1° dimanche de l’Avent

Logo radio esperance

Voici pour mémoriser le texte de l'évangile de ce jour en vue d'une récitation orale avec reprises de souffles.

Année B 1e dimanche de l'avent - évangile Mt 13, 33-37Année B 1e dimanche de l'avent - évangile Mt 13, 33-37 (73.01 Ko)

Podcast sur  : https://radio-esperance.fr/antenne-principale/entrons-dans-la-liturgie-du-dimanche/#

Sur Radio espérance : tous les mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 8h15
et rediffusées le dimanche à 8h et 9h30). 

Première lecture (Is 63, 16b-17.19b ; 64, 2b-7)

Psaume (79 (80), 2ac.3bc, 15-16a, 18-19)

Deuxième lecture (1 Co 1, 3-9)

Évangile (Mc 13, 33-37)

Lectures de la messe

Première lecture (Is 63, 16b-17.19b ; 64, 2b-7)

C’est toi, Seigneur, notre père ; « Notre-rédempteur-depuis-toujours », tel est ton nom. Pourquoi, Seigneur, nous laisses-tu errer hors de tes chemins ? Pourquoi laisser nos cœurs s’endurcir et ne plus te craindre ? Reviens, à cause de tes serviteurs, des tribus de ton héritage. Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes seraient ébranlées devant ta face. Voici que tu es descendu : les montagnes furent ébranlées devant ta face. Jamais on n’a entendu, jamais on n’a ouï dire, nul œil n’a jamais vu un autre dieu que toi agir ainsi pour celui qui l’attend. Tu viens rencontrer celui qui pratique avec joie la justice, qui se souvient de toi en suivant tes chemins.

Tu étais irrité, mais nous avons encore péché, et nous nous sommes égarés. Tous, nous étions comme des gens impurs, et tous nos actes justes n’étaient que linges souillés. Tous, nous étions desséchés comme des feuilles, et nos fautes, comme le vent, nous emportaient. Personne n’invoque plus ton nom, nul ne se réveille pour prendre appui sur toi. Car tu nous as caché ton visage, tu nous as livrés au pouvoir de nos fautes.

Mais maintenant, Seigneur, c’est toi notre père. Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes : nous sommes tous l’ouvrage de ta main. – Parole du Seigneur.

Chers auditeurs, déjà l’Ancien Testament appelle Dieu « notre père ».

Quand Dieu se manifesta au Sinaï, « 18 la montagne du Sinaï était toute fumante, parce que Le Seigneur y était descendu dans le feu ; la fumée s’en élevait comme d’une fournaise et toute la montagne tremblait violemment. 19 Le son de trompe allait en s’amplifiant ; Moïse parlait et Dieu lui répondait dans le tonnerre » (Exode 19, 18-19). En demandant à Dieu de visiter de nouveau le peuple, le prophète Isaïe s’attend à des manifestations semblables. « 63, 19 Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes seraient ébranlées devant ta face.»

Dans la Bible, l’idée que Dieu descend et visite son peuple est très présente, c’est le cœur de l’espérance juive, même si le comment ne ressort clairement d’aucune prophétie. Lors de l’Annonciation, Marie dit : « Comment adviendra ceci ? » (Lc 1, 34), et…

« 35 L’ange répondit, / et lui dit :
‘L’Esprit Saint viendra, / et la Puissance du Très Haut t’envahira,

c’est pourquoi celui qui sera enfanté en toi / sera saint,

et c’est Fils de Dieu / qu’il sera appelé »
(Lc 1, 35 de l’araméen).

Et c’est la grande visite de Dieu, la grande descente de Dieu… Ce qu’Isaïe n’osa pas imaginer…

Plus loin, Isaïe décrit les conséquences du péché : « 64, 5. Tous, nous étions comme des gens impurs, et tous nos actes justes n’étaient que linges souillés » souillés par des intentions égoïstes ou orgueilleuses, alors que Dieu attend que nos intentions prennent leur source en lui, c’est tout l’intérêt de la consécration à Marie, immaculée, pour que nos actions justes commencent par Marie, dans son cœur immaculé. Continuons Isaïe : « 64, 5. Tous, nous étions desséchés comme des feuilles, et nos fautes, comme le vent, nous emportaient » : le péché nous rend superficiel, vain, légers, inconsistants comme les feuilles mortes emportées par le vent. À l’inverse, si nos actes son comme greffés sur la vigne, enracinés en Dieu, alors ils auront le poids de la gloire divine.

Et Isaïe dit que nous sommes « livrés au pouvoir de nos fautes » (64, 6). Et il compare Dieu à un potier « 64, 7. Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes : nous sommes tous l’ouvrage de ta main », mais en même temps Isaïe a reconnu que Dieu laisse son peuple libre d’errer loin de lui. Autrement dit, Dieu avait un but quand il nous a créé, mais il nous a donné la liberté.

Saint Paul explique en effet que nous sommes comme de bonnes ou de mauvaises poteries (Rm 9, 21) mais Dieu "a préparé" les vases d’élection (Rm 9, 23), mais ce n’est pas lui qui prépare les vases pour la perdition, il les "supporte" (Rm 9, 22).

Le Concile de Trente, dans son Décret sur la justification (l’année 1547), a corrigé les hérésies sur la prédestination, présentes chez les protestants (et plus tard chez les jansénistes).

Ainsi, par exemple, dans le canon 4, ce concile explique que nous ne sommes pas des marionnettes pour Dieu, même dans nos bonnes actions parce que nous coopérons réellement et nous pouvons toujours « refuser d’acquiescer » à l’appel de la grâce. Si quelqu’un dit que… « tel un être inanimé, il ne fait absolument rien et se comporte purement passivement : qu’il soit anathème » (DS 1554). Et le canon 6 découle de l’image du potier qui façonne les justes, par exemple saint Paul, mais qui supporte les mauvais, par exemple Judas (cf. Rm 9, 21-23) : « Canon 6. Si quelqu’un dit qu’il n’est pas au pouvoir de l’homme de s’engager dans les voies du mal, mais que ses mauvaises comme ses bonnes actions sont l’œuvre de Dieu, non seulement parce qu’Il les permet, mais encore proprement et par Lui-même, tellement que la trahison de Judas ne serait pas moins Son œuvre propre que la vocation de Paul : qu’il soit anathème » (DS 1556).

Chers auditeurs on utilisait la formule « qu’il soit anathème » pour définir la limite de l’hérésie ; attention, il ne s’agit pas de définir qui va aller en enfer, le jugement des personnes n’appartient qu’à Dieu et Jésus est sévère à ce sujet : « si quelqu’un dit à son frère : Renégat !, il en répondra dans la géhenne de feu » (Mt 5, 22). Mais Jésus, la veille de sa Passion, a dit « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jean 14, 6) et il a demandé au Père : « Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité » (Jean 17, 17). Il nous faut donc être capable de distinguer le vrai du faux, et donc les hérésies.

La suite du Décret sur la justification du concile de Trente corrige une idée païenne du destin et de la prédestination, comme s’il existait des livres du destin sur lesquels tout serait écrit d’avance (une idée que l’on trouve aussi dans l’islam). Personne ne peut être sûr d’aller au ciel (Canon 15). Et personne n’est privé de la grâce parce qu’il serait « prédestiné au mal par la puissance divine » (canon 17).

Revenons à Isaïe, une lecture qui nous fait si bien entrer dans le temps de l’Avent : « C’est toi, Seigneur, notre père ; « Notre-rédempteur-depuis-toujours », tel est ton nom. Pourquoi, Seigneur, nous laisses-tu errer hors de tes chemins ? Pourquoi laisser nos cœurs s’endurcir et ne plus te craindre ? Reviens, à cause de tes serviteurs, des tribus de ton héritage. Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes seraient ébranlées devant ta face. »

Et bien le Seigneur reviendra dans la gloire, et son règne s’accomplira. Es-tu prêt ? Isaïe dit : « 64, 3. Jamais on n’a entendu, jamais on n’a ouï dire, nul œil n’a jamais vu un autre dieu que toi agir ainsi pour celui qui l’attend. 4. Tu viens rencontrer celui qui pratique avec joie la justice, qui se souvient de toi en suivant tes chemins ». Chers auditeurs, êtes-vous prêt ?

 

Psaume (79 (80), 2ac.3bc, 15-16a, 18-19)

Berger d’Israël, écoute, resplendis au-dessus des Kéroubim ! Réveille ta vaillance et viens nous sauver. Dieu de l’univers, reviens ! Du haut des cieux, regarde et vois : visite cette vigne, protège-la, celle qu’a plantée ta main puissante. Que ta main soutienne ton protégé, le fils de l’homme qui te doit sa force. Jamais plus nous n’irons loin de toi : fais-nous vivre et invoquer ton nom !

Isaïe disait : « Reviens, à cause de tes serviteurs, des tribus de ton héritage. […] Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes seraient ébranlées devant ta face. » (Is 63, 17.19)

Et le psaume lui répond : « Dieu de l’univers, reviens ! Du haut des cieux, regarde et vois : visite cette vigne, protège-la, celle qu’a plantée ta main puissante ».

Dans l’Ancien Testament, l’idée que Dieu visite son peuple est un leitmotiv. Par exemple, ayant appris la vocation de Moïse, « le peuple crut et se réjouit de ce que le Seigneur avait visité les Israélites » (Ex 4, 31). Dieu vient pour guérir, pour guider, pour sauver. Et Isaïe attendait une nouvelle visite du Seigneur, quand il « visitera l’armée d’en haut, en haut, et les rois de la terre, sur la terre » (Is 24, 21), c’est-à-dire les anges (en haut) et les hommes (sur la terre).

Dans le Nouveau Testament, le Cantique de Marie (le Magnificat) et le Cantique de Zacharie (le Bénédictus) se réfèrent à l’intervention de Dieu dans l’Histoire. Jean Baptiste est destiné à préparer le peuple d’Israël à accueillir la « visite » de Dieu, selon l’expression de son père Zacharie (Lc 1, 68), qui reprend ici le langage et l’attente du peuple juif.

La foi des apôtres est biblique, elle est à l’opposé des croyances païennes. Oui, c’est Dieu qui descend, et lui seul peut « vivifier ». En face, les croyances païennes ne sont que des ballons de baudruche parce qu’un homme qui, comme Caïus Caligula, se « diviniserait » ne peut être qu’un faux messie qui s’éteint dans la poussière de son palais, ou un modèle qui ne donne pas la vie. Même Philon, un juif d’Alexandrie, quand vint à Rome et y vit l’empereur s’exhiber déguisé en Jupiter, il fut outré. Il écrit dans la Legatio ad Caïum : « Dieu se changerait plutôt en homme que l’homme en Dieu » [1]. Sa réaction est typiquement biblique, où Dieu est « descendu » délivrer son peuple (Ex 3, 8). C’est important à comprendre. Trop de gens imaginent que ce sont les premiers chrétiens, grecs, qui auraient imaginé que Jésus serait Dieu, en auraient fait en quelque sorte la statue et l’auraient adoré. En réalité, c’est une réduction incroyable de l’évangélisation primitive, qui est partie des apôtres encore bien davantage en Orient qu’en Occident chez les grecs et les latins, et jamais les apôtres, qui étaient juifs, n’auraient acceptée l’idée grecque de diviniser un homme. En Jésus, c’est Dieu qui visite le monde. C’est « Dieu de l’univers » qui visite le monde, comme ce psaume et tant d’autres l’ont demandé. Et c’est dans ce sens que les chrétiens croient que Jésus est Dieu, il est l’Envoyé du Père.

La venue glorieuse du Christ sera une visite ultime. « Mais quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 18, 8). Jésus semble encore reprendre le livre du Siracide : « Malheur à vous qui avez perdu l’endurance, que ferez-vous lorsque le Seigneur vous visitera ? » (Si 2, 14) mais il y a plus. Jésus parle de foi. Quand il reviendra dans la gloire, la justice s’accomplira, mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’elle nécessitera encore la foi, c’est-à-dire la confiance, parce que la justice de Dieu fait participer les élus à sa vie.

L’Apocalypse est composée de septénaires. Et la perle centrale du septénaire des conclusions contient une Béatitude, une promesse de bonheur :

« Voici, Je viens, / d’un [coup] !
Et Mon salaire avec Moi, / et Je [le] donne à tout homme selon son œuvre !

Je [suis] l’Aleph et Je [suis] le Taw, [= l’alpha et l’omega]

     le Premier et le Dernier,

              le Commencement et l’Accomplissement.

Bienheureux sont-ils [ceux] qui font Ses commandements : / leur autorité sera sur le bois de la Vie !

Et, par la Porte, ils entreront dans la Cité ! / Et les ‘prostitués’ et meurtriers et idolâtres : dehors !

Et les impurs et les magiciens ! / et tous les observateurs et faiseurs d’imposture ! » (Ap 22, 12-15).

Dans l’Apocalypse, il est dit que Jésus se manifestera d’une manière céleste comme « Roi des rois et Seigneur des seigneurs » (Ap 19, 16) ; « Voici, Je viens, d’un [coup] ! » (Ap 22, 12). Et nous pouvons prier le psaume dans cette perspective : « Berger d’Israël, écoute, resplendis au-dessus des Kéroubim [c’est-à-dire les anges, les chérubins] ! Réveille ta vaillance et viens nous sauver. Dieu de l’univers, reviens ! Du haut des cieux, regarde et vois : visite cette vigne, protège-la, celle qu’a plantée ta main puissante ».

Dans ce psaume, Israël est comparé à une vigne, comme plus tard Jésus dira à ses disciples, « je suis la vigne, vous êtes les sarments » (Jn 15, 5). Dans la première lecture, Isaïe comparait Dieu à un potier « 64, 7. Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes : nous sommes tous l’ouvrage de ta main », mais en même temps Isaïe reconnaît que Dieu laisse son peuple libre d’errer loin de lui. Dieu avait un but quand il nous a créé, mais il nous a donné la liberté. « Il n’est pas facile pour l’homme blessé par le péché de garder l’équilibre moral. Le don du salut par le Christ nous accorde la grâce nécessaire pour persévérer dans la recherche des vertus. Chacun doit toujours demander cette grâce de lumière et de force, recourir aux sacrements, coopérer avec le Saint-Esprit, suivre ses appels à aimer le bien et à se garder du mal » (CEC 1811)

Ce monde aura une fin : « Je [suis] l’Aleph et Je [suis] le Taw, le Premier et le Dernier, le Commencement et l’Accomplissement » (Ap 22, 13), par conséquent, comme le dit saint Paul, le Christ remettra la royauté au Père (1Co 15, 22-27). Et nous pouvons prier le psaume dans cette perspective : « Jamais plus nous n’irons loin de toi : fais-nous vivre et invoquer ton nom ! ». La prière « fais-nous vivre et invoquer ton nom ! » peut nous conduire très loin. Le Nom de Dieu contient toutes ses propriétés. Invoquer le Nom de Dieu, c’est l’appeler dans notre existence, dans notre souffle, dans chacun de nos gestes, chacun de nos pas. Lors de la Parousie, Dieu sera tout en tous. Nous participerons progressivement aux propriétés divines, nos actes prendront une valeur d’éternité.

Et déjà nous nous préparons à la deuxième lecture : « C’est lui [le Christ] qui vous fera tenir fermement jusqu’au bout, et vous serez sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus-Christ. Car Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus-Christ notre Seigneur. –» (1Co 1, 8-9).

 

Deuxième lecture (1 Co 1, 3-9)

Frères, à vous, la grâce et la paix, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ. Je ne cesse de rendre grâce à Dieu à votre sujet, pour la grâce qu’il vous a donnée dans le Christ Jésus ; en lui vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la parole et de la connaissance de Dieu. Car le témoignage rendu au Christ s’est établi fermement parmi vous. Ainsi, aucun don de grâce ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus-Christ. C’est lui qui vous fera tenir fermement jusqu’au bout, et vous serez sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus-Christ. Car Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus-Christ notre Seigneur. – Parole du Seigneur.

Comme un roi visite ses provinces, Jésus est le Roi venu sur la terre pour rendre visite à tous ; il fait participer tous ceux qui croient en Lui à sa fête, tous ceux qui croient dans sa présence dans l’assemblée liturgique car il ne nous a pas laissés seuls. Même si nous ne pouvons pas le voir ni le toucher, il est ici et vient nous rendre visite de multiples manières.

Chaque jour, et en particulier durant l’Avent, nous attendons une venue, une visite de Dieu. Soyons attentifs ! Il entre dans ma vie et veut s’adresser à moi. Chaque soir, prenons un temps de prière pour reconnaître sa visite, comment le Seigneur m’a encouragé et aidé, ou bien, et c’est tout aussi important, comment il m’a averti et corrigé.

Ne soyons pas distraits par trop de divertissements. Le Créateur, le Roi de l’univers nous visite. Il serait dommage que trop de choses nous submergent.

« L’Avent, ce temps liturgique fort que nous commençons, nous invite à nous arrêter en silence pour comprendre une présence. C’est une invitation à comprendre que chaque événement de la journée est un signe que Dieu nous adresse, un signe de l’attention qu’il a pour chacun de nous. Combien de fois Dieu nous fait percevoir un signe de son amour ! Tenir, en quelque sorte, un "journal intérieur" de cet amour serait un devoir beau et salutaire pour notre vie ! » [2]

Chers auditeurs, l’Avent est un temps d’attente. Or il y a des manières très différentes d’attendre. Si on attend quelque chose, mais que pour le moment il n’y a rien, c’est-à-dire que si le présent reste vide, chaque instant qui passe apparaît exagérément long, et l’attente se transforme en un poids trop lourd, parce que l’avenir reste tout à fait incertain, or justement, saint Paul nous dit : « Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus-Christ notre Seigneur ». Le temps prend du sens, et en tout instant nous percevons quelque chose de spécifique et de valable, alors la joie de l’attente rend le présent plus précieux. Et c’est aussi ce que saint Paul dit : « Frères, à vous, la grâce et la paix, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ. Je ne cesse de rendre grâce à Dieu à votre sujet, pour la grâce qu’il vous a donnée dans le Christ Jésus ; en lui vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la parole et de la connaissance de Dieu. Car le témoignage rendu au Christ s’est établi fermement parmi vous. Ainsi, aucun don de grâce ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus-Christ. »

Ainsi, nous pouvons vivre intensément le présent où nous arrivent déjà les dons du Seigneur, vivons-le projetés vers l’avenir, un avenir chargé d’espérance.

« L’Avent chrétien devient de cette manière une occasion pour réveiller en nous le sens véritable de l’attente, en revenant au cœur de notre foi qui est le mystère du Christ, le Messie attendu pendant de longs siècles et né dans la pauvreté de Bethléem. En venant parmi nous, il nous a rendu et continue de nous offrir le don de son amour et de son salut. Présent parmi nous, il nous parle de différentes manières […]. A notre tour, nous pouvons lui adresser la parole, lui présenter les souffrances qui nous affligent, l’impatience, les questions qui jaillissent de notre cœur. Soyons certains qu’il nous écoute toujours ! Et si Jésus est présent, il n’existe plus aucun temps vide et privé de sens. Si Il est présent, nous pouvons continuer à espérer même lorsque les autres ne peuvent plus nous assurer aucun soutien, même lorsque le présent devient difficile » [3].

Saint Paul dit : « C’est lui qui vous fera tenir fermement jusqu’au bout ». Pour vivre, croître et persévérer jusqu’à la fin dans la foi, nous devons la nourrir par la Parole de Dieu ; nous devons implorer le Seigneur de l’augmenter. Quelques exemples dans les évangiles : « Aussitôt le père de l’enfant s’écria : "Je crois ! Viens en aide à mon peu de foi !" » (Mc 9, 24) Les apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! » (Lc 17, 5). Jésus dit à Pierre : « mais moi j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères » (Luc 22, 32).

La foi doit "agir par la charité" (Ga 5, 6 cf. Jc 2,14-26), et les actes bons développent en nous les vertus. « Les vertus humaines acquises par l’éducation, par des actes délibérés et par une persévérance toujours reprise dans l’effort, sont purifiées et élevées par la grâce divine. Avec l’aide de Dieu, elles forgent le caractère et donnent aisance dans la pratique du bien. L’homme vertueux est heureux de les pratiquer ». (CEC 1810). Saint Paul dit : « Ainsi, aucun don de grâce ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus-Christ ».

Saint Paul continue : « C’est lui qui vous fera tenir fermement jusqu’au bout, et vous serez sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus-Christ ». Le jour de notre Seigneur Jésus-Christ, c’est le jour de sa venue glorieuse, dont parle aussi l’évangile. La foi doit être portée par l’espérance de cette Venue glorieuse du Christ.

Dans une autre lettre, l’apôtre Paul nous invite à préparer « l’Avènement de notre Seigneur Jésus-Christ » (1Th 5, 23), en demeurant sans reproche, avec la grâce de Dieu. En français, saint Paul utilise précisément le terme "Avènement", en araméen meṯīṯēh qui veut dire simplement la venue, en latin adventus, dont dérive le terme Avent, en grec, παρουσια, parousia, dont dérive le terme Parousie (qui désigne la venue glorieuse du Christ et sa présence pendant l’accomplissement du règne de Dieu sur la terre, avant l’assomption finale dans l’éternité). Ce qui nous conduit à l’évangile.

Évangile (Mc 13, 33-37)

[En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :]

« 33 Prenez garde, / veillez :
car vous ne savez pas / quand ce sera le moment.

34 C’est comme un homme / parti en voyage :
et il laissa sa maison, / et il donna autorité à ses serviteurs,

et, à chacun / son travail,

et au portier / il ordonna d’être vigilant.

35 Veillez, / par conséquent !
Car vous ne savez pas / quand vient le maître de maison :

le soir, ou au milieu de la nuit, / ou au chant du coq, ou le matin ;

36
de peur qu’il vienne soudainement, / et vous trouve endormis.

37 Ce qu’à vous je dis, / c’est à vous tous que je le dis :
Soyez vigilants ! »

Acclamons la parole de Dieu.

Les Pères de l’Église observent que la "venue" de Dieu - permanente et, pour ainsi dire, connaturelle à son être même - se concentre dans les deux principales venues du Christ, celle de son Incarnation (Noël) et celle de son retour glorieux [4]. Le temps de l’Avent vit entièrement de cette polarité. Au cours des premiers jours, l’accent tombe sur l’attente de la venue ultime du Seigneur, qui sera l’accomplissement des temps. Ensuite, à l’approche de Noël, prévaudra la mémoire de l’événement de Bethléem, pour reconnaître dans celui-ci la "plénitude du temps" (Ga 4, 4). Entre les deux, il y a la venue de Jésus dans l’âme des croyants comme dit saint Bernard, « notre repos et notre réconfort » (Disc. 5 sur l’Avent, 1).

D’une manière générale, on est en attente permanente : quand on est enfant, on veut grandir ; adulte, on tend à la réalisation et au succès ; en avançant en âge, on aspire à un repos mérité.

Nous, les chrétiens, nous attendons une manifestation de Dieu dans notre quotidien, car le Seigneur est ressuscité, il est présent, il désire nous parler chaque jour, en toute situation. Et chacun peut tenir un journal intérieur de ses visites…

« L’Avent retentit comme un appel salutaire : Réveille-toi ! Rappelle-toi que Dieu vient ! Pas hier, pas demain, mais aujourd’hui, maintenant ! L’unique vrai Dieu, "le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob", n’est pas un Dieu qui reste dans le ciel, ne s’intéressant pas à nous ni à notre histoire, mais il est le Dieu-qui-vient. C’est un Père qui ne cesse jamais de penser à nous et, avec un extrême respect pour notre liberté, qui désire nous rencontrer et nous visiter ; il veut venir, demeurer parmi nous, rester avec nous. Sa "venue" est poussée par la volonté de nous libérer du mal et de la mort, de tout ce qui empêche notre véritable bonheur. Dieu vient nous sauver. » [5]

Nous attendons aussi le retour du maître de maison, c’est-à-dire le retour du Christ. Il essuiera nos larmes. Un jour, bientôt, tout trouvera son accomplissement dans le Royaume de Dieu, Royaume de justice et de paix. L’histoire n’est pas un cycle répétitif. Elle a un début et elle a aura une fin. Le dessein du Créateur doit réussir, à sa plus grande gloire.

« Commençons donc ce nouvel Avent - un temps qui nous a été donné par le Seigneur du temps - en réveillant dans nos coeurs l’attente du Dieu-qui-vient et l’espérance que son Nom soit sanctifié, que son Règne de justice et de paix vienne, que sa volonté soit faite sur la terre comme au Ciel. Laissons-nous guider, dans cette attente, par la Vierge Marie, Mère du Dieu-qui-vient, Mère de l’espérance. Qu’Elle obtienne pour nous d’être trouvés saints et immaculés dans l’amour, lors de la venue de notre Seigneur Jésus Christ, à qui, avec le Père et l’Esprit Saint, soit rendu louange et gloire pour les siècles des siècles. » [6].

Il nous faut être conscient des fausses pensées eschatologiques, c’est-à-dire de fausses visions du processus de la fin des temps. Au XVI° siècle, Isaac Luria proclame que les Juifs sont le principal moteur de l’histoire. Au XVIII° siècle, Jakob Frank vécut en Pologne dans la clandestinité, la transgression de la Loi juive, le rejet du Talmud et de la Torah, tout en restant fidèle, en secret, à la Kabbale et au Zohar. Il se « convertit » au catholicisme et fut baptisé et confirmé. Mais ce n’était qu’une conversion apparente. Dix mille à vingt mille Juifs le suivirent. Ses successeurs connurent une ascension fulgurante, le mouvement se transforma en secte hérétique qui infiltra l’aristocratie européenne. Sa doctrine hérite d’un traité de la Kabbale qui, en l’an 1500 parlait de la rédemption de Satan. En conséquence, le sublime dans le mal est, selon lui, la route du bien ; et la route de l’abîme est terrifiante et effrayante. Voyez, tout est inversé ! Un certain nombre de pensées révolutionnaires (« l’ordre par le chaos »), pensées guerrières ou même génocidaires, maçonnique ou non, ont pu recevoir une impulsion du mouvement qu’il initia. L’idée d’un ordre par le chaos se répand de manière insidieuse dans divers milieux… Telle n’est bien sûr pas la pensée chrétienne. La Venue de Jésus dans la gloire sera insupportable à ceux qui sont allés trop loin dans l’iniquité. Ils tomberont dans l’étang de feu comme le dit l’Apocalypse.

La Venue glorieuse du Christ inclut un jugement contre le mal, car rien d’impur n’entrera dans la Jérusalem nouvelle, ou au Paradis, mais la Venue glorieuse du Christ ne se limite pas au jugement, elle n’est même pas d’abord cela : elle est d’abord une vivification. C’est dans cette perspective que ce verset de la lettre aux Hébreux mérite d’avoir été écrit : « Ainsi le Christ, après s’être offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude, apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l’attendent » (He 9, 28). La délivrance du péché originel s’est réalisée « une seule fois ». Quand le Christ apparaitra une seconde fois, ce n’est « plus à cause du péché » car sa première venue a suffi pour enlever les péchés, c’est pour le sss vivification. Pour ceux qui l’attendent, la Venue glorieuse du Christ sera une purification-vivification-jugement fait pour nous aider à nous comprendre et nous réconcilier entre nous, rejoignant notre désir profond de communion et de vie... La Vierge immaculée est là, en particulier durant ce temps de l’Avent, pour nous y préparer !

« 35 Veillez, / par conséquent !
Car vous ne savez pas / quand vient le maître de maison :

le soir, ou au milieu de la nuit, / ou au chant du coq, ou le matin ;

36
de peur qu’il vienne soudainement, / et vous trouve endormis.

37
Ce qu’à vous je dis, / c’est à vous tous que je le dis :

soyez vigilants ! » (Mc 13, 35-37)

 

[1] Philon d’Alexandrie, Légation à Caïus, trad. Delaunay, Paris, Didier, 1870, p.310 (§ 118).

[2] Benoit XVI, homélie du 28 novembre 2009, 1ère vêpres de l’Avent

[3] Benoit XVI, homélie du 28 novembre 2009, 1ère vêpres de l’Avent

[4] cf. Cyrille de Jérusalem, Catéchèses, 15, 1: PG 33, 870

[5] Benoit XVI, samedi 2 décembre 2006

[6] Benoit XVI, samedi 2 décembre 2006

Date de dernière mise à jour : 16/11/2023