N°6, Marie et les Béatitudes, Marie et le Royaume de Dieu

 

            Les Béatitudes étaient pour nos pères dans la foi le cœur de la vie chrétienne[1]. Elles étaient même le signe de reconnaissance et de témoignage de ce que Jésus était vraiment le Messie venu inaugurer le temps de la joie. En les vivant on découvre le secret de la joie et on annonce que le Christ est Dieu.

Voici notre plan :

 

6.1. Marie vit les Béatitudes. 2

6.2. Vivre les Béatitudes avec Marie : l’expérience de l’Eglise. 6

6.3. La théologie mariale de la libération. 8

6.4. Un écho liturgique. 10

 

Approfondissement de quelques dimensions particulières du Royaume de Dieu. 13

6.5. Avec Marie, l’urgence et la priorité de Dieu (Lc 9, 61-62 ; Mt 13, 44-45) 13

6.7. Avec Marie, vivre une adoption. 14

6.8. Avec Marie, vivre des noces. 15

6.9. Mariage et continence, pour le royaume. 17

6.10 Marie, Dieu, et l’amour des ennemis. 20

6.11 Marie et « l’Evangile de la vie ». 22

Exercice d’assimilation. 23

 

 

1 Voyant les foules, Jésus gravit la montagne, et quand il fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui. 2 Et prenant la parole, il les enseignait en disant:

3 "Heureux ceux qui ont une âme de pauvre,

 car le Royaume des Cieux est à eux.

4 Heureux les doux,

 car ils posséderont la terre.

5 Heureux les affligés,

 car ils seront consolés.

6 Heureux les affamés et assoiffés de la justice,

 car ils seront rassasiés.

7 Heureux les miséricordieux,

 car ils obtiendront miséricorde.

8 Heureux les coeurs purs,

 car ils verront Dieu.

9 Heureux les artisans de paix,

 car ils seront appelés fils de Dieu.

10 Heureux les persécutés pour la justice,

 car le Royaume des Cieux est à eux.

11 Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi. 12 Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux: c’est bien ainsi qu’on a persécuté les prophètes, vos devanciers. » (Mt 5,1-12)

 

            La première à être déclarée "bienheureuse" dans les Evangiles est la Mère de Jésus : « Bienheureuse celle qui a cru ! » (Lc 1,45). Cette béatitude est définie par Jean Paul II comme étant la plus importante.[2] En présentant Marie comme disciple, nous avons présenté son pèlerinage de foi. Observons maintenant comment Marie a vécu les autres Béatitudes.

6.1. Marie vit les Béatitudes

            « Heureux les pauvres » (Mt 5,3 ; Lc 6,20)

           

            Marie vit à Nazareth, un lieu marginal (Lc 1, 26). Elle est fiancée ou épouse de Joseph qui est charpentier, de la tribu de David. Marie dit d’elle-même qu’elle est abaissée ou humble (Lc 1,48).

            L’archéologie a de bonne raison de penser que sa maison à Nazareth était constituée d’une grotte prolongée d’une construction en pierres taillées, de belle facture, qui ressemblent à celles d’autres maisons de ce temps là dans cette région. Cette maison n’est pas un palais, elle est sobre, simple, les murs sont hauts de trois mètres et soutiennent un toit plat, il n’y a une porte et une fenêtre.[3] De sa province, Marie vient visiter sa parente qui habite tout près de la capitale et dont le mari officie au temple. L’écart social ne les sépare pas (Lc 1, 39-45).

            D’un point de vue spirituel, être humble (Lc 1, 28) signifie se confier en Dieu. Marie dit d’elle-même qu’elle est vierge (Lc 1, 34), et elle dit cela au moment même où l’ange Gabriel lui parle de concevoir le Fils du Très haut. Ceci a une signification de pauvreté spirituelle : Marie veut tout recevoir de Dieu.

           

            Pauvreté matérielle et spirituelle sont paradoxalement le lieu de la gloire de Dieu.

            Vierge, elle enfante. Humble servante, le Puissant fait pour elle de grandes choses (Lc 1).

            Marie enfante à Bethléem, une ville qui a perdu sa gloire passée. Elle dépose l’enfant dans une mangeoire pour animaux. Or cet enfant est le Saint (Lc 1, 35 ; Lc 2, 23), le Sauveur (Lc 2, 30) ; la lumière des nations et la gloire de son peuple (Lc 2, 32) ! Voilà le paradoxe : la gloire est contenue et manifestée dans la pauvreté !

            Quand son Fils meurt, Marie semble démunie : c’est un disciple qui offre le tombeau et un autre disciple qui offre les aromates (Jn 19, 38-39). Or son Fils ressuscite dans la gloire, et dans cette gloire il prépare une place aux disciples et à sa mère (Jn 14,3).

             

            Les traditions anciennes suivent-elles ces données de l’Ecriture ?

            Le païen Celse (vers l’an 178) avait répandu des calomnies selon lesquelles Jésus n’était pas le fils d’une vierge, mais le fruit de l’adultère commis par sa mère, une pauvre fileuse répudiée par son mari charpentier, avec un soldat de nom Panthère ! Pour répondre à cela, l’auteur du protévangile de Jacques (récit apocryphe) va défendre la dignité de Marie. Et notamment, il raconte la conception de Marie, invoquée depuis longtemps, et fruit d’un miracle. Ses parents (Anne et Joachim) sont riches, de la tribu sacerdotale ; ils sont généreux mais éprouvés et contredits. Pleins de confiance en Dieu, ils ont toutes les qualités pour être visités par Dieu. La Vierge Marie est fidèle et pure, elle conçoit Jésus de l’Esprit Saint (comme dans l’Evangile). Ce qui est dit de la richesse de Marie est donc dit pour défendre sa dignité, rien de plus.

            Dans une perspective assez différente, Marie est, selon les Pères syriaques, "Fille de pauvres", humble fille de pauvres gens", "celle qui était parmi les gens d’humble condition", celle qui a gardé l’humilité qui rend pauvre en esprit."[4]

            Restons-en donc à l’Ecriture.

 

            Marie résume l’attitude juste de la Béatitude des pauvres.

            Dans sa pauvreté à Nazareth, Marie montre une foi qui est un réel abandon à Dieu (Lc 1, 38), et un réel engagement pour aider son prochain (Lc 1, 39). Après la cruelle crucifixion, Marie prend la liberté de se faire aider pour la sépulture de son Fils (Jn 19, 38-39). Finalement, Marie participe à la première communauté des croyants (Ac 1, 14 et 2, 44) où l’on partageait et mettait tout en commun.

            Du début à la fin se répand un parfum de joie évangélique (Lc 1, 28, Ac 2, 46).

 

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            « Heureux les doux, parce qu’ils hériteront la terre » (Mt 5,7).

 

            La douceur dont parle la béatitude n’est autre que l’humilité mise en acte dans les rapports avec le prochain. Jésus est « doux et humble de cœur » (Mt 11,29).

            Une telle douceur est une forme de la charité, patiente et délicatement attentive envers autrui. C’est dans l’amour et donc aussi dans la douceur que nous attendons la Parousie (2 Tm 4,8). La charité ne passera pas (1 Co 13), et donc aussi la douceur, au ciel nous serons probablement étonnés par la douceur qui y règne.

            Tous les passages d’évangiles qui nous parlent soit de l’humilité de Marie (Lc 1, 38.48) soit de sa charité (Lc 1, 39s ; Jn 2, 1-4) nous parlent donc aussi de sa douceur.

 

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            « Heureux les affligés, car ils seront consolés » (Mt 5,5).

           

            Le temps de la consolation des affligés est arrivé : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et opprimés et je vous consolerai » (Mt 11,28). Les disciples, pendant la vie terrestre, pour se maintenir fidèles à la bonne nouvelle du Seigneur, souffrent persécutions et afflictions. Ils ont besoin d’une mère qui apprécie leur sacrifice et qui les accompagne. Marie est la mère qui a connu l’humiliation de devoir accoucher loin de sa propre maison ; de devoir émigrer à l’étranger pour sauver la vie à son petit enfant ; de devoir assister à l’humiliation de la passion et du meurtre injuste de son Fils innocent. Les fidèles le savent et ils contemplent la Bienheureuse Vierge comme la femme forte qui peut les soutenir.[5]

 

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            Marie est « affamée de justice » (Mt 5,6), elle la recherche et pour cela elle écoute la parole de Dieu, l’accueille dans son cœur, la médite (Lc 2,19. 51), s’engage à la garder (Lc 8, 15), et à la mettre en pratique (Lc 11,18). Dieu a rassasié la faim de Marie et il l’a conduite dans la sainteté. Le Magnificat de Marie est une école de justice, celle de la sainteté de Dieu. Dieu renverse les puissants, c’est-à-dire ceux qui usurpent la puissance de Dieu et détournent ses lois. Dieu élève les humbles, c’est-à- dire ceux qui craignent Dieu et se mettent à son service.[6]

            Marie désigne Dieu comme le Puissant et celui dont le nom est saint (Lc 1,47), la caution[7] des pauvres, Dieu miséricordieux et fidèle (Lc 1, 46-55). Le Puissant a comblé de bien les affamés (Lc 1, 53) est le Dieu qui annonce « heureux les pauvres […] les affamés de justice » (Mt 5,3-5). Nous y reviendrons.

 

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            « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu »

 

            Marie est heureuse parce ce que son cœur est pur, elle peut voir le visage de Dieu, et "Dieu est lumière" (1Jn 1,5) ; "Dieu est amour" (1Jn 4,8). « Personne ne s’est adonné à la contemplation du visage du Christ avec autant d’assiduité que Marie. »[8]

            Or, contempler Dieu implique de suivre Dieu ! Dieu avait dit à Moïse : « Tu ne peux voir ma face, car l’homme ne peut voir ma face et vivre » (Ex 33,20). Voir la face de Dieu, se serait inscrire la grandeur de Dieu sous l’horizon de nos mesures, cette grandeur n’aurait plus de secret pour nous, nous n’aurions plus aucun désir, aucune vie. Aussi est-il impossible de voir Dieu de face. Dieu dit encore à Moïse : « J’écarterai ma main et tu verras mon dos » (Ex 33,23). Nous voyons quelqu’un de dos quand nous marchons derrière lui, comme l’alpiniste met ses pas dans celui de son guide. Le Christ est venu, marchant et invitant à le suivre.

            Les deux premiers chapitres de Luc ou de Matthieu nous montrent Marie et Joseph sur les routes… Ils ne maîtrisent pas le plan de Dieu, ils suivent sa Providence. De Nazareth à Bethléem, de Bethléem en Egypte et d’Egypte à Nazareth. Plus tard, Marie continue de suivre Jésus de Cana à Capharnaüm (Jn 2, 12) ; puis il semble qu’elle soit revenue vivre à Nazareth (cf. Mc 3), jusqu’au jour où elle le suit jusqu’au calvaire (Jn 19,25) et dans sa joyeuse Résurrection.

            L’esprit de parfaite pureté est donc un esprit d’inséparable attachement à Dieu, d’attachement croissant, unifiant, à sa sainte volonté qui l’a conduit à embrasser la croix pour notre Rédemption. C’est ainsi que l’on peut dire de Marie : « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu. » (Mt 5,8)

 

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            « Heureux les miséricordieux car ils recevront miséricorde » (Mt 5,7)

 

            Pleine de grâce (Lc 1, 28), Marie a connu mieux que personne la miséricorde de Dieu dont elle est bénéficiaire. L’Incarnation du Fils de Dieu est un événement de miséricorde[9] dont Marie bénéficie et auquel elle participe. Après l’Annonciation à Marie, le Magnificat s’articule autour de la miséricorde la miséricorde de Dieu, (cf. Lc 1,50.54)[10]. L’intervention miséricordieuse de Dieu vis-à-vis de son peuple s’accomplit en Marie avec la naissance de Jésus, qui est donc la miséricorde incarnée du Père. Cette miséricorde ne concerne pas seulement le pardon des péchés, mais aussi l’attention aux misères, la sollicitude quasi maternelle envers tout homme qui souffre. A Cana, Marie est attentive aux faiblesses humaines, Marie est au service de la pitié. Au calvaire, Marie est debout, elle est unie à son Fils (Jn 19, 25). Or son Fils implore le pardon du Père sur les hommes qui ne savent pas ce qu’ils font (Lc 23, 33), Marie est unie au cœur miséricordieux de Jésus qui implore le pardon du Père.

 

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            Marie de Nazareth a vécu la Béatitude de la paix du début à la fin de l’Evangile.

            Elle a été la première à avoir expérimenté la réconciliation avec Dieu dans le Christ : c’est le sens fondamental de sa vérité d’Immaculée Conception.

            La Bible dit que la Vierge Marie fut une bénédiction pour la maison de sa parente Elisabeth (Lc 1,43-44.56), comme jadis l’arche d’Alliance « L’arche de Yahvé demeura trois mois chez Obed-Edom de Gat, et Yahvé bénit Obed-Edom et toute sa famille. » (2Sam 6,11). Or, la bénédiction divine a plusieurs dimensions dit le psaume 147 : bénédiction de paix, bénédiction cosmique, bénédiction intérieure par la connaissance de la Parole de Dieu[11]. Donc Marie apporte la bénédiction et c’est une bénédiction de Paix.

            Marie est bienheureuse en tant que Mère de Celui qui est notre paix, cette paix dont les anges de Noël chantèrent joyeusement la venue : « Paix sur la terre aux hommes qu’il aime » (Lc 2, 13). Autour des évènements de Noël, nous voyons en Marie la prudence de fuir la violence d’Hérode mais aussi un vrai patriotisme[12] manifesté dans son amour envers la terre de ses pères (Mt 2, 21), la non-violence ou patience dans l’attente de l’heure de Dieu manifestée à Joseph (Mt 2, 19-20), l’ouverture aux étrangers dans le choix d’habiter une terre inclusive, la Galilée des nations Mt 2, 23) : est-ce que nous n’avons pas là autant de clés de la paix dont notre monde a besoin ?

            Marie a porté le Christ qui, sur la croix, des deux peuples en a fait un seul, faisant la paix par le sang de sa croix (Eph 2,14). Elle a participé, communié à son esprit : une volonté de pardon.

            Marie était présente au cénacle de la Pentecôte, accueillant les disciples qui avaient lâché Jésus pendant la Passion. Elle y a reçu une nouvelle effusion de l’Esprit Saint, cet Esprit dont les fruits sont la paix, la douceur, la joie… (Ga 5,22)

           

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            La Béatitude des persécutés (Mt 5, 11-12 et Lc 6, 22-23), concerne Marie dès la persécution d’Hérode contre l’enfant Jésus (Mt 2) jusqu’à l’heure du mystère pascal. Il est difficile de parler d’allégresse en de tels moments, mais la douleur ne supprime pas une certaine joie à demeurer dans l’amour et la fidélité au Seigneur[13]. Les saints en ont fait l’expérience, combien plus Marie.

 

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            Il y a encore deux autres « Béatitudes » que l’Ecriture adresse directement à Marie (Lc 11, 27-28 et Lc 1, 35). Jean Paul II nous les commente dans sa lettre encyclique Redemptoris Mater (RM).

 

       « L’Evangile de Luc conserve le souvenir du moment où «une femme éleva la voix du milieu de la foule et dit», s’adressant à Jésus: «Heureuses les entrailles qui t’ont porté et les seins qui t’ont nourri de leur lait !» (Lc 11, 27). Ces paroles constituent une louange de Marie comme Mère de Jésus selon la chair. […]

       Mais Jésus répond de manière très significative à la bénédiction prononcée par cette femme à l’égard de sa mère selon la chair: «Heureux plutôt ceux qui écoutent la Parole de Dieu et l’observent !» (Lc 11, 28). Il veut détourner l’attention de la maternité entendue seulement comme un lien de la chair pour l’orienter vers les liens mystérieux de l’esprit, qui se forment dans l’écoute et l’observance de la Parole de Dieu. […]

       Assurément Marie est digne d’être bénie, du fait qu’elle est devenue la Mère de Jésus selon la chair («Heureuses les entrailles qui t’ont porté et les seins qui t’ont nourri de leur lait!»), mais aussi et surtout parce que dès le moment de l’Annonciation elle a accueilli la Parole de Dieu, parce qu’elle a cru, parce qu’elle a obéi à Dieu, parce qu’elle «conservait» la Parole et «la méditait dans son cœur» (cf. Lc 1, 38. 45; 2, 19. 51) et l’accomplissait par toute sa vie. » (Jean Paul II, RM 20)

 

«Bienheureuse celle qui a cru » (Lc 1, 45)

            Cette Bénédiction concerne Marie dans le cadre de sa foi en l’Incarnation, une foi qui n’était pas facile et que Jean Paul II compare à celle d’Abraham (RM 14).

            Cette Bénédiction « atteint la plénitude de son sens lorsque Marie se tient au pied de la Croix de son Fils (cf. Jn 19, 25) » (RM 18).

            Encore plus largement, la foi de Marie rejaillit pour réparer l’incrédulité du péché originel :

« Oui vraiment, «bienheureuse celle qui a cru»! Ici, au pied de la Croix, ces paroles qu’Elisabeth avait prononcées après l’Annonciation semblent retentir avec une éloquence suprême et leur force devient profondément pénétrante. Depuis la Croix, pour ainsi dire du cœur même du mystère de la Rédemption, le rayonnement de cette bénédiction de la foi s’étend et sa perspective s’élargit. Elle rejaillit «jusqu’au commencement» et, comme participation au sacrifice du Christ, nouvel Adam, elle devient, en un sens, la contrepartie de la désobéissance et de l’incrédulité comprises dans le péché des premiers parents. » (RM 19)

6.2. Vivre les Béatitudes avec Marie : l’expérience de l’Eglise

            Le premier auteur qui associe directement sainte Marie et les Béatitudes évangéliques est saint Bonaventure († 1274), disciple de saint François d’Assise.[14]

 

            Saint François d’Assise exalte le choix d’humilité que Dieu fait pour soi et pour sa mère : « Lui qui fut riche par-dessus tout, il voulut lui-même dans le monde, avec la très bienheureuse Vierge, sa mère, choisir la pauvreté. »[15]. Il veut suivre ce même choix :

 

« Moi, frère François, tout petit, je veux suivre la vie et la pauvreté de notre très haut Seigneur Jésus-Christ et de sa très sainte mère et persévérer en cela jusqu’à la fin ; et je vous prie, mes dames, et je vous donne le conseil de vivre toujours dans cette très sainte vie et pauvreté. Et gardez-vous bien de vous en éloigner jamais en aucune façon, sur l’enseignement ou le conseil de qui que ce soit. »[16]

 

            Sainte Claire écrit en ce sens à Agnès de Prague :

« Puisque vous avez préféré le mépris du siècle aux honneurs, la pauvreté aux richesses temporelles, enfouir des trésors dans le ciel plutôt que dans la terre, là où ni la rouille ne ronge ni la mite ne détruit, ni les voleurs ne saccagent ni ne volent, votre récompense est très copieuse dans les cieux, et vous aurez dignement mérité d’être appelée sœur, épouse et mère du Fils du Père très haut et de la glorieuse Vierge. » [17] 

« Aussi, sœur très chère, ou plutôt dame extrêmement vénérable, parce que vous êtes épouse et mère et sœur de mon Seigneur Jésus-Christ, si splendidement distinguée par l’étendard de l’inviolable virginité et de la très sainte pauvreté, soyez fortifiée dans le saint service commencé avec le désir ardent du pauvre Crucifié. »[18]

 

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            Saint Louis-Marie témoigne par sa vie des Béatitudes vécues avec Marie. Nommé aumônier de l’hôpital de Poitiers, il ne se range pas parmi les notables administrateurs mais il s’enferme lui-même avec les pauvres, au scandale de la bonne société. Sa liberté personnelle entraîne la libération des pauvres de l’hôpital de Poitiers, il reprend leur plainte et leurs ressentiments dans le cantique 18, appelant les riches à se réveiller, ce qui n’est pas sans rappeler le Magnificat ; il promeut les exclus à participer à une vie spirituelle et à une vie communautaire religieuse, à part égale, il leur ouvre l’Alliance divine : la trame quotidienne de leur vie douloureuse est transfigurée dans les noces de la Sagesse éternelle, Jésus-Christ crucifié. Cette attitude lui vaudra quelques persécutions… Mais il est toujours content, heureux ! (Lettre 26)[19]

            Il a donc fait le lien entre Marie à laquelle il s’est donné tout entier (SM 66) et les Béatitudes, en particulier celle des pauvres, celle des affamés de justice, et celle des persécutés pour la justice, celle des affligés.

 

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            Les saints ont reconnu en Marie la Béatitude des doux.

            Déjà pour Méliton de Sardes (†180), disciple de l’apôtre Jean, Marie sous la croix apparaît comme la "bonne Agnelle" qui reste à côté de l’Agneau immolé ; celle qui a engendré la victime pascale et qui s’est offerte avec lui. L’Agnelle silencieuse, à côté de l’Agneau qui n’ouvrit pas la bouche (Cf. Is 53,7).[20] Il y a dans ce symbole une allusion évidente à la douceur, typique de l’agneau.

            Le traditionnel « Salve Regina » attribué à saint Bernard s’ouvre avec le salut « notre vie, notre douceur, notre espérance », et il se clôt avec l’exclamation – invocation : « O clémente, o pieuse, o douce Vierge Marie ».

            Saint Ambroise († 781), fait le lien entre la béatitude des doux et les paroles du Magnificat où la Vierge se définie ainsi « Il a regardé l’humilité de sa servante » (Lc 1,48). [21]

            Saint Bonaventure (†1274) présente Marie comme la terre bénie, l’héritage des doux. Aux doux, la douce Marie ne refusera jamais rien[22].

 

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            La miséricorde vécue avec Marie est une Béatitude ! Mais on ne voit pas toujours à quelle profondeur sont liées Marie et la Béatitude de la miséricorde.

           

            On raconte que saint Louis-Marie de Montfort parla avec tant de cœur sur le pardon des injures que le curé du lieu l’interrompit et s’accusa publiquement du scandale qu’il avait donné par ses paroles et ses gestes de violence[23]. Cette anecdote illustre sa vie intérieure. Il veut imiter Jésus doux et miséricordieux (VD 143). Il commence par accueillir la miséricorde de Jésus, ce qui implique de recevoir aussi Marie pour mère, comme le désire pour nous le Christ le jour de sa mort en croix (SM 66), le jour où il accomplit le Kippour, le grand pardon : « Marie… vous êtes toute à moi par miséricorde » (SM 68).

            Marie est une mère tendre qui aide la conversion : on l’implore dans ses égarements, tentations, chutes et scrupules, pour être redressé, fortifié, relevé, consolé (VD 107). Mais un sévère avertissement est donné aux présomptueux qui « dorment en paix dans leurs mauvaises habitudes […] sous prétexte qu’ils sont dévots à la Vierge » (VD 97). Saint Louis-Marie de Montfort demande « par pure miséricorde » de pouvoir toujours dire Oui à ce que fait Marie. Ce que fait Marie, c’est porter le fruit de vie, Jésus Christ, heureuse l’âme en qui ce fruit mûrit ! (SM 70-78).

             

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            De nombreux témoins ont expérimentés que Marie les conduit à la Béatitude de la Paix.

            Saint Anselme s’exclamait : « « Tu es la mère… de la réconciliation et de ceux qui sont réconciliés, la mère du salut et la mère des sauvés »[24]

            Marie conduit saint Louis-Marie dans une dynamique de partage et de foi en la Providence, il étonne ses contemporains par sa sérénité dans les revers de la vie. Il invite aussi chacun à porter le souci du travail intérieur. Les fruits viendront d’eux-mêmes, comme une conséquence naturelle de la croissance spirituelle. Une telle spiritualité plonge dans la paix des eaux profondes loin des vagues de surface, c’est une spiritualité de paix. [25]

            Saint Maximilien Kolbe témoigne plus directement de la paix procurée par Marie : « Il faut comprendre quel grand bonheur est la paix de l’âme procurée par notre consécration totale à l’Immaculée. Cette paix profonde est un bonheur intraduisible. Et si sur cette terre déjà elle est comme un goût du ciel, ce que ce sera dans le ciel, on ne peut pas le dire ! »[26]

           

            A cause du lien étroit qui l’unit à son fils, « prince de la paix », la Vierge Marie a été vénérée de plus en plus comme la « reine de la paix », un titre qu’au cours de la première guerre mondiale (1917) le pape Benoît XV a ajouté aux Litanies de Lorette.

            Le pape Jean Paul II prie : « Marie Reine de la Paix, Reine de tous les saints, prie pour nous et obtiens nous la paix pour le monde. »[27]

            Le pape Benoît XVI prie dans le même sens : « Avec confiance et abandon filial, tournons notre regard vers Marie, la Mère du Prince de la Paix. Au commencement de cette nouvelle année, demandons- lui d’aider l’ensemble du Peuple de Dieu à être, en toute circonstance, artisan de paix, se laissant éclairer par la Vérité qui rend libre (cf. Jn 8,32). »[28]

            Avec le magistère, notre réflexion s’ouvre à une dimension proprement sociale, politique, qu’il nous faut aborder avec plus de précision.

 

6.3. La théologie mariale de la libération

            Dans les difficultés, il faut que la joie demeure et coule de source : la source, c’est Dieu qui éclaire et transfigure, même les ombres de ce monde, même la pauvreté. Tel est le premier message du Magnificat : « Mon esprit exulte en Dieu mon Dieu mon sauveur » (Lc 1, 47)

           

            Le Magnificat invite avant tout à la prière et à une action fondée sur Dieu « Il déploie la force de son bras » (Lc 1, 51), mais il ne précise pas les moyens humains.

            En complément de son inspiration, rappelons un principe de la doctrine sociale de l’Église : la conception originale et méconnue de la propriété : la destination commune des biens :

« Quelles que soient les formes de la propriété, adaptées aux légitimes institutions des peuples, selon des circonstances diverses et changeantes, on doit toujours tenir compte de cette destination universelle des biens. C’est pourquoi l’homme, dans l’usage qu’il en fait, ne doit jamais tenir les choses qu’il possède légitimement comme n’appartenant qu’à lui, mais les regarder aussi comme communes: en ce sens qu’elles puissent profiter non seulement à lui, mais aussi aux autres. D’ailleurs, tous les hommes ont le droit d’avoir une part suffisante de biens pur eux-mêmes et leur famille. (Vatican II, Gaudium et Spes 69).

 

            Beaucoup de cultivateurs brésiliens, qui occupaient la terre de père en fils, sans titre de propriété, dans les vastes espaces non-administrés du Brésil, ont été dépossédés récemment par les grands propriétaires et les multinationales. S’ils résistaient, on s’en débarrassait par la violence et les meurtres restaient impunis, voire protégés par la police.

            Ce fut une grande nouveauté du début 1991 que des propriétaires terriens soient inculpés pour meurtre.

            La lutte pour la justice fut souvent menée par des idéologues marxistes. Et depuis Soljenitsyne, personne n’ignore que les révolutions marxistes renversent l’oppression d’hier, mais en établissant une nouvelle répression policière, parfois plus redoutable que l’ancienne.

            Jean Paul II invitait à promouvoir l’œuvre de justice non par des idéologies et des méthodes marxistes, mais selon l’Évangile, il reçut à Rome les évêques brésiliens et se rendit en Amérique latine. Le cardinal Ratzinger publia en ce sens : Libertatis nuntius, 5 août 1984 ; puis Libertatis conscientia, 22 mars 1986.

            Tout cela ne fut pas sans résultat. Parmi les théologiens latino-américains, Gustavo Gutierrez a éliminé de la dernière édition de son livre Théologie de la libération (octobre 1988) le chapitre Fraternité chrétienne et lutte de classes, il a remplacé ce texte par un autre intitulé : Foi et conflit social. Et Leonardo Boff, qui utilisait la grille marxiste pour une critique structurale de l’Église, a consacré un de ses derniers ouvrages à l’étude de la Trinité comme modèle transcendant de la communauté humaine et chrétienne, ce qui ressource toute sa théologie à un niveau plus profond.[29]

 

            Comment Jean Paul II voyait-il le rôle de Marie ?

 

            Dans l’homélie au Sanctuaire de Notre Dame de Zapopán au Mexique, le 30.01.79, le Pape Jean Paul II présente d’abord la foi au Christ et en Marie, puis, en raison de cette même foi - l’engagement dans la vie et dans la société.

            En effet, le Pape reconnaît avant tout que les sanctuaires sont des lieux d’ouverture au don de Dieu, des lieux où se fait l’expérience de la dimension transcendante de l’existence, tel qu’elle resplendit en Marie. Puis il passe au social : « Elle nous permet de dépasser les multiples structures de péché... elle nous permet d’obtenir la grâce de la vraie libération » (n° 3), affirmation qui sera reprise ipsis litteris dans le Document de Puebla (n° 281).

            En montrant comment l’engagement social et politique découle vraiment de la foi et de la pitié mariale, il continue ainsi: « D’ici part aussi, comme de sa vraie source, l’engagement authentique pour les autres hommes, nos frères, spécialement pour les plus pauvres et les indigents, et pour la transformation nécessaire de la société. Parce que c’est ce que Dieu veut de nous. Marie est modèle […] pour ceux qui n’acceptent pas passivement les circonstances adverses de la vie personnelle et sociale, ni ne sont victimes de l’aliénation - comme on dit aujourd’hui - mais qui proclament avec elle que Dieu est la caution, le garant des humbles et, en l’occurrence renverse les puissants de leur trône... » (n° 4).

            Marie est et demeure maître de la libération intégrale : « C’est ce que sommes venus aujourd’hui apprendre de vous » (n° 6). En outre, « l’ option pour les pauvres » est le « baromètre de la pratique d’un chrétien », ainsi que de se montrer ouvert à tous et spécialement à « la vocation éternelle de l’homme » (n° 6).

 

            En 1980, dans l’homélie pour la Dédicace de la Basilique Nationale de Notre Dame d’Aparecida, patronne du Brésil, Jean Paul II confirme que l’évangélisation ne peut pas être réduite « à un projet humain » et il affirme en même temps que la communion avec Dieu, « fruit de l’évangélisation ne peut pas faire abstraction de la communion avec les autres. » Puis en se rapportant à la dévotion à la Vierge, il affirme qu’ « elle est une source d’engagement avec Dieu et avec les frères ». Finalement il recommande: « Restons à l’école de Marie […]. Comme autrefois à Cana de la Galilée, elle présente au Fils les nécessités des hommes »[30]

 

            Prenons encore en examen l’homélie de Jean Paul II tenue au Congrès Eucharistique d’Haïti, le 9 mars 1983.

            Le Pape part de l’Eucharistie, mais tout de suite il arrive à l’engagement social: « Qui participe à l’Eucharistie est appelé à suivre l’exemple de Jésus... et à s’engager à fond pour le bien de ses frères et sœurs, de tous, mais surtout des plus pauvres » (n° 4). Donc, le pape assume le slogan du Congrès : « Il faut que quelque chose change ici. » Et il confirme: « Il faut que les pauvres de tout genre recommencent à espérer. L’Église a dans ce domaine une mission prophétique, inséparable de sa mission religieuse. » (n° 4).

            Puis en passant de l’Eucharistie à la dévotion mariale - le point qui nous intéresse - le Pape développe une catéchèse qui met en action la logique indiquée. En effet, en parlant de la dévotion de Notre Dame du Perpétuel Secours, patronne d’Haïti, le Pape affirme en termes clairs: « Cette dévotion est doit être libératrice » (n° 5). Partant alors de la Vierge qui a contribué à "notre libération", "par son consentement libre", le Pontife convoque les Haïtiens « à la liberté et à l’engagement... dans la situation concrète du Pays » (n° 5). En termes clairs et forts, les gens acclament une liberté qui soit libératrice avec des mots qui évoquent finalement le Magnificat :

            « Que votre dévotion soit intelligente et active... Qu’elle ne soit pas... un nouvel esclavage comme certaines pratiques syncrétistes inspirées de la peur et de l’angoisse devant des forces qu’on ne comprenne pas ! Non, vous autres vous êtes fils et fille de Dieu, libérés par le Christ Jésus né de la Vierge Marie. Soyez dignes de votre filiation divine et de celle qui vous lie à Marie ! Après avoir renoncé au péché et donnée votre foi au Christ, avec Marie, levez la tête et reconnaissez avec elle la prédilection de Dieu pour les humbles, les affamés, pour ceux qui pratiquent l’amour (cf. Lc 1,46-55: Magnificat") » (n° 5)           

           

6.4. Un écho liturgique

Avec les liturgies d’Orient

            On a retrouvé au début du 20ème siècle un papyrus du nord est de l’Egypte[31], près d’Alexandrie. Le jugement des experts est que le papyrus ne peut pas être postérieur au 3ème siècle[32]. Il contenait cette prière en langue grecque dont la traduction est :

 

« Sous ta miséricorde, nous nous réfugions, mère de Dieu.

Ne repousse pas nos prières dans la nécessité,

mais du danger, libère-nous :

toi seule chaste, toi seule bénie. »

 

            L’Eglise byzantine célèbre sainte Marie, Reine et souveraine d’un royaume de miséricorde[33].

« Ecoute ma voix angoissée, O immaculée, qui surgit en gémissant du fond de mon âme ; donne-moi le pardon des offenses que j’ai commises par pensée et par jugement insensé. Souveraine du monde, Mère de Dieu, viens à mon secours ; l’horrible ennemi m’engouffre avec des souvenirs et des pensées atroces qui m’éloignent de Dieu. Ne m’abandonne pas, ne me dédaigne pas. » (1er ton, dimanche, complies, 5e stichère de la 4e ode)

« O souveraine du monde, salut et secours des fidèles, reçois les soupirs qui s’élèvent du plus profond de mon cœur et les flots de mes larmes ; délivre-moi de mes nombreux péchés et sauve-moi. » (1er ton, jeudi, complies, 3e stichère de la 3e ode)

« Malheureux que je suis, je suis tombé dans une bande de voleurs, j’ai été dépouillé, blessé et abandonné, mais toi, pure Mère de Dieu, ne me méprise pas. Jadis le serpent dépouilla Adam après l’avoir trompé par le bois, O Souveraine ; maintenant il a capturé mon âme de la même manière. Aie pitié de moi… Je suis malade incurable, un pauvre misérable, O Souveraine. Ne me prends pas en horreur ; verse-moi l’huile de ta douceur, O vierge et dans ta prévoyance, enrichis-moi de l’or incorruptible de Dieu. J’ai été plus pécheur que la pécheresse ; j’ai été pire que le publicain dans mon avarice en paroles et en actions. Accorde-moi leur pénitence avant la fin, O souveraine. » (2ème ton, mardi, complies, 3e et 4e stichères de la 3e ode)

            Parce qu’elle a conçu et engendré le Fils de Dieu dans l’Esprit Saint, Marie est au-dessus de toutes les créatures, elle est leur reine. L’incarnation du Fils de Dieu étant un événement de miséricorde, Marie est avec son Fils souveraine d’un royaume de miséricorde.

            La Béatitude de la miséricorde avec Marie rejoint aussi la Béatitude des pauvres, des doux, des affligés, des cœurs purs, des artisans de Paix…

 

Avec la liturgie catholique romaine

            La Messe votive « sainte Marie, cause de notre joie » nous invite à prier avec Marie pour recevoir l’esprit évangélique des Béatitudes :

« Dieu qui nous a donné la joie au monde par l’incarnation de ton Fils, tu nous donnes de vénérer en sa mère la cause de notre joie ; Fais que nous marchions sur la voie de tes commandements et que nos cœurs s’affermissent fermement là où se trouvent les vraies joies » (Prière).

 

            La messe votive à « Sainte Marie, reine et mère de miséricorde » fait écho à la liturgie byzantine :

 

« Nous te saluons, Reine de miséricorde,

Mère glorieuse du, Christ,

consolation des pécheurs repentants,

espérance des malheureux. » (Antienne d’ouverture)

 

       « Accueille, Seigneur, nos offrandes

en ce jour où nous vénérons la Vierge Marie, mère de miséricorde,

et apprends-nous à être miséricordieux envers nos frères

pour que nous puissions compter sur ton indulgence.

Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. » (Prière sur les offrandes)

 

       « Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire,

de t’offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu,

à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant.

En ce jour où nous vénérons la Vierge Marie,

c’est toi que nous exaltons, toi que nous bénissons.

       Reine de clémence, elle a connu mieux que personne ta miséricorde,

elle accueille tous ceux qui cherchent près d’elle un refuge,

Elle écoute ceux qui l’appellent dans leurs épreuves.

       Mère de miséricorde, toujours attentive aux prières de tes serviteurs,

elle implore pour eux ton indulgence et le pardon de leurs péchés.

       Au service de la pitié, elle supplie ton Fils pour nous sans relâche

pour que sa grâce comble notre pauvreté

et que sa force soutienne notre faiblesse.

       C’est par lui que les anges, assemblés devant toi, adorent ta gloire ;

A leur hymne de louange laisse-nous joindre nos voix

pour chanter et proclamer : Saint ! » (Préface)

 

            La liturgie de la messe votive « Le cœur Immaculée de Marie »[34] permet de prier en méditant particulièrement bien comment Marie a vécu la Béatitude des cœurs purs et la Béatitudes des doux :

 

       « Seigneur notre Dieu,

tu as fait du Cœur immaculé de la Vierge Marie

la demeure de ta Parole et le sanctuaire de ton Esprit Saint ;

Accorde-nous un cœur pur et docile,

pour que, sur le chemin de tes commandements,

nous soyons fidèles à t’aimer par-dessus tout

et à nous soucier des besoins de nos frères.

Par Jésus Christ. » (Prière)

 

       « Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire, […]

Car tu as donné à la Vierge Marie un cœur sage et docile

pour qu’elle accomplisse parfaitement ta volonté ;

un cœur nouveau et doux, où tu pourrais graver la loi de l’Alliance nouvelle ;

un cœur simple et pur, pour qu’elle puisse concevoir ton Fils en sa virginité

et te voir à jamais ; un cœur ferme et vigilant

pour supporter sans faiblir l’épée de douleur

et attendre avec foi la résurrection de ton Fils. » (Préface)

 

            Il existe aussi la messe votive « Sainte Marie reine de la Paix ».

            Bien sûr, que ce soit une messe votive ou non, toute Eucharistie est une béatitude avec Marie : la messe est bonheur, Dieu vient, Dieu est joie.

 

Approfondissement de quelques dimensions particulières du Royaume de Dieu

6.5. Avec Marie, l’urgence et la priorité de Dieu (Lc 9, 61-62 ; Mt 13, 44-45)

            Jésus enseigne que les choses de l’Esprit ont un rythme à respecter qui ne tolère pas de lenteurs. 

 

« Un autre encore dit: "Je te suivrai, Seigneur, mais d’abord permets-moi de prendre congé des miens." Mais Jésus lui dit: "Quiconque a mis la main à la charrue et regarde en arrière est impropre au Royaume de Dieu." (Luc 9,61-62)

 

            Il faut se décider, il faut choisir Dieu.

 

« Le Royaume des Cieux est encore semblable à un négociant en quête de perles fines: en ayant trouvé une de grand prix, il s’en est allé vendre tout ce qu’il possédait et il l’a achetée. » (Mt 13,44-45).

 

            Marie a vécu l’enseignement de Jésus.

            Après l’Annonciation, Marie part en hâte chez sa parente Elisabeth. Pourquoi en hâte ? La joie et la charité, et surtout la priorité donnée à Dieu, expliquent cette hâte. En donnant à Marie « un signe » (la grossesse d’Elisabeth), Dieu a aussi indiqué sa volonté, et Marie court dans les voies de Dieu.

            Lorsque saint Joseph reçoit en songe l’avertissement de fuir en Egypte ou de rentrer au pays, la sainte famille obéit sans retard.

            Dans un autre exemple, Marie est entraînée malgré elle à l’urgence du Royaume. Lorsque Jésus a douze ans, il reste au temple, ce qu’il doit y faire ne peut pas être renvoyé à plus tard, sans doute aider les docteurs de la Loi à se libérer de cet attachement à la tradition, aux conditionnements du passé qui constitueront un empêchement au Royaume.

           

      « Qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi; qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. » (Mt 10,34-37).

 

             Par le respect de la virginité de Marie, Joseph manifeste qu’il aime Dieu plus que tout. Et réciproquement, par sa propre virginité, Marie manifeste qu’elle aime Dieu plus que tout.

            Il y a plus, l’Evangile suggère une très forte épreuve entre Marie et Joseph, puisque Joseph voyant Marie enceinte, pense la répudier en secret. Marie n’a pas expliqué l’Annonciation mais elle a attendu que l’ange de Dieu parle aussi à Joseph. Cela aussi est une manière de donner la première place à Dieu.

             L’épisode de Jésus perdu et retrouvé au temple manifeste qu’il y a une certaine distance entre Jésus et ses parents. Une distance permet à chacun de donner la première place à la volonté de Dieu.

           

6.7. Avec Marie, vivre une adoption

       « Mais à tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom. » (Jn 1,12).

            Marie est bien la première qui accueillit le Christ, elle qui le porta en son sein, c’est pourquoi elle est la première à qui le Christ donne de devenir enfant de Dieu.

 

       « Vous donc, priez ainsi: Notre Père qui es dans les cieux, que ton Nom soit sanctifié, que ton Règne vienne… » (Mt 6, 9-10).

            Cette parole concerne tous les disciples, mais aussi d’une manière très particulière Marie qui conçut le Fils unique du Père et qui pria avec lui, à Nazareth, pendant environ 30 ans.

 

            Si ceux qui croient au Christ sont appelés à « devenir participants de la nature divine » (2P1,4) que dire de Marie qui porta le Christ dans son cœur et dans son sein ? Etre la mère du Fils de Dieu l’élève à une communion unique avec Lui et avec toute la Trinité :

 

« La Vierge Marie en effet, qui, lors de l’Annonciation faite par l’ange, reçut le Verbe de Dieu à la fois dans son cœur et dans son corps, et présenta au monde la vie, est reconnue et honorée comme la véritable Mère de Dieu et du Rédempteur. Rachetée de façon éminente en considération des mérites de son Fils, unie à lui par un lien étroit et indissoluble, elle reçoit cette immense charge et dignité d’être la Mère du Fils de Dieu, et, par conséquent, la fille de prédilection du Père et le sanctuaire du Saint-Esprit, don d’une grâce exceptionnelle qui la met bien loin au-dessus de toutes les créatures dans le ciel et sur la terre. » (Vatican II, Lumen Gentium 53)

 

            Par l’Incarnation qui se fait en Marie, nous recevons l’adoption filiale (Ga 4,4-6). « Par elle […] nous voilà faits enfants de Dieu, nous qui étions auparavant un objet de mépris ! »[35].

           

            Saint Ignace de Loyola priait en commençant par s’adresser à Marie

 

« Lui adressant d’abord ma prière pour qu’elle m’aide auprès de son Fils et du Père,

et priant ensuite le Fils pour qu’il m’aide auprès du Père en compagnie de la Mère,

je me sentis intérieurement aller ou être emporté vers le Père. »[36]

 

            Saint Louis-Marie a reçu de Marie la confiance en Dieu (le Père) (Lettre 2). Par Marie, nous allons devenir enfant du Père (VD 29), dans une sainte confiance (VD 169). Il compare Marie à un arbre de vie planté dans nos cœurs qui nous oriente vers la vie et qui s’élève vers son principe, vers le Père des lumières (SM 67-78).

 

            Saint Maximilien Kolbe encourageait ainsi :

« Cherchons donc à nous tenir toujours plus près, chaque jour, de l’Immaculée ; alors de ce fait, nous approcherons encore davantage du Cœur de Jésus, de Dieu le Père, de toute la Très Sainte Trinité, car aucune créature n’est aussi proche de la Divinité que l’Immaculée. »[37]

 

6.8. Avec Marie, vivre des noces

Les noces de Dieu        

            Dieu se fait homme, il épouse la nature humaine.

            Les paraboles nous montrent que ces noces concernent toute l’humanité (Mt 22,9)..

            Le repas de Cana est le signe que les noces de Dieu sont arrivées[38]. L’eau est changée en vin de communion : la puissance re-créatrice de Dieu est à l’œuvre en Israël. Mais les noces sont différées, les invités demeurent dans le refus, le péché. Les allusions aux noces différées sont nombreuses dans les Evangiles : l’époux est en voyage, il faut veiller…

            Lors de son dernier repas, Jésus institue l’Eucharistie chrétienne en disant aux apôtres : « Faites ceci en mémoire de moi. » (1 Co 11, 24-25).

            Le vin des noces va devenir la coupe du sang sur la croix. La croix qui est révélation définitive et parfait sacrifice du pardon. Jésus est présenté dans l’évangile de Jean comme l’agneau pascal. La Pâque de Moïse est accomplie. Marie est appelée « Femme » aux noces de Cana (Jn 2,4) et au calvaire (Jn 19,26), elle est l’épouse de Dieu par excellence. Près de la croix où les noces ont lieu, Marie est appelée femme et l’Epoux lui confie les enfants : les disciples.

           

            L’épouse qui est unie au Rédempteur n’est pas seulement Marie. Marie est « associée à son oeuvre à un titre absolument unique » (LG 61) doit être traduit exactement « plus que les autres »[39] : Marie n’est pas la seule à être associée à l’œuvre du Rédempteur, les autres aussi. Ce qui concerne Marie fait sens aussi dans notre vie[40].

            Et en effet, dans l’Evangile, Jésus est l’époux (Mt 22,1-14), mais qui est l’épouse du Fils ?

            Elle n’est pas mentionnée...

            Les premiers invités étaient partis, qui à son champ qui à son commerce, ils ne sont pas entrés dans cet échange d’amour. Mais les invités aux noces, bons ou mauvais, portent le vêtement des noces, ils ne font qu’un avec l’épouse innommée. « Le Christ est l’époux et l’épouse c’est toi. »[41]

            Pourront être appelées épouse toutes les âmes se laissant attirer par le Christ, comme l’a très bien compris Origène qui évoque à deux reprises l’élan de l’épouse dans le geste de foi qui la pousse à offrir son propre parfum, et l’époux accueille « avec joie les élans et les dons de l’Épouse. »[42] Cette générosité de l’épouse lui ouvre la possibilité de progresser : pour recouvrer « la beauté qu’elle a reçue à l’image de Dieu lors de la création. »[43] L’épouse sera transfigurée, divinisée, elle portera l’image de Dieu par l’esprit filial qui lui confère la ressemblance à l’Epoux.[44]

 

Dans les noces, s’unir au Rédempteur

            Les découvertes de Qumran ont jeté une lumière nouvelle sur les Evangiles et sur la qualité de l’amour des noces entre Dieu et l’humanité. Que la foi d’un être humain puisse coopérer à Dieu, cela se comprend justement très bien dans la perspective du courant « apocalyptique ouvert à de nouvelles révélations »[45] où Dieu est sensible à l’accueil et à l’adhésion humaine, capables de l’attirer. Dans cette théologie, Dieu ne s’impose pas, et l’humanité, et peut-être une seule âme d’amour, est capable d’attirer sa présence.

            Nous pouvons mieux comprendre ainsi ce qui suit.

            La rédemption ne dépend pas de Marie mais du Christ, cependant le Père a voulu que Marie lui soit associée, d’une manière subordonnée. Le Oui de Marie consacre Marie « à la personne et à l’œuvre du Christ » (LG 56), elle devient mère de Jésus qui est le Rédempteur (LG 53). Elle est la servante du Seigneur, mais pour la rédemption de tous : « pour servir, dans sa dépendance et avec lui, par la grâce du Dieu tout-puissant au mystère de la Rédemption » (LG 56).

           

            Saint Irénée et les pères de l’Eglise enseignaient que ce qui n’est pas assumé par Jésus n’est pas sauvé. Le Christ est rédempteur dans tous les actes de sa vie.

            Avec cohérence, Vatican II précise que Marie est associée au Christ rédempteur durant toute sa vie : à l’Annonciation, dans la vie quotidienne à Nazareth, à la Visitation, la Nativité, la Présentation au temple, le Recouvrement de Jésus au temple (LG 57), ainsi que pendant la vie publique de son Fils : « Dès le début, quand aux noces de Cana en Galilée, touchée de pitié, elle obtint par son intercession que Jésus le Messie inaugurât ses miracles (cf. Jn 2,1-11). » (LG 58) « Au cours de la prédication de Jésus… » (LG 58). « … jusqu’à la croix où, non sans un dessein divin, elle était debout (cf. Jn 19,25)… » (LG 58).

 

            Un autre texte du concile Vatican II insiste sur le caractère quotidien de l’union de Marie au Rédempteur :

« La Bienheureuse Vierge Marie, Reine des Apôtres, est l’exemple parfait de cette vie semblable à celle de tous, remplie par les soins et les labeurs familiaux, Marie demeurait toujours intimement unie à son Fils et coopérait à l’œuvre du Sauveur à un titre absolument unique. »[46]

 

            La souffrance peut faire partie de l’œuvre rédemptrice. Mais ce n’est pas la souffrance en tant que telle qui est Rédemptrice, c’est l’orientation vers Dieu.

            Etre associé au Rédempteur c’est d’abord aimer le règne de Dieu : le règne de Dieu est de vivre sans péché, immaculé, d’où l’importance de l’orientation du concile (LG 65), de certaines spiritualités modernes (saint Jean Eudes par exemple) ou de certaines apparitions (Beauraing, Fatima). Se rapprocher ou se consacrer au cœur immaculé c’est d’abord entrer dans la dynamique du règne de Dieu, celle des mystères lumineux.

 

« Et lui [Dieu] comme un époux qui sort de son pavillon,

se réjouit, vaillant, de courir sa carrière. […]

La loi du Seigneur est parfaite, réconfort pour l’âme;

le témoignage du Seigneur est véridique, sagesse du simple.

Les préceptes du Seigneur sont droits, joie pour le cœur. » (Ps 19, 6-9)

 

            Quelle est cette loi nouvelle que nous donne le Christ époux ?

 

6.9. Mariage et continence, pour le royaume

Joseph et Marie  

            Le témoignage de l’Ecriture.

            La virginité de Marie et de Joseph[47] après la naissance de Jésus ne s’explique pas par le fait que le rapport sexuel aurait quelque chose d’impur comme un principe de contamination : dans le dessein originel du Créateur tout est lumineux ! La raison profonde est dans la personne de Jésus. Etre devenu mère et père d’un tel Fils signifie avoir expérimenté dans une pleine mesure et d’une manière qui ne peut se répéter, l’union avec Dieu qui est le but suprême de l’Alliance.

            Marie, après avoir accueilli en son sein le Fils de Dieu, ne pouvait désirer un « plus », un « mieux », un « encore », un « ensuite » dans d’autres enfants. Devenue demeure vivante du Verbe incarné, elle atteint le sommet de la perfection. Déjà Philon d’Alexandrie avait eu une intuition analogue lorsqu’il commenta pourquoi Léa, après avoir enfanté Juda, son quatrième enfant, cessa d’enfanter (Gn 29,35). La raison est la suivante : Juda signifie « louer Dieu », « il est l’esprit qui bénit Dieu, sans cesse attentif à élever en son honneur des chants de remerciement »[48], il est « le fruit parfait »[49]. Chanter des hymnes au Père de toutes choses est le fruit le meilleur et le plus accompli qui soit jamais sorti du sein d’une femme enceinte. C’est pourquoi Léa n’engendre plus, ayant atteint la limite de la perfection.[50]

 

            Un regard mystique.

            Michel Psellos († 1078 ou 79), byzantin, donne une image vraiment splendide de la chasteté de Marie dans son chemin lumineux de montée vers Dieu.

 

       « La Vierge fut vraiment vierge, elle conserva vraiment intègre les pensées de son esprit et demeura dans son corps comme un soleil avec les grâces intelligibles, en l’illuminant et en l’ennoblissant […].

       Seule entre toutes les âmes humaines, cette âme très ressemblante à Dieu, brillait dans son corps immaculé comme une splendeur céleste ; et elle n’était pas tant contenue par son corps, c’est plutôt elle qui le contenait, le conservait, et lui communiquait son propre éclat. Son esprit était vraiment rempli de Dieu, bien qu’il n’y ait pas en elle la divinité, et son corps était tellement uni à son esprit que la Vierge en était toute compénétrée en Dieu.

       Et Dieu vivait avec son corps ; il habitait la terre et y imprimait son empreinte, mais, s’il est permis de parler ainsi, -elle n’était pas éloignée de l’inaccessible Trinité, au-dessus des séraphins ; avant même de concevoir [le Verbe fait chair], elle voyait Dieu et le concevait, le portait, l’enfantait d’une manière ineffable par la contemplation, comme il lui arriva plus tard de le faire substantiellement. »[51]

 

            La méditation de Jean Paul II.

            Joseph, en vertu de sa mission paternelle, est lui aussi au contact avec la présence du Dieu fait chair d’une façon très étroite et exceptionnelle. Une proximité aussi unique et exceptionnelle avec la présence du Dieu de l’Alliance, qui est amour en lui-même, comble les exigences affectives de sa personne bien au-delà d’un rapport conjugal avec Marie. « Joseph, obéissant à l’Esprit, retrouva justement en lui la source de l’amour, de son amour sponsal d’homme, et cet amour fut plus grand que celui auquel l’homme juste pouvait s’attendre à la mesure de son propre cœur humain. »[52]

Pureté des mœurs, monogamie ou célibat pour le royaume

            Nous abordons successivement trois thèmes distincts : la pureté des mœurs, la monogamie, le célibat pour le royaume. Le premier thème est déjà présent dans l’Ancien Testament. Les deux autres sont typiques des Evangiles. L’enseignement sur la pureté du cœur (Mt 5,8) et celui sur la pureté du regard (en particulier sur la femme Mt 5, 27-28), viennent comme accomplissement de la loi de Moïse. Une loi qui était une libération de l’idolâtrie. Ensuite vient l’enseignement de la prière « Notre Père » (Mt 6, 9-13). Bien plus tard vient l’enseignement sur la monogamie ou sur le célibat pour le royaume (Mt 19).

 

            L’Écriture et le judaïsme extra-biblique enseignent que les pères et les mères de l’ancienne alliance ont acquis des mérites devant le Seigneur, ils peuvent alors intercéder, ils deviennent pères et mères spirituelles du peuple[53]. Le Psaume 68,7 - qui récite: « [Dieu] fait sortir les prisonniers avec joie [hébreu : bakkôshârôt] » - est interprété ainsi par le Midrash : les prisonniers sont les Juifs esclaves en Egypte, libérés en récompense de la "justice des femmes ».[54]

            Cette justice est en particulier la pudeur et la pureté des mœurs.

            Sarah, notre mère descendue en Egypte, ceignit ses hanches contre l’impudeur (Gn 20), et toutes les femmes furent protégées grâce à elle. La bénédiction de Jacob pour Joseph (Gn 49,25) lui souhaite de posséder une terre qui produise des fruits exquis, ceci, selon le Talmud, grâce aux mérites de Sarah, Rébecca, Rachel et Léa. [55]Joseph lui aussi se maintint pur (Gn 39,1-20), et sa virginité fut motif de bénédiction pour Israël[56].

            Nous pouvons lire aussi la pureté de Joseph et Marie comme un motif de bénédiction pour toute l’humanité.

 

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       « Le Créateur dès l’origine les fit homme et femme, ainsi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme et les deux ne feront qu’une seule chair. Ainsi ils ne seront plus deux mais une seule chair. Et bien, ce que Dieu a uni, l’homme ne doit point le séparer. » (Mt 19, 5-6)

 

            Dans ce dernier passage, Jésus s’appuie sur Genèse 1 pour dire que l’unité parfaite des époux n’est pas pour demain, au ciel, mais pour aujourd’hui, ici. Les temps eschatologiques sont là.

            Une question se pose : quelle est cette relation privilégiée que Jésus vit avec le Dieu créateur pour nous dire que les temps sont arrivés et pour inviter les hommes à vivre selon le plan du Créateur à l’origine (Genèse 1, l’unité des époux) ou au ciel ? Jésus change la pratique et il est effectivement suivi. Le mariage de Marie et Joseph correspond à cette harmonie. Les disciples reçoivent effectivement la grâce de mettre en pratique l’enseignement de Jésus. En modifiant les mœurs, Jésus s’affirme comme étant au-dessus de « la Ma’assé Torah de Moïse », qui est une parole préexistante et dite par Dieu pour l’éternité (Si 24,23). Ainsi peu à peu les disciples comprendront qui est Jésus. Saint Jean, après un temps de maturation, écrira son prologue à partir d’une hymne juive à la Torah : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu. » (Jn 1,1) Cependant, il faudra attendre la résurrection de Jésus d’entre les morts pour que soit clarifiée et confortée la foi en la divinité de Jésus, et donc aussi le regard sur Marie sa mère.

 

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« Il y a, en effet, des eunuques qui sont nés ainsi du sein de leur mère, il y a des eunuques qui le sont devenus par l’action des hommes, et il y a des eunuques qui se sont eux-mêmes rendus tels à cause du Royaume des Cieux. Qui peut comprendre, qu’il comprenne ! » (Mt 19, 12)

 

            Après avoir valorisé la monogamie, Jésus valorise la continence volontaire pour le royaume (Mt 19,12). Jésus lui-même ne se marie pas et n’a pas de descendance. Le mariage de ses parents, Marie et Joseph, fut un mariage virginal. Il y a certes quelque chose d’unique chez Marie et Joseph, quelque chose qui ne peut pas être répété : ils ont été appelés à devenir humainement les parents de Jésus, Fils de Dieu. Mais il y a quelque chose d’imitable en eux : la continence « pour le royaume de Dieu » (Cf. Mt 19,12), c’est-à-dire pour vivre intensément la présence du Dieu de l’Alliance.

L’amour, dans un regard vers Dieu

            Le masculin et le féminin appartiennent à l’univers matériel créé, Dieu est au-delà de ces différences et de ces représentations, mais Dieu est aussi au-delà des notions humaines de Père et de Fils, alors pourquoi l’Evangile ne fait donc pas ce que le Zohar (livre juif) a fait au 13ème siècle : décrire l’amour intra-divin dans les termes de l’éros entre le masculin et le féminin, entre Dieu béni soit-il et la Shekinah (Cf. Zohar 1, 8a) ? Pourquoi le Christ valorise-t-il la virginité ? Pourquoi Jésus révèle-t-il Dieu comme un Père et un Fils et parle-t-il de sa vie intra-divine uniquement en terme de filiation ?

 

            La vie d’un couple est menacée d’idolâtrie. L’idolâtrie c’est enfermer l’autre dans ce que l’on croit connaître de lui, le fixer dans une certaine immobilité, une absence de mystère, et ne plus communiquer (l’idole a des yeux et ne voit pas, une bouche et ne parle pas, cf. Ps 115,5-8 ; Ps 135, 15-18). L’idolâtrie, c’est aussi confondre la créature et la divinité, « adorer » un peu trop, et trop en demander. L’idolâtrie, c’est aussi fonctionner sur un mode donnant-donnant, une certaine captation.

            Le remède ? Mettre Dieu à la première place dans la famille. Approcher Dieu avec un esprit filial (« Notre Père »). Connaître Dieu comme Trinité (« Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit »).

            L’Alliance est les noces de l’humanité avec Dieu révélé comme Fils qui conduit au Père. Les noces humaines ont aussi tout à gagner à imiter l’Alliance biblique : l’amour fort de l’épouse pour l’époux, est aussi un amour ouvert à au-delà de lui-même en se situant, ensemble, filialement devant Dieu.

            Il y a dans l’amour filial quelque chose de radical, c’est un amour qui peut tout donner car il peut tout recevoir : Jésus peut mourir, son Père peut le ressusciter. Le langage de l’amour filial suggère que la vie trinitaire est habitée par un amour radical, un don de soi complet, pour être sans cesse suscité par l’autre. Il y a dans l’esprit filial une ouverture sur la transcendance, une ouverture à quelque chose de sans cesse plus grand. C’est pourquoi la révélation de Dieu Trinité peut sauver l’amour humain de l’impasse idolâtrique. Il lui ouvre son au-delà.

 

            La vie du célibat pour le royaume, voilà le paradoxe, est une vie épousée. L’union au Fils de Dieu est une noce (Mt 22,1-14). Et cela indépendamment du fait que le consacré soit un homme ou une femme. Ce sont les noces de l’Alliance, le prolongement de la première Alliance où Dieu s’est révélé comme époux.

           

            Il faut tenir ensemble le Royaume comme « noces de Dieu » et le Royaume comme « adoption filiale ». Dieu peut épouser le consacré, le réjouir et le combler. Dieu peut demeurer au centre de la famille, chacun restant à sa juste place.

 

6.10 Marie, Dieu, et l’amour des ennemis

            Situons nous dans la mentalité des premiers disciples de Jésus. Ils étaient Juifs. Pour eux, Israël est le peuple de la Torah. Il n’a qu’un seul Dieu qui est le Dieu unique du monde et a proposé la Torah à tous les peuples dans leur langue. Seul Israël a accepté et la majorité de l’humanité se situe en ennemie de la Torah. En Israël, la pratique doit être Une car Israël est Un.

           

            Comme sur un nouveau Sinaï, Jésus monte sur la montagne, et là, il parle au nom de Dieu. Il propose une Torah renouvelée, c’est une pratique très concrète : la monogamie, l’amour des ennemis…

            Les disciples suivent Jésus qui leur en communique la grâce.

            Donc la pratique d’Israël n’est donc plus uniforme. Une controverse commence. C’est si grave que la controverse va le conduire à la croix.

            Certains (principalement les sadducéens) pensent qu’aucune lumière ne manque : l’actuelle Torah est complète et la pratique est décidée à la majorité du sanhédrin.

            Un autre courant (apocalyptique) attend qu’une lumière neuve soit donnée pour connaître la Torah car le péché l’a voilée : on reconnaîtra que ce qui est neuf vient de Dieu grâce à une intervention d’Elie, ou de Moïse, ou d’un messie.

           

Jésus dit :

« Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » (Mt 5,17)

Accomplir, signifie trois choses :

1- Donner tous les sens possibles : aussi, ne supprimez pas de la Torah un seul iota, une seule de ses possibilités d’interprétations (surtout celle qui prévoit le messie).

2- Donner la pratique pour aujourd’hui.

3- Donner le sens eschatologique, le sens final, conforme à la venue du Royaume de Dieu.

           

« On vous a dit, moi je vous dis… » (Mt 5,20-48) « On vous a dit » fait référence à la loi écrite ainsi qu’à ses commentaires oraux que les pharisiens font remonter aux Sinaï et à Moïse. Jésus se met donc au-dessus du consensus du sanhédrin, il parle de sa propre autorité, sans même faire le traditionnel commentaire des Ecritures par les Ecritures. D’où lui vient cette liberté ?

 

« On vous a dit : "Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi... " » (Mt 5,43)

            Situons-nous dans la mentalité des premiers disciples qui étaient juifs. Comment ont-ils compris Jésus ?

  • Dans la vie personnelle, le Juif n’a pas de haine pour son ennemi : « Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger, s’il a soif, donne-lui à boire » (Pr 25,21) de même, « Souviens-toi des commandements et ne garde pas rancune au prochain, de l’alliance du Très-Haut, et passe par-dessus l’offense. » (Si 28,7)
  • Dans la vie publique juive, les ennemis sont les ennemis de Dieu, c’est pourquoi nous devions les haïr. Aucun Juif, même à l’époque de Jésus, ne se donne le droit de leur pardonner, ce serait prendre une prérogative de Dieu.
  • Mais dès la fin de l’exil, les païens, appelés « étrangers », sont appelés à adorer Dieu sur la colline de Sion. De ce fait, le rôle d’Israël est de témoigner devant les nations, quitte à le faire par le Martyre (cf. Is 53), et non plus par la guerre, pour que les païens voient la grandeur de ce Dieu qui a de tels adorateurs.
  • L’attente messianique espère le jour où il n’y aura plus d’ennemis ni d’idolâtres, ce sera la fête universelle des tentes (Za 12) ou le Kippour pour tous les peuples... Alors, si Dieu pardonne aux ennemis et les rend justes, nous aussi nous devons leur pardonner. Dieu les visitera aussi et leur donnera la paix.
  • En attendant ce jour, le Juif peut aller jusqu’à l’intercession pour les ennemis, « Si quelqu’un injurie son compagnon, même si l’injuriant ne le demande pas à l’injurié, l’injurié doit implorer la miséricorde. Comme il est dit : Abraham intercéda auprès d’Elohim et Elohim guérit Abimelek. »[57] Le Juif pieux pouvait déjà prier pour ses persécuteurs, mais il ne pouvait pas « aimer » les ennemis, car nous ne pouvons pas fermer les yeux sur le péché comme si nous étions les seuls offensés ou comme si le péché de l’homme laissait Dieu indifférent. La miséricorde est le fait de Dieu et l’homme ne peut pas se mettre à la place de Dieu pour pardonner et aimer. Il faut donc attendre que Dieu lui-même décide que nous pouvons avec lui aimer les ennemis et leur pardonner. 
  • Sur la venue de l’amour universel, les hypothèses étaient ouvertes :

            - Certains Juifs pensaient que la miséricorde de l’homme exercée dans la prière pour l’ennemi pouvait hâter le jour de l’amour universel.

            - Un autre courant (apocalyptique) attendait que Dieu fasse le premier pas et accorde à l’homme le pardon qui lui rendait l’éclat originel.

 

Jésus dit :

« Eh bien! moi je vous dis: Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux… (Mt 5,44-45)

            En demandant d’aimer les ennemis, Jésus annonce donc que les temps sont arrivés, Dieu pardonne aux ennemis et les rend justes.

            Une question se pose immédiatement : qui est Jésus pour introduire l’amour des ennemis, un bouleversement que Dieu seul peut introduire ? [58]

 

            Ainsi, l’amour des ennemis a deux conséquences typiquement mariales :

 

            Puisque l’amour des ennemis est un élément important qui pose la question de la nature divine de Jésus, c’est aussi un élément important qui stimule la vénération envers la mère de Jésus, mère de Dieu. Une telle foi possède des jalons bien avant la Passion et constitue un des motifs du procès. Un tel regard sur les ennemis (et donc sur les frontières) a de quoi rendre inquiétante la royauté de Jésus, même si elle est spirituelle et désarmée. Cependant, il faudra attendre la résurrection de Jésus d’entre les morts pour que soit clarifiée et confortée la foi en la divinité de Jésus.

 

            Les disciples sont au départ tous d’origine juive, très attachés à la terre de leurs pères. En leur enseignant l’amour des ennemis, Jésus les prépare à partir en mission dans le monde entier, et pour cela, ils devront s’éloigner de leur patrie.

            Or, la terre est importante pour structurer un être humain. Et il se pourrait bien que Marie ait été perçue comme la terre symbolique où s’enracine le disciple missionnaire.

            Nous en avons quelques indices : saint Irénée appelle Marie « terre vierge » ; et saint Bonaventure († 1274) présente Marie comme la terre bénie, l’héritage des doux. Aux doux, la douce Marie ne refusera jamais rien[59].

 

6.11 Marie et « l’Evangile de la vie »

            Lorsque Jésus a prêché le Royaume, il guérissait les malades et même parfois il ressuscitait les morts. Il est le bon berger venu pour que nous ayons la vie en abondance (Jn 10). Respecter et promouvoir la vie, développer une « culture de vie », c’est proclamer que le Royaume des Cieux est tout proche, comme le demandait Jésus à ses disciples.

            Le sujet central de l’encyclique de Jean Paul II, Evangelium vitae (EV) en 1995, est la vie et sa valeur. « En lui donnant la vie, Dieu exige de l’homme qu’il la respecte, qu’il l’aime et qu’il la promeuve.»[60]

            La « culture de vie » grandit comme le Royaume de Dieu, elle est l’objet d’une lutte :

       « Dans ce grand effort pour une nouvelle culture de la vie, nous sommes soutenus et animés par l’assurance de savoir que l’Evangile de la vie, comme le Royaume de Dieu, grandit et donne des fruits en abondance (Mc 4, 26-29). Certes, la disproportion est énorme entre les moyens considérables et puissants dont sont dotées les forces qui travaillent pour la "culture de la mort" et les moyens dont disposent les promoteurs d’une "culture de la vie et de l’amour". Mais nous savons pouvoir compter sur l’aide de Dieu, à qui rien n’est impossible […]

       Par son exemple, Jésus nous a lui-même montré que la prière et le jeûne sont les armes principales et les plus efficaces contre les forces du mal et il a appris à ses disciples que certains démons ne peuvent être chassés que de cette manière Retrouvons donc l’humilité et le courage de prier et de jeûner, pour obtenir que la force qui vient du Très-Haut fasse tomber les murs de tromperies et de mensonges qui cachent aux yeux de tant de nos frères et sœurs la nature perverse de comportements et de lois hostiles à la vie, et qu’elle ouvre leurs cœurs à des résolutions et à des intentions inspirées par la civilisation de la vie et de l’amour. » (EV 100)

 

            La Vierge lutte contre les puissances de mort, tout comme la femme de l’Apocalypse, qui est en même temps l’Église-mère et Marie-mère (EV 103). Marie est Mère de la Vie :

       « Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme enveloppée de soleil, la lune sous ses pieds et douze étoiles couronnant sa tête " L’Eglise reconnaît dans ce signe une image de son propre mystère : immergée dans l’histoire, elle a conscience de la transcender, car elle constitue sur la terre "le germe et le commencement" du Royaume de Dieu. L’Eglise voit la réalisation complète et exemplaire de ce mystère en Marie. […]

       Dans le Livre de l’Apocalypse, le "signe grandiose" de la "Femme" Ap 12,1 s’accompagne d’un "second signe apparu au ciel : un énorme Dragon rouge feu" Ap 12,3, qui représente Satan, puissance personnelle maléfique, et en même temps toutes les forces du mal qui sont à l’œuvre dans l’histoire et entravent la mission de l’Église. Là encore, Marie éclaire la communauté des croyants : l’hostilité des forces du mal est en effet une sourde opposition qui, avant d’atteindre les disciples de Jésus, se retourne contre sa Mère.

Pour sauver la vie de son Fils devant ceux qui le redoutent comme une dangereuse menace, Marie doit s’enfuir en Égypte avec Joseph et avec l’enfant Mt 2,13-15. Marie aide ainsi l’Église à prendre conscience que la vie est toujours au centre d’un grand combat entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres. Le dragon veut dévorer "l’enfant aussitôt né" Ap 12,4, figure du Christ, que Marie enfante dans "la plénitude des temps" Ga 4,4 et que l’Église doit constamment donner aux hommes aux différentes époques de l’histoire.

       Mais cet enfant est aussi comme la figure de tout homme, de tout enfant, spécialement de toute créature faible et menacée, parce que - ainsi que nous le rappelle le Concile -, "par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme" » (EV 104)

 

 

            C’est pourquoi nous avons une vision de lumière et de victoire :

       « Marie est la parole vivante de consolation pour l’Église dans son combat contre la mort. En nous montrant son Fils, elle nous assure qu’en lui les forces de la mort ont déjà été vaincues : " La mort et la vie s’affrontèrent en un duel prodigieux. Le Maître de la vie mourut ; vivant, il règne." » (EV 105)

 

            Jean Paul II nous invite à cette prière confiante :

 

       « Ô Marie, aurore du monde nouveau, Mère des vivants, nous te confions la cause de la vie :

       Regarde, ô Mère, le nombre immense des enfants que l’on empêche de naître, des pauvres pour qui la vie est rendue difficile, des hommes et des femmes victimes d’une violence inhumaine, des vieillards et des malades tués par l’indifférence ou par une pitié fallacieuse.

       Fais que ceux qui croient en ton Fils sachent annoncer aux hommes de notre temps avec fermeté et avec amour l’Évangile de la vie.

       Obtiens-leur la grâce de l’accueillir comme un don toujours nouveau, la joie de le célébrer avec reconnaissance dans toute leur existence et le courage d’en témoigner avec une ténacité active, afin de construire, avec tous les hommes de bonne volonté, la civilisation de la vérité et de l’amour, à la louange et à la gloire de Dieu Créateur qui aime la vie. » (EV 105)

Exercice d’assimilation

            Reprenez les exercices du pré-requis. Notez ce que vous avez ajouté, ce que vous avez modifié, complétez l’apport par d’autres témoignages et d’éventuelles questions.

 


[1] Les Actes des Martyrs et les Martyrologes anciens en sont le témoignage le plus authentique et le plus clair.

[2] Cf. Jean Paul II, Homélie à Guadalupe: MS, LXXI, 164.

[3] Giuseppe Santarelli, La Santa Casa di Loreto, un’esperienza di fede e di arte attraverso i secoli, mondatori, Milano 1999, p. 22-28.

[4] A.Gila, Il pensiero dei Padri della Chiesa su s. Maria e la Beatitudine dei poveri in Santa Maria “Regina Martyrum” Quaderno di spiritualità dell’ordine dei Frati servi di Maria Provincia di Piemonte e Romagna, Anno IV – N°2 (11) – 2001, p.21-27

[5] Cf. A.Amato, Gli afflitti, consolati dal Signore di ogni consolazione, in Santa Maria “Regina Martyrum” Quaderno di spiritualità dell’ordine dei Frati servi di Maria Provincia di Piemonte e Romagna, Anno IV – N°3 (12) – 2001, p.4-9

[6] Cf. La structure du Magnificat expliquée dans F. Breynaert, Marie dans l’histoire, par amour N°1, 25 mars, mystère d’Alliance, Cf. A.Valentini, “Approcci esegetici a Lc 1, 46b-55”, in « Theotokos » V,1997 n°2, p. 403-422

[7] Expression très forte utilisée par Jean Paul II dans son homélie au Sanctuaire de Notre Dame de Zapopán (Mexique), le 30.01.79 : « Marie […] est modèle […] pour ceux […] qui proclament avec elle que Dieu est "la caution, le garant" des humbles et, en l’occurrence renverse les puissants de leur trône... » (n° 4)

[8] Jean Paul II, Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae, octobre 2002, §10

[9] L’incarnation comme événement de miséricorde : aspects bibliques et traditionnels dans F. Breynaert, 25 mars, mystère d’Alliance

[10] « Le thème du Magnificat est fondamentalement celui de l’amour du Père envers les humbles et les pauvres. C’est pour cela que Dieu a choisi pour son dessein salvifique une vierge humble et pauvre. Marie devient prophétesse de la miséricorde du Père et aussi son icône. En effet, elle connaît comme personne d’autre le mystère de la miséricorde qui atteint son sommet au calvaire. » (Conseil de la présidence du grand Jubilé de l’an 2000 : Dieu, Père de Miséricorde)

[11] Cf. Jean Paul II, Audience générale du 20.08.03

[12] Au sens où l’entend Jean Paul II, Mémoire et identité, Flammarion, Paris 2005, p. 82-85.

[13] Cf. Jean Paul II, RM 18 que nous présentons ci-dessous.

[14] Saint Bonaventure, sur l’Assomption de la bienheureuse Vierge Marie, sermon 6.

[15] Saint François d’Assise, Lettre aux fidèles II, 5 dans François d’Assise, Ecrits, sources chrétiennes 285, Cerf, Paris 1981, p. 232

[16] Saint François d’Assise, Dernière volonté, dans Ecrits, sources chrétiennes 285, Cerf, Paris 1981, p. 215

[17] Sainte Claire, 1e lettre à Agnès de Pragues, § 19-24 dans Ecrits, Sources chrétiennes 325, Cerf Paris 1985, p. 89

[18] Sainte Claire, ibid., § 12-13 dans Ecrits, op. cit., p. 87

[19] Cf. F. Breynaert, L’arbre de vie, symbole central de la théologie de Saint Louis-Marie de Montfort, Editions Parole et silence, Paris 2006, p. 225 et p. 237-238

[20] Méliton de Sardes, Homélie sur la Paque 7,71

[21] Saint Ambroise, Homélie sur la fête de l’Assomption, 9- 10.

[22] Saint Bonaventure, Homélie sur l’Annonciation, sermon V, 2.

[23] L. Le Crom, Un apôtre marial, saint Louis-Marie Grignion de Montfort, édition les traditions françaises, Tourcoing 1946, p. 273

[24] Saint Anselme Prière 52, 8 : PL 158, 957 A

[25] F. Breynaert, L’arbre de vie, op. cit., p. 161-173.

[26] Saint Maximilien Kolbe, Conférence du 08.03.1940, dans L’immaculée révèle l’Esprit saint, entretiens spirituels du père Kolbe, Abbé J-F Villepelée. Ed Lethellieux, Paris 1974, p.145

[27] Jean Paul II, Angélus du dimanche 30 mai 99

[28] Benoît XVI, Message de la journée mondiale de la Paix, 01.01.06

[29] Cf. René Laurentin, Action de grâce de Marie, DDB, Paris 1991, p. 185-195

[30] CNBB, Pronunciamentos do Papa no Brasil, Vozes, Petrópolis 1980, pp. 125-130, dont ont été repris des passages pour composer l’office de la Solennité de Notre Dame de la Conception Aparecida, le 12 octobre.

[31] Aujourd’hui propriété du John Rylands Library de Manchester édite en 1938 par M.C.H Roberts.

[32] G. Giamberardini, Il culto mariano in Egitto, vol. I, Studium Biblicum Franciscanum, Gerusalemme 1975, p.96 nota 12.

[33] Cf. Joseph Ledit, Marie dans la liturgie de Byzance, ed. Beauchesne, Paris 1976, p. 241-252

[34] Congrégation pour le culte divin, Messes en l’honneur de la Vierge Marie, Desclée Mame 1988, p. 192-197

[35] Saint Jean Damascène, Homélie sur la nativité et l’Assomption, Sources chrétiennes n° 80, Le Cerf, Paris 1961, p. 163-165

[36] Saint Ignace de Loyola, Journal spirituel, 8 février 1544

[37] Saint Maximilien Kolbe, 06.04.1934, L’immaculée révèle l’Esprit saint, entretiens spirituels du père Kolbe, Abbé J-F Villepelée. Ed Lethellieux, Paris 1974, p.86

[38] Cf. J. Bernard, L’Eucharistie : du midrash juif à la théologie chrétienne. Le miracle de Cana, dans « Notre vie liturgique » n°3, CERP, Beyrouth, juin 1999, p. 13-67

[39] En latin : « singulater prae aliis »

[40] Cf. Françoise Breynaert, Vivre, souffrir, participer au salut ou y collaborer. Réflexions de théologie mariale., dans « Miles Immaculatae », Anno XLI, fasc I, 2005, p. 233-268

[41] Cf. Michel Corbin, La Paternité de Dieu, Cerf, 1998, p. 147-150

[42] Origène, Commentaire sur le Cantique des Cantiques, dans Sources chrétiennes 375, tomes I et II, par Luc Bresard et Henri Crouzel, Le Cerf, Paris 1991 : Livre II, 9,7 ; Tome I, p. 439-441

[43] Origène, op. cit., Livre II, 5,15 ; Tome I, p. 363

[44] Cf. Origène, op.cit., Livre III, 10,7, Tome II, p. 593-595

[45] Cf. J. Bernard, Torah et culte chez les Rabbins, confessions divergentes, dans Mélanges de science Religieuse, Lille, Janvier-mars 1997 pp. 38-71

[46] Vatican II, Décret sur l’apostolat des laïc, Apostolicam Actuositatem, § 4

[47] Nous allons suivre A.Serra, Giuseppe et Maria, l’uomo et la donna dei tempi nuovi, Theotokos, 1995 n° 3, pp. 333-363.

[48] Philon d’Alexandrie, De plantatione, 135

[49] Philon d’Alexandrie, De somniis I,37

[50] Philon d’Alexandrie, De plantatione, 135

[51] Michel Psellos, Homélie sur l’Annonciation §4

[52] Jean Paul II, Exhortation apostolique, Redemptoris Custos, n°19

[53] Cf. R. Le Deault, Aspects de l’intercession dans le Judaïsme ancien, dans « Journal for the study of judaism » n°1 (1970), p.33-57. et A.Serra, Miryam, figlia di Sion, la Donna di Nazaret e il femminile a partire dal giudaismo antico. Ed. Paoline, Milano, 1997, pp.110-114

[54] Nm R 3,6° 3,14. La Mekhilta de Rabbi Ishmael (traité Pischà, c. 16° 13,4) attribue cette interprétation à Rabbi Natan (vers 160).

[55] Talmud de Jérusalem I, II sur Dt 33,15

[56] Lv R 32,5 a 24,10 (R. Huna au nom de R. Chiyya b. Abba, vers 280) ; Ct R 4,12.1 (R. Abba b. Kahana,vers 310).

[57] Baba Qamma 9, 29

[58] Tout mon commentaire de Mt 5, 43-45 a suivi J.Bernard, L’amour de Dieu et du prochain dans le judaїsme tannaїtique, « Mélanges de science religieuse », 2003 /2, pp.41-52

[59] Saint Bonaventure, Homélie sur l’Annonciation, sermon V, 2.

[60] Jean Paul II, Evangelium Vitae 52