Au retour d’exil à Babylone, les Juifs rebâtirent le Temple de Salomon, selon la volonté du Seigneur. Il fut dédicacé en l’an -515 avant Jésus-Christ.
Or Jésus (‘Issa) annonça à l’avance la fin du Temple : « Il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit jetée bas » (Matthieu 24, 2). Jésus ne détruit rien, mais, comme Jérémie l’avait vu avant lui (Jr 7, 11-14), Jésus sait que c’est l’iniquité qui chasse la présence divine du Temple et par conséquent « détruit » le Temple, ce qui adviendra 40 ans après qu’il l’ait dit.
Déjà, Jésus (‘Issa) rendait caduque la signification du Temple, car c’est le lieu où Dieu parle, mais ‘Issa est lui-même « Verbe-Parole émanant de Dieu » (sourate d’Imrân 3, 45) ! Il dit d’ailleurs à des judéens qui chicanaient sur des histoires d’interdits : « Je vous le dis : il y a ici plus grand que le Temple » (Matthieu 12, 6). Le Temple était aussi le lieu du sacrifice, notamment, au Jour de l’expiation (Yom Kippour). Nous avons vu la signification du sang versé, qui sera finalement celui de Jésus lui-même. L’évangile de Matthieu rapporte qu’au moment où Jésus meurt sur la Croix, le voile du Temple se déchire (27, 51) ; ce qui était une Présence provisoire et mystérieuse de Dieu, la Sakînah dont parle le Coran, quitte le Temple.
Et effectivement, le Temple fut détruit en l’an 70, à la suite de ce qu’on a appelé la « première guerre juive », une rébellion irrationnelle contre les Romains. La seconde guerre juive fut dirigée par Bar Kokhba qui se présentait comme un Messie allant rétablir le Temple. Il alla jusqu’à crucifier la hiérarchie de l’Eglise de Jérusalem, mais les Romains expulsèrent les Juifs de Jérusalem qui est rasée en l’an 135. Plus tard, les Juifs voulurent rebâtir le Temple avec le soutien de l’empereur Julien l’Apostat, mais en l’an 363, un tremblement de terre ruina les travaux, et le jour suivant un feu descendu du ciel en consuma les débris. L’empereur mourut un mois après, dans sa guerre en Perse.
L’esplanade resta un champ de ruines jusqu’à l’arrivée de ‘Umar en l’an 638. En fait, fin 637, l’évêque Sophrone de Jérusalem avait déjà convaincu les défenseurs d’ouvrir la ville aux Arabes qui, avait-il écrit dès 634, « se vantent de dominer le monde entier »[1]. Ceux-ci étaient accompagnés par des juifs nazaréens, ou « judéonazaréens », qui commencèrent immédiatement à bâtir… non pas ce qui sera appelé plus tard la « Mosquée de ‘Umar » mais une bâtisse cubique aux dimensions du Temple. Arrivé sur place, ‘Umar procéda à un sacrifice devant ce… Temple ! Muḥammad était mort, on attendait toujours la redescente du Ciel de ‘Issa (Jésus) qu’il avait fortement annoncée. Mais il ne redescendit pas, et le Temple-cube fut modifié (il y avait eu d’ailleurs un gros tremblement de terre en 661) ; finalement, à sa place ou à quelques mètres près, le Calife ‘Abd-al-Malik construisit l’octogone qu’on voit aujourd’hui et qui est appelé erronément « Mosquée de ‘Umar » (et appelé également « Dôme du Rocher »).
Aujourd’hui, des courants mondialistes centrés sur Jérusalem comme capitale du monde veulent détruire le Dôme du Rocher. Ils veulent construire le « troisième Temple », un projet qui semble avoir l’appui de certains dirigeants du monde arabe, surtout wahhabites. Les chrétiens n’approuvent aucunement. Pour eux, le nouveau Temple n’est plus en pierre ou en bois : Jésus avait dit : « "Abattez ce Temple-ci, et, en trois jours, moi, je le relèverai !" Or, Jésus disait cela au sujet du Temple de son corps » (Jean 2, 19-22). Et les chrétiens savent qu’un tel « troisième Temple » à Jérusalem ne pourra être que celui de l’Antichrist, le Messie imposteur.
[1] SOPHRONE DE JERUSALEM (550-639), Sermon sur la Théophanie (ou sur le saint Baptême) 13-167,2