La Divine Volonté et l'homme

Luisa 1

Luisa Piccarreta a vécu à Corato en Italie (1865-1947). Vierge consacrée, elle portait invisiblement les stigmates de la Passion et a cessé de s’alimenter vers l’âge de 17 ans : sa nourriture, c’était la volonté du Père.

Son journal, intitulé « le livre du Ciel », est écrit de 1899 à 1938 (36 volumes connus + 3 volumes qui ont été perdus). « Les 24 heures de la Passion » sont écrites de 1913 à 1914, et « La Reine du Ciel dans le royaume de la Volonté divine » (un mois avec Marie) en 1930.

Après sa mort, en 1986, Mgr Carata a commencé l’Association de la Divine Volonté et lui a accordé l’approbation canonique. En 1994, les écrits de Luisa ont reçu le nihil obstat et l’imprimatur et, le 20 novembre 1994, jour de la fête du Christ-Roi, fut ouvert son procès de béatification. 
Après sa mort, en 1986, Mgr Carata a commencé l’Association de la Divine Volonté et lui a accordé l’approbation canonique. En 1994, ses écrits ont reçu le nihil obstat et l’imprimatur et, le 20 novembre 1994, jour de la fête du Christ-Roi, fut ouvert son procès de béatification.
Quant au père Annibale Maria Di Francia (1851-1927), son confesseur extraordinaire et le réviseur officiel de ses écrits, il fut canonisé le 16 mai 2004 par Jean-Paul II.

La vie dans la Divine Volonté ne concerne pas uniquement la volonté, mais tout notre être, sinon on ne pourrait pas l’appeler « vie » : « le cœur doit l’aimer et l’enfermer en lui, la mémoire doit se souvenir d’elle, l’intelligence la comprendre » (8 juillet 1934, Tome 33).

Par ailleurs, le 2e concile de Latran ayant précisé que la volonté était le lieu de l’unité, dans le Christ, de la nature humaine et de la nature divine, ce que Luisa appelle la « vie dans la divine volonté » pourrait être la voie de ce que saint Pierre appelle notre participation à la nature divine (2P 1, 4). Pour mieux le comprendre, il faut nous pencher sur l’anthropologie sous-jacente aux écrits de Luisa Piccarreta. Il s’avère qu’une approche quaternaire, à travers les versets de Genèse 1, 1-2, et surtout à travers l’image du Temple, s’est avérée très féconde.

 

La Divine Volonté et la quaternité de la création

 

« Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l’abîme, un vent de Dieu tournoyait sur les eaux » (Gn 1, 1-2).

Plus loin dans le livre de l’Apocalypse « un autre ange disait d’une voix forte : Craignez Dieu et rendez-lui gloire, car elle est venue, l’heure de son jugement. Adorez le Créateur du ciel et de la terre, de la mer et des sources d’eau » (Ap 14, 6-7).

Le 25 mars 1929, Jésus dit à Luisa : « Occulter quelques vérités sur la Divine Volonté serait comme si on voulait déplacer le soleil de sa place, faire sortir la mer de son lit : qu’en serait-il de la terre ? » (25 mars 1929, Tome 25)

Jésus semble se référer aux premiers versets de la Genèse avec les cieux, la terre, la mer. Le mystérieux abîme, recouvert de ténèbres, inconnaissable si Dieu ne le révèle pas, étant justement cette action de révélation des vérités sur la Divine Volonté.

Comme les Cieux, l’ordre stable, la juste place

1 les cieux

L’ordre des étoiles dans le ciel est une première manière de représenter la vie dans le Divin Vouloir : « L’âme qui vit dans ma Divine Volonté ne se conduit plus en mode humain, parce qu’elle sent la stabilité des modes divins ; on peut dire que celle qui vit dans mon Divin Vouloir est tel le ciel qui reste toujours à sa place d’honneur avec toutes ses étoiles » (26 Février 1930, Tome 28).

C’est un message important à l’heure des propagandes pour changer de sexe, manipuler la reproduction humaine, ou pour connecter le cerveau humain à l’ordinateur.

On lit encore dans le journal de Luisa :
« Parce qu’elles sont à leur place, toutes les choses que j’ai créées sont en parfaite harmonie dans le tréfonds de leur être, tel qu’assigné par Dieu. Toi seul, tu es malheureux, mais d’une façon volontaire. Reviens à ta place. Je t’appelle là et je t’attends. 

Celui qui choisit de faire connaître ma Volonté sera mon porte-voix, je lui confierai les secrets de mon et son Royaume.
Par la suite, il me fit voir toute la création, comment toutes les choses sont à leur place tel que voulu par Dieu et sont ainsi dans un ordre parfait, en complète harmonie entre elles. Parce qu’elles sont à leur place, la Volonté suprême maintient leur existence intégrale, belle, fraîche et toujours nouvelle. Elle apporte félicité et force universelle à toutes » (27 août 1926, Tome 19).

Comme la terre, à cultiver

2 le champ

Dans la Genèse, il est dit que la terre est « Tohu waBohu » (Gn 1, 2). En Isaïe 34, 11, il est dit que « le Seigneur étend sur le pays le cordeau (pour mesurer) le TOHU et les pierres de BOHU » : on mesure le cordeau pour une future construction. Le « Tohu bohu » est un mélange d’ordre (la construction et ses mesures) et de désordre (les pierres potentiellement utilisées qui sont sur un terrain encore chaotique).

Dans la nature humaine, la terre symbolise ce qui est contingent, ce qui aurait pu ne pas être, notamment si l’homme n’avait pas apporté sa part.

Voici un enseignement qui se situe sur ce registre :

« Chaque créature a son petit champ dans l’immensité de ma Divine Volonté. […] Il n’y a pas d’oisifs dans ma Volonté, tout ce que l’on fait en Elle, c’est du travail : aimer, s’occuper de mieux nous connaître, adorer, souffrir, prier, tout correspond à un travail, non pas un travail humain, mais divin, qui, se convertissant en petites pièces de monnaie d’une grande valeur, leur permet d’acquérir et de former un champ toujours plus grand.

Maintenant, puisqu’elle vit dans la Divine Volonté, Je me devais de donner  à la créature les moyens et les aides nécessaires, pour ce faire, mon Humanité se met à sa disposition dans le petit champ que ma Volonté lui a assigné dans son immensité, dans lequel J’exhibe ma Force afin de soutenir ses faiblesses, mes peines pour soulager les siennes, mon Amour pour cacher le sien dans le mien, ma Sainteté pour la couvrir, ma vie en tant qu’appui et soutien de la sienne pour qu’elle lui serve de modèle » (23 août 1936, Tome 34).

C’est lui, Jésus, le modèle.

Jn 9

Comme la mer

Les eaux primordiales de la Genèse (Gn 1, 2) sont riches de « potentialités », et elles cachent la vie qu’elles contiennent.

Jésus évoque cette richesse très souvent. Quelqu’un qui acquiert des connaissances concernant la vie d3 la merans la Divine Volonté est comparable « à un homme qui aurait en sa possession une pierre précieuse pensant qu’elle ne vaut qu’un​​​​​​​ sou. Il rencontre par hasard un expert qui lui dit que sa pierre vaut 1000$. […] Plus tard, il montre sa pierre à un joaillier plus expérimenté qui l’assure que sa pierre vaut au moins 20000$... […] Oh si vous saviez combien de mers de grâces je vous offre quand je vous parle des effets d​​​​​​​e​​​​​​​ ma Volonté, vous mourriez de joie. Vous feriez la fête comme si vous aviez acquis de nouveaux royaumes à gouverner » (25 août 1921, To​​​​​​​m​​​​​​​e 13).

Curieusement, Luisa Piccarreta, lorsqu’elle parle de la vie dans la divine volonté parle « des vies divines », au pluriel, ​​​​​​​qui s’épanouissent dans l’univers à travers le Oui de l’homme (12 mars 1938, Tome 35, etc.). Or on trouve ce pluriel en araméen. Par exemple quand Jésus parle avec Marthe. « Je [suis] Moi, le Réconfort et les vies ! [nūḥāmā wḥayye] » (Jn 11, 25). Les vies : le mot syriaque n’existe pas au singulier, mais on le traduit la plupart du temps au singulier : « je suis la résurrection et la vie ». En fait, Jésus ne lui parle pas de la résurrection au dernier jour, mais de « nūḥāmā », c’est-à-dire d’une respiration : « Je [suis] Moi, la respiration qui ​​​​​​​vient de Dieu, et les vies » !

Il n’y a pas de vie biologique sans respiration, mais il n’y a pas de vie humaine sans recevoir un souffle venant de Dieu, comme le dit le récit de la Genèse (Gn 2, 7). Et ce souffle est aussi comme le vent de Dieu qui tournoyait sur les eaux pour en faire éclore toutes les potentialités.​​​​​​​

Comme l’abîme mystérieux

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Pour qu’il y ait « Vie » dans l’être humain, il faut qu’il y ait l’instauration d’une nouveauté, sinon, ce seraient toujours les mêmes informations et les mêmes affects, et l’homme régresserait au niveau de l’ordinateur ou de l’animal. Le début de la Genèse parle aussi d’un abîme (Tehom) recouvert de ténèbres (Gn 1, 2), inconnaissable si Dieu ne le révèle pas, c’est la Divine Volonté en sa source, dont Jésus explique : « Ma Volonté possède la vertu vivificatrice, actrice et opérative » (12 mars 1938, Tome 35). Autrement dit, la Divine Volonté instaure de nouvelles possibilités :

« Ma fille, dans notre esprit divin, la finalité primordiale de la Rédemption fut de rétablir le règne de la Divine Volonté dans la créature, c’est cela que nous avions mis en elle, notre volonté opérante, l’acte le plus noble, le plus beau et qui faisait que Nous l’aimions à la folie parce qu’il possédait une partie de Nous. Nous aimions Nous-mêmes en elle, et c’est pourquoi notre amour était parfait, plein et incessant » (6 mai 1934, Tome 33, de l’italien).

Luisa dit : « J’entends l’écho continu du FIAT divin qui résonne dans mon âme et, par sa Puissance invincible, appelle mes petits actes dans les siens pour en faire un seul » et Jésus lui dit : « Chaque créature représente pour Nous un nouveau travail distinct à faire et donc, de nouvelles choses à dire ». La créature qui ne met pas sa volonté dans la Nôtre « nous empêche d’avancer, nous lie les mains, terrasse nos œuvres les plus belles et Moi qui suis le Verbe, Je suis réduit au silence » (11 mars 1934, Tome 33).

 

La divine Volonté et la quaternité du Temple

 

Les enseignements donnés à Luisa Piccarreta se complètent les uns les autres comme les différentes parties du Temple dont la structure a été révélée à Moïse, et Jésus semble lui-même suggérer cette image en donnant en exemple ce que Jésus appelle le « deuxième Temple », c’est-à-dire un Temple qui n’est pas construit par les hommes, qui n’est même pas notre propre âme humaine, mais qui est Dieu lui-même, « Dieu temple de l’âme », comme il est écrit dans l’Apocalypse en parlant de la Jérusalem nouvelle :  « le Seigneur, le Dieu Maître-de-tout, est son temple, ainsi que l'Agneau » (Ap 21, 22). Un tel temple n’est exposé à aucun danger, et, dit Jésus au sujet d’une personne fidèle, « les inquiétudes, les soupirs, les prévenances, les prières de cette petite Hostie qui vit dans notre temple divin, servent à cela : à ce que notre FIAT embrasse toute l’humanité » (11 mars 1934, Tome 33).

Observons l’image du Temple, car elle offre un excellent support pour présenter les enseignements concernant la vie dans la Divine volonté.

Temple de jerusalem

Il y a une correspondance avec ce qui a été dit précédemment. Entrer dans le Temple, c’est entrer dans l’harmonie divine, et le mode divin, stable comme les Cieux. Le Parvis des hommes est comme la terre, lieu du travail. L’Esprit Saint planait sur les eaux pour y faire éclore la vie. Le sanctuaire est comme la mer, riche de potentialités. Quant au Saint des Saints, il est mystérieux comme l’abîme recouvert de ténèbres.

 

Entrer dans le Temple (le parvis des femmes)

Le Temple est un lieu de Vie, la Vie reçue du Dieu vivant

 

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Le Temple est par excellence un lieu de Vie. On y entre par le parvis des femmes parce qu’elles sont les éducatrices de la vie.

Prions : « Sainte Maman, viens visiter mon âme et préparer en elle une demeure digne de la Volonté Divine » ((La Reine du Ciel dans le Royaume de la Volonté divine, 20e jour.).

 

Jésus explique à Luisa :
« Ce qui indique que l’âme vit vraiment dans ma Volonté, c’est de la sentir dans toutes les choses, intérieures et extérieures, car, si la créature possède sa Vie, elle ne pourra pas ne pas la sentir, elle la percevra dans ses pulsations, dans sa respiration, dans le sang qui circule dans ses veines, dans la pensée qui se forme dans son esprit, dans la voix qui donne vie à sa parole, et ainsi de suite.
Or l’acte intérieur faisant écho à l’acte extérieur, elle trouvera ma Volonté dans l’air qu’elle respire, dans l’eau qu’elle boit, dans sa nourriture, dans le soleil qui lui donne la lumière et la chaleur, enfin, l’intérieur et l’extérieur se donnent la main et forment les actes qui constituent sa Vie en elle, car un seul acte n’est pas suffisant, pour ce faire, il faut des actes continus et répétés.
En plus, dans ma Volonté, tout est au présent, comme si ce que Nous avons fait s’accomplissait à l’instant même, du coup la créature entre dans la puissance de nos actes présents, dans ce que nous faisons et, étant investie de notre Force Créatrice et de notre Amour, elle comprend tout ce que le Créateur fait pour elle, oh ! Combien elle l’aime ; elle voudrait tout pouvoir faire pour Lui.
Tandis qu’au-dehors de notre Fiat, ce que Nous avons accompli paraît aux créatures comme faisant partie du passé, de la sorte, l’amour reste endormi, comme en léthargie, et elles pensent à un amour non pas présent, mais lointain. Il n’y a donc aucune comparaison entre celle qui vit dans ma Volonté et celle qui vit au-dehors d’Elle, tellement la différence est énorme. Aussi, sois assidue et remercie-Moi du grand bienfait que Je t’ai octroyé en te montrant ce que signifie vivre dans mon Vouloir » (11 mars 1934, Tome 33).

 

Entrer dans le Temple pour entrer dans l’Alliance et collaborer avec le Seigneur.

L’accès au temple de Jérusalem était réservé aux circoncis et à leur famille, c’est-à-dire à ceux qui sont entrés dans l’Alliance. Or l’Alliance n’est pas au passé, elle est au présent : « Ce n’est pas avec nos pères que le Seigneur Dieu a conclu cette alliance mais avec nous, nous-mêmes qui sommes ici aujourd’hui tous vivants » (Dt 5, 3).

Or l’Alliance est un échange. Le Vouloir Divin « demande mon attention, IL veut que je sois consciente qu’IL veut investir mes actes, de façon à être attentifs l’un à l’autre, Lui en donnant et moi en recevant » (29 juin 1934, Tome 33).

Jésus dit à Luisa :
« Par mon Incarnation, mon Humanité se greffa sur la Divinité. Quiconque cherche à rester uni à Moi par sa volonté, ses actes et son cœur, à vivre sa vie en imitant la mienne, grandit dans ma propre Vie et développe la greffe que j’ai faite de mon Humanité sur ma Divinité, ajoutant une branche à l’arbre de mon Humanité. Si, par contre, l’âme ne s’unit pas à Moi, elle ne développe pas sa branche sur mon Humanité. Quiconque choisit de ne pas être avec Moi ne peut avoir la vie : il est perdu et s’en va à la ruine. » (2 octobre 1903, Tome 5)

 

Dans le parvis des hommes (le parvis d’Israël)

L’attention au Fiat divin

Dans mon étude de l’évangile selon saint Jean, Jean, l’évangile en filet (Parole et Silence 2020) j’explique qu’au parvis des hommes correspond le discours de Jésus bon pasteur dont les brebis trouvent de riches pâturages et la Vie qui est pour toujours.

À Luisa, Jésus explique :
« C’est moi qui forme ta vie, qui te réchauffe, qui forme ton mouvement, ta respiration et, si tu reconnais que c’est ma Vie qui anime la tienne, je ferai en toi des choses dignes de Moi » (26 février 1937, Tome 34).

« Ma vie se continue vraiment sur la terre, non seulement dans le Très Saint Sacrement, mais aussi dans les âmes qui vivent dans ma grâce. Les créatures ne peuvent embrasser tout ce que j’ai fait, leurs capacités étant limitées. Aussi, dans telle âme je continue ma réparation, dans telle autre ma louange, dans telle autre mes actions de grâces, dans telle autre mon zèle pour la sainteté des âmes, dans telle autre mes souffrances, et ainsi de suite. Suivant la qualité avec laquelle les âmes sont unies à Moi, je développe ma Vie en elles. Imagine quel chagrin me causent les créatures qui, pendant que je veux agir en elles, ne font pas attention à Moi » (3 octobre 1903, Tome 5).

« Trouves-tu que ce n’est rien que notre Volonté coure en chaque acte de créature et qu’Elle lui dise, non pas en paroles, mais avec des actes : "Je suis à toi, à ta disposition, reconnais-moi, je suis ta vie, ton acte" […]. Le tout c’est que cet acte voulu de mon FIAT soit reconnu, à ce moment-là, Il fait des prodiges inouïs de sainteté et de beauté qui forment les plus beaux ornements de la patrie céleste et les vies les plus resplendissantes qui ressemblent à leur Créateur » (4 janvier 1937, Tome 34).

 

Se vider de ce qui est humain pour être ensemble avec Jésus dans la divine volonté

La vie dans la Divine Volonté correspond à la promesse de devenir « participants de la divine nature » (2Pierre 1, 4), mais elle passe par une purification : « vous étant arrachés à la corruption qui est dans le monde, dans la convoitise » (2Pierre 1, 4). On s’approche du sanctuaire, du Saint des Saints, de la divinisation, en passant par l’autel du sacrifice. Et cela est vrai pour les hommes et les femmes car l’architecture du Temple est un symbole qui représente la nature humaine. 

« Qui éprouve de l’amour pour son âme la perd [la fait périr].
Qui a de la haine pour son âme en ce (siècle) monde-ci, la gardera pour la vie qui est pour toujours ! » (Jn 12, 25 FG).

Jésus explique à Luisa :
« La première étape à franchir pour parvenir à vivre dans la Divine Volonté se situe au plus profond de l’âme où la grâce l’incite à se vider de ce qui est humain, de ses tendances, de ses passions, de ses inclinations » (18 septembre 1924, Tome 17).

« Le don de vivre dans la Divine Volonté n’est donné qu’à celui qui est bien disposé, qui ne le gaspillera pas, qui l’estimera beaucoup, qui l’aimera plus que sa propre vie, qui est prêt à sacrifier sa propre vie pour que ce don ait en lui la suprématie sur tout, qui le considère plus que sa vie elle-même et qui voit sa propre vie comme sans valeur en comparaison de lui.
Et je m’assure en premier lieu que l’âme veut vraiment faire ma volonté et jamais la sienne, qu’elle est prête à n’importe quel sacrifice pour faire ma Volonté, que, dans tout ce qu’elle fait, elle me demande toujours ce don, ne fût-ce que comme un prêt. Et quand je vois qu’elle ne veut rien faire si ce n’est à travers ce prêt de ma Volonté, je la lui donne en cadeau, parce qu’en le demandant et le redemandant, elle a créé dans son âme l’espace voulu pour qu’il y prenne place » (25 décembre 1925, Tome 18).

L’âme qui vit dans la Divine Volonté « se place alors dans son vrai néant, non pas en attitude d’humilité où elle ressent toujours quelque chose d’elle-même mais en tant que rien, elle entre dans le Tout que je suis et travaille avec moi, en moi et comme moi. Complètement dépouillée d’elle-même, elle ne s’arrête ni à ses mérites ni à son intérêt personnel. Plutôt, tout attentive à me rendre heureux, elle me donne une domination absolue sur toutes ses actions, sans chercher à savoir ce que j’en fais. Une seule pensée l’occupe : vivre dans ma Volonté, me suppliant de lui accorder cet honneur » (6 décembre 1917, Tome 12).

 

L’autel et le sanctuaire

 

La Rencontre

Sur l’autel, c’est Jésus qui s’offre, et nous communions à lui, pour devenir « participants de la divine nature » (2Pierre 1, 4), en araméen, nous avons le mot participant, associé, compagnon, d’où dérive le mot communion.

Derrière l’autel, c’est le sanctuaire, le « Saint »,  l’intériorité orientée vers le Saint des Saints.

Il s’agit d’entrer en communion avec le Seigneur. Il faut savoir qu’en araméen, le mot sacrifice, offrande, signifie aussi le contact, la rencontre, c’est le mot Qourbana.

Jésus dit à Luisa : 
« Ma très chère fille, agir avec le Christ fait s’estomper l’agir humain et apparaître l’agir divin. Pour cette raison, agis toujours avec moi comme si, tous deux, nous faisions la même chose. Si tu souffres, fais-le comme si tu souffrais avec moi ; si tu pries, si tu travailles, fais-le en moi et avec moi. Ainsi, en toi, l’agir humain s’estompera pour se retrouver divinisé. Oh ! comme elle est immense la richesse que les créatures peuvent acquérir en agissant de cette manière, mais ça ne les intéresse pas ! » (23 septembre 1906, Tome 7)

« L’ennemi est incapable de troubler cette âme, qu’elle ait fait son travail bien ou pauvrement, qu’elle ait fait peu ou beaucoup, parce que tout a été fait par Jésus et ensemble. Elle est paisible, non sujette à l’anxiété. Elle n’aime pas une personne en particulier, mais elle les aime toutes, divinement. On peut dire qu’elle répète la vie de Jésus, qu’elle est sa voix, les battements de son Cœur, la mer de ses grâces » (14 août 2017, Tome 12).

Luisa vivait la Passion dans une Rencontre. Jésus lui disait affectueusement : « Quand tu te sens incapable de prendre plus, abandonne-toi encore plus à moi et tu sentiras ton Jésus prier, souffrir et réparer alors que toi, tu l’observeras : je serai l’acteur et toi la spectatrice. Quand tu seras restaurée, tu reprendras le rôle d’actrice et je serai le spectateur. Il y aura ainsi alternance entre nous deux » (3 novembre 1919, Tome 12).

 

S’unir au sacrifice de Jésus

« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16).

« J’ai fait au nom de chaque créature tout ce qu’elle avait à faire envers son Créateur, sans exclure les âmes perdues, parce que, pour chaque chose créée, je devais donner au Père la gloire, l’amour et la satisfaction complète. Certaines âmes en viennent à satisfaire elles-mêmes leur dette envers le Créateur quoique, cependant, aucune n’en vient à la satisfaction complète. Ces âmes unissent leur gloire à la mienne et tout ce qu’elles font se greffe à ma gloire » (19 avril 1919, Tome 12).

Nous sommes proches de ce que Jésus explique dans l’évangile en disant qu’il est la vigne et nous, les sarments (Jn 15, 1-4).

« Ma Divinité, qui avait tous les pouvoirs et voulait que j’expie pour toute la famille humaine, me fit ressentir le rejet, l’oubli et toutes les corrections que la nature humaine s’était méritées. C’était pour moi des souffrances très grandes. Comme j’étais uni à la Divinité – mon humanité et ma divinité ne faisant qu’un –, la séparation d’avec elle m’était un véritable martyre. Être aimé et en même temps se sentir oublié, être honoré et en même temps me sentir trahi, être saint et en même temps me voir couvert de tous les péchés, quels effrayants contrastes, quelles souffrances extrêmes ! Un miracle de ma Toute-Puissance m’était nécessaire pour que je puisse porter toutes ces souffrances » (3 novembre 1919, Tome 12).

« La passion est le symbole de la Passion de ma Volonté, qui, pendant des siècles, avait souffert de la rébellion de tant de volontés des créatures, lesquelles, ne voulant pas se soumettre à Elle, avaient fermé le Ciel, coupé toutes les communications avec leur Créateur, devenant les malheureuses esclaves de l’ennemi infernal.
Mon Humanité lacérée, crucifiée, représentait l’humanité malheureuse sans mon Vouloir devant la Justice divine, c’est pourquoi j’appelais mon FIAT en chaque peine, à échanger le baiser de la paix avec les créatures pour qu’elles soient heureuses, et J’appelais ces dernières en Lui, pour que la Passion douloureuse de ma Volonté puisse cesser. À la fin, ma mort qui mûrit ma Résurrection les appela toutes à ressusciter dans mon Divin FIAT […]
Alors, unis-toi à Moi et fais en sorte d’appeler ma Volonté dans chacun de tes actes et de tes peines pour qu’Elle y ait une place royale et dominante, pour qu’Elle puisse conquérir tout un chacun et se fasse connaître, aimer et désirer de tous » (31 mai 1936, Tome 34).

 Prions : « Que les plaies de Jésus et les douleurs de ma Mère m’obtiennent la grâce de faire ressusciter ma volonté dans la Volonté de Dieu » (Luisa PICCARRETA, La Reine du Ciel dans le Royaume de la Volonté divine, 27e jour).

 

Une loi intériorisée, des actes spontanés

Dans son humanité, Jésus n’a pas cessé de faire la volonté du Père, c’était sa nourriture. « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et de mener son oeuvre à bonne fin » (Jn 4, 34), en même temps, sa volonté libre est restée active. Il a notamment déclaré : « c’est pour cela que le Père m’aime, parce que je donne ma vie, pour la reprendre. Personne ne me l’enlève ; mais je la donne de moi-même. Tel est le commandement que j’ai reçu de mon Père » (Jn 10, 17-18).

Dès maintenant, le disciple de Jésus peut redire la prière hébraïque : « Je serai au large en ma démarche, car je cherche tes préceptes » (Ps 119, 45). Il ne s’agit pas d’une loi imposée de l’extérieur, par les puissants de la terre, aux masses dépossédées et dépersonnalisées. Il s’agit d’une vie divine insufflée dans l’homme libre et singulier.

« Celle en qui règne ma Divine Volonté n’a pas besoin de lois, car elle a conscience que sa nature se change en loi divine et, de même que dans sa nature elle perçoit la force de la respiration et des pulsations, de même elle sent la force de la loi en tant que partie substantielle de sa vie, et, parce que ma loi est une loi d’amour, de sainteté et d’ordre, sa nature transpire l’amour, la sainteté et l’ordre » (14 mai 1935, Tome 33).

« Nous avons tout créé sans être sollicité par qui que ce soit, de même que dans la Rédemption, Je n’étais soumis à aucune loi, et personne ne pouvais m’obliger à souffrir autant et à mourir ; ma loi a été l’amour et la vertu de ma spontanéité divine. […]

Celle qui opère et aime sous la contrainte en perd toute la beauté et on peut dire que ses œuvres sont sans amour et sans vie, d’où sujette à la mutabilité, tandis que la spontanéité produit la fermeté dans le bien » (21 octobre 1934, Tome 33).

Jésus explique aussi à Luisa :

« Ce qui indique que l’âme vit dans ma Volonté Divine, c’est de la voir aimer, opérer et souffrir spontanément, sans la moindre trace de contrainte ; ma volonté, qui la garde auprès d’Elle, lui communique sa spontanéité qui court dans Ses œuvres incessantes, sinon, ce serait gênant pour Elle de la garder dans le giron de sa lumière sans cette caractéristique de son mode spontané. La créature est même tout yeux envers mon Divin Fiat, car elle ne veut pas être à la traîne, mais courir avec lui, aimer avec son amour, se retrouver dans ses œuvres pour pouvoir les Lui rendre et vanter sa Puissance et sa magnificence créatrice » (21 octobre 1934, Tome 33).

Cette spontanéité n’est pas synonyme d’impréparation puisque Jésus explique aussi que la créature doit travailler son champ, mais il y a plusieurs dimensions : si une dimension correspond à l’ordre, il y a aussi cette dimension qui est autre chose que l’ordre, le non-ordre en quelque sorte. Et la vie humaine est un mélange d’ordre et de non-ordre : de loi et de liberté.

Très importante est la structure quaternaire de la création et du Temple pour comprendre qu’il y a des dimensions qui ne sont pas contradictoires mais complémentaires.

« À chaque instant, nous allons communiquer ensemble et moi, je crierai : ‘Liberté ! Liberté ! Venez tous dans ma Volonté pour jouir de la vraie liberté !’ » (27 février 1919, Tome 12).

 

Le Saint des Saints

Enfin, dans le Temple, il y a une dernière porte : celle du « Saint des Saints », c’est le cœur du Temple, « l’intérieur de l’intérieur ». L’unique Grand-Prêtre y pénètre ‒ et une seule fois par an ‒ pour être en contact avec Dieu et transmettre ensuite Sa bénédiction. Les Hébreux ont découvert peu à peu que le Seigneur n’était pas simplement leur Dieu ‒ un Dieu au-dessus d’autres dieux ‒ mais LE Dieu unique de toute la création, le Créateur. La prière à ce Dieu porte donc une dimension universelle, au-delà de toute nation ou langue.

 

Offrir au nom de toute la famille humaine

Luisa raconte :

« Je sentais mon pauvre esprit complètement immergé dans l’immense mer de la Divine Volonté. Je percevais l’empreinte du divin Fiat dans chaque chose créée. J’ai perçu cette empreinte dans le soleil. Il me semblait que le soleil nous transmettait l’Amour divin qui darde, blesse et illumine. Sur les ailes de cette empreinte, je me rendis vers l’Éternel en lui apportant, au nom de toute la famille humaine, l’Amour divin qui darde, blesse et illumine. Je lui ai dit : "C’est dans ton Fiat que tu me donnes cet Amour qui darde, blesse et illumine, et c’est dans ton Fiat que je te le retourne".

Ensuite, j’ai regardé les étoiles et j’ai perçu, que dans leur doux scintillement, elles transmettent aux créatures un Amour pacifique, doux, caché et compatissant dans la nuit du péché. Et moi, à travers cette empreinte du divin Fiat, j’ai apporté au trône de l’Éternel, au nom de tous, un amour pacifique pour que règne la paix céleste sur la terre, un amour doux comme celui des âmes amoureuses, un amour caché comme celui des âmes effacées et un amour humble comme celui des créatures qui reviennent vers Dieu après le péché » (17 janvier 1921, Tome 12).

 

Le Saint des Saints nous fait vivre sur un mode d’éternité

« L’homme ! ses jours sont comme l’herbe, comme la fleur des champs il fleurit ;
sur lui, qu’un souffle passe, il n’est plus, jamais plus ne le connaîtra sa place.
Mais l’amour du Seigneur pour qui le craint est de toujours à toujours,
et sa justice pour les fils de leurs fils, pour ceux qui gardent son alliance,
qui se souviennent d’accomplir ses volontés » (Psaume 103, 15-18).

Celle qui vit dans la Divine Volonté acquiert trois prérogatives :

  • « Le droit à la Vie Divine : […] Tout ce qu’elle fait est vie : quand elle aime elle sent la vie de l’amour, elle la sent couler dans son esprit, dans sa respiration, dans son cœur, en tout, et c’est la vertu vitale qui agit en elle, et non pas l’acte qui est sujet à cesser, mais la continuation d’un acte qui forme la vie ; […] L’âme acquiert la vie du bien qu’elle accomplit dans la divine Volonté. […] Elle a la belle prérogative de sentir ses actes changés en actes de Vie pérenne ».
  • « Le droit de propriété : […] dans la Divine Volonté, tout n’est qu’abondance, abondance de sainteté, de lumière, de grâces, d’amour et, les possédant déjà en tant que vie, il est juste que la créature fasse sienne ces qualités divines ».
  • « Le droit à la gloire : […] le droit de glorifier son Créateur en toute chose, dans la respiration, dans les pulsations, et d’être glorifiée elle-même dans la gloire de Celui qui la produit » (20 janvier 1935, Tome 33).

« Les plus petites actions faites dans ma Volonté, dit Jésus, s’inscrivent dans le Ciel en caractères indélébiles en se disant : ‘Nous sommes des actions éternelles parce qu’une Volonté éternelle nous a formées’ » (6 août 1919, Tome 12).

« En opérant dans la Lumière de ma Volonté, l’âme s’unit à l’acte unique de son Créateur et prend place dans le mode d’éternité de ma Lumière. C’est pourquoi tu ne peux voir tes actes, ni dans quelle partie de la Lumière tu les as réalisés, ni où ils demeurent. Car il est impossible pour la créature de traverser complètement la Lumière éternelle, bien que l’âme sache que son acte est certainement présent dans cette Lumière et prend place dans le passé, le présent et l’avenir. » [C’est comme si l’acte s’était « incorporé à la lumière du soleil] (25 décembre 1925, Tome 18)

« Les actes accomplis dans ma Volonté […] complètent les actes des saints qui n’ont pas pu être accomplis dans ma Volonté. Ils sont de nouvelles grâces pour toutes les créatures » (9 août 1921, Tome 13).

 

Se multiplier dans le passé, le présent et le futur

« Ma fille, comme il m’est doux de voir et de ressentir une âme dans ma Volonté ! Sans qu’elle s’en aperçoive, elle se place au niveau de mes actions et de mes prières telles que je les faisais quand j’étais sur la terre. Elle se met presque à mon niveau. Dans mes plus petites actions, je portais toutes les créatures passées, présentes et futures, de manière à présenter au Père des actes complets au nom de toutes. […] Les actions faites dans ma volonté sont nobles, divines et infinies, comme ma Volonté. Elles sont similaires aux miennes et je les revêts de la même valeur, du même amour et de la même puissance. Je les multiplie et les étends à toutes les générations. Que m’importe qu’elles soient petites ; ce sont mes actions qui sont répétées et cela me suffit.

[…] Et si j’aime les autres, c’est en vertu de l’amour que je porte à cette âme ; mon amour pour eux passe par elle, de la même manière que le Père aime les créatures en vertu de l’amour qu’il me porte » (6 décembre 1917, Tome 12)

A travers ces lignes, on entend résonner la prière sacerdotale du Seigneur :
« Et je leur ai fait connaître ton Nom, /et je le leur fais connaître, Moi !
Afin que cet amour brûlant dont tu m’as aimé ardemment / soit en eux,
Et [que], Moi, / Je Sois en eux ! » (Jn 17, 26 FG)

Jésus dit encore à Luisa :

« Pénétrer, embrasser l’immensité de ma Volonté, se multiplier en elle avec moi et, pendant que l’on est encore sur la terre, pénétrer partout, dans le Ciel et dans les cœurs, et, à partir des moyens humains, agir avec les moyens divins, cela n’est pas encore connu » (12 janvier 1918, Tome 12).

« Dans ma Volonté, tout n’est qu’unité, rien n’est séparé, il n’y a pas d’espace-temps, ni de lieux lointains ou proches, les siècles disparaissent dans mon Vouloir qui, par sa puissance, s’empare de tout en une seule inspiration, et en forme un seul acte continu » (20 mai 1934, Tome 33).

Actuellement, le monde est livré à une élite mondiale et à son projet d’un grand Reseat, qualifié d’écologique et de solidaire, projet d’une population expropriée et locataire de tout, sous contrôle électronique absolu, avec de surcroît des injections géniques. De plus, la gnose voulant chasser Dieu comme un soi-disant tyran, pour lui préférer l’autonomie de la matière, il n’y a plus aucun frein à ce que les gens s’entretuent (l’armée étant la plus grande cause de pollution au CO2 et autres !).

Dans ce contexte, Luisa Piccarreta offre à la réflexion contemporaine une ouverture considérable, à la fois anthropologique et eschatologique.

Son anthropologie n’oppose nullement l’homme et Dieu, et c’est bien normal puisque l’homme est créé par le souffle divin, et à l’image et la ressemblance de Dieu, pour entrer dans une alliance et participer à la nature divine. Une approche « quaternaire » a permis d’expliciter tout cela à travers deux images bibliques, le début de la création et le Temple.

Son eschatologie complète ce tableau. L’avenir de l’homme n’est pas dans le transhumanisme qui ne peut que réduire l’homme à la machine et le rendre incapable de l’Alliance avec son Créateur. L’avenir de l’homme est cette vie dans la Divine Volonté, vie d’amour et de bénédiction, qui lui offrira d’être associé au dynamisme et à la gloire divine.

 

Synthèse Françoise Breynaert

Divine volonté et sens de l'homme

Date de dernière mise à jour : 03/05/2022