La Vierge Marie dans la Divine Volonté

Par la Très Sainte Vierge Marie

Celle en qui le Verbe est descendu

Il y a une dizaine d’années, dans une période douloureuse de ma vie, mon oncle moine me transmis sur un petit papier ces simples mots « Ecce, Fiat, Magnificat ». Et ce fut une étoile dans ma vie.

« Ecce » c’est la réponse de Marie à l’ange Gabriel : « Voici (la Servante du Seigneur) », moi aussi, à chaque instant, je suis appelée à m’offrir à l’action divine en moi et à travers moi.

« Fiat » est un mot latin qui signifie « que cela soit », par exemple quand Dieu dit : « que la lumière soit (Fiat) ! » C’est le « Fiat de la création ». On parle aussi du « FIAT » de la Rédemption lorsque le Verbe de Dieu accepta de descendre pour visiter et sauver le monde, et qu’à l’Annonciation Marie répondit à l’ange : « Me voici, la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait [= FIAT] selon ta parole ! » (Lc 1, 38).

« Magnificat » est le nom du Cantique de Marie qui bénit et qui loue le Père, le Créateur, car il fait des merveilles, et il est fidèle à ses promesses.

Quelques années après, avec la Divine Volonté, je compris mieux leur profondeur. Je lisais par exemple cette confidence de Marie à Luisa Piccarreta :

« A présent, écoute, ma fille : dans la maison de Nazareth. Je brûlais plus que jamais du désir que le Verbe descendit sur terre et je priais pour cela. La volonté Divine qui me possédait tout entière n’avait de cesse de remplir toutes mes actions de lumière, de beauté, de sainteté et de puissance. Je sentais que la Volonté Divine formait en moi le Royaume de la Lumière, mais de cette Lumière qui surgit sans cesse. La Volonté Divine établissait en moi un Royaume dont la beauté, la sainteté et la puissance ne faisaient que croitre toujours plus.

Ainsi, toutes les qualités divines que le FIAT Divin développait en moi en y régnant me préparaient à la fécondité. La lumière qui m’envahissait était si puissante, mon humanité en était tellement embellie, elle était si totalement investie par ce Soleil du Vouloir Divin, que je ne pouvais que produire de célestes fleurs. Je sentais que le Ciel s’abaissait jusqu’à moi tandis que la terre de mon humanité s’élevait : et le Ciel et la Terre s’embrassaient, se réconciliaient, s’échangeaient le baiser de Paix et d’Amour, La Terre se préparait à produire le germe qui formerait le Juste, le Saint ; et le Ciel s’ouvrait pour faire descendre le Verbe dans ce germe. […] »

Et cette méditation est suivie d’une prière que chacun peut répéter : « Puissante Reine, prononce ton FIAT, et crée en moi la Volonté Divine »[1].

Ce texte admirable est certainement très important pour nous les Occidentaux. On voudrait nous faire croire que Jésus n’est qu’un homme, un homme que de prétendus ‘chrétiens grecs’ auraient divinisé à la mode païenne, comme par exemple on le fit pour l’empereur Caius Caligula. C’est tout le contraire. Jésus est Dieu qui descend. Les lecteurs de la Bible savent que Dieu est « descendu » délivrer son peuple (Ex 3, 8), et que le prophète Isaïe priait : « Ah ! si tu déchirais les cieux et descendais – devant ta face les montagnes seraient ébranlées » (Is 63, 19). En Jésus, Dieu a visité son peuple (Lc 1, 68 et 7, 17). Et le texte de Luisa le montre admirablement.

Dieu « se complait » en Jésus (Mc 1, 11 ; Mt 3, 17 ; Lc 3, 22), dans tous les évangiles en araméen, nous avons « eṣṭḇīṯ » la forme passive ou réfléchie du verbe « vouloir [ṣbā], désirer, aimer, se complaire en ». La complaisance du Père dans son Fils est une union des volontés.

Marie, elle est « pleine de bonté [ṭaybūṯā – racine tb] » (Lc 1, 28). On devient bon en posant des actes bons. Marie a posé des actes bons parce qu’ils étaient entièrement inspirés par la volonté divine, mieux encore, Marie appelait la divine volonté à investir le moindre de ses actes. Tout son être était pétri du souffle divin, de la lumière divine. Le Fils de Dieu a pu descendre en elle en toute sécurité…

Les actes de Jésus sont à la fois humains et divins, en tant qu’ils sont des actes divins, ils rejoignent l’humanité depuis le premier homme jusqu’au dernier. La Vierge Marie n’est pas « préexistante », cependant, l’union au vouloir divin la rend inséparable du Créateur, qui, Lui, est au-delà du temps et de l’espace. L’union continuelle au Divin Vouloir permet à la Vierge Marie de rejoindre Adam jusqu’au dernier homme. Ceci étant dit, le temps n’est pas supprimé, ce n’est pas du tout la même chose d’être né avant Jésus-Christ ou d’être né après.

Or, nous aussi, si nous nous unissons à Marie et à Jésus, si nous sommes animés par le Divin Vouloir, alors nous entrons dans cette dimension divine.

Jésus enseigne à Luisa :

« Cette céleste Reine, avec la puissance de notre FIAT qu’Elle possédait, a réuni son Créateur avec les créatures, a réuni tous les êtres, les a unis et ordonnés. Et, avec son Amour, Elle a donné une vie nouvelle aux générations humaines. Son amour était si grand qu’il recouvrait et cachait en lui les faiblesses, les maux, les péchés et les créatures elles-mêmes dans ses mers d’amour. Oh ! Si cette Sainte Vierge ne possédait pas tant d’amour, il nous serait difficile de regarder la terre ! Mais non seulement son amour Nous la fait regarder, mais il Nous fait vouloir que notre Volonté règne sur terre qu’Elle le veut ainsi. Elle veut donner à ses enfants ce qu’Elle possède. Et par l’amour, Elle fera notre conquête et celle de ses enfants. » ( 15 août 1938, tome 36).

Le FIAT de Marie doit être suivi de beaucoup d’autres. Jésus a dit : « Ceux-ci sont ma mère et mes frères : eux qui écoutent la Parole de Dieu et la pratiquent ! » (Lc 8, 21). Et Jésus confie à Luisa :

« Celle qui fait ma Divine Volonté devient mère, car mon Divin Fiat l’embellit, la transforme et la rend féconde, et lui donne toutes les qualités pour être une véritable mère. De mon côté, Je suis en train de la former en l’exposant aux reflets de mon Divin Vouloir, prenant un plaisir immense à l’appeler maman et Je ne la choisis pas, en tant que mère, pour Moi seul, mais pour qu’elle le soit aussi pour bien d’autres petits enfants »[2].

Jusqu’à la fin

Au moment de la persécution de l’enfant Jésus par Hérode, saint Matthieu répète à l’envie une expression choisie : « L’enfant et sa mère » : les mages virent « l’enfant avec Marie sa mère » (Mt 2,11), Joseph doit fuir avec « l’enfant et sa mère » (2,13), il prend donc « l’enfant et sa mère » (2,14), et de nouveau il doit prendre « l’enfant et sa mère » (2,20), il prit donc « l’enfant et sa mère » et rentra dans la terre d’Israël (2,21). Marie est ainsi inséparablement unie à Jésus, dans un drame qui annonce la cruelle Passion : même motif de condamnation à mort (la royauté du Christ), même contexte d’ouverture aux nations (qui sera celui de l’Église pascale).            

Jésus et sa mère ont vécu dans une union parfaite. Jésus dit :

« Ma fille, il est vrai que rien n’a échappé à ma Mère, car tout ce que J’ai fait et souffert résonnait comme un écho dans les profondeurs de son âme. Elle était si attentive dans l’attente de l’écho de mes Actes que cet écho, avec tout ce que J’ai fait et souffert, demeurait imprimé en Elle. Et la reine souveraine émettait son écho dans le Mien, le faisant résonner dans les profondeurs de Moi-même, de sorte que des torrents dévalaient entre Elle et Moi, des mers de Lumière et d’Amour qui se déversaient entre Nous. Je faisais le dépôt de tous mes Actes dans son cœur maternel. Je n’aurais pas été satisfait si Je ne l’avais pas eue toujours avec Moi, si je n’avais pas senti son écho continuel qui, résonnant dans le Mien, recueillait même son Souffle et mes Battements de cœur pour les déposer en Elle. »[3]

Le récit de la Genèse explique que le péché de nos premiers parents, Adam et Éve, eut pour conséquence qu’ils eurent honte de leur nudité : ils étaient dévêtus de la gloire que leur conférait le souffle divin en eux. Ils n’avaient plus qu’une volonté humaine, tout à fait misérable et sujette aux bas instincts. La Passion de Jésus commence par son agonie au jardin des Oliviers, c’est une véritable agonie d’amour par laquelle il appelle toute l’humanité, depuis Adam, à revenir à la place d’honneur que le Créateur leur a donnée. Ensuite, Jésus va souffrir la flagellation, il est dévêtu, comme nos premiers parents, et on lui ôte même, à coups de fouet, des lambeaux de peau. De cette manière, Jésus refait tout le chemin de l’humanité. Il remonte la pente comme on dit familièrement. Ensuite, il est crucifié, et Marie est là, au pied de la Croix. Enfin, Jésus au tombeau va visiter les défunts du passé, jusqu’en Adam, pour leur offrir le salut et la Vie[4].

Et nous, à la suite de Luisa, nous pouvons fusionner avec Marie et avec Jésus, et réparer au nom de tous, et d’une certaine façon remonter la pente pour tous. Luisa écrit :

« Elle, comme une colombe, s’envole vers Ton Cœur y prendre la première place, pour être la première Réparatrice, la Reine de ce même Cœur, le tien, la médiatrice entre Toi et les créatures. Moi aussi, avec ma maman, je veux voler dans ton Coeur pour ressentir comment Elle te répare et répète ses réparations pour toutes les offenses que Tu reçois. O mon Jésus, dans ton Cœur blessé, je retrouverai, moi, ma vie ; si bien que peu importe quelle chose je serai sur le point de faire, je la puiserai toujours de Lui. »[5]

Marie a communié à la souffrance humaine de Jésus, mais aussi à la divinité qui animait Jésus, c’est pourquoi la souffrance et la prière de Marie ont aussi rejoint l’humanité depuis le premier homme jusqu’au dernier.

Marie est donc la Mère de tous. Sa maternité n’est pas une abstraction, elle s’exerce dans une relation personnelle pour tous ceux qui s’approchent d’elle. C’est une expérience formidable. À mesure que l’on s’approche de Marie et que l’on se confie en elle, notre vie se met en ordre, notre travail prend une autre fécondité, une liberté nouvelle nous anime, nous percevons la vie divine rendue à nos âmes.

Mais les dons de Dieu ne s’arrêtent pas avec la Passion et la Résurrection de Jésus, et la Pentecôte. Jésus dit :

   « Ma fille, quand Adam a péché, Dieu lui a fait la promesse d’un Rédempteur. Des siècles ont passé et la promesse s’est réalisée : les générations ont pu bénéficier de la Rédemption.

   Par la suite, après que je sois descendu du Ciel pour réaliser la Rédemption, avant de quitter la terre, j’ai fait une autre promesse, très solennelle. Celle de la venue du Royaume de la Divine volonté. Je l’ai faite dans la prière du Notre Père - en demandant au Père que son Règne vienne et que sa Volonté soit faite sur la terre comme au Ciel. […]

   La formulation - Que ton Règne vienne ; que ta Volonté soit faite sur la terre comme au Ciel - laisse entendre que je ne devais pas établir le Royaume de la Divine Volonté au temps même de ma venue sur la terre. Autrement, j’aurais dit quelque chose comme «Mon père, que le Royaume que j’ai établi sur cette terre soit confirmé par toi... » Plutôt, j’ai dit : - Que ton Règne vienne - qui signifie que ce Règne doit venir et que les créatures doivent l’attendre avec la certitude avec laquelle les Hébreux ont attendu le Rédempteur. »[6]

C’est ce que nous allons expliquer maintenant.

Celle qui éclaire le sens de l’histoire

La Genèse décrit la création de l’homme en ces termes : « Alors le Seigneur Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant » (Gn 2,7). Par le péché, ce souffle s’est retiré, mais le dessein du Créateur doit s’accomplir finalement : « Avec notre souffle nous allons le restaurer, l’assainir, le guérir. »[7]. C’est enthousiasmant. Concrètement,

« Supposons qu’elle veuille faire un acte d’amour ; je Me mets aussitôt à l’œuvre, J’infuse mon souffle, dépose une dose de mon Amour, l’embellis des beautés variées qu’IL [le divin Vouloir] possède, et ensuite, étant l’administrateur divin de mon Vouloir, Je confère ma Divine Volonté à cet acte d’amour, de telle sorte, qu’en lui, on ne reconnaît pas l’acte de la créature, mais on voit un acte d’amour sorti du centre de ma Divinité. »[8]

Les textes que nous avons donnés à lire nous font comprendre ce que Marie a vécu d’une manière permanente et parfaite. Jésus dit à Luisa Piccarreta :

« Elle [Marie] est la Reine de mon Église.

Elle l’assiste, la protège, la défend et siègera au milieu des enfants de ma Volonté, en tant que moteur, vie, guide,

Elle sera le modèle parfait, l’Enseignante du Royaume du FIAT Divin […] parce qu’Elle veut ses enfants sur la terre dans le règne où Elle a vécu, n’étant pas satisfaite de les avoir dans le règne de la Divine Volonté seulement au Ciel : Elle les veut aussi sur la terre. »[9]

À notre époque, tous attendent un événement, un changement, une issue. Or justement, la bienheureuse Vierge Marie éclaire le sens de l’histoire.

Le salut offert en Jésus doit être accueilli, reçu afin que s’accomplisse la prière du Notre Père « que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ».

Pour cela, il faut que sur la terre il n’y ait plus d’opposition au Créateur. Le Règne de Dieu adviendra à travers le jugement eschatologique dont parle le Nouveau Testament : le jugement de l’Antichrist ou celui de la bête de l’Apocalypse, décrit par Jean comme un système commercial et militaire mondial corrompu et blasphémateur (Ap 13). Comprenons bien : le « royaume » que le Christ doit remettre au Père (1Co 15, 22-28) ne peut pas advenir n’importe quand : l’Antichrist doit venir d’abord et être jugé et anéanti par le souffle de la Venue du Christ (2Th 2, 3-12). Ce jugement ne nous appartient pas. Il appartient au Christ en sa Venue glorieuse. Le Catéchisme de l’Église catholique enseigne : « Que ton règne vienne (Mt 6, 10). […] Dans la prière du Seigneur, il s’agit principalement de la venue finale du Règne de Dieu par le retour du Christ (cf. Tt 2,13)… » (CEC 2818)[10].

C’est tout cela qui est sous-jacent lorsque Jésus dit à Luisa :

« Je vais éliminer toutes les créatures mauvaises qui, comme des plantes empoisonnées, contaminent les plantes innocentes. Quand j’aurai tout purifié, mes vérités trouveront leur voie et donneront aux survivants la vie, le baume et la paix. À la confusion de ceux qui n’auront pas cru – ce qui d’ailleurs sera leur condamnation -, ma volonté régnera ; j’aurai mon royaume sur la terre comme au Ciel ! »[11]

Ou encore :

« Quand je suis venu sur la terre pour racheter les hommes, il a été dit de moi que j’allais être le salut et la ruine d’un grand nombre. Concernant ma Volonté, on pourra dire qu’elle amènera sur la terre la grande sainteté car ma Volonté est la sainteté absolue, ou la ruine d’un grand nombre »[12].

Jésus a fait référence à sa présentation au Temple, lorsqu’il était enfant : « Syméon dit à Marie, sa mère : ‘Vois ! cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël’ » (Lc 2, 34).

Et Jésus dit à Luisa : « Si Nous n’avions pas la certitude que notre Volonté régnera dans la créature, notre amour brûlerait la Création tout entière, la réduisant au néant. Si donc, Nous supportons et tolérons autant, c’est parce que Nous voyons, au-delà des temps, notre finalité réalisée. »[13]

Ce ne sont pas les petits et les faibles qui doivent craindre, car pour eux, la venue glorieuse sera comme un soleil avec la guérison dans ses rayons.

Jésus dit à Luisa :

« Ma fille, je te le répète, ne t’attarde pas à la terre ! Laissons les créatures faire ce qu’elles veulent. Elles veulent faire la guerre, qu’il en soit ainsi. Quand elles seront fatiguées, je ferai moi aussi ma guerre. Leur fatigue du mal, leurs désillusions et leur souffrances les disposeront à accepter ma guerre. Ce sera une guerre d’Amour. Ma Volonté descendra du Ciel au milieu des créatures. Tes actions faites dans ma Volonté, de même que celle d’autres âmes faites aussi dans ma Volonté, feront la guerre aux créatures, une guerre non sanguinaire. Elles batailleront avec les armes de l’Amour, apportant aux créatures des cadeaux, des grâces et la paix. Elles donneront des choses si surprenantes que les hommes en seront stupéfiés.

Ma Volonté, ma milice du Ciel, confondra les hommes avec des armes divines ; elle les submergera, leur donnant la lumière pour qu’ils voient les dons et la richesse avec lesquels je veux les enrichir. Les actions faites dans ma Volonté, portant en elles la Puissance créatrice, seront le nouveau salut de l’homme et leur apporteront tous les biens du Ciel sur la terre. Elles amèneront l’ère nouvelle de l’Amour et son triomphe sur l’iniquité humaine.

Par conséquent, multiplie tes actions dans ma Volonté afin de former les armes, les cadeaux et les grâces qui descendront au milieu des créatures et engageront la guerre d’Amour avec elles. »[14]

Et il nous faut continuer toujours à vivre avec la Très Sainte Vierge Marie, car Elle dit à Luisa :

« Fille de mon cœur, le règne de la Divine Volonté sera mon Règne, la Sacrosainte Trinité me l’a confié, et, ainsi qu’Elle m’a confié le Verbe Éternel dans sa venue sur terre, aussi, Elle m’a confié son règne et le mien. »[15]

Prions :

« Maman du Ciel, allume en mon âme feu et flammes pour qu’ils brûlent en moi et y consument tout ce qui n’est pas Volonté divine » (30e jour).

Celle qui éclaire la nature humaine

Dans cette dernière partie, je voudrais répondre à certaines questions fréquentes sur la liberté ou le travail personnel qui sont bien entendu maintenus dans la Divine Volonté.

Depuis longtemps (depuis Aristote), la pensée philosophique est binaire, 0 s’oppose à 1, l’homme s’oppose à Dieu, et on finit par choisir l’homme contre Dieu. Mais la pensée biblique est quaternaire. Par exemple, la création en Genèse 1, 1-2 : les cieux, la terre, la mer, l’abîme. Autre exemple, l’architecture révélée du Temple : accueil dans le parvis des femmes, parvis des hommes vers l’autel en plein air, sanctuaire des prêtres, Saint des Saints où seul pénètre le grand prêtre ; cela fait aussi quatre dimensions). Ces quatre dimensions distinctes sont concomitantes, l’anthropologie qui en découle[16] cesse d’opposer l’homme à son Créateur. Comme l’abîme recouvert de ténèbres est le lieu d’instauration de nouvelles possibilités dans la création, comme le Saint des Saints est le lieu où Dieu parle à l’homme, la relation de l’homme à Dieu fait partie de son être profond, et supprimer en nous « la source du divin vouloir », c’est tout bonnement nous déconstruire, nous déshumaniser.

En Marie nous voyons l’être humain accompli, royal, plein de fraicheur et de puissance.

D’une manière simple, dans le livre « La reine du Ciel dans le royaume de la Volonté divine sur la terre », nous percevons effectivement l’épanouissement de quatre dimensions ou quatre images complémentaires, qui sont en harmonie quand l’humain accepte d’avoir sa source en Dieu :

Tout d’abord, nous sommes invités à revenir dans l’ordre divin selon l’image des cieux où les étoiles sont à leur place, ou selon l’image du Temple où l’on entre par le parvis des femmes (éducatrices de la Vie).

Marie dit :

« En se coupant, par le péché, de la divine Volonté, Adam et Eve firent perdre à la famille sa sainteté, sa beauté et son ordre ; et moi, ta maman, la nouvelle Eve toute pure, avec mon Fils, nous sommes allés rétablir ce que Dieu avait fait dans l’Eden : j’ai été instituée Reine des familles et j’ai obtenu la grâce que le FIAT Divin règne en elles » (25e jour C).

Nous sommes en même temps invités à travailler et à offrir notre libre collaboration, comme le dit très bien l’image de la terre où l’homme travaille, ou l’image du parvis d’Israël qui conduit à l’autel du sacrifice.

Marie confie à Luisa :

« J’acquis en ma nature toutes les vertus […] La Volonté Divine garda toujours fleurie l’humble terre de mon heureuse humanité et la préserva des épines du vice » (13e jour).

« Ma fille, remercier le Seigneur et déposer nos actes dans Ses mains comme gage de notre amour, voilà qui ouvre de nouveaux canaux de grâce et d’échange entre Dieu et l’âme » (14e jour).

Prenons aussi conscience que nous avons une intériorité à respecter, c’est l’image de la mer, ou l’image du sanctuaire.

Marie confie à Luisa :

« Je faisais comme la mer qui cache tout ce qu’elle possède et ne laisse rien voir d’autre que l’eau » (15e jour).

Pour qu’il y ait « Vie » dans l’être humain, il faut qu’il y ait l’instauration d’une nouveauté, sinon, ce seraient toujours les mêmes informations et les mêmes affects, et l’homme régresserait au niveau de l’ordinateur ou de l’animal. C’est dans la Genèse l’image de l’abîme recouvert de ténèbres (Gn 1, 2), inconnaissable si Dieu ne le révèle pas, ou dans le Temple l’image du Saint des Saints.

À Luisa, Marie confie :

« Je sentais que la Volonté Divine formait en moi le Royaume de la Lumière, mais de cette Lumière qui surgit sans cesse » (18e jour).

Ailleurs, Marie parle de « cette Source d’où découlent tous les biens : la volonté de mon Fils » (25e jour C).

Oui vraiment, l’homme est créé pour vivre connecté à la Source et pour vivre de Volonté divine ! Jésus explique : « Ma Volonté possède la vertu vivificatrice, actrice et opérative »[17].

Ainsi, nous comprenons que le divin vouloir nous épanouit et irrigue toutes les dimensions de notre nature humaine. Il n’y a aucune crainte à consacrer notre volonté humaine, car allons enfin atteindre notre vraie stature, notre identité complète, notre vie humaine « sur un mode divin », comme le Créateur l’avait voulu lorsqu’il insuffla en Adam son propre souffle (Gn 2, 7).

Et pour finir bellement… Prions notre très sainte mère

« Je veux te consacrer ma volonté. Ah ! Je t’en prie, Maman, accepte-la, fais d’elle le trophée victorieux de la Grâce et une terre conquise où la Divine Volonté puisse étendre son royaume !

Cette volonté – qui est mienne lais que je t’ai consacrée – nous rendra donc inséparables l’une de l’autre, établissant entre nous des rapports continus.

Ainsi, les portes du Ciel ne pourront pas se refermer pour moi, puisque t’ayant consacré ma volonté, tu me donneras la tienne en contrepartie.

Ainsi, ou c’est la mère qui viendra demeurer avec sa fille sur la terre, ou bien c’est la fille qui s’en ira vivre au ciel avec sa maman. Oh ! quel bonheur pour moi ! »[18]

Françoise Breynaert, docteur en théologie (foi-vivifiante.fr)

 

[1] Extraits de : Luisa Piccarreta, La Reine du Ciel dans le royaume de la Volonté divine sur la terre, 18° jour. Resiac, Montsur 2000, p. 84-86

[2] 14 novembre 1928, tome 25

[3] 16 avril 1928, tome 24

[4] La reine du Ciel dans le royaume de la Volonté divine sur la terre, 28e jour. Cf. Françoise Breynaert, La bonne nouvelle aux défunts, nouveau paradigme de la théologie des religions, Via romana, Versailles, 2014 (Préface Mgr Minnerath). Cet enseignement, qui fait partie du Credo (Il est descendu aux enfers) a été mis entre parenthèse depuis saint Augustin, ce qui a induit par déduction logique de fausses questions et de fausses réponses (enfer virtuel, chrétiens anonymes, salut sans contact avec le Verbe incarné, etc.).

[5] Luisa Piccarreta, Les 24 heures de la Passion, 23e heure., éditions Résiac, p. 218-219

[6] 5 février 1928, Tome 24

[7] 35 décembre 1937, Tome 21

[8] 20 septembre 1930, Tome 28

[9] 20 mai 1936, Tome 34

[10] Fondements bibliques dans : Françoise Breynaert, La Venue glorieuse du Christ. Véritable espérance pour le monde. Éditions du Jubilé (octobre 2016). Ou, en abrégé, Préparer dès maintenant le retour glorieux du Christ, avec les écrits de Luisa Piccarreta (préface Mgr Rey), Téqui 2018. « Solidement ancré sur les fondements scripturaires et patristiques, le livre de Françoise Breynaert nous expose l’enseignement de l’Église sur le retour glorieux du Christ, tout en nous mettant bien en garde contre les autres messianismes, religieux ou politiques. » (+ Mgr Dominique Rey Évêque de Fréjus-Toulon).

[11] 2 octobre 1938, Tome 36

[12] 20 mai 1936, Tome 34

[13] 30 mai 1932, Tome 30

[14] 26 avril 1921, Tome 12

[15] 10 février 1937, Tome 34

[16] Cf. Françoise Breynaert, Jean, L’évangile en filet. L’oralité d’un texte à vivre. (Préface Mgr Mirkis – Irak) Parole et Silence, Paris, 8 décembre 2020.

[17] 12 mars 1938, Tome 35

[18] Luisa Piccarreta, La Reine du Ciel dans le royaume de la Volonté divine sur la terre, 18° jour. Resiac, Montsur 2000. « Offrande », p. 173-174

 

Date de dernière mise à jour : 15/06/2022