4e dimanche ordinaire (B)

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Voici pour mémoriser le texte de l'évangile de ce jour en vue d'une récitation orale avec reprises de souffles.

B 4e dimanche ordinaire evangile mc 1 21 284e dimanche ordinaire -B- Evangile Mc 1, 21-28 (81.81 Ko)

Podcast sur  : https://radio-esperance.fr/antenne-principale/entrons-dans-la-liturgie-du-dimanche/#

Sur Radio espérance : tous les mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 8h15
et rediffusées le dimanche à 8h et 9h30). 

 

Première lecture (Dt 18, 15-20)

Psaume (94 (95), 1-2, 6-7abc, 7d-9)

Deuxième lecture (1 Co 7, 32-35)

Évangile (Mc 1, 21-28)

 

Première lecture (Dt 18, 15-20)

Moïse disait au peuple : « Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète comme moi, et vous l’écouterez. C’est bien ce que vous avez demandé au Seigneur votre Dieu, au mont Horeb, le jour de l’assemblée, quand vous disiez : “Je ne veux plus entendre la voix du Seigneur mon Dieu, je ne veux plus voir cette grande flamme, je ne veux pas mourir !” Et le Seigneur me dit alors : “Ils ont bien fait de dire cela. Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi ; je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai. Si quelqu’un n’écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte. Mais un prophète qui aurait la présomption de dire en mon nom une parole que je ne lui aurais pas prescrite, ou qui parlerait au nom d’autres dieux, ce prophète-là mourra.” » – Parole du Seigneur.

Le livre du Deutéronome contient une promesse, celle de la venue d’un prophète comme Moïse (Dt 18, 15.18). Ainsi, au temps de Jésus, les gens attendaient ce prophète. Or Jean-Baptiste déclara, en reprenant le Deutéronome [« Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète… » (Dt 18, 15)] :

« Parmi vous se tient debout celui que vous, / vous ne connaissez pas.
Celui-ci est / celui qui vient après moi ;
et il était / avant moi !
Celui dont moi / je ne suis pas digne de délier les lacets de ses sandales. » (Jn 1, 26-27)

J’ai montré dans mon livre, Jean, l’évangile en filet (Parole et Silence 2020), que l’on peut lire cet épisode en suivant un fil transversal, vertical. Nous entendons alors Jésus promettre l’Eau vive à une Samaritaine qui voit en Jésus « un prophète » (Jn 4, 19). Il y a là une nouvelle allusion au prophète comme Moïse promis dans le Deutéronome. En effet, selon la tradition, la sœur de Moïse, Myriam, obtint durant le long parcours dans le désert, que le peuple assoiffé soit accompagné par un puits-source dans lequel les eaux jaillissent, montent et débordent [1].

Ensuite, ce fil vertical, transversal, montre le miracle de la multiplication des pains qui rappelle la manne donnée par Moïse, et les gens reconnaissent en Jésus « Le Prophète qui doit venir dans le monde » (Jn 6, 14 cf. Dt 18, 15).

La référence au prophète comme Moïse, continue durant la fête des Tentes quand Jésus promet l’eau vive en s’identifiant au rocher-source de l’Exode. Plusieurs disent : « C’est vraiment lui le prophète ! » (Jn 7, 40). Dans la controverse qui s’ensuit, Nicodème cherche à éviter un procès injuste, et les pharisiens lui répliquent : « Étudie ! Tu verras que ce n’est pas de la Galilée que surgit le [2] prophète » (Jn 7, 38-40 et 52).

Moïse fit réparation et pénitence pour les péchés d’Israël (Dt 8, 18). Il demanda même à être effacé du livre, au besoin, pour qu’Israël vive (Ex 32, 30-32). Il est mort en face de Bet-Péor (Dt 34,6), là où s’est commis le plus grand péché d’Israël (Nb 25,3.5.18), comme pour réparer ce péché. Durant la Passion, dans la moquerie des gardes (Lc 22, 53), on entend l’écho de la première tentation où l’Accusateur proposa à Jésus, en changeant une pierre en pain, d’imiter Moïse, le Prophète par excellence (Lc 4, 3). Et de même que Jésus a su contrer le Tentateur des origines, de même veut-il réparer le péché des origines. Et ce que Satan, et les gardes qui lui font écho, ne veulent pas voir, c’est que la mort de Jésus fait partie de son rôle de prophète, non seulement « comme Moïse » mais plus grand que Moïse, puisqu’il s’offre non seulement pour les péchés d’Israël mais pour ceux de tous les fils d’Adam.

Après la Résurrection et la Pentecôte, Pierre cite le passage du Deutéronome que nous avons lu pour indiquer que Jésus l’a accompli (Ac 3, 22-23 cf. Dt 18, 15.19).

 

« Si quelqu’un n’écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte. Mais un prophète qui aurait la présomption de dire en mon nom une parole que je ne lui aurais pas prescrite, ou qui parlerait au nom d’autres dieux, ce prophète-là mourra. ». Je voudrais vous raconter le témoignage de Doreen Virtue. Elle a été élevée par ses parents dans l’église de la Science chrétienne, une secte protestante, qui, selon ses propres dires, ignorait les parties « négatives » de la Bible, comme la chute de l’humanité ou la crucifixion de Jésus. Sa fondatrice, l’autodidacte américaine Mary Baker Eddy, estime avoir redécouvert en 1866 les lois appliquées par Jésus dans la guérison des malades. Doreen Virtuee était issue de cette église, et s’est rapidement intéressée au « yoga, à la méditation orientale, à la purification des chakras, à l’astrologie, à la divination, à l’énergie, aux massages, aux cristaux de guérison ». Elle s’est rapidement proclamée thérapeute et a entamé sa florissante carrière. Elle se revendiquait chrétienne, mais une « chrétienne ouverte, supérieure à tous ces adeptes à l’esprit étroit qui ne croyaient qu’en Jésus ». Puis, un beau jour de 2015, Doreen Virtue entendit à la radio l’épître de l’apôtre Paul qui entretenait Timothée des faux enseignants (2Tm 4). Ce fut pour elle un bouleversement qui la plongea dans la lecture de la Bible authentique et initia en elle une conversion qui la mena au baptême. Doreen Virtue témoigne : « Lire la Bible en entier a tout changé. Lorsque je suis arrivé au Deutéronome 18, 10.12, j’ai trouvé une liste d’activités pécheresses dont plusieurs que je pratiquais ». Doreen Virtue publia le récit de sa conversion ainsi qu’une « Encyclopédie des pratiques new-age à éviter », où elle énumère tous les pièges auxquels elle a succombé (reiki, paganisme, numérologie, divinisation, oracles, cube de métatron, projections astrales, mercure rétrograde, loi de l’attraction, fleur de vie, soins énergétiques, cours en miracle, conscience christique, astrologie, maîtres ascensionnés, aliens, etc.). Voilà, c’est un beau témoignage.
 

Encore une précision. Le mont Horeb, c’est le mont Sinaï, ces deux appellations sont synonymes. Au Sinaï, le Seigneur Dieu s’est manifesté d’une manière grandiose et Moïse a reçu les tables de la loi. Par certains côtés, notre époque voudrait considérer Moïse comme étant dépassé, pourquoi parler encore d’idolâtrie ou d’adultère, n’est-ce pas offensant ? Mais par d’autres côtés, les psychologues observent l’angoisse, et parfois le désespoir, des enfants sans repères.

La Loi du Sinaï est inscrite sur les tables de pierre, on parle des tables de la loi. La pierre suggère quelque chose de solide, de ferme. Par certains côtés, notre époque dirait que la loi étant rigide, il faut la dépasser, c’est donc à chacun de décider si l’on peut parfois tuer, et parfois voler, c’est à chacun de discerner si l’on peut changer de partenaire. En réalité, la solidité de la pierre constitue une force sur laquelle il devient possible de construire une vie personnelle et une vie sociale. Est inscrit sur la pierre quelque chose qui concerne l’humanité en sa nature profonde.

 

Psaume (94 (95), 1-2, 6-7abc, 7d-9)

Venez, crions de joie pour le Seigneur, acclamons notre Rocher, notre salut ! Allons jusqu’à lui en rendant grâce, par nos hymnes de fête acclamons-le ! Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous, adorons le Seigneur qui nous a faits. Oui, il est notre Dieu ; nous sommes le peuple qu’il conduit, le troupeau guidé par sa main. Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ? Ne fermez pas votre cœur comme au désert, comme au jour de tentation et de défi, où vos pères m’ont tenté et provoqué, et pourtant ils avaient vu mon exploit.

Il ne s’agit pas simplement de venir chanter, il s’agit de chanter le Seigneur, il s’agit d’une joie sainte, celle que l’on prend en Dieu. Et pourquoi le psaume dit-il : «Venez ?» sinon parce qu’ils sont loin encore de venir et de s’approcher, loin d’arriver et de se réjouir. « Ce n’est pas par la distance des lieux que l’on s’éloigne de Dieu, mais pas la dissemblance. Si une vie pure nous rapproche de Dieu, une vie désordonnée nous en éloigne. Venez, réjouissons-nous dans celui qui nous a faits. ‘Venez, tressaillons dans le Seigneur’ » (Saint Augustin, sur les Psaumes 95) » « Venez, crions de joie pour le Seigneur, acclamons notre Rocher, notre salut ! Allons jusqu’à lui en rendant grâce, par nos hymnes de fête acclamons-le !»

« Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous, adorons le Seigneur qui nous a faits ». L’adoration est la première attitude de l’homme qui se reconnaît créature devant son Créateur. Elle exalte la grandeur du Seigneur qui nous a fait et la toute-puissance du Sauveur, « ils avaient vu mon exploit ».

« Vos pères m’ont tenté et provoqué » : l’action de tenter Dieu consiste en une mise à l’épreuve, en parole ou en acte, de sa bonté et de sa toute-puissance. C’est ainsi que Satan voulait obtenir de Jésus qu’il se jette du Temple et force Dieu, par ce geste, à agir (cf. Lc 4, 9). Jésus lui opposa la parole de Dieu : « Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu » (Dt 6, 16). Le défi que contient pareille tentation de Dieu blesse le respect et la confiance que nous devons à notre Créateur et Seigneur. Il inclut toujours un doute concernant son amour, sa providence et sa puissance.

Les Évangiles parlent d’un temps de solitude de Jésus au désert (cf. Mc 1,12-13). A la fin de ce temps, Satan le tente par trois fois cherchant à mettre en cause son attitude filiale envers Dieu. Jésus repousse ces attaques qui récapitulent les tentations d’Adam au Paradis et d’Israël au désert, et le diable s’éloigne de lui "pour revenir au temps marqué" (Lc 4,13). Jésus est le nouvel Adam, resté fidèle là où le premier a succombé à la tentation. Jésus accomplit parfaitement la vocation d’Israël : contrairement à ceux qui provoquèrent jadis Dieu pendant quarante ans au désert (cf. Ps 94 (95),10).

« Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ? » Le temps est entre les mains du Père ; c’est dans le présent que nous le rencontrons, ni hier ni demain, mais aujourd’hui. Cet "aujourd’hui" du Dieu vivant où l’homme est appelé à entrer est "l’Heure" de la Pâque de Jésus qui traverse et porte toute l’histoire…

Ce que ne dit pas l’extrait choisi dans le Missel, c’est que ce psaume désigne le but, qui est d’entrer dans « le repos de Dieu » [Ps 94 (95), 11]. Dans l’Ancien Testament, le « repos de Dieu » (cf. Gn 2,2) est le repos offert par lui au peuple de l’exode avec l’entrée dans la terre promise, comme l’explique la Lettre aux Hébreux au chapitre 3 : « 15 Dans cette parole : Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos coeurs comme cela s’est produit dans la Querelle, 16 quels sont donc ceux qui, après avoir entendu, ont querellé ? Mais n’étaient-ce pas tous ceux qui sont sortis d’Égypte grâce à Moïse ? 17 Et contre qui s’irrita-t-il pendant 40 ans ? N’est-ce pas contre ceux qui avaient péché et dont les cadavres tombèrent dans le désert ? 18 Et à qui jura-t-il qu’ils n’entreraient pas dans son repos [Ps 95, 11], sinon à ceux qui avaient désobéi ? 19 Et nous voyons qu’ils ne purent entrer à cause de leur infidélité » (Hé 3, 15-19).

Puis, au chapitre 4, la Lettre aux hébreux continue : « 6 Ainsi donc, puisqu’il est acquis que certains doivent y entrer, et que ceux qui avaient reçu d’abord la bonne nouvelle n’y entrèrent pas à cause de leur désobéissance, 7 de nouveau Dieu fixe un jour, un aujourd’hui, disant en David, après si longtemps, comme il a été dit ci-dessus : Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos coeurs... 8 Si Josué avait introduit les Israélites dans ce repos, Dieu n’aurait pas dans la suite parlé d’un autre jour. 9 C’est donc qu’un repos, celui du septième jour, est réservé au peuple de Dieu. 10 Car celui qui est entré dans son repos lui aussi se repose de ses oeuvres, comme Dieu des siennes » (Hé 4, 6-10).

L’image du repos du septième jour (Hé 4, 9) est reprise par de nombreux Pères de l’Église pour désigner le temps de la Parousie en parlant du « septième jour » c’est-à-dire le jour du shabbat, le repos de Dieu, avant le « huitième jour » qui figure la vie éternelle (par exemple, saint Augustin, Sermon 259). La révélation du Nouveau Testament enseigne qu’après Jésus, l’histoire est une lutte qui trouvera son paroxysme lors de la manifestation de l’Antichrist que la Venue glorieuse du Messie anéantira, en apportant à ceux qui l’attendent le salut et la vie – « Ainsi le Christ, après s’être offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude, apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut [la vie] de ceux qui l’attendent » (He 9, 28) – permettant alors la réalisation du Règne de Dieu sur la terre comme aux Ciel (Mt 6, 10). L’étude de nombreux textes xxx montre qu’il y a en effet un temps intermédiaire entre la Venue glorieuse du Christ et l’Assomption finale dans l’éternité. S. Irénée utilise le terme « Royaume des justes » qui n’est pas « le Ciel » mais une réalité terrestre par laquelle les justes s’accoutumeront à l’éternité. C’est le 7e jour, la Parousie inaugurée par la Venue glorieuse du Christ (et non pas une simple évolution de l’humanité). Mais pour y entrer, nous ne devons pas tenter ou provoquer Dieu.

Je vais donner un seul exemple. Selon Brenda Baletti, les microbes du sol génétiquement modifiés pourraient avoir des “conséquences irréversibles”, alors que l’on pourrait très sagement progresser et réussi autrement.
De minuscules micro-organismes jouent un rôle considérable dans la croissance saine des plantes, en construisant la structure du sol, en mobilisant les éléments nutritifs, en immunisant les cultures contre les parasites et les maladies, et en fixant le carbone et l’azote. Sur la base de ces connaissances, l’agriculture régénératrice est devenue un mouvement axé sur l’amélioration de la santé des sols, des plantes et des écosystèmes afin de contrer les dommages causés par l’agriculture industrielle et de mettre en place un système plus résilient (parfois sans labours, mulching et composts).
Des milliards de microbes d’origine naturelle sont encore inexplorés, ce qui soulève la question de savoir pourquoi les entreprises ont besoin de les modifier génétiquement. Au moins deux microbes génétiquement modifiés sont déjà utilisés par les agriculteurs américains sur des millions d’hectares de terres agricoles. Les sociétés productrices d’OGM introduisent ainsi des microbes génétiquement modifiés dans l’environnement ouvert, mais personne n’a la moindre idée des risques que cela peut présenter [3].]
Ceci est un exemple dont l’humanité peut tenter le Créateur, en prenant des risques inconsidérés. Que le Seigneur vous bénisse. Merci.

Deuxième lecture (1 Co 7, 32-35)

Frères, j’aimerais vous voir libres de tout souci. Celui qui n’est pas marié a le souci des affaires du Seigneur, il cherche comment plaire au Seigneur. Celui qui est marié a le souci des affaires de ce monde, il cherche comment plaire à sa femme, et il se trouve divisé. La femme sans mari, ou celle qui reste vierge, a le souci des affaires du Seigneur, afin d’être sanctifiée dans son corps et son esprit. Celle qui est mariée a le souci des affaires de ce monde, elle cherche comment plaire à son mari. C’est dans votre intérêt que je dis cela ; ce n’est pas pour vous tendre un piège, mais pour vous proposer ce qui est bien, afin que vous soyez attachés au Seigneur sans partage. – Parole du Seigneur.

Chers auditeurs, iI est tout à fait possible, en étant marié, de déployer une conduite sainte, d’amour véritable, pleinement agréée par le Seigneur. S’il est juste de voir dans la virginité, librement choisie par obéissance à l’appel divin, une manière de vivre une consécration absolue au Seigneur, il ne faut pas considérer le mariage comme une voie presque opposée, dans laquelle les époux se préoccuperaient des choses du monde, en cherchant à plaire au conjoint plutôt qu’à Dieu seul.

Ceci étant précisé, saint Paul ssss valorise la vie consacrée.

« La Vie consacrée, profondément enracinée dans l’exemple et dans l’enseignement du Christ Seigneur, est un don de Dieu le Père à son Église par l’Esprit. Grâce à la profession des conseils évangéliques, les traits caractéristiques de Jésus chaste, pauvre et obéissant deviennent "visibles" au milieu du monde de manière exemplaire et permanente et le regard des fidèles est appelé à revenir vers le mystère du Royaume de Dieu, qui agit déjà dans l’histoire, mais qui attend de prendre sa pleine dimension dans les cieux.

 Au cours des siècles, il y a toujours eu des hommes et des femmes qui, dociles à l’appel du Père et à la motion de l’Esprit, ont choisi […] de se donner au Seigneur avec un coeur "sans partage" (cf. 1Co 7,34). Eux aussi, ils ont tout quitté, comme les Apôtres, pour demeurer avec lui et se mettre, comme lui, au service de Dieu et de leurs frères. Ainsi, ils ont contribué à manifester le mystère et la mission de l’Église par les multiples charismes de vie spirituelle et apostolique que leur donnait l’Esprit Saint, et ils ont aussi concouru par le fait même à renouveler la société ». (Jean-Paul II, Vita Consecrata 1)

« Nous sommes tous conscients de la richesse que constitue pour la communauté ecclésiale le don de la vie consacrée avec la variété de ses charismes et de ses institutions. Ensemble, nous rendons grâce à Dieu pour les Ordres et les Instituts qui s’adonnent à la contemplation et aux oeuvres d’apostolat, pour les Sociétés de vie apostolique, pour les Instituts séculiers et pour d’autres groupes de consacrés, de même que pour tous ceux qui, dans le secret de leur coeur, se donnent à Dieu par une consécration spéciale » (Vita Consecrata 2).

« La contemplation de la gloire du Seigneur Jésus dans l’icône de la Transfiguration révèle d’abord aux personnes consacrées le Père, créateur et dispensateur de tout bien, qui attire à lui (cf. Jn 6,44) une de ses créatures par un amour spécial et en vue d’une mission particulière. "Celui-ci est mon Fils bien-aimé qui a toute ma faveur : écoutez-le !" (Mt 17,5). Répondant à cet appel accompagné par un attrait intérieur, la personne appelée se confie à l’amour de Dieu qui veut l’avoir à son seul service et elle se consacre totalement à lui et à son dessein de salut (cf. 1Co 7,32-34). Tel est le sens de la vocation à la vie consacrée : une initiative qui vient tout entière du Père (cf. Jn 15,16), qui demande à ceux qu’il a choisi la réponse d’un don total et exclusif. L’expérience de cet amour gratuit de Dieu est à ce point intime et forte que la personne comprend qu’elle doit répondre par un don inconditionnel de sa vie, en consacrant tout, à ce moment-là et pour l’avenir, entre ses mains. C’est précisément pourquoi, à la suite de saint Thomas, on peut comprendre l’identité de la personne consacrée à partir de la totalité de son offrande, qui est comparable à un authentique holocauste » (Vita Consecrata 17).

« La chasteté des célibataires et des vierges, dans la mesure où elle manifeste le don à Dieu d’un coeur sans partage (cf. 1Co 7,32-34), constitue le reflet de l’amour infini qui relie les trois Personnes divines dans la profondeur mystérieuse de la vie trinitaire ; amour dont témoigne le Verbe incarné jusqu’au don de sa vie ; amour "répandu en nos coeurs par l’Esprit Saint" (Rm 5,5), qui pousse à une réponse d’amour total pour Dieu et pour les frères.

 La pauvreté confesse que Dieu est l’unique vraie richesse de l’homme. Vécue à l’exemple du Christ qui, "de riche qu’il était, s’est fait pauvre" (2Co 8,9), elle devient une expression du don total de soi que se font mutuellement les trois Personnes divines. C’est un don qui se répand dans la création et se manifeste pleinement dans l’Incarnation du Verbe et dans sa mort rédemptrice.

L’obéissance, pratiquée à l’imitation du Christ, dont la nourriture était de faire la volonté du Père (cf. Jn 4,34), manifeste la beauté libérante d’une dépendance filiale et non servile, riche d’un sens de la responsabilité et animée par une confiance réciproque, qui est reflet dans l’histoire de la correspondance dans l’amour des trois Personnes divines.

 La vie consacrée, par conséquent, est appelée à approfondir continuellement le don des conseils évangéliques par un amour toujours plus sincère et plus fort dans une dimension trinitaire : amour du Christ, qui appelle à l’intimité avec lui ; amour de l’Esprit Saint, qui dispose l’âme à accueillir ses inspirations ; amour du Père, origine première et but suprême de la vie consacrée. Elle devient ainsi confession et signe de la Trinité, dont le mystère est montré à l’Église comme modèle et source de toute forme de vie chrétienne.

  La vie fraternelle elle-même, en vertu de laquelle les personnes consacrées s’efforcent de vivre dans le Christ avec "un seul coeur et une seule âme" (Ac 4,32) , se présente comme une confession trinitaire riche de sens. » (Vita Consecrata 21).

« Dans l’Église, en ce qui concerne sa mission de manifester la sainteté, il faut reconnaître que la vie consacrée se situe objectivement à un niveau d’excellence, car elle reflète la manière même dont le Christ a vécu. […]

La vie consacrée annonce et anticipe en quelque sorte le temps à venir, dans lequel, une fois survenue la plénitude du Royaume des cieux qui est déjà présent maintenant en germe et dans le mystère, les fils de la Résurrection ne prendront plus ni femme ni mari, mais seront comme des anges de Dieu (cf. Mt 22,30). » (1996 Vita Consecrata 32)

Évangile (Mc 1, 21-28)

« 21 Et, étant entré(s) / à Capharnaüm,

aussitôt / il enseignait, pendant les Shabbats, dans leurs synagogues.

22 Et ils étaient stupéfaits / de son enseignement.

Et il leur enseignait, en effet, comme ayant autorité, / et non comme leurs scribes.

23 Et il y avait dans leur synagogue,

un homme, qui avait en lui / un esprit immonde !

Et il cria / 24 et dit :

‘Qu’en est-il pour nous et pour toi, / Jésus le Nazaréen ?

Es-tu venu / pour notre perdition ?

Je sais, moi, qui tu es, toi : / le Saint de Dieu !’

25 Et Jésus le réprimanda, / et dit :

‘Ferme ta bouche ! / Et sors de lui !’

26 Et l’esprit impur / le jeta à terre

et cria à haute voix, / et sortit de lui.

27 Et ils s’émerveillèrent / tous !

Et ils se demandaient l’un à l’autre, / en disant :

‘Qu’est-ce que ceci ? / Quel est cet enseignement nouveau ?

Qui, par autorité, même aux esprits impurs commande, / et ils lui obéissent !’

28 Et sa réputation se diffusa d’un coup, / dans toute la région de Galilée » (Mc 1, 21-28).

Dans la récitation orale, on veillera à certains gestes clés.

Jésus enseignait (Mc 1, 21-22). Sa parole vient de Dieu, ainsi le geste de la main vient du ciel vers la bouche. Et il enseignait avec autorité, c’est-à-dire pour faire grandir l’autre : le geste de la main ira vers l’autre en l’accompagnant vers le haut.

Le geste mimant le dialogue entre le possédé et Jésus se fait vers la gauche.

Le geste de Jésus qui exorcise le possédé se fait les mains devant soi, paumes vers le bas, en geste d’apaisement d’une tempête, c’est un geste ferme et paisible.

Le « il le jeta à terre » se mime avec violence.

Dans mon livre « Le témoignage primitif de Pierre et Jean », Parole et Silence 2023, je montre que leur témoignage en alternance suggère une très belle réalité.

Le récit des noces de Cana s’achevait en disant : « Après cela, il descendit à Capharnaüm, lui et sa mère et ses frères, et ses disciples, et ils furent là-bas, peu de jours » (Jn 2, 12). Jésus descend, avec sa mère qu’il a appelée « Femme », accompagné des frères et des disciples comme dans une procession liturgique à Capharnaüm où il va ensuite purifier la synagogue et guérir les malades.

D’ailleurs, la question de l’esprit immonde – « Qu’en est-il pour nous et pour toi [mā lan wlāḵ], Jésus le Nazaréen ? » (Mc 1, 24) – parodie la question que Jésus adressa à sa mère : « Qu’en est-il pour moi et pour toi [mā lī wleḵ], Femme ? » (Jn 2, 4). Il s’agit d’une tournure de phrase typiquement sémitique que le texte grec n’a fait que transposer.

La mère de Jésus n’opère pas d’exorcismes ni de miracles. Cependant, l’enfilage des perles suggère qu’elle a un rôle. À l’intercession de la mère de Jésus, au manque de vin succéda une plénitude. Cette plénitude est le reflet de la personne de Marie : elle est la toute sainte remplie de l’Esprit Saint, il n’y a pas de place en elle pour les esprits démoniaques. La présence de la mère de Jésus à Capharnaüm a un effet au niveau invisible de la présence angélique. Sa plénitude fait ressortir les manques de sainteté qui sont autant de portes ouvertes aux esprits immondes. Elle n’opère pas l’exorcisme qui est un combat, un travail plutôt viril d’opposition à des esprits qui crient et projettent au sol. Cependant, sa sainte présence maternelle enveloppe et porte l’exorcisme. Il en est de même pour la guérison des malades.

De plus, l’enfilage des perles suggère que Pierre s’accorde avec Jean concernant la mère de Jésus.[4]

Il y a de l’humour dans l’enfilage des deux premières perles. Alors que les autorités veulent imposer aux Galiléens des rites de purification auxquels les six vasques de pierre étaient dédiées (Jn 2, 6), ces mêmes autorités laissent des esprits impurs infester les synagogues.

L’humilité de Jésus et la cohérence de son geste avec les Écritures accréditent Jésus, mais Jésus surpasse les critères de discernement.

Sur le mont Carmel, Élie avait purifié Israël des prophètes de Baal (1 R 16) dont le culte est assimilable à un culte de démons (Ba 4, 7). Élie priait Dieu, alors que Jésus possède en lui-même son autorité. Et les gens le remarquent : « Qu’est-ce que cela ? Quel est cet enseignement nouveau ? Qui, par autorité, même aux esprits impurs commande, et ils lui obéissent ! » (Mc 1, 27).

L’humilité de Jésus est manifeste puisque, lorsque l’esprit immonde fait dire au possédé : « Tu es le Saint de Dieu », Jésus dit : « ferme ta bouche ! » (Mc 1, 25). Mais il y a là plus que de l’humilité : Jésus ne veut pas laisser parler des démons dont les propos déforment la vérité qu’ils ne connaissent que de l’extérieur.

Jésus a l’autorité de purifier le monde de l’emprise des esprits mauvais, une emprise qui a commencé dès la chute d’Adam. S’il n’a pas exorcisé d’un seul coup le monde entier, c’est parce que la réponse humaine est nécessaire. Si les hommes ne font pas le choix pour Dieu et contre Satan, les exorcismes sont sans cesse à refaire.

Il y a un ordre. Avant même que Jésus n’opère des guérisons, il opère un exorcisme parce qu’il veut guérir le mal à sa racine.

Hier comme aujourd’hui, il est nécessaire de savoir que l’homme n’est pas uniquement aux prises avec les méandres de sa psychologie mais qu’il est aussi aux prises avec des esprits immondes, des anges déchus, des êtres spirituels personnels. Le lecteur de la Bible sait que le péché des premiers parents (« Adam et Éve ») a autorisé Satan et les anges déchus à infester l’humanité (Gn 3, 11-13). Ces esprits ont une connaissance en partie vraie des réalités divines. Ils sont capables de faire une belle conférence théologiquement correcte, mais portée par une volonté pervertie. Le mal et les maladies proviennent directement ou indirectement de leur influence. En réponse au salut apporté par Jésus, on ne doit plus rechercher auprès de Satan la connaissance et la vie, comme l’avaient fait Adam et Éve, mais il faut demander tout cela au Créateur.

Alors chez auditeurs, quand vous avez un souci, adressez-vous au Créateur, et que Dieu vous bénisse.

 

[1] Cette tradition était bien connue au temps du Christ car saint Paul s’y réfère sans devoir s’expliquer quand il parle d’un rocher-puits qui suivait les Hébreux au désert : « Nos pères… ont été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer, tous ont mangé le même aliment spirituel et tous ont bu le même breuvage spirituel. Car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait : ce rocher, c’était le Christ » (1 Co 10, 3-4). Et cette dernière affirmation fait écho à la parole de Jésus à la Samaritaine.

[2] Jonas (2 Rois 14, 5), et sans doute Elie (1 Rois 17, 1) et Nahum (Na 1, 1) étaient de Galilée, mais le prophète attendu doit venir de Judée.

[3] Mondialisation.ca, 10 septembre 2023. The Defender 1 septembre 2023

[4] D’ailleurs, l’unique texte marial de l’évangile de Marc (c’est-à-dire de Pierre) est un texte très fort : quand Jésus est déjà menacé de mort et que sa mère vient le voir, il souligne la priorité de sa mission sur les considérations humaines et l’invite à s’unir à la volonté du Père (Mc 3, 31-35).

Date de dernière mise à jour : 18/11/2023