Veillée pascale

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Voici pour mémoriser le texte de l'évangile de ce jour en vue d'une récitation orale avec reprises de souffles.

Evangile mc 16 1 7Evangile Mc 16, 1-7 (76.42 Ko)

Podcast sur  : https://radio-esperance.fr/antenne-principale/entrons-dans-la-liturgie-du-dimanche/#

Sur Radio espérance : tous les mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 8h15
et rediffusées le dimanche à 8h et 9h30). 

Première lecture (Gn 1, 1 – 2, 2)

Psaume (32 (33), 4-5, 6-7, 12-13, 20.22)

Deuxième lecture (Gn 22, 1–18)

Psaume (15 (16), 5.8, 9–10, 11)

Troisième lecture (Ex 14, 15 – 15, 1a)

Cantique (Ex 15, 1b, 2, 3-4, 5-6, 17-18)

Quatrième lecture (Is 54, 5-14)

Psaume (29 (30), 3-4, 5-6ab, 6cd.12, 13)

Cinquième lecture (Is 55, 1-11)

Cantique (Is 12, 2, 4bcd, 5-6)

Sixième lecture (Ba 3, 9-15.32 – 4, 4)

Psaume (18b (19), 8, 9, 10, 11)

Septième lecture (Ez 36, 16-17a.18-28)

(Lorsqu’il y a baptême) Psaume (50 (51), 12-13, 14-15, 18-19)

(S’il n’y a pas de baptême) Psaume (41 (42), 3, 5efgh ; 42 (43), 3, 4)

Épître (Rm 6, 3b-11)

Psaume (117 (118), 1.2, 16-17, 22-23)

Évangile (Mc 16, 1-7)

 

Première lecture (Gn 1, 1 – 2, 2)

Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux. Dieu dit : « Que la lumière soit. » Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des ténèbres. Dieu appela la lumière « jour », il appela les ténèbres « nuit ». Il y eut un soir, il y eut un matin : premier jour.

Et Dieu dit : « Qu’il y ait un firmament au milieu des eaux, et qu’il sépare les eaux. » Dieu fit le firmament, il sépara les eaux qui sont au-dessous du firmament et les eaux qui sont au-dessus. Et ce fut ainsi. Dieu appela le firmament « ciel ». Il y eut un soir, il y eut un matin : deuxième jour.

Et Dieu dit : « Les eaux qui sont au-dessous du ciel, qu’elles se rassemblent en un seul lieu, et que paraisse la terre ferme. » Et ce fut ainsi. Dieu appela la terre ferme « terre », et il appela la masse des eaux « mer ». Et Dieu vit que cela était bon. Dieu dit : « Que la terre produise l’herbe, la plante qui porte sa semence, et que, sur la terre, l’arbre à fruit donne, selon son espèce, le fruit qui porte sa semence. » Et ce fut ainsi. La terre produisit l’herbe, la plante qui porte sa semence, selon son espèce, et l’arbre qui donne, selon son espèce, le fruit qui porte sa semence. Et Dieu vit que cela était bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : troisième jour.

Et Dieu dit : « Qu’il y ait des luminaires au firmament du ciel, pour séparer le jour de la nuit ; qu’ils servent de signes pour marquer les fêtes, les jours et les années ; et qu’ils soient, au firmament du ciel, des luminaires pour éclairer la terre. » Et ce fut ainsi. Dieu fit les deux grands luminaires : le plus grand pour commander au jour, le plus petit pour commander à la nuit ; il fit aussi les étoiles. Dieu les plaça au firmament du ciel pour éclairer la terre, pour commander au jour et à la nuit, pour séparer la lumière des ténèbres. Et Dieu vit que cela était bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : quatrième jour.

Et Dieu dit : « Que les eaux foisonnent d’une profusion d’êtres vivants, et que les oiseaux volent au-dessus de la terre, sous le firmament du ciel. » Dieu créa, selon leur espèce, les grands monstres marins, tous les êtres vivants qui vont et viennent et foisonnent dans les eaux, et aussi, selon leur espèce, tous les oiseaux qui volent. Et Dieu vit que cela était bon. Dieu les bénit par ces paroles : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez les mers, que les oiseaux se multiplient sur la terre. » Il y eut un soir, il y eut un matin : cinquième jour.

Et Dieu dit : « Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce, bestiaux, bestioles et bêtes sauvages selon leur espèce. » Et ce fut ainsi. Dieu fit les bêtes sauvages selon leur espèce, les bestiaux selon leur espèce, et toutes les bestioles de la terre selon leur espèce. Et Dieu vit que cela était bon. Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Qu’il soit le maître des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages, et de toutes les bestioles qui vont et viennent sur la terre. » Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre. » Dieu dit encore : « Je vous donne toute plante qui porte sa semence sur toute la surface de la terre, et tout arbre dont le fruit porte sa semence : telle sera votre nourriture. À tous les animaux de la terre, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui va et vient sur la terre et qui a souffle de vie, je donne comme nourriture toute herbe verte. » Et ce fut ainsi. Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : sixième jour.

Ainsi furent achevés le ciel et la terre, et tout leur déploiement. Le septième jour, Dieu avait achevé l’œuvre qu’il avait faite. Il se reposa, le septième jour, de toute l’œuvre qu’il avait faite. – Parole du Seigneur.

Chers auditeurs, quand Dieu dit : « Que la lumière soit. » À qui parle-t-il ? Il parle à l’homme qui comprendra quand il sera créé. Ce récit nous parle de la Création et nous parle aussi de l’homme, de qui est l’homme. L’homme est un être fait pour vivre dans la lumière, un être qui vit debout avec un haut et un bas, autrement dit une orientation, un sens, un être qui sait que les eaux ont un bord, et c’est vrai aussi pour la moindre cellule vivante, elle a un bord, une membrane, sans membrane la cellule est morte. Le quatrième jour, il y a des luminaires pour marquer les fêtes, et les fêtes font mémoire de l’action divine dans l’histoire, l’homme est un être liturgique. Ensuite, il y a les animaux, et, le sixième jour, l’homme, homme et femme, unis et complémentaire, On remarquera que l’homme et la femme ne sont pas créés « selon leur espèce », comme il est dit pour les plantes et les animaux. L’être humain ne peut donc pas se comprendre en se regardant soi-même, en s’analysant soi-même. L’être humain est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Si vous cherchez votre identité, il faut chercher Dieu !

Le Christ est venu restaurer l’homme, il est venu redonner à l’homme, après la chute, la grâce pour accomplir ce à quoi pensait le Créateur, pour vivre pleinement la beauté et la grandeur pour laquelle nous avons été créés, chacun, hommes et femmes.

L’œuvre de la création s’achève dans le repos du Shabbat. Or, dans le récit de la Passion, il est écrit que c’était la parascève du grand Shabbat, et Jésus était déjà mort (Jn 19, 31-33). Il y a donc un lien entre la Création et la Passion rédemptrice de Jésus. Jésus a souffert sa Passion pour que puisse être réalisé ce à quoi pensait le Créateur, et la grandeur de l’humanité à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Marie, la toute sainte, l’immaculée conception, est le fruit le plus excellent de l’œuvre de la rédemption.

Psaume (32 (33), 4-5, 6-7, 12-13, 20.22)

Oui, elle est droite, la parole du Seigneur ; il est fidèle en tout ce qu’il fait. Il aime le bon droit et la justice ; la terre est remplie de son amour. Le Seigneur a fait les cieux par sa parole, l’univers, par le souffle de sa bouche. Il amasse, il retient l’eau des mers ; les océans, il les garde en réserve. Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu, heureuse la nation qu’il s’est choisie pour domaine ! Du haut des cieux, le Seigneur regarde : il voit la race des hommes. Nous attendons notre vie du Seigneur : il est pour nous un appui, un bouclier. Que ton amour, Seigneur, soit sur nous comme notre espoir est en toi !

Deuxième lecture (Gn 22, 1–18)

En ces jours-là, Dieu mit Abraham à l’épreuve. Il lui dit : « Abraham ! » Celui-ci répondit : « Me voici ! » Dieu dit : « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah, et là tu l’offriras en holocauste sur la montagne que je t’indiquerai. » Abraham se leva de bon matin, sella son âne, et prit avec lui deux de ses serviteurs et son fils Isaac. Il fendit le bois pour l’holocauste, et se mit en route vers l’endroit que Dieu lui avait indiqué. Le troisième jour, Abraham, levant les yeux, vit l’endroit de loin. Abraham dit à ses serviteurs : « Restez ici avec l’âne. Moi et le garçon, nous irons jusque là-bas pour adorer, puis nous reviendrons vers vous. » Abraham prit le bois pour l’holocauste et le chargea sur son fils Isaac ; il prit le feu et le couteau, et tous deux s’en allèrent ensemble. Isaac dit à son père Abraham : « Mon père ! – Eh bien, mon fils ? » Isaac reprit : « Voilà le feu et le bois, mais où est l’agneau pour l’holocauste ? » Abraham répondit : « Dieu saura bien trouver l’agneau pour l’holocauste, mon fils. » Et ils s’en allaient tous les deux ensemble. Ils arrivèrent à l’endroit que Dieu avait indiqué. Abraham y bâtit l’autel et disposa le bois, puis il lia son fils Isaac et le mit sur l’autel, par-dessus le bois ; Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils. Mais l’ange du Seigneur l’appela du haut du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici ! » L’ange lui dit : « Ne porte pas la main sur le garçon ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. » Abraham leva les yeux et vit un bélier retenu par les cornes dans un buisson. Il alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils. Abraham donna à ce lieu le nom de « Le-Seigneur-voit». On l’appelle aujourd’hui : « Sur-le-mont-le-Seigneur-est-vu.» Du ciel, l’ange du Seigneur appela une seconde fois Abraham. Il déclara : « Je le jure par moi-même, oracle du Seigneur : parce que tu as fait cela, parce que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, et ta descendance occupera les places fortes de ses ennemis. Puisque tu as écouté ma voix, toutes les nations de la terre s’adresseront l’une à l’autre la bénédiction par le nom de ta descendance. » – Parole du Seigneur.

Chers auditeurs,

Abraham se sentit appelé à offrir à Dieu le fils de ses entrailles, Isaac. Il avait posé Isaac sur le bois, quand le Seigneur l’arrêta et lui fit offrit à la place, non pas un agneau, mais un bélier (Gn 22, 13) : le sacrifice d’Abraham est celui de sa paternité biologique, symbolisé par le bélier et non pas par l’agneau, il reçoit alors une paternité nouvelle, venue de Dieu : « Par ta postérité se béniront toutes les nations de la terre » (Gn 22, 18).

Jésus notre Sauveur est à la fois Dieu et homme. Et Joseph, père virginal, est en lien avec le mystère de cette union de l’humain et du divin en Jésus. Et il fallait à Jésus une paternité virginale, une paternité nouvelle qui fut préparée par Abraham.

Abraham offrit son fils une fois, mais on peut dire que la Vierge Marie offrit son Fils toute sa vie. Se consacrer à la virginité était déjà une manière d’offrir son Fils. Ensuite, le déposer dans la mangeoire de Noël était une manière de l’offrir à l’adoration des bergers, sans le garder pour elle en un sens. Puis la présentation de Jésus au Temple fut un acte dépassant les prescriptions juridiques, un acte de piété et d’offrande au Père. Et ainsi de suite.

L’ange avait dit à Marie que Jésus ‘régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n’aura pas de fin’. « Les événements du Calvaire avaient enveloppé de ténèbres cette promesse ; et pourtant, même au pied de la Croix, la foi de Marie n’avait pas défailli. Elle était encore celle qui, comme Abraham, ‘crut, espérant contre toute espérance’ (Rm 4, 18). Et voici qu’après la Résurrection, l’espérance avait dévoilé son véritable visage et la promesse avait commencé à devenir réalité. En effet, Jésus, avant de retourner vers le Père, avait dit aux Apôtres : ‘Allez donc, de toutes les nations faites des disciples... Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde’ (cf. Mt 28, 19. 20). Telles étaient les paroles de celui qui s’était révélé, par sa Résurrection, comme le vainqueur de la mort, comme le détenteur du règne qui ‘n’aura pas de fin’ ainsi que l’ange l’avait annoncé ». (Jean-Paul II, Redemptoris Mater § 26)

Les Évangiles ne relatent qu’un petit nombre d’apparitions de Jésus ressuscité. Saint Paul rappelle une apparition à plus de cinq cents frères à la fois (1 Co 15, 6). D’autres apparitions du Ressuscité, bien qu’elles soient au nombre des faits réels et connus, n’ont pas été rapportées.

« 3. Il est même légitime de penser que, vraisemblablement, sa Mère fut la première personne à laquelle apparut Jésus ressuscité. L’absence de Marie dans le groupe des femmes qui se rend à l’aube au sépulcre (cf. Mc 16, 1 ; Mt 28, 1) ne pourrait-elle pas constituer un indice du fait qu’elle avait déjà rencontré Jésus ?

Cette déduction trouverait également une confirmation dans le fait que, par volonté de Jésus, les premiers témoins de la résurrection furent les femmes qui étaient restées fidèles au pied de la Croix, et donc plus fermes dans la foi. En effet, le Ressuscité confie à l’une d’entre elles, Marie-Madeleine, le message à transmettre aux Apôtres (cf. Jn 20, 17-18). Cet élément permet peut-être lui aussi de penser que Jésus se montra d’abord à sa Mère, celle qui est restée la plus fidèle et qui, dans l’épreuve, a gardé une foi intègre.

Enfin, le caractère unique et spécial de la présence de la Vierge au Calvaire et sa parfaite union avec son Fils dans la souffrance de la Croix paraissent postuler sa participation tout à fait particulière au mystère de la résurrection. Un auteur du second siècle, Sedulius, soutient que le Christ s’est montré dans la splendeur de sa vie ressuscitée en premier lieu à sa Mère[1] » (Jean-Paul II, Audience générale du 21 mai 1997)

Psaume (15 (16), 5.8, 9–10, 11)

Seigneur, mon partage et ma coupe : de toi dépend mon sort. Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite : je suis inébranlable. Mon cœur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance : tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption. Tu m’apprends le chemin de la vie : devant ta face, débordement de joie ! À ta droite, éternité de délices !

Troisième lecture (Ex 14, 15 – 15, 1a)

En ces jours-là, le Seigneur dit à Moïse : « Pourquoi crier vers moi ? Ordonne aux fils d’Israël de se mettre en route ! Toi, lève ton bâton, étends le bras sur la mer, fends-la en deux, et que les fils d’Israël entrent au milieu de la mer à pied sec. Et moi, je ferai en sorte que les Égyptiens s’obstinent : ils y entreront derrière eux ; je me glorifierai aux dépens de Pharaon et de toute son armée, de ses chars et de ses guerriers. Les Égyptiens sauront que je suis le Seigneur, quand je me serai glorifié aux dépens de Pharaon, de ses chars et de ses guerriers. » L’ange de Dieu, qui marchait en avant d’Israël, se déplaça et marcha à l’arrière. La colonne de nuée se déplaça depuis l’avant-garde et vint se tenir à l’arrière, entre le camp des Égyptiens et le camp d’Israël. Cette nuée était à la fois ténèbres et lumière dans la nuit, si bien que, de toute la nuit, ils ne purent se rencontrer.

Moïse étendit le bras sur la mer. Le Seigneur chassa la mer toute la nuit par un fort vent d’est ; il mit la mer à sec, et les eaux se fendirent. Les fils d’Israël entrèrent au milieu de la mer à pied sec, les eaux formant une muraille à leur droite et à leur gauche. Les Égyptiens les poursuivirent ; tous les chevaux de Pharaon, ses chars et ses guerriers entrèrent derrière eux jusqu’au milieu de la mer. Aux dernières heures de la nuit, le Seigneur observa, depuis la colonne de feu et de nuée, l’armée des Égyptiens, et il la frappa de panique. Il faussa les roues de leurs chars, et ils eurent beaucoup de peine à les conduire.

Les Égyptiens s’écrièrent : « Fuyons devant Israël, car c’est le Seigneur qui combat pour eux contre nous ! » Le Seigneur dit à Moïse : « Étends le bras sur la mer : que les eaux reviennent sur les Égyptiens, leurs chars et leurs guerriers ! » Moïse étendit le bras sur la mer. Au point du jour, la mer reprit sa place ; dans leur fuite, les Égyptiens s’y heurtèrent, et le Seigneur les précipita au milieu de la mer. Les eaux refluèrent et recouvrirent les chars et les guerriers, toute l’armée de Pharaon qui était entrée dans la mer à la poursuite d’Israël. Il n’en resta pas un seul.

Mais les fils d’Israël avaient marché à pied sec au milieu de la mer, les eaux formant une muraille à leur droite et à leur gauche. Ce jour-là, le Seigneur sauva Israël de la main de l’Égypte, et Israël vit les Égyptiens morts sur le bord de la mer. Israël vit avec quelle main puissante le Seigneur avait agi contre l’Égypte. Le peuple craignit le Seigneur, il mit sa foi dans le Seigneur et dans son serviteur Moïse. Alors Moïse et les fils d’Israël chantèrent ce cantique au Seigneur :

Cantique (Ex 15, 1b, 2, 3-4, 5-6, 17-18)

Je chanterai pour le Seigneur ! Éclatante est sa gloire : il a jeté dans la mer cheval et cavalier. Ma force et mon chant, c’est le Seigneur : il est pour moi le salut. Il est mon Dieu, je le célèbre ; j’exalte le Dieu de mon père. Le Seigneur est le guerrier des combats ; son nom est « Le Seigneur ». Les chars du Pharaon et ses armées, il les lance dans la mer. L’élite de leurs chefs a sombré dans la Mer Rouge. L’abîme les recouvre : ils descendent, comme la pierre, au fond des eaux. Ta droite, Seigneur, magnifique en sa force, ta droite, Seigneur, écrase l’ennemi. Tu les amènes, tu les plantes sur la montagne, ton héritage, le lieu que tu as fait, Seigneur, pour l’habiter, le sanctuaire, Seigneur, fondé par tes mains. Le Seigneur régnera pour les siècles des siècles.

Chers auditeurs, au seuil de la première Pâque, Le Seigneur dit à Moïse : « J’ai vu, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte. J’ai entendu son cri devant ses oppresseurs ; oui, je connais ses angoisses. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de cette terre vers une terre plantureuse et vaste, vers une terre qui ruisselle de lait et de miel » (Ex 3, 7-8). Jésus est mort quand c’était la parascève du grand Shabbat (Jn 19, 31-33). L’expression le « grand Shabbat » signifie le Shabbat qui tombe le jour de la fête de la Pâque juive. La crucifixion a lieu le vendredi et, cette année-là, la Pâque juive tombe le samedi. Jésus est descendu dans la mort non plus pour délivrer les Hébreux d’Égypte, mais pour délivrer les habitants du séjour des morts. « Le Christ est donc descendu dans la profondeur de la mort (cf. Mt 12,24 Rm 10,7 Ep 4,9) afin que "les morts entendent la voix du Fils de l’Homme et que ceux qui l’auront entendue vivent" (Jn 5,25). Jésus, "le Prince de la vie" (Ac 3,15), a "réduit à l’impuissance, par sa mort, celui qui a la puissance de la mort, c’est-à-dire le diable, et a affranchi tous ceux qui leur vie entière, étaient tenus en esclavage par la crainte de la mort" (He 2,14-15). Désormais le Christ ressuscité "détient la clef de la mort et de l’Hadès [le séjour des morts]" (Ap 1,18) et "au Nom de Jésus tout genou fléchit au ciel, sur terre et aux enfers" [le séjour des morts] (Ph 2,10) ». (Catéchisme de l’Église catholique 635)

Ensuite Moïse alla négocier avec pharaon la sortie d’Égypte du peuple hébreu, et nous arrivons à la lecture que nous avons entendue avec le passage de la mer à pied sec, un passage à gué que le grand vent à mis à sec dans un bras de la mer, et que Moïse, élevé à la cour du pharaon, pouvait connaître ; en Josué 24, il s’agit d’une « mer de roseaux », c’est-à-dire le marécage des lacs salés où les chars de pharaon se sont seulement embourbés. Quel que soit le récit, plus ou moins extraordinaire, il y a une constante : ce n’est pas le peuple qui s’est affranchi lui-même comme dans toutes les guerres de libération, c’est une intervention divine qui l’a libéré et qui l’a sauvé de la poursuite des Égyptiens, c’est une œuvre de salut.

« Si l’eau de source symbolise la vie, l’eau de la mer est un symbole de la mort. C’est pourquoi il pouvait figurer le mystère de la Croix. De par ce symbolisme le baptême signifie la communion avec la mort du Christ. Et la traversée de la Mer Rouge, véritable libération d’Israël de l’esclavage d’Égypte, annonce la libération opérée par le Baptême » (Catéchisme de l’Église catholique 1220-1221). Le rituel du baptême dit : « Aux enfants d’Abraham, tu as fait passer la Mer Rouge à pied sec pour que le peuple d’Israël, libéré de la servitude, préfigure le peuple des baptisés ».

Chers auditeurs, vivons désormais comme des gens qui ne sont pas tenus en esclavage par la crainte de la mort. Jésus est ressuscité, il nous a ouvert la vie qui est pour toujours ! Demandons-lui de nous délivrer de toute emprise ténébreuse et diabolique. Au plan individuel, et, quand il reviendra dans la gloire, au plan collectif : ce n’est pas un hasard si le livre de l’Apocalypse donne cette vision : « 2 comme une mer de cristal mêlée de feu, et ceux qui ont triomphé de la Bête, de son image et du chiffre de son nom, debout près de cette mer de cristal. S’accompagnant sur les harpes de Dieu, 3 ils chantent le cantique de Moïse, le serviteur de Dieu, et le cantique de l’Agneau [Jésus]» (Ap 15, 2-3 BJ)

Quatrième lecture (Is 54, 5-14)

Parole du Seigneur adressée à Jérusalem : Ton époux, c’est Celui qui t’a faite, son nom est « Le Seigneur de l’univers ». Ton rédempteur, c’est le Saint d’Israël, il s’appelle « Dieu de toute la terre ».

Oui, comme une femme abandonnée, accablée, le Seigneur te rappelle. Est-ce que l’on rejette la femme de sa jeunesse ? – dit ton Dieu. Un court instant, je t’avais abandonnée, mais dans ma grande tendresse, je te ramènerai. Quand ma colère a débordé, un instant, je t’avais caché ma face. Mais dans mon éternelle fidélité, je te montre ma tendresse, – dit le Seigneur, ton rédempteur.

Je ferai comme au temps de Noé, quand j’ai juré que les eaux ne submergeraient plus la terre : de même, je jure de ne plus m’irriter contre toi, et de ne plus te menacer. Même si les montagnes s’écartaient, si les collines s’ébranlaient, ma fidélité ne s’écarterait pas de toi, mon alliance de paix ne serait pas ébranlée, – dit le Seigneur, qui te montre sa tendresse.

Jérusalem, malheureuse, battue par la tempête, inconsolée, voici que je vais sertir tes pierres et poser tes fondations sur des saphirs. Je ferai tes créneaux avec des rubis, tes portes en cristal de roche, et toute ton enceinte avec des pierres précieuses. Tes fils seront tous disciples du Seigneur, et grande sera leur paix. Tu seras établie sur la justice : loin de toi l’oppression, tu n’auras plus à craindre ; loin de toi la terreur, elle ne t’approchera plus. – Parole du Seigneur.

Chers auditeurs, le Christ est ressuscité, et parce qu’il est ressuscité, il pourra revenir dans la gloire. Alors cette prophétie d’Isaïe s’accomplira dans la vision de l’Apocalypse concernant la Cité Sainte, vision qui adviendra après la venue en gloire de Jésus pour le monde entier, car comme le dit Isaïe, Dieu est le « Dieu de toute la terre ».

« Et elle [Jérusalem] avait une grande et haute muraille, / et elle avait douze portes ;
et, sur les portes, douze anges dont les noms étaient écrits [dessus], / lesquels sont les douze rameaux d’Israël.
Depuis l’Orient, trois portes ; / et depuis le Nord, trois portes ;
et depuis le Sud, trois portes ; / et depuis l’Occident, trois portes.
Et, la muraille de la Cité / avait douze fondations,
et, sur elles, / les douze noms des Apôtres du Fils » (Ap 21, 12-14).

La Cité rassemble tous ceux que les douze apôtres ont évangélisés, assistés par les anges. Leur mission et celle de leurs successeurs ont atteint toute la terre, dans les quatre directions cardinales, en suivant les routes commerciales des rameaux d’Israël où ils avaient des traducteurs.

« Et les fondations de la muraille de la Cité étaient de pierres précieuses ornées » (Ap 21, 19). C’est l’accomplissement d’Isaïe : « Je ferai tes créneaux avec des rubis, tes portes en cristal de roche, et toute ton enceinte avec des pierres précieuses » (Is 54, 12).

Cette Jérusalem de l’Apocalypse représente le temps de la Parousie qui est un temps de préparation à l’éternité du Ciel. En effet, il ne s’agit pas de reconstruire un troisième Temple, car le Temple, c’est Jésus : Dieu lui-même comme Saint des Saints et chandelier…

« 22 Et, de Temple, / je n’en vis point en elle.
Le Seigneur, en effet, [qui] détient tout, / Lui, c’est son Temple, et l’Agneau [Jésus].
23 Et, à la Cité, / il n’est point requis de soleil ni de lune pour l’illuminer ;
la Gloire de Dieu, / en effet, l’a illuminée,
et son lampadaire, / c’est l’Agneau [Jésus],
et elles marcheront, les Nations, / dans Sa lumière ».

Avec les rois et les nations, nous sommes bien encore sur la Terre.

« 24 Et les rois de la Terre lui feront parvenir [leur] gloire, / et ses portes ne se fermeront point durant le jour,
25
la nuit, en effet, / n’existera plus là-bas

26
et il lui feront parvenir la gloire et l’honneur des Nations. »

Cette Jérusalem de l’Apocalypse adviendra après le jugement eschatologique qui anéantira la bête et le faux prophète, que l’on appelle aussi l’Antichrist.

« Et il n’existera, là-bas, aucun impur,
ni faiseur de souillure / et d’imposture,

mais, seulement, / [les choses] qui sont inscrites,

dans Son Écrit, / à l’Agneau » (Ap 21, 27 Frédéric Guigain).

Ce qui correspond à la prophétie d’Isaïe : « Je ferai tes créneaux avec des rubis, tes portes en cristal de roche, et toute ton enceinte avec des pierres précieuses. Tes fils seront tous disciples du Seigneur, et grande sera leur paix. » (Is 54, 13).

Psaume (29 (30), 3-4, 5-6ab, 6cd.12, 13)

Ce psaume annonce d’abord le mystère pascal du Christ parce qu’avec le soir du vendredi saint, viennent les larmes, mais au matin, au matin de Pâques, les cris de joie.

Quand j’ai crié vers toi, Seigneur, mon Dieu, tu m’as guéri ; Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme et revivre quand je descendais à la fosse. Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles, rendez grâce en rappelant son nom très saint. Sa colère ne dure qu’un instant, sa bonté, toute la vie. Avec le soir, viennent les larmes, mais au matin, les cris de joie. Tu as changé mon deuil en une danse, mes habits funèbres en parure de joie. Que mon cœur ne se taise pas, qu’il soit en fête pour toi, et que sans fin, Seigneur, mon Dieu, je te rende grâce !

La résurrection du Christ nous ouvre aussi à nous les portes de la vie, de sorte que chacun de nous pourra dire, dans un sens réel et non pas seulement allégorique : « Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme et revivre quand je descendais à la fosse ».

De plus, ce psaume annonce le mystère de la Parousie, (un mot qui veut dire venue et présence) parce qu’avec la manifestation de la bête et du faux prophètes viennent les larmes, larmes devant la puissance militaire de la bête, larmes devant les blasphèmes du faux prophète, mais il y aura un matin, le matin de la Venue glorieuse du Christ, étoile radieuse du matin dit l’Apocalypse (Ap 22,16) qui changera le deuil en une danse, les habits funèbres en parure de joie. Alors que notre cœur ne se taise pas, qu’il soit en fête pour le Seigneur !

Soyons fermes dans la foi avec le prophète Isaïe. « Même si les montagnes s’écartaient, si les collines s’ébranlaient, ma fidélité ne s’écarterait pas de toi, mon alliance de paix ne serait pas ébranlée, – dit le Seigneur, qui te montre sa tendresse » (Is 54, 10). Il ne s’agit pas d’une suggestion ou d’un rêve, il s’agit d’une promesse réelle, car Dieu est fidèle à sa création, son projet créateur va s’accomplir et Dieu est assez puissant pour le réaliser. Soyons du bon côté de l’histoire, soyons « disciples du Seigneur ».

Cinquième lecture (Is 55, 1-11)

Ainsi parle le Seigneur : Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent, sans rien payer.

Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses, vous vous régalerez de viandes savoureuses ! Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez. Je m’engagerai envers vous par une alliance éternelle : ce sont les bienfaits garantis à David. Lui, j’en ai fait un témoin pour les peuples, pour les peuples, un guide et un chef. Toi, tu appelleras une nation inconnue de toi ; une nation qui ne te connaît pas accourra vers toi, à cause du Seigneur ton Dieu, à cause du Saint d’Israël, car il fait ta splendeur.

Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver ; invoquez-le tant qu’il est proche. Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées ! Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon.

Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées.

La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, donnant la semence au semeur et le pain à celui qui doit manger ; ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission. – Parole du Seigneur.

« Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent, sans rien payer » (Is 55, 1). « A Simon le magicien, qui voulait acheter le pouvoir spirituel qu’il voyait à l’oeuvre dans les apôtres, Pierre répond: "Périsse ton argent, et toi avec lui, puisque tu as cru acheter le don de Dieu à prix d’argent" (Ac 8,20). Il se conformait ainsi à la parole de Jésus : "Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement" (Mt 10,8 cf. déjà Is 55,1). Il est impossible de s’approprier les biens spirituels et de se comporter à leur égard comme un possesseur ou un maître, puisqu’ils ont leur source en Dieu. On ne peut que les recevoir gratuitement de Lui » (CEC 2121)

« Je m’engagerai envers vous par une alliance éternelle » (Is 55, 3) : « Les prophètes accusent Israël d’avoir rompu l’alliance et de s’être comporté comme une prostituée (cf. Os 1 Is 1,2-4 Jr 2 etc.). Ils annoncent une alliance nouvelle et éternelle (cf. Jr 31,31-34 ; Is 55,3). Cette Alliance Nouvelle, le Christ l’a instituée ». (CEC 762).

Jésus accomplit aussi la prophétie d’Isaïe sur l’efficacité de la Parole du Seigneur : comme la pluie et la neige qui descendent des cieux pour irriguer et faire germer la terre, ainsi la Parole de Dieu « ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce que je veux, sans avoir accompli ma mission » (Is 55,10s). « Jésus Christ est cette Parole définitive et efficace qui est venue du Père et qui est retournée à Lui, en réalisant parfaitement sa volonté dans le monde » (Benoît XVI, Verbum Domini § 90)

« Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies le sont au-dessus de vos voies, mes pensées au-dessus de vos pensées » (Is 55, 9) mais alors, direz-vous, il est impossible à l’homme d’avoir une volonté bonne puisqu’on ne peut pas connaître les pensées de Dieu pour s’y conformer. En sens contraire, on peut citer les paroles du Christ, en S. Matthieu (Mt 26,39) : « Non comme je veux, mais comme tu veux » : le Père veut que l’homme soit droit et se dirige vers Dieu. La conformité à la volonté divine est une droiture qui confère à la volonté humaine sa bonté. Il y a un apparent paradoxe entre Isaïe 55, 9 et Mt 26, 39 et saint Thomas d’Aquin donne cette solution : « La volonté humaine ne peut se conformer à la volonté divine au point de l’égaler, mais elle peut s’y conformer par imitation. C’est ainsi que la science de l’homme se conforme à la science divine par la connaissance de la vérité, et que l’action de l’homme se conforme à l’action divine tant qu’elle convient à la nature de celui qui agit ; il n’y a pas là égalité, mais imitation » (I-II Prima Secundae Qu.19 a.9, s1)

Cantique (Is 12, 2, 4bcd, 5-6)

Voici le Dieu qui me sauve : j’ai confiance, je n’ai plus de crainte. Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ; il est pour moi le salut. Rendez grâce au Seigneur, proclamez son nom, annoncez parmi les peuples ses hauts faits ! Redites-le : ‘Sublime est son nom !’ Jouez pour le Seigneur, il montre sa magnificence, et toute la terre le sait. Jubilez, criez de joie, habitants de Sion, car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël !

La foi biblique a ceci de particulier qu’elle reconnaît l’action de Dieu dans l’histoire. Pour les divers paganismes, le temps est cyclique, comme le cycle des saisons. De même les religions orientales. L’islam considère Dieu comme étant inaccessible et lointain. Mais la Bible reconnaît l’action de Dieu dans l’histoire. Dieu parle à l’homme et il y a une providence et une action de salut dans l’histoire.

Le Verbe de Dieu est venu en un temps bien précis, repéré par les historiens. Il avait environ trente ans lorsqu’il est venu au Jourdain, là où Jean baptisait. Il a été crucifié environ trois ans après, et sa résurrection le matin, qui a suivi le grand shabbat pascal, est donc tout à fait située. Ce n’est pas un symbole, c’est un événement.

Et ce n’est pas fini ! Dieu a créé le monde avec tout son amour, afin de faire les délices de toutes les créatures. Ensuite, lorsque Jésus s’est incarné, l’amour divin suivait la même course que dans la Création. C’était une ardeur d’amour de tendresse, de compassion, de miséricorde, et un amour douloureux, souffrant et sacrificiel qui donnait sa vie pour refaire la vie de l’homme. Mais l’amour divin n’a pas terminé, Jésus va revenir dans la gloire afin de former son royaume sur la terre, dans son amour ardent, et nous préparer à l’éternité.

Nous attendons donc encore un événement, son retour dans la gloire, c’est pourquoi l’Apocalypse fait allusion au premier verset de cette lecture d’Isaïe : « Et l’Esprit et l’épouse disent : Viens. Et que celui qui entend dise : Viens. Et que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut, prenne de l’eau de la vie, gratuitement » (Ap 22,17) ce qui fait allusion à Isaïe : « Ainsi parle le Seigneur : Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent, sans rien payer » (Is 55,1).

Sixième lecture (Ba 3, 9-15.32 – 4, 4)

Écoute, Israël, les commandements de vie, prête l’oreille pour acquérir la connaissance. Pourquoi donc, Israël, pourquoi es-tu exilé chez tes ennemis, vieillissant sur une terre étrangère, souillé par le contact des cadavres, inscrit parmi les habitants du séjour des morts ? – Parce que tu as abandonné la Source de la Sagesse !

Si tu avais suivi les chemins de Dieu, tu vivrais dans la paix pour toujours. Apprends où se trouvent et la connaissance, et la force, et l’intelligence ; pour savoir en même temps où se trouvent de longues années de vie, la lumière des yeux et la paix.

Mais qui donc a découvert la demeure de la Sagesse, qui a pénétré jusqu’à ses trésors ? Celui qui sait tout en connaît le chemin, il l’a découvert par son intelligence. Il a pour toujours aménagé la terre, et l’a peuplée de troupeaux. Il lance la lumière, et elle prend sa course ; il la rappelle, et elle obéit en tremblant. Les étoiles brillent, joyeuses, à leur poste de veille ; il les appelle, et elles répondent : « Nous voici ! » Elles brillent avec joie pour celui qui les a faites. C’est lui qui est notre Dieu : aucun autre ne lui est comparable. Il a découvert les chemins du savoir, et il les a confiés à Jacob, son serviteur, à Israël, son bien-aimé.

Ainsi, la Sagesse est apparue sur la terre, elle a vécu parmi les hommes. Elle est le livre des préceptes de Dieu, la Loi qui demeure éternellement : tous ceux qui l’observent vivront, ceux qui l’abandonnent mourront. Reviens, Jacob, saisis-la de nouveau ; à sa lumière, marche vers la splendeur : ne laisse pas ta gloire à un autre, tes privilèges à un peuple étranger. Heureux sommes-nous, Israël ! Car ce qui plaît à Dieu, nous le connaissons. – Parole du Seigneur.

Chers auditeurs, cette lecture est d’une densité extraordinaire.

Il est question de la connaissance « Écoute, Israël, les commandements de vie, prête l’oreille pour acquérir la connaissance » (Ba 3, 9) et de la « Source de la Sagesse » (Ba 3, 12).

La connaissance a plusieurs dimensions.Tout d’abord, pour que notre cerveau puisse être sensible à certaines substances, il faut qu’il ait des récepteurs, par exemple l’acétylcholine est le récepteur de la nicotine. Il en est de même pour les réalités immatérielles. Ensuite, à partir de ses perceptions, l’homme est capable de concevoir des idées abstraites. La Source de la Sagesse est une autre dimension qui fait l’objet de la révélation biblique : nous ne la connaîtrions pas si elle n’avait pas été révélée, et c’est donc un privilège d’Israël que d’avoir reçu cette révélation, et c’est pourquoi le prophète dit : « Heureux sommes-nous, Israël ! Car ce qui plaît à Dieu, nous le connaissons » (Ba 4, 4).

« Pourquoi donc, Israël, pourquoi es-tu… inscrit parmi les habitants du séjour des morts ? – Parce que tu as abandonné la Source de la Sagesse ! » (Ba 3, 10-12) Dans le récit de la Genèse, il est dit que l’homme peut manger de tous les arbres du jardin et de l’arbre de vie (analogiquement, il doit se nourrir de toutes les perceptions sensibles et de ses réflexions abstraites). « Mais de l’arbre de la connaissance bonne et mauvaise, tu ne mangeras pas, car, le jour où tu en mangeras, tu deviendras passible de mort » (Gn 2, 17). Habitués à la logique binaire, on transforme la phrase pour parler d’un arbre du bien et du mal. Mais en hébreu, il s’agit bel et bien d’adjectifs et il faut traduire « l’arbre bon et mauvais », ou « l’arbre de la connaissance bonne et mauvaise ». Ce dernier est bon dans le sens où son existence donne de nouvelles possibilités de connaissances, mais en décoder les secrets revient à figer la vie. Le commandement de la Genèse est un interdit qui signifie qu’on ne met pas la main sur la Source. Et la transgression s’oppose directement à l’agir de Dieu qui, avec son souffle, donne vie à l’homme (Gn 2,7), c’est pourquoi la transgression a pour conséquence la mort (Gn 2, 17).

Premier exemple, Jésus dit : « Quand je serai exalté de terre, / j’attirerai tout homme auprès de moi » (Jn 12, 32) : l’unité se fait par une attraction d’amour et non pas par des concepts philosophiques abstraits tels que « nous avons le même Dieu ». L’attraction d’amour est une instauration divine, la « Source de la Sagesse » (Ba 3, 12).

Deuxième exemple : la tentation moderne fait croire aux chrétiens que le commandement divin consiste simplement à aimer les autres comme soi-même, sans aucun regard vers Dieu, donc en effaçant la Source de l’Amour, la « Source de la Sagesse » (Ba 3, 12).

Troisième exemple : confondre l’explication humaine des rituels des sacrements avec l’Esprit Saint qui les rend vivants. Une telle confusion détruit l’humain en confondant l’intelligence humaine et l’instauration divine, cela revient à abandonner « la Source de la Sagesse » (Ba 3, 12).

Observons que le prophète Baruch, identifie la Torah, la Loi révélée à Moïse, à la Sagesse créatrice : « Ainsi, la Sagesse est apparue sur la terre, elle a vécu parmi les hommes. Elle est le livre des préceptes de Dieu, la Loi qui demeure éternellement » (Ba 4, 1). Ce qui présuppose la conscience que le Dieu d’Israël est le Créateur de l’univers et qu’il n’y a pas de Dieu en dehors de lui (comme l’a affirmé le prophète Isaïe pendant l’exil). Et cela implique aussi une conscience de l’universalisme de la Loi divine.

Cette Loi est appelée Torah, c’est-à-dire chemin. Chemin vers quoi, vers qui ? C’est un chemin vers la rencontre avec Dieu, avec son amour, avec sa volonté d’amour. C’est un chemin vers le Messie, vers Jésus le Messie. La simple observation des préceptes court toujours le danger de devenir impersonnelle, alors l’homme devient dur et même amer. Mais nous devons voir les prescriptions, « non pas seulement comme un code, un ensemble de règles, mais comme une expression de la volonté de Dieu, dans laquelle Dieu me parle, je lui parle. En entrant dans cette loi, j’entre en dialogue avec Dieu, j’apprends le visage de Dieu, je commence à voir Dieu, et ainsi je suis sur le chemin de la parole de Dieu en personne, du Christ » [2].

Le prophète Baruch exprime une logique de récompense, une récompense qu’il faut aussi envisager au-delà de la mort, comme le livre de la Sagesse l’enseigne (Sg 3,1-9 ; 5,15-16) et comme Jésus l’a vécu.

Dans le psaume 18, en faisant l’éloge des préceptes du Seigneur, le psalmiste, au même moment, les goûte en éprouvant réconfort et joie :

Psaume (18b (19), 8, 9, 10, 11)

La loi du Seigneur est parfaite, qui redonne vie ; la charte du Seigneur est sûre, qui rend sages les simples. Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur ; le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard. La crainte qu’il inspire est pure, elle est là pour toujours ; les décisions du Seigneur sont justes et vraiment équitables : plus désirables que l’or, qu’une masse d’or fin, plus savoureuses que le miel qui coule des rayons.

Septième lecture (Ez 36, 16-17a.18-28)

La parole du Seigneur me fut adressée : « Fils d’homme, lorsque les gens d’Israël habitaient leur pays, ils le rendaient impur par leur conduite et leurs actes. Alors j’ai déversé sur eux ma fureur, à cause du sang qu’ils avaient versé dans le pays, à cause des idoles immondes qui l’avaient rendu impur. Je les ai dispersés parmi les nations, ils ont été disséminés dans les pays étrangers. Selon leur conduite et leurs actes, je les ai jugés. Dans les nations où ils sont allés, ils ont profané mon saint nom, car on disait : C’est le peuple du Seigneur, et ils sont sortis de son pays ! Mais j’ai voulu épargner mon saint nom, que les gens d’Israël avaient profané dans les nations où ils sont allés. Eh bien ! tu diras à la maison d’Israël : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Ce n’est pas pour vous que je vais agir, maison d’Israël, mais c’est pour mon saint nom que vous avez profané dans les nations où vous êtes allés. Je sanctifierai mon grand nom, profané parmi les nations, mon nom que vous avez profané au milieu d’elles. Alors les nations sauront que Je suis le Seigneur – oracle du Seigneur Dieu – quand par vous je manifesterai ma sainteté à leurs yeux. Je vous prendrai du milieu des nations, je vous rassemblerai de tous les pays, je vous conduirai dans votre terre. Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés ; de toutes vos souillures, de toutes vos idoles, je vous purifierai. Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon esprit, je ferai que vous marchiez selon mes lois, que vous gardiez mes préceptes et leur soyez fidèles. Vous habiterez le pays que j’ai donné à vos pères : vous, vous serez mon peuple, et moi, je serai votre Dieu. » – Parole du Seigneur.

Dieu ne veut que le bonheur le plus absolu dans toute sa très sainte création. Il y a en Dieu une volonté active, par exemple quand Dieu a créé l’univers et qu’il vit que cela était bon (première lecture de la veillée pascale) et il y a une volonté permissive qui consiste à laisser faire des événements malheureux parce qu’ils vont conduire à une purification et à un progrès.

Dans cette lecture du prophète Ézéchiel. « Fils d’homme, lorsque les gens d’Israël habitaient leur pays, ils le rendaient impur par leur conduite et leurs actes », c’est-à-dire par des actes contraires aux commandements de Dieu qui déclare alors : « Je les ai dispersés parmi les nations », ce qui signifie que l’exil à Babylone était un événement permis par Dieu ».

Ézéchiel a en vue la gloire du nom de Dieu, comme lorsque nous prions « Notre Père, qui est aux cieux, que ton nom soit sanctifié », donc loué, glorifié. L’oracle d’Ézéchiel donne : « Ce n’est pas pour vous que je vais agir, maison d’Israël, mais c’est pour mon saint nom ». Cela signifie que si le monde tourne mal, Dieu en est profané, son dessein créateur est contrarié, humilié.

Dans l’Ancien Testament, l’action divine est limitée, concrètement, les Hébreux reviendront sur leur terre après l’exil dans les nations ) eeBbbb, et Dieu promet « je manifesterai ma sainteté à leurs yeux… Vous habiterez le pays que j’ai donné à vos pères ». Dans l’histoire actuelle, nous pouvons aussi considérer que nous sommes des exilés, chacun de nous est loin de ce qu’il devrait être, le monde entier est loin de ce qu’il devrait être : l’univers, qui a été créé par amour, est exilé de sa vocation.

En outre, au temps d’Ézéchiel il y avait des faux prophètes : « les prophètes d’Israël qui prophétisent sur Jérusalem et qui ont pour elle une vision de paix alors qu’il n’y a pas de paix » (Ez 13, 16), et il y avait des petites dévotions avec des prophétesses « qui cousent des rubans sur tous les poignets » (Ez 13, 18). Et Ézéchiel annonce une présence de l’Esprit Saint qui purifiera de la fausse prophétie. « Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés ; de toutes vos souillures, de toutes vos idoles, je vous purifierai. Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon esprit, je ferai que vous marchiez selon mes lois, que vous gardiez mes préceptes et leur soyez fidèles ».

Et, depuis la croix, Jésus a livré l’Esprit Saint.

« 30 Or, Jésus ayant pris de ce vinaigre, / il dit :
‘Voilà, / c’est accompli !’
Et il inclina sa tête / et livra son esprit [3]. » (Jn 19, 30)

L’Esprit Saint, l’Esprit de Pentecôte, l’Esprit de la prophétie vraie, se reçoit depuis la croix de Jésus. C’est l’Esprit de sainteté, il n’offense pas la loi du Seigneur, mais l’accomplit parfaitement.

Deux psaumes sont proposés en réponse à la prophétie d’Ézéchiel.

(Lorsqu’il y a baptême) Psaume (50 (51), 12-13, 14-15, 18-19)

Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. Ne me chasse pas loin de ta face, ne me reprends pas ton esprit saint. Rends-moi la joie d’être sauvé ; que l’esprit généreux me soutienne. Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ; vers toi, reviendront les égarés. Si j’offre un sacrifice, tu n’en veux pas, tu n’acceptes pas d’holocauste. Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé.

En écho, le soir de Pâques, Jésus dit aux apôtres : « 21 ‘La paix avec vous.
De la même façon que mon Père m’a envoyé, / moi aussi, Je vous envoie !’
« 22 Et, ayant dit ces choses-là,
il souffla en eux / et leur dit :
‘Recevez / l’Esprit Saint !

23 Si vous remettez les péchés à quelqu’un, / ils lui seront remis.
Si vous retenez [ceux] de quelqu’un, / ils sont retenus’ [c’est-à-dire jusqu’à ce que les dispositions du pénitent soient meilleures] » (Jn 20, 22-23)

(S’il n’y a pas de baptême) Psaume (41 (42), 3, 5efgh ; 42 (43), 3, 4)

Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant ; quand pourrai-je m’avancer, paraître face à Dieu ? Je conduisais vers la maison de mon Dieu la multitude en fête, parmi les cris de joie et les actions de grâce. Envoie ta lumière et ta vérité : qu’elles guident mes pas et me conduisent à ta montagne sainte, jusqu’en ta demeure. J’avancerai jusqu’à l’autel de Dieu, vers Dieu qui est toute ma joie ; je te rendrai grâce avec ma harpe, Dieu, mon Dieu !

Pensons à Jésus qui loue le Père au moment de la Résurrection, parce que Dieu l’a exaucé.

Épître (Rm 6, 3b-11)

Frères, nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. Car, si nous avons été unis à lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemblera à la sienne. Nous le savons : l’homme ancien qui est en nous a été fixé à la croix avec lui pour que le corps du péché soit réduit à rien, et qu’ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché. Car celui qui est mort est affranchi du péché. Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Nous le savons en effet : ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus ; la mort n’a plus de pouvoir sur lui. Car lui qui est mort, c’est au péché qu’il est mort une fois pour toutes ; lui qui est vivant, c’est pour Dieu qu’il est vivant. De même, vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus-Christ. – Parole du Seigneur.

Nous allons commenter cette lecture avec saint Louis Marie de Montfort que le pape Clément XI destina aux missions intérieures (en 1706) afin de « faire renouveler partout l’esprit du christianisme par le renouvellement des vœux du baptême. »

Dans son « Contrat d’Alliance » (CA 1-3) saint Louis Marie propose une procession générale qui matérialise le peuple de Dieu en chemin vers le Temple de Dieu. À la porte de l’église est présenté l’Évangile pour la profession de foi personnelle ("je crois fermement toutes les vérités de l’Évangile de Jésus-Christ") et on se rend aux fonts baptismaux pour le renoncement au démon et le choix de Jésus-Christ, en renouvelant les vœux du baptême ; c’est alors que près de l’autel de la Sainte Vierge, on explicite le rôle médiateur de Marie dans notre chemin vers Jésus ("je me donne tout entier à Jésus-Christ par les mains de Marie, pour porter ma croix à sa suite, tous les jours de ma vie"). Suit la bénédiction avec le Saint-Sacrement, l’Eucharistie étant au centre de la vie de l’Église. On termine avec la bénédiction d’objets sacrés : crucifix, chapelets, images… pour les emporter à la maison.

Dans « L’amour de la Sagesse éternelle », saint Louis Marie donne cette grande prière :

« 223. O Sagesse éternelle et incarnée ! ô très aimable et adorable Jésus, vrai Dieu et vrai homme, Fils unique du Père éternel et de Marie toujours vierge !

 Je vous adore profondément dans le sein et les splendeurs de votre Père, pendant l'éternité, et dans le sein virginal de Marie, votre très digne Mère, dans le temps de votre incarnation.

 Je vous rend[s] grâce de ce que vous vous êtes anéanti vous-même, en prenant la forme d'un esclave, pour me tirer du cruel esclavage du démon. Je vous loue et glorifie de ce que vous avez bien voulu vous soumettre à Marie votre sainte Mère en toutes choses, afin de me rendre par elle votre fidèle esclave.

 Mais, hélas ! ingrat et infidèle que je suis, je ne vous ai pas gardé les vœux et les promesses que je vous ai si solennellement faits dans mon baptême : je n'ai point rempli mes obligations ; je ne mérite pas d'être appelé votre enfant ni votre esclave [ce terme « esclave » est le même jeu de mot qu’en Rm 6, on n’est bien sûr pas un esclave si on se donne librement chaque matin]; et, comme il n'y a rien en moi qui ne mérite vos rebuts et votre colère, je n'ose plus par moi-même approcher de votre sainte et auguste Majesté. C'est pourquoi j'ai recours à l'intercession et à la miséricorde de votre très sainte Mère, que vous m'avez donnée pour médiatrice auprès de vous [le titre de médiatrice est validé par le Concile Vatican II dans la constitution dogmatique Lumen gentium 62] ; et c'est par son moyen que j'espère obtenir de vous la contrition et le pardon de mes péchés, l'acquisition et la conservation de la Sagesse.

224. Je vous salue donc, ô Marie immaculée, tabernacle vivant de la Divinité, où la Sagesse éternelle cachée veut être adorée des anges et des hommes.

 Je vous salue, ô Reine du ciel et de la terre, à l'empire de qui tout est soumis, tout ce qui est au-dessous de Dieu.

 Je vous salue, ô Refuge assuré des pécheurs, dont la miséricorde n'a manqué à personne ; exaucez les désirs que j'ai de la divine Sagesse, et recevez pour cela les vœux et les offres que ma bassesse vous présente.

« 225. Moi, N..., pécheur infidèle, je renouvelle et ratifie aujourd'hui entre vos mains les vœux de mon baptême ; je renonce pour jamais à Satan, à ses pompes et à ses œuvres, et je me donne tout entier à Jésus-Christ, la Sagesse incarnée, pour porter ma croix à sa suite tous les jours de ma vie, et afin que je lui sois plus fidèle que je n'ai été jusqu'ici.

 Je vous choisis aujourd'hui, en présence de toute la cour céleste, pour ma Mère et Maîtresse. Je vous livre et consacre, en qualité d'esclave, mon corps et mon âme, mes biens intérieurs et extérieurs, et la valeur même de mes bonnes actions passées, présentes et futures, vous laissant un entier et plein droit de disposer de moi et de tout ce qui m'appartient, sans exception, selon votre bon plaisir, à la plus grande gloire de Dieu, dans le temps et l'éternité ».

Dans le « Traité de la vraie dévotion », fidèle au sens profond du baptême qui est aussi une décision contre Satan et le péché (VD 73), saint Louis Marie invite à se vider de « ce qu’il y a de mauvais en nous », parce que « ce mauvais fond » communique sa « mauvaise odeur » (VD 78) aux grâces divines et parce que notre Seigneur est infiniment pur et hait la moindre souillure. Il s’agit véritablement d’un passage par la mort, c’est haïr son âme, perdre sa vie, afin de la trouver (Mt 16, 24 ; Lc 9, 23). Mourir à soi comme le grain tombé en terre (Jn 12, 24). « Nous n’aurons pas une étincelle du pur amour qui n’est communiquée qu’aux âmes mortes à elles-mêmes et dont la vie est cachée avec Jésus-Christ en Dieu (Col 3,3). » (VD 81).

Dans le « Secret de Marie », il témoigne : « Je l’ai [Marie] mille et mille fois prise pour tout mon bien avec saint Jean l’Évangéliste, au pied de la croix [Jn 19, 25-27] et je me suis autant de fois donné à elle » (SM 66). Et il invite : « Il faut que vous fassiez un sacrifice de vous-même entre les mains de Marie » (SM 70). Et ce sacrifice est une Pâque qui porte le « fruit de vie » et donne la béatitude « jusqu’à la mort et dans les siècles des siècles » (SM 78).

Psaume (117 (118), 1.2, 16-17, 22-23)

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! Éternel est son amour ! Oui, que le dise Israël : Éternel est son amour ! Le bras du Seigneur se lève, le bras du Seigneur est fort ! Non, je ne mourrai pas, je vivrai pour annoncer les actions du Seigneur. La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux.

Évangile (Mc 16, 1-7)

Mc 16, 1 Et quand le Shabbat fut passé,
Marie la Magdalène / et Marie de Jacques, et Salomé,
achetèrent des aromates, / pour revenir l’oindre.

2 À l’aurore donc, / le premier [jour] de la semaine,
elles parvinrent à la chambre sépulcrale / quand le soleil se fut levé.
3 Et elles se disaient, / en leur âme :
‘Qui donc nous roulera la pierre / de la porte de la chambre sépulcrale ?’
4 Et elles regardèrent et virent / qu’elle était roulée, cette pierre !
Elle était en effet / très grande.

5 Et elles entrèrent / dans la chambre sépulcrale,
et elles virent un adolescent, / qui était assis à droite,
et vêtu d’une robe blanche, / et elles furent saisies d’étonnement. 

6 Or, lui, / il leur dit :
‘Ne craignez pas !
Vous cherchez Jésus, le Nazaréen, / celui qui a été crucifié :
il s’est relevé, / il n’est pas ici !
Voici / le lieu où il était déposé.

7 Allez plutôt dire / à ses disciples et à Pierre :
‘Voici qu’il vous précède / en Galilée !
Là-bas vous le verrez, / comme il vous l’a dit !’

L’ensevelissement de Jésus eut lieu au début du Shabbat (Jn 19, 31). Dans le silence, il s’est passé le temps de ce que l’on appellera le « samedi saint ». « Un grand silence règne aujourd’hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude. Un grand silence parce que le Roi dort. La terre a tremblé et s’est calmée parce que Dieu s’est endormi dans la chair et qu’il est allé réveiller ceux qui dormaient depuis des siècles... Il va chercher Adam, notre premier Père, la brebis perdue. Il veut aller visiter tous ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l’ombre de la mort. Il va pour délivrer de leurs douleurs Adam dans les liens et Ève, captive avec lui, lui qui est en même temps leur Dieu et leur Fils... ‘Je suis ton Dieu, et à cause de toi je suis devenu ton Fils. Lève-toi, toi qui dormais, car je ne t’ai pas créé pour que tu séjournes ici enchaîné dans l’enfer [ici il s’agit du séjour des morts]. Relève-toi d’entre les morts, je suis la Vie des morts’ (Ancienne homélie pour le Samedi Saint) » (Catéchisme de l’Église catholique 635).

Mc 16,1. Le Shabbat est passé, littéralement traversé [araméen : ᶜebrat]. Un Shabbat qui a dû être bien difficile. Nous sommes donc le samedi après 18 h 30. Et c’est la pleine lune. Trois femmes courageuses – Marie Magdalène, Marie de Cléopa, et Salomé (les trois Marie) – peuvent sortir acquérir des aromates en ville.

Pierre (l’évangile de Marc) présente maintenant la tante du Seigneur, femme d’Alphée et fille de Cléophas, comme étant non plus seulement la mère de José, son fils aîné, « Marie de Jacques » mais de Jacques, celui qui sera le chef de l’Église de Jérusalem.

Salomé, c’est l’épouse de Zébédée et la mère de l’apôtre Jean, comme l’indique le rapprochement de deux versets : Mc 15, 40 et Mt 27, 56.

Alors que Judas a vendu Jésus, Marie Magdalène, Marie de Cléopa, et (Marie) Salomé (les trois Marie) se dépensent pour le Seigneur, et veulent rendre honneur au défunt. Ces femmes ont une belle foi en la providence de partir ainsi, sans savoir qui leur ouvrira le tombeau.

L’évangile a une valeur juridique. Les femmes ne sont pas accompagnées d’hommes capables d’ouvrir le tombeau ; elles voient simplement le tombeau ouvert. Le soleil est déjà levé, ces femmes ne sont pas en mesure de voler des cadavres.

Dans la proclamation primitive de Pierre et Jean [4], Mc 16, 1 et Mc 16, 2 sont séparées par une « perle » de Jean. Il y a donc une discontinuité, et en Mc 16, 2, Pierre devait préciser l’identité des femmes concernées ; dans la composition finale de l’évangile de Marc (Pierre), le pronom « elles », indéfini, allège le texte dans un rythme régulier, mais ne permet plus de précision historique.

Ces femmes n’ont pas été averties par Marie la Magdalène qui les a devancées et qui est repartie en courant pour avertir Pierre (Jn 20, 2). Elles entrent et voient un adolescent. C’est en réalité un ange, mais elles n’interprètent pas tout de suite leur vision. La chambre sépulcrale n’est pas grande. La proximité avec l’ange doit être saisissante. Il est « assis » parce qu’il va donner un enseignement. Les femmes disciples, comme tous les disciples, savent que Jésus doit se relever d’entre les morts : il l’avait annoncé. Mais elles pouvaient imaginer avoir le temps, et même le devoir, de lui rendre les hommages funéraires complets. Elles savent désormais que c’est inutile. De plus, la vision du lieu où il avait été déposé interdit d’imaginer que Jésus soit ressuscité à la manière de Lazare, car, comme Jean va le détailler, les linges sont encore là, à plat. Et l’ange insiste pour qu’elles le voient.

L’ange leur donne une mission :
7 Allez plutôt dire / à ses disciples et à Pierre :
‘Voici qu’il vous précède / en Galilée !
Là-bas vous le verrez, / comme il vous l’a dit !’

Il y a un jeu d’assonance : qui nous a roulé (ᶜaggel) la pierre ? La pierre a été roulée (damᶜagglā). Le rendez-vous est en Galilée (laglīlā). Dans une proclamation orale, on peut faire un geste circulaire pour la pierre devant en bas et, pour la Galilée, d’une manière évoquant la dispersion des missionnaires.

La précision « comme il vous l’a dit » mérite attention. En effet, la veille de sa Passion, lorsque Jésus était parti pour le Mont des Oliviers, il leur avait dit : « Vous tous, vous vous scandaliserez à cause de moi cette nuit. Il est écrit, en effet : Je frapperai le berger, et seront dispersés ses agneaux. Mais, lorsque je serai relevé, / je vous précèderai en Galilée » (Mc 14, 27-28). La reprise par l’ange de cette promesse établit une continuité : Jésus ressuscité est bien le même que celui que les disciples ont côtoyé et qui est mort au Golgotha. Les femmes n’avaient pas entendu cette promesse de Jésus, la veille de sa Passion. Les disciples, eux, vont pouvoir faire le rapprochement qui devrait leur faire croire le témoignage de ces femmes.

Premières à être averties, il ne revenait pas à ces femmes d’être les premières annonciatrices de la Résurrection. Leur crainte s’apaisera au fur et à mesure que d’autres disciples témoigneront. Mais elles ne tarderont pas, puisque Pierre (l’évangile de Marc) peut le transmettre. Peut-être craignaient-elles une illusion démoniaque, comme c’est le cas pour beaucoup de témoins d’apparitions dans l’histoire de l’Église. Cette prudence n’est pas une faute.

Les disciples devront aller en Galilée : la mort et la résurrection de Jésus ne sont pas la fin de l’histoire : il faudra d’abord évangéliser le monde !

La veillée pascale nous a fait entendre la lecture du livre de l’Exode. La fin de l’Évangile de Marc révèlent un Exode vers le Père, c’est celui de Jésus dans son ascension, quand il s'assit à la droite de Dieu (Mc 16, 19), et un Exode vers le monde entier, c’est celui des disciples dans leur mission (Mc 16, 20).

Alors que cette veillée pascale vous communique un élan vers le Père, et un élan missionnaire !

 

    [1] cf. Sedulius, Carmen Pascale, 5, 357-364 : CSEL 10, 140 s
[2] Benoît XVI, pour le quatrième dimanche de l’Avent (cycle liturgique A), le 22 décembre 2013, donc lors de célébrations dominicales privées dans la chapelle du monastère Mater Ecclesiae après sa démission. Il existe un recueil de ces homélies « privées » de Benoît XVI, enregistrées et transcrites par les memores Domini – les femmes consacrées qui ont vécu avec lui – et qui ont été récemment confiées par l’exécuteur testamentaire, Mgr Georg Gaenswein, au Dicastère pour la communication (Libreria editrice vaticana, LEV), en collaboration avec la Fondation vaticane Joseph Ratzinger – Benoît XVI. Cette homélie a été publiée en allemand dans le journal dominical allemand « Welt am Sonntag », lié au quotidien « Die Welt », le 23 décembre 2023.
 [3] Nous avons deux fois la même racine šlm. Nous l’avons d’abord au sens de « accomplir » (forme paal, ou comme ici au passif etpaal). Nous l’avons ensuite au sens de « livrer » (forme aphael, ici au passif ettaphal).
[4] Françoise BREYNAERT, Le témoignage primitif de Pierre et Jean. Imprimatur Paris. Préface Mgr Mirkis. Parole et Silence 2023

Date de dernière mise à jour : 09/01/2024