt 10, 26-33)

1e lecture (Jr 20, 10-13)

« Moi Jérémie, j’entends les calomnies de la foule : ‘Dénoncez-le ! Allons le dénoncer, celui-là, l’Épouvante-de-tous-côtés’. Tous mes amis guettent mes faux pas, ils disent : ‘Peut-être se laissera-t-il séduire... Nous réussirons, et nous prendrons sur lui notre revanche !’ Mais le Seigneur est avec moi, tel un guerrier redoutable : mes persécuteurs trébucheront, ils ne réussiront pas. Leur défaite les couvrira de honte, d’une confusion éternelle, inoubliable. Seigneur de l’univers, toi qui scrutes l’homme juste, toi qui vois les reins et les cœurs, fais-moi voir la revanche que tu leur infligeras, car c'est à toi que j’ai remis ma cause. Chantez le Seigneur, louez le Seigneur : il a délivré le malheureux de la main des méchants. – Parole du Seigneur ». 

Jérémie entre en scène la 13ème année du roi Josias (vers -626). Il est de famille sacerdotale. À cette époque, le roi Josias met en oeuvre sa réforme qui met en valeur la mémoire de l’Exode (dans le livre du Deutéronome), et il profite du déclin de l’Assyrie pour reconquérir les territoires du Nord (autour de Samarie) en vue de reconstituer l’empire de Salomon. Jérémie fait sienne la théologie du Deutéronome et encourage la réforme de Josias. Originaire de la tribu de Benjamin, il est préoccupé par le sort des territoires du Nord qui avaient été déportés en l’an -721 par l’Assyrie ; son rêve est que la conversion et la réforme amène la réunification du royaume du Nord (autour de Samarie) avec le royaume du Sud (autour de Jérusalem) (Jr 30,10-11.18 ; 31,1-22).

En -609, le roi Josias lève une expédition pour essayer d’arrêter les troupes du pharaon Néko qui monte de l’Égypte vers l’Euphrate pour empêcher Babylone d’exterminer ce qui reste des troupes assyriennes. On devine avec quel enthousiasme le roi Josias et le prophète Jérémie partent à cette bataille contre l’Égypte. Il ne manque plus que cette victoire pour achever la célébration du Mémorial de l’Exode ! Mais le roi Josias meurt à Megiddo (2 R 23,24-30 et 2 Ch 35,19-26), en l’an -609. Dans le 2e livre des rois (2 R 23,28-37), il est dit qu’après Josias, le peuple proclame roi « Joachaz, fils de Josias », mais que le pharaon vainqueur lui préfère un autre fils, Joiaqim, et l’établit à sa place (-609). En l’an -605, Nabuchodonosor roi de Babylone vainc les Égyptiens et Joiaqim devient vassal de Babylone.

Jérémie est persécuté parce qu’il annonce la débâcle prochaine, tout à fait prévisible étant donné l’avancée puissante de Nabuchodonosor et sa victoire sur l’Égypte à Karkémish (605). « Moi Jérémie, j’entends les calomnies de la foule : ‘Dénoncez-le ! Allons le dénoncer, celui-là, l’Épouvante-de-tous-côtés’ » (Jr 20, 10). Il annonce en effet l’exil.

Jérémie démasque ce qu’il peut y avoir d’hypocrite et de superficiel dans les plus belles institutions, tout d’abord, la circoncision : « Circoncisez-vous pour le Seigneur, ôtez le prépuce de votre coeur, gens de Juda et habitants de Jérusalem, sinon ma colère jaillira comme un feu » (Jr 4,4) et «  Voici : leur oreille est incirconcise, ils ne peuvent pas être attentifs » (Jr 6,10).  

La réforme religieuse de Josias (en l’an -622) a donné l’exclusivité au Temple de Jérusalem, elle en a fait sa clé de voûte. Or, Jérémie, d’une famille sacerdotale de Silo (au Nord), déclare : « Quoi ! Voler, tuer, commettre l'adultère, se parjurer, encenser Baal, suivre des dieux étrangers que vous ne connaissez pas, puis venir se présenter devant moi en ce Temple qui porte mon nom, et dire : ‘Nous voilà en sûreté !’ pour continuer toutes ces abominations ! A vos yeux, est-ce un repaire de brigands, ce Temple qui porte mon nom ? Moi, en tout cas, je vois clair, oracle du Seigneur ! Allez donc au lieu qui fut le mien, à Silo : autrefois j'y fis habiter mon Nom ; regardez ce que j'en ai fait, à cause de la perversité de mon peuple Israël. Et maintenant, puisque vous avez commis tous ces actes -- oracle du Seigneur --  puisque vous n'avez pas écouté quand je vous parlais instamment et sans me lasser, et que vous n'avez pas répondu à mes appels, je vais traiter ce Temple qui porte mon nom, et dans lequel vous placez votre confiance, ce lieu que j'ai donné à vous et à vos pères, comme j'ai traité Silo » (Jr 7, 9-14). « Allons le dénoncer, celui-là, l’Épouvante-de-tous-côtés’» (Jr 20, 10).

Sa vie sans femme ni enfant est une prophétie de malheur : « Ne prends pas femme; tu n'auras en ce lieu ni fils ni fille! » Car… les enfants « mourront de maladies mortelles, sans être pleurés ni enterrés » (Jr 16, 1-4). « Allons le dénoncer, celui-là, l’Épouvante-de-tous-côtés’» (Jr 20, 10).

Jérémie dénonce les prophètes de la cour (Jr 23) qui disent que « tout ira bien », sans dénoncer les fautes contre la réforme et la Loi d’Alliance. « Allons le dénoncer, celui-là, l’Épouvante-de-tous-côtés’» (Jr 20, 10).

Jérémie prophétise même contre le palais du roi : « Oui, ainsi parle le Seigneur au sujet du palais du roi de Juda : je vais te réduire en désert » (Jr 22, 6), et contre Joiaqim qui, bien que fils de Josias, n’imite pas sa droiture, mais ne cherche que son intérêt : « Il sera enterré comme on enterre un âne ! » (Jr 22, 19). « Allons le dénoncer, celui-là, l’Épouvante-de-tous-côtés’» (Jr 20, 10).

Effectivement, Joiaqim aspire à se libérer du joug babylonien, et s’y prépare, mais Nabuchodonosor lance les représailles et Joiaqim meurt. Son fils Joaqin se rend à Nabuchodonosor et il est exilé à Babylone avec de nombreux notables (année -598). « Ne pleurez pas celui qui est mort, ne le plaignez pas. Pleurez plutôt celui qui est parti, car il ne reviendra plus, il ne verra plus son pays natal »  (Jr 22, 10). « Allons le dénoncer, celui-là, l’Épouvante-de-tous-côtés’» (Jr 20, 10).

À Jérusalem, Nabuchodonosor intronise Sédécias, un autre fils de Josias. Mais ce dernier se laisse entraîner dans une nouvelle rébellion et les représailles sont alors sans pitié. Jérusalem est prise et incen­diée, ainsi que le Temple. Un exil nombreux s’en suit (année -587).

Or Jérémie relativise même l’indépendance nationale en prêchant la soumission à Babylone (29,4). « Allons le dénoncer, celui-là, l’Épouvante-de-tous-côtés’» (Jr 20, 10).

Jérémie emprunte cependant à Isaïe la conviction que dans tout ce qui arrive au peuple, c’est encore Dieu qui agit en Maître et se sert des puissances ennemies comme instruments de sa pédagogie divine (Jr 25, 9).

Autrefois, l’action de Salut de Dieu se lisait au niveau du peuple, et se vérifiait dans la victoire. Elle se lit maintenant au niveau du prophète, et se vérifie dans l’accomplissement de l’exil annoncé.

Évidemment, les gens n’aimaient pas entendre ses oracles, car ce sont des remontrances sévères. Mais rien ne le fera dévier de sa prophétie, pas même sa mise au pilori en l’an 605 (20,2), que la lecture de ce dimanche évoque.

Psaume (Ps 68 (69), 8-10, 14.17, 33-35)

C'est pour toi que j'endure l'insulte, que la honte me couvre le visage,
L'amour de ta maison m'a perdu ; on t'insulte, et l'insulte retombe sur moi.
Et moi, je te prie, Seigneur ; c'est l'heure de ta grâce
dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi, par ta vérité, sauve-moi.

Les pauvres l'ont vu ; ils sont en fête : ‘Vie et bonheur, à vous qui cherchez Dieu !’

Car le Seigneur écoute les humbles, il n'oublie pas les siens emprisonnés.

Que le ciel et la terre le célèbrent, les mers et tout leur peuplement ! 

Nous écoutons d’abord le commentaire de saint Augustin, puis nous prenons un exemple dans les Actes des apôtres, et, troisièmement, un exemple actuel, en Colombie.

« Car c'est à cause de vous que j'ai supporté les opprobres, et que l'ignominie a couvert mon visage ». Ce serait peu de dire : «J'ai supporté»; il va plus loin: « C'est pour vous que j'ai supporté». Souffrir parce que tu as péché, c'est souffrir pour toi, et non pour Dieu. «Quelle gloire vous revient-il, dit saint Pierre, de souffrir parce que vous êtes châtiés à cause de vos péchés ?» Mais souffrir parce que tu as gardé le commandement de Dieu, c'est là souffrir pour Dieu ; et ta récompense t'attend dans l'éternité, parce que c'est pour Dieu que tu as souffert l'outrage. De là vient que Jésus a souffert le premier, afin de nous apprendre à souffrir. […] 
Un homme t'appelle voleur, et tu ne l'es pas ; c'est une injure que tu reçois ; toutefois tu n'es pas tellement innocent qu'il n'y ait en toi rien qui déplaise à Dieu. […] Pourquoi Jésus a-t-il entendu des injures, sinon afin que tu puisses les entendre sans te décourager ? […]

Lorsqu'on t'appelle ‘adorateur d'un crucifié’… rougir alors, c'est mourir. Écoute en effet celui qui ne trompe jamais : « Quiconque rougira de moi devant les hommes, à mon tour je rougirai de lui en présence des anges de Dieu ». Veille donc sur toi ; aie de l'impudence, du front, quand tu entends injurier le Christ ; oui, aie du front. Que peux-tu craindre pour ton front, que tu as muni du signe de la croix ? » [en effet, les premier chrétiens se marquaient le front du signe de la croix, comme aujourd’hui encore en Égypte, sur le poignet, à l’inverse de l’Apocalypse qui annonce une marque de la bête sur le front]. "
Je suis devenu étranger à mes propres frères, j'ai été méconnu par les fils de ma mère". […] Pourquoi m'ont-ils traité comme un étranger ? Comment ont-ils bien osé dire : "Nous ne savons d'où il est ?" Parce que "le zèle de votre maison m'a dévoré" ; c'est-à-dire, parce que j'ai poursuivi en eux leurs iniquités, parce qu'au lieu de les supporter patiemment, je les ai repris… » (Saint Augustin, sur le psaume 68) 

Cher auditeurs, prenons maintenant un exemple dans le Nouveau Testament. Peu après la Passion de Jésus, Pâques et la Pentecôte,

Le grand prêtre, avec tous ceux de son entourage, le parti des Sadducéens,  pleins d'animosité, mirent la main sur les apôtres et les jetèrent dans la prison publique. « 19 Mais pendant la nuit l'Ange du Seigneur ouvrit les portes de la prison et, après les avoir conduits dehors, leur dit : 20 "Allez annoncer hardiment au peuple dans le Temple tout ce qui concerne cette Vie là." 21 Dociles à ces paroles, ils entrèrent au Temple dès le point du jour et se mirent à enseigner.

Cependant le grand prêtre arriva avec ceux de son entourage. On convoqua le Sanhédrin [le même qui condamna Jésus quelques mois auparavant !] et tout le Sénat des Israélites et on fit chercher les apôtres à la prison. 22 Mais les satellites, rendus sur place, ne les trouvèrent pas dans la prison. Ils revinrent donc annoncer : 23 "Nous avons trouvé la prison soigneusement fermée et les gardes en faction aux portes. Mais quand nous avons ouvert, nous n'avons trouvé personne à l'intérieur." 24 A cette nouvelle, le commandant du Temple et les grands prêtres, tout perplexes à leur sujet, se demandaient ce que cela pouvait bien signifier. 25 Survint alors quelqu'un qui leur annonça : "Les hommes que vous avez mis en prison, les voilà qui se tiennent dans le Temple et enseignent le peuple."

26 Alors le commandant du Temple partit avec ses hommes et ramena les apôtres, mais sans violence, car ils craignaient le peuple, qui aurait pu les lapider. 27 Les ayant donc amenés, ils les firent comparaître devant le Sanhédrin. Le grand prêtre les interrogea [le même qui avait interrogé Jésus] : 28 "Nous vous avions formellement interdit d'enseigner en ce nom-là. Or voici que vous avez rempli Jérusalem de votre doctrine ! Vous voulez ainsi faire retomber sur nous le sang de cet homme-là !" 29 Pierre répondit alors, avec les apôtres : "Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. 30 Le Dieu de nos pères a ressuscité ce Jésus que vous, vous aviez fait mourir en le suspendant au gibet. 31 C'est lui que Dieu a exalté par sa droite, le faisant Chef et Sauveur, afin d'accorder par lui à Israël la repentance et la rémission des péchés » (Actes  5)

Nous sommes maintenant mûrs pour entendre un exemple actuel. En Colombie.

Quand Miguel (pseudonyme) a quitté le groupe paramilitaire de l’ELN (Armée de libération nationale) dont il était l’un des commandants, pour servir Jésus, il est passé du camp des persécuteurs à celui des persécutés : «Dans tous les villages de ma région, les paramilitaires ont commencé à tuer les pasteurs et à fermer les églises. Ils ont tué tous ceux qu’ils voyaient prêcher. C’était parce que nous évangélisions des gens qui étaient membres de ces groupes armés, qui étaient même commandants, et qui sont aujourd’hui devenus pasteurs.»

Parce qu’ils prêchaient l’Évangile, Miguel et ses nouveaux amis chrétiens devaient se réunir en secret dans des maisons, jusqu’à ce que l’armée régulière vienne déloger les guérilleros : «Nous ne pouvions pas frapper des mains ni chanter des louanges. Nous prêchions à voix basse pour qu’ils ne nous entendent pas.» Aujourd’hui, Miguel continue à servir Jésus, au risque d’être attaqué par ses anciens comparses : «J’aime porter la Parole et je le ferai jusqu’à ce que le Seigneur revienne.»

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2e Lecture (Rm 5, 12-15)

« Frères, nous savons que par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et que par le péché est venue la mort ; et ainsi, la mort est passée en tous les hommes, étant donné que tous ont péché. Avant la loi de Moïse, le péché était déjà dans le monde, mais le péché ne peut être imputé à personne tant qu’il n’y a pas de loi. Pourtant, depuis Adam jusqu’à Moïse, la mort a établi son règne, même sur ceux qui n’avaient pas péché par une transgression semblable à celle d’Adam. Or, Adam préfigure celui qui devait venir. Mais il n'en va pas du don gratuit comme de la faute. En effet, si la mort a frappé la multitude par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu s’est-elle répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ. – Parole du Seigneur. » 

L’Occident a connu une organisation chrétienne pendant des siècles. Ce n’était pas parfait, mais les valeurs chrétiennes et les commandements de Dieu étaient admis par tous, comme une référence commune. Largement déchristianisées, les populations occidentales vivent encore sur cet héritage de sorte que beaucoup sont incapables d’imaginer qu’il puisse y avoir un mystère d’iniquité, et des méchancetés diaboliques agissantes. Nous avons besoin de réentendre ce dont les premières générations chrétiennes étaient très conscientes : comme l’a dit Jésus lui-même, Satan est le Prince de ce monde (Jn 14, 30). Et saint Paul affirme l’emprise mondiale du péché originel. Et l’immense besoin que l’humanité a d’en être guéri et libéré par Jésus Christ, notre Sauveur.

La doctrine du concile de Trente sur le péché originel s’appuie d’abord sur la lettre de saint Paul aux Romains qu’il cite abondamment, sans citer le récit de la Genèse.

Ce concile répond à deux hérésies opposées.

L’erreur ancienne est l’erreur de Pélage au cinquième siècle : « Pélage tenait que l’homme pouvait, par la force naturelle de sa volonté libre, sans l’aide nécessaire de la grâce de Dieu, mener une vie moralement bonne ; il réduisait ainsi l’influence de la faute d’Adam à celle d’un mauvais exemple » (CEC 406).

Cette erreur est encore très actuelle, nous la retrouvons, sous d’autres appellations dans une foule de spiritualismes qui partagent l’idée de se sauver par soi-même, de se vivifier, d’atteindre un état supérieur, sans Jésus, sans son évangile, sans les sacrements qu’il a institués.

Le deuxième Concile d’Orange, en l’an 529, avait répondu en parlant du péché originel, d’un « état pire », d’un « esclavage » (Rm 6, 16), de la « mort corporelle » comme « peine due au péché » et de la « mort de l’âme, qui par un seul homme a passé dans tout le genre humain » (Rm 5, 12) [1].

Le concile de Trente reprend cet enseignement, avec ses deux mots-clés « état pire » et « mort de l’âme ». Autrement dit, le péché originel n’est un péché qu’au sens analogique, c’est plutôt un « état », c’est à la fois une corruption (qui amène la mort du corps) et une tache morale (la mort de l’âme).

C’est donc une erreur de dire qu’Adam « n’a nui qu’à lui seul et non à sa descendance ». C’est aussi une erreur de dire qu’il « n’a transmis que la mort mais non pas le péché, qui est la mort de l’âme ». En effet, l’Apôtre dit : "Par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et par le péché, la mort et ainsi la mort a passé dans tous les hommes, tous ayant péché en lui" Rm 5,12 » (Cf. Canon 2 du concile de Trente, DS 1512).

Le concile de Trente (Canon 3) s’oppose à l’erreur de Pélage et de ceux qui pensent que nos propres forces suffisent à enlever le « péché d’Adam » (le péché originel) : nous avons besoin du « remède » apporté par « le mérite de l’unique médiateur notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a réconciliés avec Dieu dans son sang Rm 5,9 s, "devenu pour nous justice, sanctification et Rédemption" 1Co 1,30 ».  

« Car "il n’est pas d’autre nom sous le ciel qui ait été donné aux hommes par lequel nous devons être sauvés" Ac 4,12. D’où cette parole : "Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde" Jn 1,19, et celle-ci : "Vous tous qui avez été baptisés, vous avez revêtu le Christ" Ga 3, 27 » (DS 1513). Vous le constatez, le concile de Trente est un résumé du Nouveau Testament, un patchwork de citations bibliques.

Le concile de Trente (Canon 3) précise que ce mérite de Jésus Christ est appliqué « aussi bien aux adultes qu’aux enfants » par le baptême.  En conséquence, l’Eglise baptise les petits enfants (DS 1514), ce que beaucoup de gens ne comprennent plus.

Le concile de Trente parle d’une propagation héréditaire : Adam n’a pas perdu son état premier pour lui-même seulement. Et c’est en regardant le Christ que l’on comprend ce que l’on a perdu. Bien sûr, la propagation du péché originel demeure un mystère. Le récent catéchisme de l’Église catholique donne un résumé : « Cependant, la transmission du péché originel est un mystère que nous ne pouvons pas comprendre pleinement. Mais nous savons par la Révélation qu’Adam avait reçu la sainteté et la justice originelles non pas pour lui seul, mais pour toute la nature humaine : en cédant au tentateur, Adam et Eve commettent un péché personnel, mais ce péché affecte la nature humaine qu’ils vont transmettre dans un état déchu (cf. Cc. Trente: DS 1511-1512) » (CEC 404).

Le concile de Trente se trouve aussi face aux réformateurs protestants qui « enseignaient que l’homme était radicalement perverti et sa liberté annulée par le péché des origines ; ils identifiaient le péché hérité par chaque homme avec la tendance au mal ("concupiscentia"), qui serait insurmontable » (CEC 406). En conséquence, les protestants ne voyaient (et ne voient encore) le salut qu’à la manière d’un vêtement extérieur, le fond de l’homme demeurant mauvais. C’est grave de penser cela.

En réponse aux protestants, le concile de Trente précise soigneusement que la tendance au mal ne doit pas être confondue avec l’état déchu de notre nature après le péché originel. L’état déchu ne peut pas être vaincu par l’homme, mais la tendance au mal (la concupiscence) n’est pas un état insurmontable. Elle n’est qu’une conséquence du péché originel et elle incline au péché personnel, elle n’est pas proprement péché : elle peut et doit être combattue. Pour le dire simplement, ce n’est pas parce qu’on a une mauvaise pensée que l’on est mauvais, mais chacun peut et doit combattre la mauvaise pensée. « Que la concupiscence ou le foyer du péché demeure chez les baptisés, ce saint concile le confesse et le pense ; cette concupiscence étant laissée pour être combattue, elle ne peut nuire à ceux qui n’y consentent pas et y résistent courageusement par la grâce du Christ. Bien plus, "celui qui aura lutté selon les règles sera couronné" 2Tm 2,5. » (Concile de Trente, canon 5, DS 1515).

Évangile (Mt 10, 26-33)

Jésus disait à ses disciples :
« Par conséquent, / n’ayez pas peur d’eux [les hommes] ;

rien n’est voilé qui ne sera révélé, / rien n’est caché qui ne sera connu.

Ce que je vous dis dans les ténèbres, / dites-le en pleine lumière ;

ce que vous entendez dans vos oreilles, / proclamez-le sur les toits.

N’ayez pas peur de ceux qui tuent le corps / sans pouvoir tuer l’âme ;

ayez peur plutôt de celui qui peut faire périr / l’âme et le corps dans la Géhenne.

Deux moineaux ne sont-ils pas vendus / pour un sou ?

Et pas un d’entre eux, sans votre Père, / ne tombe à terre

Quant à vous, même les cheveux de votre tête / sont tous comptés.

N’ayez pas peur : / vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux.

Quiconque se déclarera pour moi / devant les hommes,
je me déclarerai aussi pour lui / devant mon Père qui est aux cieux.

Celui qui me reniera / devant les hommes,

moi aussi je le renierai / devant mon Père qui est aux cieux. »

Observation sur la traduction : « Et pas un d’entre eux, sans votre Père, ne tombe à terre » : en araméen, en grec ou en latin , il n’y a pas de volonté du Père dans la mort ou la chute de quiconque. Le père connaît ou accompagne même les oiseaux dans leur vie et leur mort, mais il ne veut la mort de personne.

Après avoir annoncé les persécutions (Mt 10, 17-25), Jésus invite à ne pas avoir peur des hommes. L’hypothèse d’une structure de l’évangile de Matthieu en « collier à pendentif » situe ce passage en écho à la simplicité avec laquelle la sainte Famille présenta Jésus aux mages venus de loin, puis à la prudence de ces derniers qui retournent chez eux par un autre chemin et comment Joseph fut averti en songe et aussitôt il se leva, prit l’enfant et sa mère, et partit en Égypte (Mt 2, 1-23). Dans les persécutions, l’aide des anges indique le chemin protecteur, jusqu’à l’heure de Dieu.

Ici, les propos de Jésus sont d’abord un encouragement pour les disciples : leur témoignage, même s’il commence dans le secret d’une chambre, aura du succès : rien n’arrête la vérité.

Jésus ne dit pas que les disciples ne seront pas mis à mort, il dit que Dieu veille sur leur personne… Il ne parle pas de l’immortalité de l’âme, mais il suggère une vie après la mort du corps. Il faut aaaa celui qui a le pouvoir de jeter dans la Géhenne (l’enfer de Satan).

Nous allons maintenant donner le récit du martyre de saint Polycarpe, qui fut disciple de saint Jean.

« Nous vous écrivons, frères, au sujet des martyrs et du bienheureux Polycarpe, qui, par son martyre, a pour ainsi dire mis le sceau à la persécution en la faisant cesser. Presque tous les événements antérieurs sont arrivés pour que le Seigneur nous montre encore une fois un martyre conforme à l'Évangile. Comme le Seigneur, en effet, Polycarpe a attendu d'être livré, pour que nous aussi nous soyons ses imitateurs, sans regarder seulement à notre intérêt, mais aussi à celui du prochain (cf. Ph 2, 4). Car c'est le fait d'une charité vraie et solide que de ne pas chercher seulement à se sauver soi-même, mais aussi à sauver tous les frères. » (Martyre de Polycarpe 1)

« Le proconsul dit : "J'ai des bêtes, et je te livrerai à elles si tu ne changes pas d'avis." Il dit : "Appelle-les, il est impossible pour nous de changer d'avis pour passer du mieux au pire, mais il est bon de changer pour passer du mal à la justice."
Le proconsul lui répondit : "Je te ferai brûler par le feu puisque tu méprises les bêtes, si tu ne changes pas d'avis." Polycarpe lui dit : " Tu me menaces d'un feu qui brûle un moment et peu de temps après s'éteint ; car tu ignores le feu du jugement à venir et du supplice éternel réservé aux impies. Mais pourquoi tarder ? Va, fais ce que tu veux". »  (Martyre de Polycarpe 11)

« Quand le bûcher fut prêt, il déposa lui-même tous ses vêtements et détacha sa ceinture, puis il voulut se déchausser lui-même : il ne le faisait pas auparavant, parce que toujours les fidèles s'empressaient à qui le premier toucherait son corps : même avant son martyre, il était toujours entouré de respect à cause de la sainteté de sa vie. Aussitôt donc, on plaça autour de lui les matériaux préparés pour le bûcher ; comme on allait l'y clouer, il dit : "Laissez-moi ainsi : celui qui me donne la force de supporter le feu, me donnera aussi, même sans la protection de vos clous, de rester immobile sur le bûcher". » (Martyre de Polycarpe 13)

« Levant les yeux au ciel, il dit : "Seigneur, Dieu tout-puissant, Père de ton enfant bien-aimé Jésus-Christ, par qui nous avons reçu la connaissance de ton nom, Dieu des anges, des puissances, de toute la création, et de toute la race des justes qui vivent en ta présence, je te bénis pour m'avoir jugé digne de ce jour et de cette heure, de prendre part au nombre de tes martyrs, au calice de ton Christ, pour la résurrection de la vie éternelle de l'âme et du corps, dans l'incorruptibilité de l'Esprit- Saint. Avec eux, puissé-je être admis aujourd'hui en ta présence comme un sacrifice gras et agréable, comme tu l'avais préparé et manifesté d'avance, comme tu l'as réalisé, Dieu sans mensonge et véritable. Et c'est pourquoi pour toutes choses je te loue, je te bénis, je te glorifie, par le grand prêtre éternel et céleste Jésus-Christ, ton enfant bien-aimé, par qui soit la gloire à toi avec lui et l'Esprit-Saint maintenant et dans les siècles à venir". » (Martyre de Polycarpe 14)

« Quand il eut fait monter cet Amen et achevé sa prière, les hommes du feu allumèrent le feu. Une grande flamme brilla, et nous vîmes une merveille, nous à qui il fut donné de le voir, et qui avions été gardés pour annoncer aux autres ces événements. Le feu présenta la forme d'une voûte, comme la voile d'un vaisseau gonflée par le vent, qui entourait comme d'un rempart le corps du martyr ; il était au milieu, non comme une chair qui brûle, mais comme un pain qui cuit, ou comme de l'or ou de l'argent brillant dans la fournaise. Et nous sentions un parfum pareil à une bouffée d'encens ou à quelque autre précieux aromate. » (Martyre de Polycarpe 15).

 

[1] CONCILE D’ORANGE, Canon 1 et 2 ; Denziger (DS) 371-372.

Date de dernière mise à jour : 22/06/2023