- Accueil
- Préparer Dimanche
- Année B
- De Pâques à Trinité (B)
- 6e dimanche pascal (B)
6e dimanche pascal (B)
Voici pour mémoriser le texte de l'évangile de ce jour en vue d'une récitation orale avec reprises de souffles.
6e dimanche pascal Jn 15, 9-17 (112.88 Ko)
Podcast sur : https://radio-esperance.fr/antenne-principale/entrons-dans-la-liturgie-du-dimanche/#
Sur Radio espérance : tous les mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 8h15
et rediffusées le dimanche à 8h et 9h30).
Première lecture (Ac 10, 25-26.34-35.44-48)
Psaume (Ps 97 (98), 1, 2-3ab, 3cd-4)
Deuxième lecture (1Jn 4, 7-10)
Première lecture (Ac 10, 25-26.34-35.44-48)
« Comme Pierre arrivait à Césarée chez Corneille, centurion de l’armée romaine, celui-ci vint à sa rencontre, et, tombant à ses pieds, il se prosterna. Mais Pierre le releva en disant : ‘Lève-toi. Je ne suis qu’un homme, moi aussi.’ Alors Pierre prit la parole et dit : ‘En vérité, je le comprends, Dieu est impartial : il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes.’ Pierre parlait encore quand l’Esprit Saint descendit sur tous ceux qui écoutaient la Parole. Les croyants qui accompagnaient Pierre, et qui étaient juifs d’origine, furent stupéfaits de voir que, même sur les nations, le don de l’Esprit Saint avait été répandu. En effet, on les entendait parler en langues et chanter la grandeur de Dieu. Pierre dit alors : ‘Quelqu’un peut-il refuser l’eau du baptême à ces gens qui ont reçu l’Esprit Saint tout comme nous ?’ Et il donna l’ordre de les baptiser au nom de Jésus-Christ. Alors ils lui demandèrent de rester quelques jours avec eux. » – Parole du Seigneur.
Corneille fait venir Pierre parce qu’il avait déjà été touché par deux miracles : Pierre avait relevé le paralytique à Lydda et il avait relevé une morte à Joppé, quelques quinze kilomètres plus à l’ouest. Il attend de Pierre la Parole de vie, en raison de ses gestes de vie. « Pierre, qui passait partout, descendit également chez les saints qui habitaient Lydda. Il y trouva un homme du nom d'Enée, qui gisait sur un grabat depuis huit ans ; c'était un paralytique. Pierre lui dit : "Enée, Jésus Christ te guérit. Lève-toi et fais toi-même ton lit." Et il se leva aussitôt. » (Actes 9, 32-35)
Et à Joppé, « Pierre mit tout le monde dehors, puis, à genoux, pria. Se tournant ensuite vers le corps, il dit : "Tabitha, lève-toi." Elle ouvrit les yeux et, voyant Pierre, se mit sur son séant. Lui prenant la main, Pierre la fit lever. Appelant alors les saints et les veuves, il la leur présenta vivante ». (Actes 9, 40-41)
Maintenant, l’épisode de Corneille constitue un tournant dans l’histoire de l’Église à partir duquel les apôtres ne s’adressent plus uniquement aux brebis perdues de la maison d’Israël, c’est-à-dire aux juifs perdus dans la diaspora ou aux juifs moralement perdus. Désormais les apôtres s’adressent à des non-juifs, d’abord des craignants-Dieu, c’est-à-dire des gens attirés par la sagesse de la révélation biblique et qui s’en instruisent sans pour autant entrer politiquement dans le peuple juif, notamment par la circoncision et les règles de nourriture qui marquent une sorte de frontière. En effet, il est dit que Corneille craint Dieu et que ses œuvres sont justes. Il y a une préparation pour recevoir l’Esprit Saint. La crainte de Dieu, c’est une volonté droite. Les œuvres justes correspondent aux commandements de Dieu que les craignant-Dieu entendaient à partir des synagogues.
Pierre, en tant que juif, ne devrait pas aller chez un païen, mais ce païen reçoit l’Esprit Saint, il est donc sanctifié et, par conséquent, bien qu’il soit païen, fréquenter sa maison n’est pas une contamination pour Pierre. « ‘En vérité, je le comprends, Dieu est impartial : il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes.’ Pierre parlait encore quand l’Esprit Saint descendit sur tous ceux qui écoutaient la Parole ». Le discours de Pierre n’a pas duré deux minutes, il a sans doute aussi transmis quelques récitatifs évangéliques.
L’Esprit Saint a agi puissamment à la fois dans l’apôtre Pierre et chez les auditeurs de Pierre. Il est le grand acteur de la mission de l’Église. Il est le grand acteur de la conversion de Corneille. Ensuite, Corneille est baptisé. Le baptême est une union à la mort et à la résurrection de Jésus, et l’Esprit Saint a pour but de nous y conduire parce que l’Esprit Saint est l’Esprit du Fils. « Parler en langues et chanter la grandeur de Dieu » reçoit ainsi sa forme exacte et complète, car NOUS NE SERONS DIVINISÉS QUE PAR L’UNION AU FILS.
Si l’on compare l’effusion de l’Esprit Saint chez Corneille à la confirmation, on peut être surpris de l’ordre des événements puisque Corneille reçoit l’Esprit Saint avant le baptême.
Il est intéressant d’observer que tout cet épisode suit l’ordre du livre des Nombres. Il est d’abord dit que c’est « l’ange qui nous a fait sortir d’Égypte » (Nb 20, 16) or, c’est « l’Ange de Dieu » qui s’adressa à Corneille pour qu’il appelle Pierre (Ac 10, 1-8). En vision, Pierre refuse de consommer des animaux impurs (Ac 10, 12-14, cf. Lv 11, 1-23), mais une voix céleste le corrige : « ce que Dieu a purifié, toi, ne le dis pas souillé » (Ac 10, 15). En fait, ce n’est pas le livre du Lévitique qui éclaire ce passage, mais le livre des Nombres, où l’on voit que le contact avec des païens, en l’occurrence avec les Madianites lors d’une campagne militaire, peut être purifié par le feu ou par l’eau lustrale (Nb 31, 23). Corneille était « pieux et craignant Dieu » (Ac 10, 2), son désir l’avait ouvert au feu du Saint Esprit et à l’eau du baptême.
Sans voir ce lien avec le livre des Nombres, saint Jean Chrysostome explique que cet ordre des événements protégeait Pierre des attaques des juifs : Pierre n’a baptisé des païens qu’après l’action divine, il n’a donc fait que suivre l’action divine à laquelle personne ne peut s’opposer. « À Césarée et à Jérusalem, il y a eu des disputes, que ne serait-il pas arrivé sans ces merveilles qui accompagnèrent les apôtres ? Voilà pourquoi ces signes paraissent d'une manière éclatante » (Chrysostome sur Actes 2401)
Saint Thomas d’Aquin réfléchit aussi à l’ordre des événements : « On lit dans les Actes (Ac 10,44) : "Pierre parlait encore, quand le Saint-Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole, et on les entendait parler en langues". Et ensuite "il ordonna de les baptiser". Et saint Thomas d’Aquin voit dans l’épisode l’effet du désir : « Comme personne ne reçoit l'effet du baptême sans le désir du baptême, personne non plus ne reçoit l'effet de la confirmation sans le désir de celle-ci ; et cela, on peut l'avoir avant d'être baptisé. […] Ceux qui entendaient la prédication de Pierre reçurent miraculeusement l'effet de la confirmation, mais non le sacrement.» (Saint Thomas d’Aquin III Tertia Pars Qu.72 a.6 s3).
Le psaume a été choisi en écho à la première lecture.
« Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles ; par son bras très saint, par sa main puissante, il s’est assuré la victoire » : il ne s’agit pas d’une victoire militaire, mais la victoire de l’Esprit Saint qui agit puissamment, précédant l’apôtre dans sa mission.
« Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations » : le Seigneur lui-même agit pour se révéler aux nations .
« Il s’est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison d’Israël » : l’amour du Seigneur en faveur de la maison d’Israël se manifeste par le rôle des douze apôtres (Matthias ayant remplacé Judas).
« La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu. Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez ! » : ce verset demande une autre explication…
Psaume (Ps 97 (98), 1, 2-3ab, 3cd-4)
Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles ; par son bras très saint, par sa main puissante, il s’est assuré la victoire. Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations ; il s’est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison d’Israël. La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu. Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez !
Le psaume a été choisi en écho à la première lecture.
« Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles ; par son bras très saint, par sa main puissante, il s’est assuré la victoire » : il ne s’agit pas d’une victoire militaire, mais la victoire de l’Esprit Saint qui agit puissamment, précédant l’apôtre Pierre dans sa mission chez le centurion Corneille.
« Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations » : le Seigneur lui-même agit pour se révéler aux nations, par exemple à la maison de Corneille.
« Il s’est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison d’Israël » : l’amour du Seigneur en faveur de la maison d’Israël se manifeste par le rôle des douze apôtres (Matthias ayant remplacé Judas).
« La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu. Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez ! » : ce verset demande une autre explication…
Nous ne pouvons pas en rester à l’Ancien Testament, ni à l’universalisme juif tel qu’il se manifeste de nos jours, et dont il faut bien souligner qu’il est un pluralisme. Dès les premiers siècles de notre ère, la diversité des opinions juives « ne se limite pas à des nuances de détail mais atteint une opposition qui implique, chez l’un, la complète négation des doctrines de l’autre. » [1].
Par exemple, la dimension universelle du shabbat provient de son enracinement dans le récit de la Création et à la vocation de tout homme à entrer en relation avec son Créateur. C’est pourquoi, en commandant le shabbat à Israël, le Seigneur précise « afin que reprenne souffle le fils de ta servante et l’étranger », autrement dit, l’esclave et le non-juif ont droit au repos hebdomadaire. Pourtant, le Talmud évoque une loi noahide (ou noachique), une loi morale minimale qui suffirait au « salut » des non-juifs, et dont le repos hebdomadaire ne fait pas partie [2]. Au contraire, le Talmud déclare un peu plus loin que « le Gentil [le non-juif] qui observe le shabbat est digne de mort » [3].
Au XVI° siècle, Isaac Luria dit que les Juifs sont le principal moteur de l’histoire. Trois siècles plus tard, le rabbin Hermann COHEN (1842-1918) a représenté en Allemagne l’effort hébraïque de s’intégrer aux valeurs rationnelles des Lumières [4]. L’idée du progrès dont parlait Kant devient chez lui l’idée que la Loi, la Torah, interprétée par les juifs, finira par se réaliser à l’âge messianique. Il décrit l’aboutissement de l’histoire comme un grand shabbat… où tous les peuples vivront dans le monothéisme éthique [5], inspiré donc par les Juifs avec les valeurs rationnelles des Lumières.
Mais attention, ce n’est pas la vision chrétienne dans laquelle le grand Shabbat de l’histoire (les pères de l’Eglise parlent du 7e jour avant le 8e jour, l’éternité) arrive à partir d’un événement, la venue de Quelqu’un, la venue glorieuse du Christ, accomplissant la perfection du temps « De même que l’on trie l’ivraie pour la jeter au feu, / ainsi en sera-t-il à la plénitude de ce monde. » (Mt 13, 40) : l’araméen donne « šūlāmēh d-ᶜālmā » : la perfection, la fin, la plénitude du monde. Et le grec donne én têi sunteleïai tou aíônos l’aboutissement du temps. La traduction de la Bible de Jérusalem « la fin du monde » n’est pas bonne, car elle suggère qu’il n’y a plus rien après la mise à l’écart des mauvais.
« La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu. Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez ! » L’universalisme a pour nom Jésus-Christ.
Comme le dira la seconde lecture : « Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui » (1Jn 4, 9). La victoire de notre Dieu, c’est celle du Christ en sa mort et en sa résurrection, une victoire que nous devons recevoir dans la foi, chacun. Et ce n’est pas fini, il sera encore victorieux en sa venue glorieuse, il aura son règne, mais à travers le jugement du monde et des ennemis de Dieu. Il y a donc dans ce psaume – « La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu », – une prophétie qui ne s’est pas encore réalisée. Et qui se réalisera un jour.
Le Nouveau Testament enseigne clairement que la Venue glorieuse de Jésus le Messie pose un terme au temps que nous vivons et inaugure le temps de « la Parousie », un temps sur la terre qui préparera l’humanité et le cosmos à entrer dans l’éternité, l’éternelle Vie (qui comportera encore une croissance de gloire en gloire). Parousie est un mot qui signifie à la fois « venue » et « présence ». En commentant « Que ton règne vienne » (Mt 6, 10), le catéchisme de l’Église catholique nous dit que cette demande c’est le "Marana Tha" (cf. Ap 22, 20), autrement dit, la prière typique pour demander la Venue glorieuse du Christ (CEC 2817-2818). La Venue glorieuse du Christ, ou « Parousie » (Présence) ne doit pas être confondue (comme dans l’augustinisme) avec la fin du monde et le jugement des vivants et des morts. En effet, l’Écriture nous dit qu’elle est un événement universel portant à la fois le jugement de l’Antichrist (qui sera anéanti, 2Th 2, 3-12) et la vivification des justes (He 9, 28). Jésus reviendra dans la gloire pour une « régénération » (Mt 19, 28) et une « restauration » (Ac 3, 21), sur la terre, accomplissant le règne de Dieu « sur la terre comme au ciel » (Mt 6, 10), avant de « remettre » le royaume au Père (1Co 15, 22-28). Alors les hommes, dans la présence spirituelle et glorieuse du Christ et des saints qui l’accompagneront (qui apparaîtront avec lui 1Th 3, 13), s’organiseront en formant ce que saint Irénée, vers l’an 200, appelle le « royaume des justes », « le prélude de l’incorruptibilité, royaume par lequel ceux qui en auront été jugés dignes s’accoutumeront peu à peu à saisir Dieu » [6]. Alors le psaume se réalisera pleinement : « La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu. Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez ! »
Deuxième lecture (1Jn 4, 7-10)
« Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés. – Parole du Seigneur ».
Les apôtres ont fréquenté la très sainte humanité de Jésus, saint Ignace de Loyola encourageait à se représenter visuellement les scènes de l’évangile et l'apparence du Seigneur. L’iconographie orientale a des règles qui correspondent aux traits du visage du saint Suaire.
Sainte Marguerite Marie raconte : « Mon bon maître se présenta à moi tout éclatant de gloire avec ses cinq plaies, brillantes comme autant de soleil. De sa sacrée humanité il sortait des flammes de toutes parts, surtout de son adorable poitrine, qui ressemblait à une fournaise. L’ayant ouverte, il me découvrit son Cœur divin, vive source de ces flammes. Ce fut alors qu’il me découvrit les merveilles inexplicables de son pur amour, et jusqu’à quel excès il l’avait porté à aimer les hommes » [7].
Le 27 décembre 1673, fête de saint Jean l’apôtre, Notre Seigneur montre à Marguerite Marie «son Cœur rayonnant de tous côtés, plus brillant que le soleil et transparent comme un cristal. La plaie qu’Il reçut sur la croix y paraissait visiblement. Il y avait une couronne d’épines autour de ce divin Cœur, et une Croix au-dessus».
Chacun de nous est appelé à méditer les évangiles, ou les mystères du Rosaire pour contempler le Verbe fait chair. Certains saints ont bénéficié d’une apparition du Christ, et plus d’un exprime, chacun à sa manière, que « sur son front, serein et large, on pouvait voir, comme à travers un cristal très clair, son Esprit, on découvrait son infinie sagesse et sa paix imperturbable ». « Et rien qu’à voir la sérénité de son front adorable, la paix s’infuse tellement en soi, qu’il n’existe rien, ni désastre, ni guerre féroce qui ne puisse s’apaiser devant Jésus ». « Et ses yeux si purs, brillants de lumière ! Il suffisait d’un regard pour sentir monter en soi un je ne sais quoi de divin ». Et encore : « La voix de mon Jésus est douce, suave et harmonieuse. Quand Il parle, un tel parfum sort de sa bouche qu’on n’en trouve pas sur terre, semble-t-il ; il pénètre si bien qu’il vous pénètre tout entier et qu’on le sent descendre de l’oreille vers le cœur, et là, oh ! quels effets il produit ! Mais qui pourrait tout dire ? » (Luisa Piccarreta, Le livre du ciel, livre 1). Et l’on pourrait lire beaucoup de mystiques…
Alors, « Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu ».
Fondée par l’abbé Pierre-Joseph Triest à Lovendegem en Belgique néerlandophone, la congrégation des sœurs de la charité de Jésus et de Marie se présente en ces termes :
« Jésus avait pour mission de communiquer l’amour de Dieu : il a soutenu la dignité humaine et apporté guérison et soutien aux souffrances de ses contemporains.
Notre mission de Sœurs de la Charité de Jésus et de Marie consiste à révéler, particulièrement aux démunis et aux laissés pour compte de notre temps, que DIEU EST AMOUR. Poussées par l’amour de Jésus, nous nous impliquons dans notre mission : promouvoir le règne de Dieu dans notre société particulière et dans le monde en général. Révéler que Dieu est amour est, pour nous religieuses, une mission essentielle liée à notre appel. C’est le fondement de tous les services que nous voulons rendre.
Par la seule nature de notre appel à être Sœurs de la Charité de Jésus et de Marie, nous recevons une grâce particulière pour remplir cette mission. C’est ce que nous appelons notre charisme, qui est l’amour. Nous l’exprimons à travers les trois dimensions de notre vie – amour pour Dieu, amour mutuel dans les communautés et amour pour toute personne, surtout les démunis, abandonnés par le monde. Notre fondateur, Pierre-Joseph Triest, considérait cet amour comme un héritage du Christ lui-même. C’est ainsi que « le Charisme de chaque sœur de la charité de Jésus et de Marie se manifeste dans la manière particulière selon laquelle elle unifie dans sa vie les trois dimensions : l’union à Dieu, le service du prochain et la vie en communauté. Cette unification tisse la toile même de la vie. » (Constitutions art. 6)
A Lubumbashi, en RDC, sœur Marguerite a voulu que les jeunes filles du lycée dont elle est la directrice participent au charisme des sœurs de la charité de Jésus et de Marie, le charisme de la charité, le charisme de voir qui est vulnérable et de lui venir en aide.
Il s’agit de venir en aide avec leurs propres petits moyens : privation de bonbons, de goûter, et même du prix du transport, les jeunes filles allant en groupe, marchant jusqu’à 10 kms, pour économiser l’argent du transport.
Ainsi, trois exemples :
Pour préparer le Nouvel An, les jeunes furent invitées à regarder autour d’elles quelles étaient les personnes âgées délaissées. Ces personnes ont été invitées à l’école le jour de l’an, il y a eu une belle Messe et chaque personne vulnérable a reçu un colis de plusieurs kilos, et l’on se cotisa aussi pour leur offrir le billet de transport !
À Lubumbashi il y a une grande prison de 2500 prisonniers, hommes ou femmes. La nourriture fournie est insuffisante, et diverses associations leur viennent en aide. Les jeunes filles se sont cotisées et sont venues pour apporter d’importants dons de farine et autres nourritures, ce jour-là il y eut une belle Messe dans la cour de la prison, et beaucoup de joie.
Éduquées à faire attention aux personnes vulnérables, des merveilles adviennent. Dans une classe, il y avait une jeune fille aux vêtements très usés, qui n’allaient pas. La classe, sans rien dire, s’est cotisée pour elle. Elles vont alors voir la directrice, sœur Marguerite, avec les tissus qu’elles ont achetés, et sœur Marguerite s’est occupée de faire coudre des vêtements neufs pour cette jeune fille, à son insu (les dames savent juger de sa taille en la regardant). Quelle surprise émouvante pour elle de se retrouver ainsi fraîche et belle, grâce à l’amitié de sa classe !
« Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. »
Évangile (Jn 15, 9-17)
« 9 De la façon dont m’a aimé / mon Père,
moi aussi / je vous ai aimé !
Demeurez / dans mon amour !
10 Si vous gardez mes commandements, / vous demeurerez dans mon amour
de la même façon dont, moi, / j’ai gardé les commandements de mon Père,
et que je demeure, moi, / dans son amour.
11 Ces choses-ci, / j’en ai parlé avec vous,
afin que ma joie / soit en vous,
et que devienne parfaite / votre joie.
12 Voici mon commandement : / aimez-vous [8] les uns les autres,
de la même façon que, moi, / je vous ai aimé.
13 D’amour, / il n’y en a pas de plus grand que celui-ci :
que quelqu’un s’offre lui-même / en échange de ses amis.
14 Vous, / vous êtes mes amis,
si vous faites / tout ce que je vous commande.
15 Dès lors, / je ne vous appelle plus ‘serviteurs’,
parce que le serviteur / ne sait pas ce que fait son seigneur.
Je vous ai appelé, donc, / ‘mes amis’,
parce que tout ce que j’ai entendu de mon Père, / je vous l’ai fait connaître.
16 Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, / mais c’est moi qui vous ai choisis et établis
de sorte que vous aussi alliez produire des fruits / et que vos fruits demeurent,
et que tout ce que vous demandiez à mon Père en mon Nom, / Il vous le donne.
17 Ces choses-ci, je vous commande : / aimez-vous les uns les autres ! »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Nous allons expliquer quelques mots importants : « choisis » ; « demeurez » ; « amour ».
« Choisis ».
L’évangile de Jean est un filet d’oralité, il est formé de perles qui s’enfilent dans l’ordre, disons, horizontal, habituel, mais aussi dans un ordre transversal, disons vertical. C’est ainsi que ce que nous venons d’entendre fait partie de la perle 6D et peut se lire dans le fil vertical D. Et dans ce fil, Jésus dit à plusieurs reprises : « je vous ai choisis ». Que veut-il dire ? Aurait-il une vision binaire du monde (les choisis / les non-choisis) ?
« N’est-ce pas moi qui vous ai choisis ? » (Jn 6, 70 perle 3D).
« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis » (Jn 15, 16 perle 6D).
« Je vous ai choisis du monde » (Jn 15, 19 perle 6D).
La lecture en fil vertical donne un sens particulier aux « choisis » : les apôtres, les choisis, sont finalement investis de la fonction grand-sacerdotale, une investiture qui commence, dans la perle 8C (Jn 20, 19-25 où Jésus souffle en ses disciples et leur dit : « Recevez / l’Esprit Saint !
Si vous remettez les péchés à quelqu’un, / ils lui seront remis.
Si vous retenez [ceux] de quelqu’un, / ils sont retenus » (Jn 20, 22-23).
Cependant, l’investiture d’un grand prêtre dure une semaine (Ex 29, 35 ; Lv 8, 33), ce qui explique cette autre apparition où Thomas est désormais présent, et c’est la perle 8D qui, dans le filet de Jean, s’enfile avec l’évangile de ce dimanche. Par conséquent, « être choisi » doit d’abord s’entendre par rapport à la vocation sacerdotale des apôtres, selon la tradition biblique que la Lettre aux Hébreux résume : « Nul ne s’arroge à soi-même cet honneur, on y est appelé par Dieu, absolument comme Aaron. De même ce n’est pas le Christ qui s’est attribué à soi-même la gloire de devenir Grand-Prêtre, mais il l’a reçue » (Hé 5, 4-5).
« Être choisi » par le Christ n’a donc rien à voir avec une quelconque prédestination vis-à-vis du jugement (thème situé dans le fil transversal E). L’humanité n’est pas divisée entre les choisis et les non-choisis (ça c’est la vision musulmane). Tout un chacun est évidemment « choisi » au sens d’être appelé au salut.
« Demeurez ».
« En Jean 15, 1-10, nous rencontrons dix fois le verbe grec ‘demeurer’. Ce que les Pères nomment ‘perseverantia’, le fait de se tenir patiemment dans la communion avec le Seigneur au milieu des vicissitudes de l’existence, est ici clairement mis au centre. Au début, on est facilement enthousiaste, mais il faut ensuite marcher avec constance sur les chemins monotones du désert qu’on est appelé à parcourir dans la vie. Il faut avancer patiemment, laisser se briser l’élan romantique du départ pour ne laisser que l’adhésion profonde et pure à la foi. C’est justement ainsi que le vin se bonifie » [9].
Il faut notamment demeurer dans la prière (Jn 15, 7-8 et 16).
« Aimer ».
L’araméen a deux mots pour dire amour.
« reḥemṯā » est un amour tendre, sensible, compatissant, de la même racine que l’utérus.
« ḥūbbā » est un amour consumant, ardent, volontaire.
« De la façon dont m’a aimé ardemment [aḥḇan racine ḥb] / Mon-Père
Moi aussi / je vous ai aimé d’un amour d’Alliance [ᵓaḥḥeḇtḵon racine ḥb] !
Demeurez / dans la tendresse qui est la mienne reḥmaṯ dīl racine [rḥm]!
Si vous gardez mes commandements, / vous demeurerez dans l’amour de volonté qui est le mien [ḥūbbā dīl racine ḥb] !
De la même façon dont, moi, / j’ai conservé les commandements de Mon-Père,
et que je demeure, moi, / dans son amour de volonté [b-ḥūbbēh] ! » (Jn 15, 9-10)
Le vocabulaire araméen exprime des nuances qui éclairent l’amour unissant les disciples au Christ. Jésus demande aux disciples d’entrer dans la nouvelle Alliance et d’y être fidèle par un amour qui unisse leur volonté humaine à la volonté divine, et qui est aussi l’amour qui unit la volonté humaine du Christ à la volonté de son Père. Alors les disciples peuvent demeurer dans l’amour-tendresse du Christ, vrai Dieu et vrai homme, dont la tendresse (comme la miséricorde) est tout à la fois divine et humaine. Cet amour s’inscrit à l’intérieur de l’amour trinitaire, dans le souffle d’amour qui unit le Père et le Fils.
Chaque pensée, chaque action du disciple a vocation d’être un flux d’amour, comme un battement de cœur.
Le Livre du Lévitique [10] dit du Grand-Prêtre qu’il « ne sortira pas du lieu saint » (Lv 21, 10-12). Comment faire pour qu’un Grand-Prêtre ne sorte pas du lieu saint ? Seul Jésus le peut spirituellement : « J’ai conservé les commandements de Mon-Père, et je demeure, moi, dans l’ardeur de son amour » (Jn 15, 10). Jésus est en permanence dans le Saint des Saints puisqu’il est en Dieu même. Il réalise ce que l’architecture du Temple ne pouvait que préfigurer. Aussi Jésus a-t-il annoncé qu’en trois jours il relèverait le Temple et « Quand il ressuscita d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Ecriture et à la parole qu’il avait dite » (Jn 2, 22). Par la résurrection de Jésus, les disciples non seulement crurent à « la parole qu’il avait dite » sur le Temple relevé, mais ils crurent aussi « à l’Écriture », notamment à ce passage du livre du Lévitique (Lv 21, 10-12) qui attendait sa réalisation. Le grand-prêtre ne sortira pas du lieu saint.
Et bien chers auditeurs, comme Jésus, conservez les commandements du Père et demeurez dans son amour, dans l’ardeur de son amour…
Et que Dieu vous bénisse.
[1] Cf. Ephraïm URBACH,Les sages d’Israël, Cerf, Paris 1996, (traduit de l’hébreu par Marie-José Jolivet. Edition originale, Jérusalem 1979), p. 669-670
[2] Sanhédrin 56a
[3] Talmud de Babylone, Sanhédrin, 58b
[4] Cf. Hermann COHEN, Commentaire de la "Critique de la raison pure" de Kant, trad. fr. E. Dufour, Cerf, Paris 2000 ; La Religion dans les limites de la philosophie, trad. fr. M. de Launay et C. Prompsy, Cerf, Paris, 1990
[5] Pour Y. LEIBOWITZ, il n’y a plus rien d’hébraïque dans une telle pensée, c’est une philosophie kantienne.
[6] Saint IRÉNÉE, Contre les hérésies, V, 32, 1
[7] Vie et œuvres de sainte Marguerite-Marie, Édition Saint-Paul, Paris 1990 tome 1, p. 224
[8] amour volontaire et ardent, avec la racine Ḥb
[9] Joseph RATZINGER, BENOIT XVI, Ibid., p. 289
[10] Le nom Lévi (lévite, Lévitique) vient probablement d’une racine sémitique signifiant « attacher » ou peut-être « enclore » (cf. les jeux de mots en Gn 29.34 ; Nb 18.2,4). Le terme pourrait donc être compris, non seulement comme une désignation ethnique, mais comme un nom d’état ou de fonction : le lévite serait alors celui qui est « attaché » au service de la divinité, voire « reclus » dans un sanctuaire (par exemple dans le sanctuaire privé de Mika, Jg 17, 10-11).
Date de dernière mise à jour : 29/04/2024