Dimanche de la Sainte Trinité

Logo radio esperance

Télécharger le texte de l'évangile de ce dimanche pour une récitation orale

Evangile du dimanche de la sainte trinite jn 3 17 18Evangile du dimanche de la Sainte Trinité : Jn 3, 17-18 (56.73 Ko)

 

Solennité de la Sainte Trinité

Première lecture (Ex 34, 4b-6.8-9)

Cantique (Dn 3, 52, 53, 54, 55, 56)

Deuxième lecture (2 Co 13, 11-13)

Évangile (Jn 3, 16-18)

Première lecture (Ex 34, 4b-6.8-9)

« En ces jours-là, Moïse se leva de bon matin, et il gravit la montagne du Sinaï comme le Seigneur le lui avait ordonné. Il emportait les deux tables de pierre. Le Seigneur descendit dans la nuée et vint se placer là, auprès de Moïse. Il proclama son nom qui est : LE SEIGNEUR [c’est le tétragramme que nous prononçons Seigneur] Il passa devant Moïse et proclama : ‘LE SEIGNEUR, LE SEIGNEUR, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité’. Aussitôt Moïse s’inclina jusqu’à terre et se prosterna. Il dit : ‘S’il est vrai, mon Seigneur, que j’ai trouvé grâce à tes yeux, daigne marcher au milieu de nous. Oui, c’est un peuple à la nuque raide ; mais tu pardonneras nos fautes et nos péchés, et tu feras de nous ton héritage’. » – Parole du Seigneur.

Qui est Moïse ? Moïse guide le peuple et il intercède pour le peuple. C’est un homme de prière. Il prie pour le pharaon lorsque Dieu, avec les plaies, tentait de convertir le cœur des Égyptiens (cf. Ex 8-10) ; il prie quand le feu va dévorer le campement (cf. Nb 11, 1-2), il s’adresse au Seigneur et réagit en protestant quand le poids de sa mission devient trop lourd (cf. Nb 11, 10-15) ; il demande au Seigneur la guérison de sa sœur Marie frappée par la lèpre (cf. Nb 12, 9-13), il intercède pour le peuple qui s’était rebellé, effrayé par le compte-rendu des explorateurs (cf. Nb 14, 1-19), et il intercède quand les serpents venimeux font un massacre (cf. Nb 21, 4-9) ; il voit Dieu et parle avec Lui « face à face, comme un homme parle à son ami » (cf. Ex 24, 9-17; 33, 7-23; 34, 1-10. 28-35). Alors que le Seigneur, sur le mont, donne la Loi à Moïse, au pied de la montagne, le peuple la transgresse. Lassé d’un chemin avec un Dieu invisible, à présent que Moïse s’est absenté, le peuple demande une présence tangible, perceptible, du Seigneur, et il trouve dans le veau de métal fondu fait par Aaron, un dieu rendu accessible, manœuvrable, à la portée de l’homme. Le Seigneur réagit et ordonne à Moïse de descendre de la montagne, en lui révélant ce que fait son peuple et en terminant par ces mots : « Ma colère va s’enflammer » (Ex 32, 10). Dieu dit cela précisément pour que Moïse intervienne et lui demande de ne pas le faire [[1]]. En effet, aussitôt, « Moïse s'efforça d'apaiser le Seigneur son Dieu et dit : "Pourquoi, Seigneur, ta colère s'enflammerait-elle contre ton peuple que tu as fait sortir d'Égypte par ta grande force et ta main puissante ? Pourquoi les Égyptiens diraient-ils : C'est par méchanceté qu'il les a fait sortir, pour les faire périr dans les montagnes et les exterminer de la face de la terre ? Reviens de ta colère ardente et renonce au mal que tu voulais faire à ton peuple » (Ex 32, 11-12) Et Moïse brise les tables de la Loi (celles qui avait été écrites du doigt de Dieu » Ex 31, 18). Et Moïse prie encore en disant : « "Fais-moi de grâce voir ta gloire." Et il dit : "Je ferai passer devant toi toute ma beauté et je prononcerai devant toi le nom de, [nous avons ici le tétragramme que nous lisons Seigneur plutôt que Yahvé]. Je fais grâce à qui je fais grâce et j'ai pitié de qui j'ai pitié." "Mais, dit-il, tu ne peux pas voir ma face, car l'homme ne peut me voir et vivre." » (Ex 33, 18-20) Ensuite, le Seigneur lui demande « Taille deux tables de pierre semblables aux premières, monte vers moi sur la montagne, et j'écrirai sur les tables les paroles qui étaient sur les premières tables que tu as brisées » (Ex 34, 1) Et nous arrivons à la lecture de cette dimanche. « Moïse se leva de bon matin, et il gravit la montagne du Sinaï comme le Seigneur le lui avait ordonné. Il emportait les deux tables de pierre. »

« En cette solennité, la liturgie nous incite à louer Dieu non simplement pour une merveille accomplie par Lui, mais pour sa manière d'être ; pour la beauté et la bonté de son être, qui détermine son action. Nous sommes invités à contempler, pour ainsi dire, le Cœur de Dieu, sa réalité la plus profonde, qui est celle d'être Unité dans la Trinité, totale et profonde Communion d'amour et de vie. Toute la Sainte Écriture nous parle de Lui. Plus encore, c'est Lui-même qui nous parle de Lui dans les Écritures et se révèle, comme Créateur de l'univers et Seigneur de l'histoire. Aujourd'hui, nous avons écouté un passage du Livre de l'Exode dans lequel - chose tout à fait exceptionnelle - Dieu proclame son propre nom ! Il le fait en présence de Moïse, avec lequel il parlait face à face, comme avec un ami. Et quel est ce nom de Dieu ? À chaque fois il est émouvant de l'entendre : "[le tétragramme que nous lisons Seigneur], Seigneur, Seigneur, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité" (Ex 34, 6). Ce sont des paroles humaines, mais suggérées et presque prononcées par l'Esprit Saint. Elles nous disent la vérité sur Dieu : elles étaient vraies hier, elles sont vraies aujourd'hui et elles seront toujours vraies ; elles nous font voir avec les yeux de l'esprit le visage de l'Invisible, elles nous disent le nom de l'Ineffable. Ce nom est Miséricorde, Grâce, Fidélité » (Benoit XVI, 17 mai 2008)

Chers auditeurs, c’est l’occasion de revisiter pour nous la belle prière de Marie, le Magnificat au moment de la visitation chez sa parente Élisabeth, l’une et l’autre étant enceinte à ce moment. Le Magnificat est une prière trinitaire parce que Marie loue le Père, tandis qu’elle porte en son sein l’enfant Jésus, le Fils de Dieu, et que sa simple présence produit une effusion du Saint Esprit en Élisabeth, sa parente.
« 46. Et Marie dit :
 
Mon âme exalte le SEIGNEUR, / 47. et se réjouit mon esprit en Dieu, celui qui me vivifie,
48. car il a porté son regard / sur l’humilité de sa servante.
voici en effet, désormais, / toutes les générations me diront bienheureuse 
49. car il a fait pour moi de hauts faits, lui qui est Puissant / et son nom est Saint. 
50. Et sa tendresse s’étend d’âge en âge / sur ceux qui le craignent.

51. Il a réalisé la victoire par son bras ; / et dispersé ceux qui s’enflent des pensées de leur cœur.
52. Il a renversé les potentats des trônes / et il a élevé les humbles.
53. Les affamés, / il les a rassasiés de bonnes choses.
Et les riches / il les a renvoyés à vide.
54. Il a secouru Israël, son serviteur, / et il s’est souvenu de sa tendresse
55. comme il l’avait dit à nos pères, / avec Abraham et sa postérité pour toujours » (Lc 1, 46-55).

« Marie ne parlait pas d'elle-même, elle ne parlait jamais d'elle-même, mais toujours de Dieu, et elle l'a fait avec ce nom si ancien et toujours nouveau : miséricorde, qui est synonyme d'amour, de grâce. C'est là toute l'essence du christianisme, parce que c'est l'essence de Dieu lui-même. Dieu est Un car il est tout entier et seulement Amour, mais précisément en étant amour, il est ouverture, accueil, dialogue ; et dans sa relation avec nous, hommes pécheurs, Il est miséricorde, compassion, grâce, pardon. Dieu a tout créé pour l'existence et sa volonté est toujours et uniquement vie. [Nous lirons ce dimanche], dans l'Évangile de Jean : "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle" (Jn 3, 16). « Dans ce don de soi de Dieu dans la personne du Fils, toute la Trinité est à l'œuvre: le Père qui met à notre disposition ce qu'il a de plus cher ; le Fils qui, consentant avec le Père, se dépouille de sa gloire pour se donner à nous ; l'Esprit qui sort du baiser divin pacifique pour irriguer les déserts de l'humanité. Pour cette œuvre de sa miséricorde, Dieu, en se disposant à prendre notre chair, a voulu avoir besoin d'un "oui" humain, du "oui" d'une femme qui devienne la Mère de son Verbe incarné, Jésus, le Visage humain de la Divine Miséricorde » (Benoit XVI, 17 mai 2008). .

Cantique (Dn 3, 52, 53, 54, 55, 56)

« Béni sois-tu, Seigneur, Dieu de nos pères : R/ Béni soit le nom très saint de ta gloire : R/ Béni sois-tu dans ton saint temple de gloire : R/ Béni sois-tu sur le trône de ton règne : R/ Béni sois-tu, toi qui sondes les abîmes : R/ Toi qui sièges au-dessus des Kéroubim : R/ Béni sois-tu au firmament, dans le ciel, R/ »

« Dieu de nos pères », Dieu a parlé et s’est révélé dans l’histoire.

Son nom est très saint, c’est un nom de gloire. Il est dans son saint temple, dans la pensée biblique, le temple de la terre est bâti sur le modèle du temple céleste. Dieu est entouré de la louange des anges et des saints dans le Ciel.

Il est sur le trône de son règne, comme l’avait vu le prophète Isaïe le jour de sa vocation (Is 6), alors que le pays commence à être balloté au gré des grands Empires qui se font et se défont (empire babylonien, puis perse, grec, romain…), le Seigneur Dieu, le Dieu de nos Pères, est Roi, il est le souverain maître de l’histoire.

Il sonde les abîmes, c’est-à-dire les pensées secrètes, les intentions, les motivations, les abîmes de la psychologie et même de la psychiatrie, où l’homme ne se comprend pas lui-même.

Il est au-dessus des kéroubim. Initialement, les kéroubim portaient les semences des arbres. Le nom « kéroubim » désigne les anges (les chérubins). Dieu est au-dessus des anges. Les anges ont une grande intelligence, une vaste connaissance et les bons anges sont remplis de sagesse, mais ils n’ont pas créé le monde, ils n’en soutiennent pas l’existence. De plus, une partie des anges a suivi Lucifer, Satan, dans sa révolte, de sorte que certains des anges ne sont pas bons, et font payer très cher les services que l’homme leur demande, d’où la crainte à leur égard dans toutes les traditions religieuses. Nous devons nous adresser à Dieu qui est au-dessus des anges. Cependant, l’Église autorise de prier l’ange gardien, ou saint Michel, saint Gabriel ou saint Raphaël qui nous sont connus dans la Bible, en particulier dans les livres de Daniel et de Tobit.

Ainsi :

« Béni sois-tu, Seigneur, Dieu de nos pères : R/ Béni soit le nom très saint de ta gloire : R/ Béni sois-tu dans ton saint temple de gloire : R/ Béni sois-tu sur le trône de ton règne : R/ Béni sois-tu, toi qui sondes les abîmes : R/ Toi qui sièges au-dessus des Kéroubim : R/ Béni sois-tu au firmament, dans le ciel, R/ »

En illustration et pour approfondir, nous pouvons lire une méditation de sainte Élisabeth de la Trinité. Tout d’abord, un mot sur sa vie. Elle est née en 1880 dans une famille chrétienne. Elle développe très vite un attrait pour la prière et montre le désir de devenir religieuse au sein du Carmel. Dans un premier temps, sa mère s'oppose à sa vocation, mais lors d'une visite au Carmel de Tarbes (Hautes Pyrénées), son cœur est touché par la joie d'une jeune religieuse. Progressivement, elle acceptera la vocation d’Élisabeth pour y consentir définitivement à condition qu'elle rentre au Carmel lorsqu'elle sera majeure, en 1901. Élisabeth meurt à l'âge de 26 ans. Elle a été canonisée en 2016 et elle est vénérée dans l’église Saint-Michel de Dijon. Voici sa treizième oraison [2] :

« Une louange de gloire, c’est une âme qui demeure en Dieu, qui l’aime d’un Amour pur et désintéressé, sans se rechercher dans la douceur de cet Amour, qui l’aime par-dessus tous ses dons et quand même elle n’aurait rien reçu de Lui, et qui désire du bien à l’Objet ainsi aimé.
Or comment désirer et vouloir effectivement du bien à Dieu si ce n’est en accomplissant sa volonté, puisque cette volonté ordonne toutes choses pour sa plus grande gloire ? Donc cette âme doit s’y livrer pleinement, éperdument, jusqu’à ne plus vouloir autre chose que ce que Dieu veut.
Une louange de gloire, c’est une âme de Silence qui se tient comme une lyre sous la touche mystérieuse de l’Esprit Saint afin qu’il en fasse sortir des harmonies divines
Elle sait que la souffrance est une corde qui produit des sons plus beaux encore, aussi elle aime la voir à son instrument afin de remuer plus délicieusement le cœur de son Dieu.
Une louange de gloire, c’est une âme qui fixe Dieu dans la foi et la simplicité : c’est un réflecteur de tout ce qu’il est ; c’est comme un abîme sans fond dans lequel il peut s’écouler, s’épancher ; c’est aussi comme un cristal au travers duquel il peut rayonner et contempler toutes ses perfections et sa propre splendeur.
Une âme qui permet ainsi à l’être divin de rassasier en elle son besoin de communiquer ‘tout ce qu’il est et tout ce qu’il a’, est en réalité la louange de gloire de tous ses dons.
Enfin, une louange de gloire est un être toujours dans l’action de grâces. Chacun de ses actes, de ses mouvements, chacune de ses pensées, de ses aspirations, en même temps qu’ils l’enracinent plus profondément en l’Amour, sont comme un écho du Sanctus éternel.
Dans le ciel de son âme, la louange de gloire commence déjà son office de l’éternité.
Son cantique est ininterrompu, car elle est sous l’action de l’Esprit Saint qui opère tout en elle ; et quoiqu’elle n’en ait pas toujours conscience, car la faiblesse de la nature ne lui permet pas d’être fixée en Dieu sans distractions, elle chante toujours, elle adore toujours, elle est pour ainsi dire toute passée dans la louange et l’Amour, dans la passion de la gloire de son Dieu…
Un jour le voile tombera, nous serons introduites dans les parvis éternels, et là nous chanterons au sein de l’Amour infini, et Dieu nous donnera le nom nouveau promis au vainqueur…Quel sera-t-il ?….Laudem Gloriae (louange de gloire) ».

Deuxième lecture (2 Co 13, 11-13)

« Frères, soyez dans la joie, cherchez la perfection, encouragez-vous, soyez d’accord entre vous, vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous. Saluez-vous les uns les autres par un baiser de paix. Tous les fidèles vous saluent. Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous. – Parole du Seigneur ».

Cette lecture a été choisie parce qu’elle montre la foi trinitaire des premiers chrétiens à travers une simple formule de bénédiction. « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous ».

C’est l’occasion de rappeler un certain nombre de passages des évangiles qui parlent de la Trinité. Le premier passage est celui de l’Annonciation à Marie, quand l’ange Gabriel lui dit : « L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu » (Lc 1, 35). L’Esprit Saint, le Très Haut, le Fils : c’est la Trinité.

Quand Jésus ressuscité dit aux apôtres : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » (Mt 28, 19)

Quand Jésus ressuscité, juste avant son Ascension, dit aux apôtres : « Et voici que moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Vous donc, demeurez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la force d'en haut » (Luc 24, 49).

Il est caractéristique de l’évangile selon saint Jean que le Père, le Fils et l’Esprit Saint soient désignés clairement comme des Personnes, la première étant distincte de la deuxième et de la troisième, et aussi les trois entre elles. "L’Esprit... vient du Père" (Jn 15, 26) et le Père "donne" l’Esprit (Jn 14, 16). Le Père "envoie" l’Esprit au nom du Fils (Jn 14, 26), l’Esprit "rend témoignage" au Fils (Jn 15, 26). Le Fils demande au Père d’envoyer l’Esprit-Paraclet : « et je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu'il soit avec vous à jamais, l’Esprit de vérité » (Jn 14, 16), mais, par ailleurs, Jésus déclare et promet, en rapport à son "départ" par la Croix : "Si je pars, je vous l’enverrai" (Jn 16,7) ».

Dans l’Ancien Testament, on lit : « Écoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur » (Dt 6, 4). On lit aussi « Ainsi parle le Seigneur, ton rédempteur, celui qui t’a modelé dès le sein maternel, c’est moi, le Seigneur, qui ai fait toutes choses, qui seul ai déployé les cieux, affermi la terre, sans personne avec moi » (Is 44, 24). Ce sont des affirmations du monothéisme. Pour qui connaît l’histoire d’Israël, ces versets ne s’opposent pas à la foi trinitaire, ils s’opposent au culte des idoles. (On parle d’un « monothéisme éthique »).

L’Ancien Testament annonçait déjà une pluralité en Dieu. Quand le Dieu invisible se manifeste sous une forme visible, quand on trouve des pluriels, ou quand une voix s’adresse au Messie à venir… Et, plus fondamentalement, la révélation d’un Dieu personnel qui fait Alliance pose la question de la pluralité en Dieu : si Dieu était une monade solitaire, les hommes lui seraient nécessaires et l’Alliance serait dénaturée.

Cependant, la foi trinitaire fut souvent un scandale pour les Juifs qui accusaient les chrétiens d’être polythéistes. C’est alors que certains ont inventé des doctrines qui contredisent l’Évangile et qui sont beaucoup trop simples, mais qui sont bien pratiques pour éviter la critique. Il y eut principalement trois fausses doctrines.

Une première solution est de dire que le Christ est un homme devenu fils de Dieu par adoption, on appelle cette doctrine l’adoptianisme. 

Une autre solution consiste à confondre le Père et le Fils : on ne reconnaît pas la diversité dans Dieu. Tout d’abord, Noët, un prêtre natif de Smyrne, vers l’an 180, enseignait que c’était Dieu lui-même qui avait été crucifié et était mort sur la croix (patripassianisme). Noët s’appuyait surtout sur « Je suis le Seigneur… sans personne avec moi » (Is 44, 24) La doctrine de Noët fut reprise par Praxéas qui s’appuyait surtout sur « Moi et le Père, nous sommes un » (Jn 10, 30). C’est le monarchianisme, dont découle le patripassianisme. Retenez simplement que l’on a voulu confondre le Père et le Fils.

Une troisième forme de négation de la Trinité vient de Sabellius (vers 250 en Orient) qui explique que les noms du Père, du Fils et du Saint Esprit ne font qu’exprimer les divers aspects (modes) que prend Dieu : c’est le modalisme.

Chers auditeurs, il nous faut revenir à l’évangile dans son entier. Jésus dévoile la Trinité, notamment dans son discours après la Cène : « vous croyez que je suis sorti d’auprès de Dieu » (Jn 16, 27). L’adoptianisme est une erreur. Et Jésus dit : « Lorsque viendra le Paraclet, que je vous enverrai d’auprès du Père » (Jn 15, 26), etc. Ainsi, Jésus et l’Esprit Saint sont sortis de Dieu, et qui dit « sortie », dit aussi « distance et distinction », le monarchianisme de Noët de Praxeas et le modalisme de Sabellius sont des erreurs, inventées pour éviter des critiques de manière simpliste.

Il est important d’annoncer la Trinité, il faut le faire simplement, à partir de l’Évangile et de ce que dit Jésus. Ce n’est pas facile.

Roger Arnaldez parle du dieu musulman comme « une idole monothéiste », c’est un dieu mort, il n’y a pas de vie en lui. Il faut annoncer la Trinité aux musulmans…

L’hindouisme moderne comporte des aspects postchrétiens, avec des contrefaçons de la figure du Sauveur. Le Râmâyana est une épopée où Râma est présenté comme un Sauveur ; le panthéon hindou tend à s’organiser autour d’une triade, la Trimūrti, composée de Brahmā, Vishnou et Shiva, avec une dialectique entre Vishnou, le dieu qui fait vivre et Shiva, le dieu qui détruit. Cette triade est apparue après la première évangélisation de l’Inde par saint Thomas, c’est une parodie de la Trinité chrétienne. Il faut annoncer la Trinité aux hindous…

Dans sa vie intime, Dieu "est amour" (cf. 1Jn 4), un amour essentiel, commun aux trois Personnes divines. « Frères, soyez dans la joie, cherchez la perfection, encouragez-vous, soyez d’accord entre vous, vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous. Saluez-vous les uns les autres par un baiser de paix. Tous les fidèles vous saluent. Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous. – Parole du Seigneur ».

Évangile (Jn 3, 16-18)


« 17 C’est ainsi que Dieu a tant aimé le monde, / qu’il a donné son Fils unique,
pour que quiconque croit en lui, / ne périsse pas [
ou : ne se perde pas] ;

mais qu’il ait / la vie éternelle.
Dieu n’a pas, en effet, envoyé son Fils dans le monde pour qu’il juge le monde, / mais pour que le monde vive par lui.

18 Qui croit en lui, / n’est pas jugé ;
et qui ne croit pas, / est déjà jugé,
car il n’a pas cru dans le Nom, / de l’unique Fils de Dieu. »

En ce dimanche, nous entendons Jésus parler à Nicodème, qui est un notable, un théologien. Nous n’avons pas lu le début de l’enseignement de Jésus, qui dévoile quelque chose de l’Esprit Saint :
« Amen Amen, / je te le dis,
à moins de naître d'eau et d'Esprit, / nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu.

6 Ce qui est né de la chair /est chair,
 ce qui est né de l'Esprit / est esprit.
7 Ne t'étonne pas, si je t'ai dit : / Il vous faut naître de nouveau [men drīš : de nouveau, depuis l’entête d'en haut].
8 Le vent souffle où il veut / et tu entends sa voix,
 mais tu ne sais pas d'où il vient / ni où il va.
 Ainsi en est-il de quiconque / est né de l'Esprit. » (Jn 3, 5-8)

Nous n’avons pas lu ce passage aujourd’hui, mais dimanche dernier nous avons lu « Frères, personne n’est capable de dire : ‘Jésus est Seigneur’ sinon dans l’Esprit Saint. » (1Co 12, 3).

La Trinité est un mystère de vie. Les actes de foi des convertis sont posés grâce à l’Esprit Saint. Le baptême donne la foi comme une vertu théologale, mais avant le baptême les convertis posent des actes de foi grâce à l’Esprit Saint, sinon, il n’y aurait pas de conversion possible. Quand l’homme se convertit et va vers Dieu, c’est d’abord par l’Esprit Saint qui le conduit à Jésus ; et par Jésus, le Fils, le baptisé va vers le Père (le baptisé prie le « Notre Père »).

La Trinité est un mystère de vie. La deuxième personne de la Trinité, Jésus, est venue sur la terre pour que nous allions vers le Père, et pour que nous participions à la vie divine. L’évangile de ce dimanche nous le dit :

« Dieu a tant aimé le monde, / qu’il a donné son Fils unique,
pour que quiconque croit en lui, / ne périsse pas [ou : ne se perde pas] ;
mais qu’il ait / la vie éternelle. » (Jn 3, 16).

Dieu a aimé le monde, il a mis son propre souffle dans l’homme (Gn 2, 7) et il l’a placé dans un jardin, il le conduisait à une source d’eau pure, il ne le laissait jamais avoir faim, il s’en occupait très bien. Aucun loup ne pouvait entrer dans le jardin et nuire aux hommes. Mais un jour, les hommes écoutèrent la voix du Serpent, Satan, et ils sortirent du jardin (Gn 3). Alors les hommes devinrent des esclaves sans espoir : ils étaient symboliquement dans un désert terrifiant, ils étaient la proie des bêtes sauvages. Beaucoup moururent dans des sacrifices offerts à des idoles, à des démons, les cultes des Baals dans l’Ancien Testament. Mais Dieu n’oubliait pas ses créatures. Il envoya ses serviteurs les prophètes pour aller les chercher. Mais ils furent tués. En dernier recours, il envoya son propre Fils, qui, finalement, gagna le combat contre les ennemis du genre humain. Jour et nuit, le Fils de Dieu les conduisit pour les ramener dans leur jardin, mais les hommes ne supportèrent pas les épreuves du trajet. Ils lui lancèrent toutes sortes d’injures, et finalement, ils le tuèrent. Quand le Père apprit la mort de son Fils, que penses-tu qu’il fit ? Malgré tous nos péchés, le Père nous appelle encore à revenir à Lui.

Quel effort faisons-nous pour remercier le Père ? Quel effort faisons-nous pour remercier le Fils, le Christ crucifié pour que nous renoncions au péché ? Il est allé au Calvaire pour nous ouvrir le Ciel. Oh Combien le Père céleste nous aime ! « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle ». Il était au Calvaire pour nous ouvrir le Ciel. De quel Amour le Père céleste nous aime ! Dans le désert de cette vie, je lèverai les yeux vers le Fils, qui a été élevé sur la croix, il me donne force et grâce pour triompher de toutes les épreuves. « Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que le monde vive par lui ».

La fin de l’évangile de ce dimanche parle du jugement :

« Qui croit en lui, / n’est pas jugé ;
et qui ne croit pas, / est déjà jugé,
car il n’a pas cru dans le Nom, / de l’unique Fils de Dieu. »

Il y a un jugement particulier à l’heure de la mort, mais celui qui croit en Jésus échappe au jugement. De même, il y aura un jugement du monde au moment de la venue glorieuse du Christ, ce jugement du monde sera le jugement d’une fausse trinité, d’une parodie de la Trinité. Dans le livre de l’Apocalypse, Jean, sous une forme imagée, voit une parodie du christianisme. Sous l’apparence d’un « agneau », c’est-à-dire dans une contrefaçon du Christ, la figure de la bête de la terre parle « comme un dragon » (Ap 13, 11) et conduit à l’adoration de la bête de la mer (Ap 13, 12) qui s’est remise de son coup mortel, autre contrefaçon du Christ. On peut aussi observer que nous sommes en présence d’une contrefaçon de la très Sainte Trinité par la triade dragon / bête de la mer / bête de la terre ; ou bien : la bête / son image / sa marque. Cela implique que de nombreux hommes n’auront pas accès à l’Évangile authentique : ils ne pourront être jugés que par rapport à leur refus de la marque de la bête.

Jean savait que l’Empire romain n’était pas mondial, il savait bien qu’il y avait à son époque les Empires parthe et chinois, et d’autres contrées encore. Il nous parle d’une emprise du mystère d’iniquité dans une parodie du christianisme prenant une forme centralisée et mondialisée, avec la capacité de contrôler tous les individus et tous leurs échanges, ce qui ne peut advenir qu’à notre époque. Chacun devra choisir entre Le Dieu qui détient tout (Ap 16, 14) et la triade dragon/bête/faux prophète qui est bien sûr une parodie de la Trinité (Ap 16, 13).

Jean évoque aussi les compagnons de l’Agneau (Ap 14, 1-5), ce sont ceux qui vont former la Cité sainte, se réjouissant du fleuve d’eaux vives, qui représente l’Esprit Saint (Jn 7, 38-39), et du Trône de Dieu et de l’Agneau (Ap 22, 1-5), comme l’indique la finale de l’Apocalypse. Jean présente la venue du Règne de Dieu à travers le jugement eschatologique, révélant l’heureux sort de ceux qui n’ont pas pris la marque de la bête. Et même s’ils furent, pour certains, décapités (Ap 20, 4), ils sont « bienheureux et saints » (Ap 20, 6), et ils règneront avec le Messie, c’est-à-dire par des apparitions glorieuses, sur une terre « nouvelle » (Ap 21, 1).

Sur cette terre nouvelle, l’humanité prendra en considération une réalité qui ne peut ni s’acheter ni se vendre : « Et que celui qui a soif vienne / et prenne des eaux vives gratuitement ! » (Ap 22, 17). Il s’agit de l’Esprit Saint (Jn 7, 38-39), et par l’Esprit Saint, de la Vie divine trinitaire : « Et il me montra le fleuve d’eaux vives, / aussi pur que lumineux, comme la glace ; et il sortait du Trône de Dieu [le Père] / et de l’Agneau [le Christ] » (Ap 22, 1 F. Guiguain).

Date de dernière mise à jour : 14/06/2023