3e dimanche ordinaire (B)

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Voici pour mémoriser le texte de l'évangile de ce jour en vue d'une récitation orale avec reprises de souffles.

3e ordinaire evangile mc 1 14 203e dimanche ordinaire Evangile Mc 1,14-20 (107.32 Ko)

Podcast sur  : https://radio-esperance.fr/antenne-principale/entrons-dans-la-liturgie-du-dimanche/#

Sur Radio espérance : tous les mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 8h15
et rediffusées le dimanche à 8h et 9h30). 

 

Première lecture (Jon 3, 1-5.10)

Psaume (24 (25), 4-5ab, 6-7bc, 8-9)

Deuxième lecture (1 Co 7, 29-31)

Évangile (Mc 1, 14-20)

Première lecture (Jon 3, 1-5.10)

Jonas est un Hébreu que Dieu envoie à Ninive. Désobéissant, il part en bateau dans une autre direction, mais une tempête menace de perdre le bateau, Jonas est jeté à la mer et la tempête se calme. Jonas passe trois jours dans le ventre d’un poisson qui le rend, tout vivant, sur la côte… Alors, il s’en va prêcher à Ninive. Ninive n’est pas au bord de la mer, et Jonas trois jours dans le ventre d’un poisson… La Bible est une bibliothèque. Dans cette bibliothèque, il y a des livres historiques, des écrits prophétiques, des psaumes, et même un conte, cette l’histoire de Jonas, avec, dans la langue araméenne, un jeu de mots entre Jonas, le poisson et Ninive : ce sont les mêmes lettres dans un ordre différent. La lecture de ce dimanche donne :

La parole du Seigneur fut adressée de nouveau à Jonas : « Lève-toi, va à Ninive, la grande ville païenne, proclame le message que je te donne sur elle. » Jonas se leva et partit pour Ninive, selon la parole du Seigneur. Or, Ninive était une ville extraordinairement grande : il fallait trois jours pour la traverser. Jonas la parcourut une journée à peine en proclamant : « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! » Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu. Ils annoncèrent un jeûne, et tous, du plus grand au plus petit, se vêtirent de toile à sac. En voyant leur réaction, et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise, Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés. – Parole du Seigneur.

Il s’agissait d’un éventuel châtiment pour aider les gens à réagir et à se corriger.

A Ninive, les habitants sont païens, mais ils savent se situer devant Dieu à l’appel de Jonas. Ils ont un socle de sagesse commun que l’on appelle parfois la loi naturelle, et leur conscience comprend très bien l’avertissement de Jonas contre tous les désordres commis dans cette grande ville : sans doute le mensonge, le vol, l’adultère, le meurtre, l’irrespect envers les anciens… Jonas ne cherche pas à conquérir Ninive, ni à la dominer politiquement, il appelle à revenir à une droiture morale et s’adresse aux consciences. Jonas devait certainement être convaincant, il devait savoir montrer la beauté de cette droiture morale. Et, « en voyant leur réaction, et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise, Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés ».

Un jour, Jésus déclara :

« Les hommes de Ninive se relèveront au Jugement avec cette génération, / et ils les condamneront,
car ils se convertirent / à la prédication de Jonas,
et voici plus que Jonas / ici-même ! » (Lc 11, 32).

Même si le livre de Jonas est un conte, on peut penser, avec les chrétiens d’Orient, que Jésus a prophétisé la conversion de Ninive. Les communautés juives de Ninive, c’est-à-dire aujourd’hui Mossoul en Irak, ont suivi la prédication des apôtres, et depuis 2000 ans, Mossoul eut une communauté chrétienne et a eu un évêque dès l’an 117, la communauté chrétienne y est restée fervente de génération en génération. Malheureusement, Mossoul (Ninive) a été récemment détruite par l’État islamique…

Le livre de Jonas montre avec éloquence l’universalisme biblique déjà présent dans l’Ancien Testament. La phase universaliste du salut se réalise définitivement après la résurrection de Jésus.

De nos jours, la mission est plus complexe qu’au premier siècle de notre ère parce que les gens sont plus ou moins marqués par le christianisme ou par des contrefaçons du christianisme. Les missionnaires de notre époque s’adressent le plus souvent à des civilisations qui ont déjà entendu parler de Jésus. Dans ces post-christianismes, quelque chose a été substitué à Jésus. Soit une doctrine gnostique selon laquelle chacun pourrait s’épanouir comme un être supérieur et divin. Soit un messianisme dans lequel un peuple prétend sauver le monde, en jugeant, à la place de Dieu, les autres hommes. Par exemple, le Coran donne : « Allah aime [selon le verbe utilisé par les chrétiens] ceux qui vont jusqu’à tuer (qâtala) sur son chemin (c’est-à-dire pour Lui) » (Coran 61, 4). Et certaines traditions musulmanes donnent au combat armé une dimension encore plus motivante, puisqu’il s’agit de participer au combat contre l’Antichrist, appelé le Messie borgne, l’Imposteur. De telles idées n’ont pu surgir qu’après une première annonce chrétienne, qui a été ensuite déformée. Dans mes publications, j’insiste pour expliquer que le jugement de l’Antichrist est l’objet du jugement eschatologique accompagnant la Venue glorieuse du Christ, une venue dans la gloire, et non pas charnelle et militaire. Cependant, le missionnaire chrétien peut s’adresser aux consciences des gens, à un socle philosophique commun à tous (appelé parfois loi naturelle), beaucoup de musulmans abhorrent la violence et se réfèrent à des versets qui condamnent le meurtre tels que « Quiconque tue un être humain non convaincu de meurtre ou de sédition sur la terre est considéré comme meurtrier de l’humanité tout entière » (Coran 5, 32). Voilà une belle mise en garde contre la violence. Même si diverses propagandes peuvent l’occulter, la loi naturelle n’est jamais totalement effacée dans un cœur humain, et les gens peuvent entendre un prophète, comme Jonas, appelant à respecter la vie, et rappelant les exigences de la justice.

Jonas est ainsi un prophète de l’universalisme biblique.

 Ceci étant dit, il faut aussi bien observer que cet universalisme n’a rien à voir avec l’idée d’accueillir tout le monde, sans les juger, sans inviter à la conversion. Jonas invite à la conversion. Accueillir tout le monde sans inviter à la conversion, c’est se diluer et ne plus avoir rien à dire, c’est étouffer le Verbe divin. Dans l’Apocalypse, il est dit que le culte de la Bête sera universel, mais dans une dynamique de dépersonnalisation : une bête est inhumaine, et dans une dynamique d’exclusion : ceux qui ne participeront pas à ce culte et qui n’auront pas la marque de la bête ne pourront ni acheter ni vendre (Ap 13, 17). À l’opposé, l’Apocalypse montre l’Agneau, c’est-à-dire Jésus, l’Agneau sacrificiel, dont le culte offre le pardon. Il nous faut, comme les habitants de Ninive, nous convertir en accueillant le pardon, avant qu’il ne soit trop tard.

« Voici, Je viens, / d’un [coup] !
Et Mon salaire avec Moi, / et Je [le] donne à tout homme selon son œuvre !
Je [suis] l’Aleph et Je [suis] le Taw,
      le Premier et le Dernier,
                le Commencement et l’Accomplissement.
Bienheureux sont-ils [ceux] qui font Ses commandements : / leur autorité sera sur le bois de la Vie !
Et, par la Porte, ils entreront dans la Cité ! / Et les ‘prostitués’ et meurtriers et idolâtres : dehors !
Et les impurs et les magiciens ! / et tous les observateurs et faiseurs d’imposture ! » (Ap 22, 12-15).

Alors, comme les habitants de Ninive, convertissez-vous !

Psaume (24 (25), 4-5ab, 6-7bc, 8-9)

Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route. Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve. Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse, ton amour qui est de toujours. Dans ton amour, ne m’oublie pas, en raison de ta bonté, Seigneur. Il est droit, il est bon, le Seigneur, lui qui montre aux pécheurs le chemin. Sa justice dirige les humbles, il enseigne aux humbles son chemin.

Dans la vie quotidienne, le discernement du bon chemin est difficile. Le psalmiste supplie le Seigneur de lui enseigner ses chemins.

Faut-il, par souci de bonté et de serviabilité, toujours dire oui à son prochain ? Ne faut-il pas parfois s’opposer et mettre à un terme à une attitude qui n’est pas juste ?

À l’inverse, est-ce que mon attitude est dictée par mon amour-propre et par mon égoïsme ? Est-ce que je ne me juge pas un peu trop vite comme étant dans le bon droit ?

Les situations sont complexes, les décisions n’attendent pas toujours, nous n’avons pas tous les éléments… « enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve ».

Les circonstances évoluent, les conjectures changent, il faut demander jour après jour au Seigneur de nous enseigner le chemin qu’il faut prendre.

Est-ce que les commandements de Dieu sont respectés : pas d’idolâtrie, respect du jour du Seigneur, ne pas tuer, ne pas commettre d’adultère, ne pas voler, ne pas mentir, ne pas convoiter.

Est-ce que je lèse mon prochain ? Est-ce que je le surcharge ?

Est-ce que d’une manière raisonnable je suis sérieusement capable de faire ce que j’envisage de faire ?

Est-ce que cela correspond à ce que les autres ont légitimement besoin de moi ?

« Sa justice dirige les humbles ».

Marie dit : « il s’est penché sur son humble servante » (Lc 1, 48). Marie sait qu’elle a reçu de Dieu le don de la vie. Avec cette attitude d’humilité, Dieu peut lui dire : j’ai un plan pour toi. Marie sait qu’elle est libre de choisir, et elle choisit encore la volonté de Dieu. Elle choisit le service de Dieu quelque soit ce que les gens pensent, pour ou contre. Elle n’a pas voulu être comme x ou y, elle a voulu correspondre au don qui était le sien. C’est cela l’humilité.

Marie est aussi Notre Dame du Carmel, elle inspira à saint Jean de la Croix ces conseils très profonds :

« Aimez à être inconnu de vous et des autres, et ne vous occupez jamais du bien et du mal d’autrui. »

Ne pas se glorifier : ces biens dont nous voudrions nous glorifier, « nous ne savons même pas si nous les possédons. »

Litanies de l’humilité (Cardinal Merry del Val)

O Jésus! doux et humble de cœur, Écoute-moi.

Du désir d’être estimé, Délivre-moi, Jésus.

Du désir d’être aimé, Délivre-moi, Jésus.

Du désir d’être exalté, Délivre-moi, Jésus.

Du désir d’être honoré, Délivre-moi, Jésus.

Du désir d’être loué, Délivre-moi, Jésus.

Du désir d’être préféré à d’autres, Délivre-moi, Jésus.

Du désir d’être consulté, Délivre-moi, Jésus.

Du désir d’être approuvé, Délivre-moi, Jésus.

De la peur d’être humilié, Délivre-moi, Jésus.

De la peur d’être méprisé, Délivre-moi, Jésus.

De la crainte d’être rejeté, Délivre-moi, Jésus.

De la crainte d’être calomnié, Délivre-moi, Jésus.

De la peur d’être oublié, Délivre-moi, Jésus.

De la peur d’être ridiculisé, Délivre-moi, Jésus.

De la peur d’être lésé, Délivre-moi, Jésus.

De la crainte d’être soupçonné, Délivre-moi, Jésus.

Que d’autres puissent être aimés plus que moi,

Jésus, accorde-moi la grâce de le désirer.

Que d’autres puissent être estimés plus que moi,

Jésus, accorde-moi la grâce de le désirer.

Que, selon le monde, d’autres puissent croître et moi diminuer,

Jésus, accorde-moi la grâce de le désirer.

Que d’autres puissent être choisis et moi mis de côté,

Jésus, accorde-moi la grâce de le désirer.

Que d’autres puissent être loués et qu’on ne fasse pas attention à moi,

Jésus, accorde-moi la grâce de le désirer.

Que d’autres puissent être préférés à moi en tout,

Jésus, accorde-moi la grâce de le désirer.

Que d’autres deviennent plus saints que moi,

pourvu que je puisse devenir aussi saint que je le devrais.

Jésus, accorde-moi la grâce de le désirer.

Cardinal Merry del Val (1865-1930)

Ces litanies nous conduisent à une grande liberté intérieure, afin de courir sur le chemin du Seigneur !

« Il est droit, il est bon, le Seigneur, lui qui montre aux pécheurs le chemin ».

Nous avons peur de parler de péché et d’inviter à la conversion parce que nous n’avons peur de culpabiliser. En réalité, nous confondons deux choses très différentes.

La culpabilité est liée au fait d’être différent, donc éventuellement marginalisé et exclu. Les Hébreux arrivant en Canaan avaient ces sentiments. Ils cherchaient donc à s’assimiler en adoptant les pratiques cananéennes, on dirait aujourd’hui qu’ils ont essayé de s’intégrer. Mais certaines pratiques, comme les rites aux Baals, avec sacrifices d’enfants et cultes de prostitution ont été dénoncées par les prophètes comme contraire à l’Alliance avec le Dieu vivant : donc des péchés.

La culpabilité s’inscrit dans une dynamique de risque d’exclusion et d’effort d’assimilation ou d’intégration.

Le péché s’inscrit dans une dynamique de rupture d’Alliance et de pardon.

Notre époque ne veut plus entendre parler de péché, elle n’entendra donc plus parler d’Alliance avec le Créateur ni de pardon divin.

Chers auditeurs, réfléchissez bien !

Deuxième lecture (1 Co 7, 29-31)

Frères, je dois vous le dire : le temps est limité. Dès lors, que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’avaient pas de femme, ceux qui pleurent, comme s’ils ne pleuraient pas, ceux qui ont de la joie, comme s’ils n’en avaient pas, ceux qui font des achats, comme s’ils ne possédaient rien, ceux qui profitent de ce monde, comme s’ils n’en profitaient pas vraiment. Car il passe, ce monde tel que nous le voyons. – Parole du Seigneur.

« Que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’avaient pas de femme » : Il ne s’agit pas de viser une solitude confortable, qui donne la liberté de se mouvoir avec autonomie, pour changer de lieux, de tâches et de choix, pour disposer de son argent personnel, pour fréquenter des personnes variées selon l’attrait du moment. Vivre sans attachement à ce qui passe c’est aussi, pour des personnes mariées, rester fidèles quand leur conjoint est devenu malade ou quand il ne répond plus à leurs besoins. C’est aussi, pour des parents, rester disponible pour un enfant ingrat et difficile.

« Ceux qui font des achats, comme s’ils ne possédaient rien, ceux qui profitent de ce monde, comme s’ils n’en profitaient pas vraiment ». Nous sommes dans le monde, mais l’important n’est pas de profiter du monde, l’important est la dignité d’aimer, c’est cela qui a de la valeur, et qui est rayonnant, éblouissant même…

L’expression « il passe, ce monde tel que nous le voyons » peut être lue soit en vis-à-vis de la mort individuelle et du ciel, soit du retour du Christ.

Expliquons d’abord l’expression « il passe, ce monde tel que nous le voyons » dans la perspective du ciel. Nous sommes dans un pèlerinage terrestre, dans les événements joyeux et pénibles de l’existence et de la vie commune, dans les nécessités et dans les secours des amis, dans la recherche d’une prospérité ou d’une renommée qui passe avec la figure de ce monde (cf. 1Co 7,31). Nous n’avons pas ici-bas de cité permanente, mais nous sommes en quête de la cité future (He 13,14). Là-haut, plus dans les hauteurs, se trouve notre patrie stable ; c’est pour elle que nous sommes nés, c’est à elle que nous sommes destinés, c’est vers elle que nous sommes acheminés et que nous faisons route avec tous nos frères dans la même foi et la même espérance, unis par cette charité qui surpasse la richesse et la pauvreté, la science et l’ignorance. (Cf. Pie XII - allocution aux dirigeants de l’action catholique italienne, 1940)

Le but dernier de notre pèlerinage terrestre est le ciel, là où le Christ siège à la droite de Dieu, là où notre vie est cachée en Dieu avec le Christ, jusqu’à ce qu’elle se manifeste dans la gloire (Col 3,1-4)…

Expliquons maintenant l’expression « il passe, ce monde tel que nous le voyons » dans la perspective du retour du Christ.

« "Où est ton trésor, là sera aussi ton coeur" (Mt 6, 21): le trésor unique du Royaume suscite le désir, l’attente, l’engagement et le témoignage. Dans l’Église primitive, l’attente de la venue du Seigneur était vécue d’une manière particulièrement intense. Mais l’Église n’a pas cessé d’entretenir cette disposition à l’espérance au cours des siècles : elle a continué à inviter les fidèles à porter leur regard vers le salut dont la manifestation est proche, "car elle passe, la figure de ce monde" (1Co 7,31 cf. 1P 1,3-6) » (Jean-Paul II, 1996 Vita Consecrata § 26). Chers auditeurs, attendez-vous quelqu’un ? Attendez vous la venue glorieuse de Jésus ?

L’évêque « par son exemple et par sa parole, exhorte les chrétiens à offrir leurs personnes en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu Rm 12,1, il rappelle à tous que "ce monde tel que nous le voyons est en train de passer" 1Co 7,31, et qu’il est donc de leur devoir de vivre en "attendant la bienheureuse espérance" du retour glorieux du Christ Tt 2,13. » (Jean Paul II, Pastores Gregis § 21 en 2003)

Le retour glorieux du Christ est un événement qui va considérablement changer le monde. Le christianisme annonce le retour du Christ comme une formidable espérance : Jésus l’annonce dans une parabole : un « maître » revient « après un long temps », et qui dit au serviteur bon et fidèle, « en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t’établirai ; entre dans la joie de ton seigneur » (Mt 25, 23), tandis que le serviteur bon à rien est jeté dans la fournaise ardente.

La venue glorieuse du Christ inclut un jugement contre le mal, car rien d’impur n’entrera au Paradis, mais la venue glorieuse du Christ ne se limite pas au jugement, elle n’est même pas d’abord cela : elle est d’abord une vivification. C’est dans cette perspective que ce verset de la lettre aux Hébreux mérite d’avoir été écrit. « Ainsi le Christ, après s’être offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude, apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut (araméen : pour la vie) de ceux qui l’attendent » (He 9, 28).

Il n’appartient pas aux chrétiens de juger les hommes. Jésus, dans la parabole du bon grain et de l’ivraie est clair : l’ivraie sera arrachée par les anges au moment de la Venue en gloire de Notre Seigneur ! C’est là toute la différence entre la foi chrétienne et ses plagiats. On trouve des contrefaçons de l’espérance chrétienne très diverses, laïques ou par exemple musulmanes. Ces contrefaçons rendent les gens très manipulables, il suffit de désigner « l’antichrist » à abattre (soi-même) pour faire advenir le « règne de la divinité ». Ces « messianismes » produisent des millions de morts, c’est pourquoi ils ont été dénoncés par l’Église (CEC 676).

« 38 Le champ, / c’est le monde ;

le bon grain, / ce sont les fils du Royaume ;

l’ivraie, / ce sont les fils du Mauvais.

39 L’ennemi qui l’a semée, / c’est Satan ;

la moisson, / c’est la perfection [la fin] du monde ;

les moissonneurs, / ce sont les anges.

40 De même que l’on trie l’ivraie pour la jeter au feu, / ainsi en sera-t-il à la plénitude de ce monde.

41 Le Fils de l’homme enverra ses anges, / et ils enlèveront de son Royaume

toutes les causes de chute / et ceux qui font le mal ;

42 ils les jetteront dans la fournaise de feu :

là, il y aura des pleurs / et des grincements de dents.

43 Alors les justes resplendiront / comme le soleil dans le royaume de leur Père. » (Mt 13, 38-43 de l’araméen).

L’expression « fin du monde », présente dans la plupart des traductions, fait inévitablement penser à une destruction du monde (c’est pour cela qu’elle est employée), mais ni les textes araméens ni les textes grecs ne permettent une telle formule : en araméen la moisson est « šūlāmēh d-ᶜālmā » la perfection, la fin, la plénitude du monde, ce qui est tout autre chose que de dire simplement que c’est la fin du monde. De même en grec : « accomplissement du temps actuel – grec : suntéléia tou aïônos » (Mt 13, 39.40).

Alors, vivons dans l’attente de notre meilleur ami, Jésus !

Évangile (Mc 1, 14-20)

« 14 Or après qu’eut été livré Jean, / Jésus vint en Galilée,
et il prêchait la Bonne Nouvelle du Règne de Dieu, / et dit :
15 ‘Il est accompli, le temps, / et il est arrivé, le Règne de Dieu !
Convertissez-vous / et croyez à la Bonne nouvelle !’

      16 Comme il marchait aux alentours de la mer de Galilée,
il vit Simon / et André, son frère,
qui lançaient les filets / dans la mer.
C’étaient en effet / des pêcheurs.
      17 Et Jésus leur dit :
‘Venez / à ma suite ;
et je ferai de vous : / des pêcheurs d’hommes !’
18 Et aussitôt ils laissèrent leurs filets, / et allèrent à sa suite.
19 Étant passé outre quelque peu,
il vit Jacques, fils de Zébédée, / et Jean, son frère,
eux aussi dans le bateau, / qui arrangeaient les filets.
      20 Et il les appela.
Et, aussitôt ils laissèrent Zébédée, leur père, dans le bateau avec les salariés, / et allèrent à sa suite » (Mc 1, 14-20).

Ce récit fait partie de la prédication primitive de Pierre et Jean. Cf. Françoise Breynaert, L’enseignement primitif de Pierre et Jean, Parole et Silence 2023. Le témoignage de Pierre est contenu dans l’évangile de Marc, et celui de Jean dans celui de Jean.

Six mois après la Pentecôte, Pierre et Jean enseignaient sous les colonnades de Salomon, et à partir d’un événement connu de tous, le baptême de Jean-Baptiste, ils ont témoigné de leur appel à suivre Jésus. Ils ont témoigné chacun leur tour, dans une structure en alternance composée de 10 « perles » qui forment un collier à mémoriser.

Pierre commence et raconte comment ils ont commencé par se faire disciples du Baptiste. Le baptême au Jourdain réactualise l’épopée de l’Exode (Mc 1, 4-5 – 1ère perle). La fidélité à l’Alliance promulguée au Sinaï, résumée dans le décalogue, est encore aujourd’hui un préalable nécessaire à la vie chrétienne. Or, le Dieu qui fait Alliance veut visiter son peuple, et Jean-Baptiste prépare la voie de sa visite, explique Jean (Jn 1, 19-23 – 2e perle).

La grande nouvelle, c’est que Jésus est le Messie, par lui Dieu visite son peuple, il est le Messie « Saint des Saints » annoncé par le prophète Daniel (Dn 9, 26), capable d’immerger dans l’Esprit de Sainteté enseigne Pierre (Mc 1, 6-8 – 3e perle).

Plus encore, Jésus est préexistant explique Jean (Jn 1, 24-28 – 4e perle), et Pierre confirme : Jésus est divin, il est le Fils de Dieu, uni au Père parce qu’il porte le vouloir divin (Mc 1, 9-11 - 5e perle). Ensuite, Pierre et Jean expliquent comment Jésus, le Messie, est celui qui sauve du péché. Au Jourdain, les pèlerins laissaient tomber leurs péchés dans l’eau, c’était une préparation. Jésus, lui, est l’Agneau de Dieu capable d’enlever le péché du monde (Jn 1, 29-34 – 6e perle) parce qu’il a personnellement vaincu les tentations sataniques (Mc 1, 12-13 – 7e perle).

Le centre du collier constitue donc un sommet, un enseignement sublime et décisif sur le Christ. Les pénitents qui venaient au Jourdain pour rétablir un lien avec le Créateur sont invités à prendre conscience que le Créateur recherche lui-même la rencontre, il veut offrir sa présence dans le « Saint des Saints ». Le péché de l’homme est par définition une rupture de relation, mais Jésus peut enlever ce péché, et, par conséquent, ôter l’obstacle à cette rencontre avec le Créateur. Nous pouvons désormais être immergés dans l’Esprit de sainteté, grâce à celui qui est « Fils de Dieu ».

Jean, fils de Zacharie, était envoyé baptiser afin qu’Israël « puisse vraiment comprendre » (Jn 1, 31 – 6e perle), à travers le signe de l’Esprit Saint qui demeure sur Jésus comme une colombe, que Jésus est le Messie oint, consacré Saint des Saints selon la prophétie de Daniel.

Les trois dernières perles achèvent de nous parler de la vocation des premiers disciples. Ils ont choisi Jésus comme Rabbi (Jn 1, 35-39 – 8e perle), et plus encore, c’est Jésus qui les a appelés à le suivre (Mc 1, 14-20 – 9e perle, c’est l’évangile de ce dimanche).

Tout cet enseignement est solide et Simon, que Jésus a appelé « Pierre », en est constitué le garant.

Dans la récitation orale, il y a des gestes clés[1] :

Se convertir : faire demi-tour en se tournant vers la droite.

Arranger les filets : les ranger de gauche à droite. Jean deviendra un expert dans la composition de filets oraux, c’est-à-dire dans le rangement des perles que l’on peut réciter en ligne et en colonnes.

Ils laissèrent (tomber) les filets : les mains ouvertes vont pivoter pour laisser tomber ce qu’elles pouvaient contenir. C’est le même geste que pour le pardon des péchés. On retrouve en effet ce verbe « šḇaq » quand Jésus leur dit : « Si vous remettez [racine šḇaq] les péchés à l’homme, ils lui sont remis [racine šḇaq] » (Jn 20, 23). Le verbe, « šḇaq » est une onomatopée, mais la spirantisation ne se prononce pas partout pareillement : « shouaq » ou « shvaq ».

Pour les auditeurs d’hier et d’aujourd’hui

Jésus, qui a vaincu Satan au désert (7e perle), annonce ni plus ni moins l’espérance d’Israël, le royaume de Dieu : « il est arrivé, le Règne de Dieu ! » (Mc 1, 15). Jésus ne prend pas le pouvoir politique, il fait quelque chose de beaucoup plus radical : en lui, dans son corps, son âme et sa divinité, tous les matériaux du royaume sont prêts. Il n’y a plus qu’à entrer dans ce royaume par la conversion et la foi.

Cette annonce du royaume de Dieu n’est pas un discours : Jésus « prêchait » et touchait les cœurs. C’est le verbe araméen de racine krz, qui donne la Karozoutha. Quant à « la Bonne nouvelle », c’est en araméen le mot sḇartā (la Souartha comme disent les Chaldéens) dont la racine se retrouve dans l’Apocalypse [2], associée à la constance, la persévérance saybrānūtā. La Bonne Nouvelle est « la pleine espérance » qui fonde la persévérance.

Quand Jésus appelle Simon, André, Jacques et Jean, ceux-ci « laissèrent [verbe šḇaq] » leurs filets et leur père. Il s’agit d’une rupture dans leur existence, de l’abandon d’une ancienne manière de vivre.

Un tel récit peut stimuler les auditeurs, d’hier et d’aujourd’hui, à faire de même.

 

Extraits de Françoise Breynaert, L’enseignement primitif de Pierre et Jean, Parole et Silence 2023.

 

[1] Cf. P. PERRIER, B. SCHERRER, Les braises de la Révélation, BoD 2020, p. 119

[2] Ap 1, 9 ; 2, 2.3.19 ; 3, 10 ; 10, 7 ; 13, 10 ; 14, 6.12.

Date de dernière mise à jour : 29/05/2024