L’hymne acathiste

L’hymne acathiste est une hymne probablement écrite très tôt après le concile de Chalcédoine (en l’an 431) et encore chantée dans l’Église d’Orient[1].

 

"Un ange, parmi ceux qui se tiennent devant la Gloire du Seigneur, fut envoyé dire à la Mère de Dieu : "Réjouis-toi ! Il incline les cieux et descend, Celui qui vient demeurer en toi dans toute sa plénitude. Je le vois dans ton sein prendre chair à ma salutation !"

Réjouis-toi en qui resplendit la joie du Salut

Réjouis-toi en qui s’éteint la sombre malédiction

Réjouis-toi en qui Adam est relevé de sa chute

Réjouis-toi en qui Ève est libérée de ses larmes

 

Réjouis-toi Montagne dont la hauteur dépasse la pensée des hommes

Réjouis-toi Abîme à la profondeur insondable même aux anges

Réjouis-toi tu deviens le Trône du Roi

Réjouis-toi tu portes en ton sein Celui qui porte tout

 

Réjouis-toi Étoile qui annonce le Lever du Soleil

Réjouis-toi tu accueilles en ta chair ton enfant et ton Dieu

Réjouis-toi tu es la première de la Création Nouvelle

Réjouis-toi en toi nous adorons l’Artisan de l’univers

Réjouis-toi Épouse inépousée !

 

La Toute-Sainte répondit à l’ange Gabriel avec confiance : "Voilà une parole inattendue, qui paraît incompréhensible à mon âme, car tu m’annonces que je vais enfanter, moi qui suis vierge.

Alléluia, alléluia, alléluia !

Pour comprendre ce mystère qui dépasse toute connaissance, la Vierge dit au Serviteur de Dieu : "Comment, dis-moi, me sera-t-il possible de donner naissance à un fils alors que je ne connais pas d’homme ?"

Plein de respect, l’ange l’acclame :

 

Réjouis-toi tu nous ouvres au secret du Dessein de Dieu

Réjouis-toi tu nous mènes à la confiance dans le silence

Réjouis-toi tu es la première des merveilles du Christ Sauveur

Réjouis-toi tu récapitules la richesse de sa Parole

 

Réjouis-toi Échelle en qui Dieu descend sur la terre

Réjouis-toi Pont qui unit la terre au ciel

Réjouis-toi Merveille inépuisable pour les anges

Réjouis-toi Blessure inguérissable pour l’adversaire

 

Réjouis-toi ineffable Mère de la Lumière

Réjouis-toi tu as gardé en ton cœur le Mystère

Réjouis-toi en qui est dépassé le savoir des savants

Réjouis-toi en qui est illuminée la foi des croyants

Réjouis-toi Épouse inépousée !

 

La puissance du Très-Haut reposa sur l’Inépousée et comme un jardin au beau fruit, elle porta le Salut pour tous ceux qui désirent le cueillir.

Alléluia, alléluia, alléluia !

Portant le Seigneur dans son sein, Marie partit en hâte chez Élisabeth. Lorsqu’il reconnut la salutation de Marie, l’enfant se réjouit aussitôt, bondissant d’allégresse comme pour chanter à la Mère de Dieu :

 

Réjouis-toi Jeune pousse au Bourgeon immortel

Réjouis-toi Jardin au Fruit qui donne Vie

Réjouis-toi en qui a germé le Seigneur notre Ami

Réjouis-toi tu as conçu le Semeur de notre vie

 

Réjouis-toi Champ où germe la Miséricorde en abondance

Réjouis-toi Table qui offre la Réconciliation en plénitude

Réjouis-toi tu prépares l’Espérance du Peuple en marche

Réjouis-toi tu fais jaillir la Nourriture d’Éternité

 

Réjouis-roi Parfum d’une offrande qui plaît à Dieu

Réjouis-toi en qui tout l’univers est réconcilié

Réjouis-toi Lieu de la bienveillance de Dieu pour les pécheurs

Réjouis-toi notre assurance auprès de Dieu

Réjouis-toi Épouse inépousée !

 

Joseph le Sage se troubla, secoué par une tempête de pensées contradictoires. Il te vit inépousée et te soupçonna d’un amour caché, toi l’Irréprochable. Mais, apprenant que ce qui avait été engendré en toi venait de l’Esprit-Saint, il s’écria :

Alléluia, alléluia, alléluia !

Quand les bergers entendirent les anges chanter la venue du Christ en notre chair, ils ont couru contempler leur Pasteur reposant sur le sein de Marie en Agneau Immaculé.

Ils exultèrent en chantant :

 

Réjouis-toi Mère de l’Agneau et du Pasteur

Réjouis-toi Maison des brebis rassemblées

Réjouis-toi Protection contre le loup qui disperse

Réjouis-toi en ta chair s’ouvre la Porte qui conduit au Père

 

Réjouis-toi en qui les cieux se réjouissent avec la terre

Réjouis-toi en qui la terre exulte avec les cieux

Réjouis-toi tu donnes l’assurance à la parole des Apôtres

Réjouis-toi tu donnes la force au témoignage des Martyrs

 

Réjouis-toi inébranlable soutien de notre foi

Réjouis-toi tu sais la splendeur de la grâce

Réjouis-toi en qui l’Enfer est dépouillé

Réjouis-toi en qui nous sommes revêtus de gloire

Réjouis-toi Épouse inépousée !

 

Les Mages ont vu l’astre qui conduit à Dieu. Marchant à sa clarté comme on saisit un flambeau, ils ont trouvé la Lumière véritable. Tout proches de Celui que personne n’a jamais vu, ils acclament sa Mère :

Alléluia, alléluia, alléluia !

Ceux qui savent lire les signes des astres ont reconnu dans les bras de la Vierge le Créateur des hommes ; dans les traits de Celui qui a pris condition d’esclave ils ont adoré leur Maître.

Avec empressement ils l’honorèrent de leurs présents en chantant à la Toute-Bénie :

 

Réjouis-toi Mère de l’Astre sans déclin

Réjouis-toi Reflet de la clarté de Dieu

Réjouis-toi en qui s’éteint la brûlure du mensonge

Réjouis-toi en qui s’illumine pour nous la Trinité d’Amour

 

Réjouis-toi en qui l’inhumaine puissance est défaite

Réjouis-toi tu nous montres le Christ Seigneur Ami des hommes

Réjouis-toi en qui les idoles païennes sont renversées

Réjouis-toi tu nous donnes d’être libérés des œuvres mauvaises

 

Réjouis-toi en qui s’éteint l’idolâtrie du feu païen

Réjouis-toi en qui nous sommes affranchis du feu des passions

Réjouis-toi tu conduis les croyants vers le Christ Sagesse

Réjouis-toi Allégresse de toutes les générations

Réjouis-toi Épouse inépousée !

 

Les Mages s’en retournèrent à Babylone en témoins, porteurs de Dieu. Là ils annoncèrent la Bonne Nouvelle et accomplirent les Écritures en te proclamant devant tous comme Messie. Hérode resta seul, livré à sa sottise, incapable d’entrer dans la louange :

Alléluia, alléluia, alléluia !

Ô Sauveur, tu as porté en Égypte l’éclat de la vérité et tu en as chassé les ténèbres du mensonge. Les idoles du pays de l’esclavage se sont placées sous ta puissance et ceux que tu as ainsi délivrés du péché se tournent vers la Mère de Dieu pour lui chanter :

 

Réjouis-toi en qui l’homme est relevé

Réjouis-toi en qui les démons sont défaits

Réjouis-toi tu foules au pied le maître du mensonge

Réjouis-toi tu démasques le piège des idoles

 

Réjouis-toi Mer où trouve sa perte le Pharaon qui se tient dans l’esclavage du péché

Réjouis-toi Rocher d’où jaillit la Source qui abreuve les assoiffés

Réjouis-toi Colonne du Feu qui illumine notre marche dans la nuit

Réjouis-toi Manteau aussi vaste que la Nuée pour ceux qui sont sans recours

 

Réjouis-toi tu portes le vrai Pain du ciel qui remplace la manne

Réjouis-toi Servante du Festin où nous avons part aux réalités du ciel

Réjouis-toi Belle terre de la foi où s’accomplit la Promesse

Réjouis-toi Pays ruisselant de lait et de miel

Réjouis-toi Épouse inépousée !

 

Lorsque Siméon fut au seuil de la mort, Seigneur, tu lui fus présenté comme un enfant mais il reconnut en toi la perfection de la Divinité. Plein d’admiration pour ton Être qui n’a pas de fin, il chanta :

Alléluia, alléluia, alléluia !

Le Créateur a fait une Œuvre Nouvelle lorsqu’il se rendit visible à nos yeux. Il a pris chair dans le sein d’une vierge en la gardant dans son intégrité, pour qu’à la vue de cette merveille nous chantions :

 

Réjouis-toi Fleur de l’Être inaltérable de Dieu

Réjouis-toi Couronne de son amour virginal

Réjouis-toi Figure qui resplendit de la Résurrection du Seigneur

Réjouis-toi tu partages avec les anges la clarté du Royaume

 

Réjouis-toi Arbre dont le Fruit splendide nourrit les croyants

Réjouis-toi Feuillage dont l’ombre procure la fraîcheur aux multitudes

Réjouis-toi tu enfantes la rançon des captifs

Réjouis-toi tu portes dans ta chair le Guide des égarés

 

Réjouis-toi notre Avocate auprès du Juge juste et bon

Réjouis-toi en qui arrive le pardon pour la multitude

Réjouis-toi Tunique d’espérance pour ceux qui sont nus

Réjouis-toi Amour plus fort que tout désir

Réjouis-toi Épouse inépousée !

 

Quand nous contemplons cet enfantement inhabituel nous devenons étrangers à notre monde habituel et notre esprit se tourne vers les réalités d’en haut. Car le Très-Haut s’est révélé aux hommes dans l’abaissement pour élever ceux qui croient en lui.

Alléluia, alléluia, alléluia !

Le Verbe que rien ne contient a pris chair dans notre condition humaine sans cesser d’être Dieu. En venant habiter le monde d’en-bas, il n’a pas quitté pour autant les réalités d’en-haut, mais il est descendu tout entier dans le sein d’une Vierge qu’il a habitée de sa divinité :

 

Réjouis-toi Temple du Dieu de toute immensité

Réjouis-toi Porche du Mystère enfoui depuis les siècles

Réjouis-toi incroyable nouvelle pour les incroyants

Réjouis-toi Bonne Nouvelle pour les croyants

 

Réjouis-toi Vaisseau choisi où vient à nous Celui qui surpasse les Chérubins

Réjouis-toi Demeure très sainte de Celui qui siège au-dessus des Séraphins

Réjouis-toi en qui les contraires sont conduits vers l’Unité

Réjouis-toi en qui se joignent la virginité et la maternité

 

Réjouis-toi en qui la transgression reçoit le pardon

Réjouis-toi en qui le Paradis s’ouvre à nouveau

Réjouis-toi Clef du Royaume du Christ

Réjouis-toi Espérance des biens éternels

Réjouis-toi Épouse inépousée !

 

Tous les anges du ciel ont été frappés de stupeur devant la prodigieuse œuvre de ton Incarnation, Seigneur, car toi le Dieu que nul n’a jamais vu, tu t’es rendu visible à tous et tu as demeuré parmi nous. Tous nous t’acclamons :

Alléluia, alléluia, alléluia !

Devant toi, ô Mère de Dieu, les orateurs bavards sont muets comme des poissons, incapables de dire comment tu as pu enfanter et demeurer vierge. Remplis d’étonnement, nous contemplons en toi le Mystère de la Foi :

 

Réjouis-toi Trône de la sagesse éternelle

Réjouis-toi Écrin du dessein bienveillant de Dieu

Réjouis-toi tu conduis les philosophes aux limites de leur sagesse

Réjouis-toi tu mènes les savants aux frontières du raisonnement

 

Réjouis-toi devant qui les esprits subtils deviennent hésitants

Réjouis-toi devant qui les littérateurs perdent leurs mots

Réjouis-toi devant qui se défont les raisonnements les plus serrés

Réjouis-toi car tu montres Celui dont la Parole agit avec puissance

 

Réjouis-toi en qui nous sommes tirés de l’abîme de l’ignorance

Réjouis-toi en qui nous accédons à la plénitude du Mystère de Dieu

Réjouis-toi Planche de salut pour ceux qui aspirent à la pleine vie

Réjouis-toi Havre de paix pour ceux qui se débattent dans les remous de leur vie

Réjouis-toi Épouse inépousée !

 

Dans sa volonté de sauver toute sa création, le Créateur de l’univers a choisi d’y venir lui-même. Pour refaire en nous son image à sa ressemblance divine, il est devenu l’Agneau, lui notre Dieu et notre Pasteur.

Alléluia, alléluia, alléluia !

En toi Vierge Marie, Mère de Dieu, trouvent refuge ceux qui ont fait choix de virginité et qui se tournent vers toi. Car le Créateur du ciel et de la terre t’a façonnée, ô Immaculée, en venant demeurer dans ton sein. Tous, il nous apprend à t’acclamer :

 

Réjouis-toi Mémorial de la virginité

Réjouis-toi Porte du Salut

Réjouis-toi premier fruit du Royaume Nouveau

Réjouis-toi en qui resplendit la merveille du don gratuit

 

Réjouis-toi en qui sont régénérés les esprits accablés

Réjouis-toi en qui sont fortifiés ceux que leur passé a blessés

Réjouis-toi car tu enfantes Celui qui nous délivre du Séducteur

Réjouis-toi car tu nous donnes la Source de la chasteté

 

Réjouis-toi Chambre nuptiale où Dieu épouse notre humanité

Réjouis-toi tu confies au Dieu d’amour ceux qui se donnent à lui

Réjouis-toi Nourriture du Seigneur pour ceux qui ont pris le chemin de virginité

Réjouis-toi tu conduis les croyants à l’intimité avec l’Époux

Réjouis-toi Épouse inépousée !

 

Toutes nos hymnes de louange sont impuissantes à chanter, Seigneur, la profusion de ta miséricorde infinie. Seraient-elles aussi nombreuses que le sable de la mer, jamais elles ne parviendraient à égaler la richesse du don que tu nous as fait.

Alléluia, alléluia, alléluia !

Nous contemplons dans la Vierge sainte le flambeau qui a porté la Lumière dans les ténèbres. Embrasée par la flamme du Verbe de Dieu qu’elle accueille dans sa chair, elle conduit tout homme à la connaissance de Dieu, illuminant l’intelligence de sa Splendeur. Joyeusement nous l’acclamons :

 

Réjouis-toi Aurore du Soleil levant

Réjouis-toi Flambeau qui porte la Lumière véritable

Réjouis-toi Éclat de Celui qui illumine notre cœur

Réjouis-toi devant toi l’Ennemi est frappé de terreur

 

Réjouis-toi Porte de la Lumière étincelante

Réjouis-toi Source d’une Eau jaillissant en Vie éternelle

Réjouis-toi Image vivante de la piscine du baptême

Réjouis-toi en qui nous sommes lavés de la souillure du péché

 

Réjouis-toi Bassin où nous est donné un esprit renouvelé

Réjouis-toi Coupe où nous puisons la Joie

Réjouis-toi en qui nous respirons le parfum du Christ

Réjouis-toi Source intarissable d’allégresse

Réjouis-toi Épouse inépousée !

 

Il a voulu faire grâce des anciennes dettes à tous les hommes. De lui-même il est venu habiter chez les siens, parmi ceux qui vivaient loin de sa Grâce et déchirant leurs billets de créance, il entendit de toutes les bouches sortir cette acclamation :

Alléluia, alléluia, alléluia !

Nos voulons, ô Mère de Dieu, chanter ton enfantement, te louer comme le Temple vivant que le Seigneur a sanctifié et glorifié en demeurant dans ton sein, lui qui tient tout dans sa Main :

 

Réjouis-toi Tabernacle du Dieu vivant

Réjouis-toi Sanctuaire qui contient le Seul Saint

Réjouis-toi Arche de la Nouvelle Alliance dorée par l’Esprit

Réjouis-toi Trésor inépuisable de la Vie

 

Réjouis-toi Diadème de grand prix pour les gouvernants

Réjouis-toi Gloire vénérable des prêtres de Dieu

Réjouis-toi Solide Tour qui garde l’Église

Réjouis-toi Rempart inébranlable de la Cité

 

Réjouis-toi en qui surgit le Trophée de notre victoire

Réjouis-toi en qui sonne la déroute de notre Ennemi

Réjouis-toi Guérison de mon corps

Réjouis-toi Salut de mon âme

Réjouis-toi Épouse inépousée !

Ô Mère bénie entre toutes, toi qui as enfanté le Verbe de Dieu, le Seul Saint, reçois l’offrande de notre prière. Garde-nous de tout malheur et de toute menace, nous qui te chantons d’un même coeur :

Alléluia, alléluia, alléluia !

 

 

[1] Traduction du Foyer de Charité Ottrott en Alsace (France) : Hymne acathiste à la Mère de Dieu - Disque compact Jade/BMG, 1994