Marie était suffisamment proche des croix pour entendre que l’un des condamnés a refusé de s’associer aux injures et a prié Jésus (Lc 23, 40-43). La présence de la mère de Jésus pouvait l’inspirer en ce sens. Sa prière fut acceptée et Jésus lui a promis le paradis. Cet épisode nous offre l’occasion de parler des étapes du pardon.
Étapes du coupable pour demander pardon.
Le livre de la Genèse donne l’exemple de la correction fraternelle pratiquée par le patriarche Joseph envers ses frères, qui, après avoir pensé à le tuer par jalousie, l’avaient vendu. Pour leur faire prendre conscience du mal qu’ils ont commis, il a mis en œuvre une longue mise en scène, Joseph met quelque chose dans leurs sacs, les faits prendre pour des voleurs, de sorte qu’il fait mettre l’un des frères en prison et demande en plus qu’on lui amène son petit frère Benjamin, les autres sont contraints de voir la peine de leur père Jacob… (Gn 42). Et après cette prise de conscience, il se fait reconnaitre à ses frères et il leur pardonne (Gn 45).
Heureux celui qui cesse de faire porter aux autres la responsabilité de ses méfaits (« c’est le système », « tout le monde le fait », « elle n’avait qu’à ne pas se laisser exploiter », etc.).
de faire porter aux autres la responsabilité de ses méfaits (« c’est le système », « tout le monde le fait », « elle n’avait qu’à ne pas se laisser exploiter »).
Heureux celui qui ouvre les yeux sur la souffrance de sa victime.
Heureux celui qui perçoit la dignité de sa victime devant Dieu.
Heureux celui qui prend la juste mesure de ses jours : tous nous paraîtront devant le Juge… qui est aussi le Sauveur.
Heureux celui qui a confiance en la miséricorde de Dieu et savoir que c’est honorer Dieu que de faire confiance en sa miséricorde.
Étapes de la victime pour pardonner.
Pour Aristote et pour saint Thomas d’Aquin, les passions ne sont en soit ni bonnes ni mauvaises, elles doivent simplement être bien orientées [1]. Il nous revient, avec l’exercice de nos facultés (Intelligence, volonté, mémoire et imagination) aidées de la Grâce divine, de bien orienter et au besoin de réfréner l’impétuosité des onze passions de notre âme que sont :
• Amour et haine,
• joie et tristesse,
• désir et aversion,
• audace et peur,
• espoir et désespoir,
• colère.
Ainsi, dans le cœur de la victime, se manifestent la haine du péché, l’aversion du méchant, la tristesse devant la destruction endurée, la peur que ce mal recommence, et la colère. Et parfois la colère contre soi-même (d’avoir été trop vulnérable).
La première étape consiste à identifier ces passions, à les comprendre. Il faut pouvoir parler des émotions qui, répétons-le, ne sont au départ ni bonnes ni mauvaises.
Pour éviter que ces passions négatives ne s’infectent et ne deviennent destructrices,
- On priera les psaumes en se mettant en présence de Jésus qui prie les psaumes avec nous.
- On priera aussi le Rosaire en se mettant en présence de Marie : elle est une mère, elle a compassion de nous. Prier les mystères joyeux, lumineux, douloureux et glorieux.
Petit à petit, s’unir à la croix de Jésus, qui est à la fois une croix de la vérité, et une croix du pardon.
L’être humain est créé pour aimer, et le désir profond du cœur humain est d’aimer, et donc si possible que tous les hommes soient sauvés.
Le pardon consiste à renoncer à se venger soi-même : le Christ jugera les hommes au moment de sa venue glorieuse. Le pardon consiste à vouloir le bien, à dire « je te veux du bien ».
Seul le pardon est créateur. Le pardon proprement dit est l’œuvre de Jésus dans le cœur du croyant.
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Au cours du cheminement vers le pardon, des souffrances vécues pendant l’enfance (voir la vie intra-utérine) peuvent revenir à l’esprit, il faut alors prendre le temps d’accueillir aussi tous ces sentiments difficiles. Dans la présence apaisante de Jésus, Marie, Joseph, il faut distinguer le passé et le présent : il y a deux colères à exprimer (pour le passé et pour le présent), il y a deux pardons bénédictions à donner, il y a deux actes de foi à poser.
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Au cours du cheminement vers le pardon, il y a aussi un travail de deuil par rapport à ce que l’offense a fait perdre, accepter cette perte et réfléchir comment reconstruire… C’est tout un travail ! Le travail du pardon va de pair avec la vertu d’espérance : « Le Seigneur aime le droit, il n'abandonne pas ses amis » (Ps 37, 28).
[1] Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique I-II, questions 22 à 24
Françoise Breynaert