Culte lévitique, chasteté

Exercices pour les étudiants de l’institut Foi vivifiante

Lecture biblique :

Les passages suggérés dans le chapitre du « Parcours biblique », p. 203-206

Exercices :

1) Les cultes cananéens n’étaient pas vécus dans la chasteté. Résumez en 2 lignes.

2) Le culte juif est vécu dans la chasteté. Résumez en 2 lignes.

3) Le culte chrétien est vécu dans la chasteté. Résumez en 4 lignes.

 

Etude :
Françoise Breynaert Parcours biblique : Le berceau de l'Incarnation (imprimatur), Parole et silence 2016, p. 203-206

Disponible en librairie et sur internet, à la Procure (merci de privilégier les librairies catholiques).

Parcours biblique -33- Le culte lévitique et la chasteté

            Le livre du lévitique nous décrit le calendrier des fêtes juives (Lv 23). Ce calendrier reflète l’histoire d’Israël, à commencer par les grands événements de l’Exode biblique. Se sont ensuite ajoutées d’autres fêtes, telle que celle de Hanouka, au temps des Grecs.

            De nos jours, les connaissances sur l’embryogénèse offrent des remarques assez stupéfiantes. Si nous faisons le lien entre le 14° jour du 1° mois, la Pâque juive célébrant la sortie d’Egypte (qui fut, comme nous l’avons expliqué, la naissance d’un peuple…) et l’ovulation (14° jour du 1° mois), nous pouvons ensuite faire le lien entre les Pains azymes et la fécondation (dans les 24 heures), puis le lien entre le 50° jour (Pentecôte) et la formation du fœtus, car les traits humains sont visibles le 50° jour de la grossesse (l’Esprit Saint personnalise…). Le 1° jour du 7° mois, fête des trompettes, correspond au développement de l’audition. Le 10 ° jour du 7° mois est la fête juive des Expiations, Yom kippour, où le sang est dans le Saint des Saints, or, de manière très étonnante, le jour où le sang fœtal devient fonctionnel est aussi le 10 ° jour du 7° mois de la grossesse. Enfin, la date de la fête de Hannouka, fête de la dédicace du temple réouvert correspond à une naissance à terme ! Tout ce parallèle suggère de manière éloquente que celui qui a inspiré le calendrier des fêtes liturgiques et aussi le Créateur de la vie humaine !

 

            Par ailleurs, nous avons souvent dit que les cultes cananéens n’étaient pas vécus dans la continence, il fallait au contraire s’unir aux prostituées sacrées pour capter et attirer les forces de fécondité agricole et les victoires dans le combat. La présence d’un temple d’Astarté à Jérusalem (1R 11, 5.33), qui n’aurait été rasé que 400 ans plus tard par le roi Josias (2R 23, 13) suggère le temps qu’il aura fallu pour les écarter résolument.

            L’expérience de l’exil à Babylone a intensifié la confrontation des Hébreux au paganisme. D’après Hérodote, en l’honneur d’Ichtar, déesse de la fécondité et de l’amour, les femmes de Babylone devaient se livrer à la prostitution au moins une fois dans leur vie. Isaïe dénonce cette prostitution et ces salaires impurs (Is 23, 17).

            On situe après l’exil, avec le second temple, l’instauration du culte lévitique caractérisé au contraire par la continence des prêtres et des lévites pendant le temps de leur service au temple

            La raison d’être de cette continence est la foi hébraïque qui a pris ses distances avec l’attitude de convocation magique pour entrer dans une attitude de confiance qui reçoit tout de Dieu.

            Il est intéressant de s’arrêter quelques instants sur ce qu’est la chasteté.

            La chasteté est en quelque sorte connaturelle de la monolâtrie de Josias et du monothéisme du second Isaïe. L’homme qui s’unifie religieusement s’unifie aussi intérieurement et retrouve le goût de la chasteté. Un saint a dit : « La chasteté nous recompose; elle nous ramène à cette unité que nous avions perdue en nous éparpillant »[1]. Comment ne pas rapprocher ces mots de l’expérience d’Israël « Ecoute, Israël, le Seigneur est Un ! » (Dt 6, 4)

            De plus, « la chasteté conduit celui qui la pratique à devenir auprès du prochain un témoin de la fidélité et de la tendresse de Dieu »[2]. Comment dès lors ne pas unir la chasteté à ce qui constitue le cœur même de la vie intérieure d’Israël : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir » (Dt 6, 5) et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19, 18)…

            Ainsi, la chasteté lévitique ne s’est pas développée uniquement en opposition avec les cultes magiques et païens, mais aussi comme un effet intérieur de la religion biblique elle-même.

 

Cohérence de la révélation et actualisation

            Dans l’Apocalypse, saint Jean oppose la chasteté des rachetés de la terre (Ap 14, 4) aux prostitutions de Babylone. « Babylone la Grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre » se saoule « du sang des saints et du sang des martyrs de Jésus » (Ap 17, 5-6). Mais tandis que les impurs seront jetés dans l’étang de feu, les rachetés entreront dans la Jérusalem céleste, toute resplendissante comme une fiancée pour son époux (Ap 21).

            La chasteté fait partie du berceau de l’Incarnation du Fils de Dieu, conçu de la Vierge Marie et de l’Esprit Saint. « Joseph fit ce que l’Ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse ; ce qui est engendré en elle "vient de l’Esprit-Saint" (Mt 1, 20) : ne faut-il pas conclure, devant ces expressions, que son amour d’homme est, lui aussi, régénéré par l’Esprit-Saint ? »[3]

            Les apôtres ont tout quitté pour suivre Jésus. Après eux, l’amour du prêtre est un amour pour Jésus, le Fils de Dieu, la sagesse incarnée. Cet amour sature sa personnalité de chasteté comme d’un parfum de sainteté.

            Et c’est du mystère de l’Incarnation (virginale) que dépendent tous les sacrements célébrés par le prêtre.

            Ainsi, l’Ancien Testament prépare-t-il non seulement l’incarnation virginale mais aussi la relation très particulière que la Vierge Marie aura avec les apôtres et le sacerdoce chrétien.

            Lorsque saint Paul dit que les responsables de communauté étaient des hommes mariés, le fait qu'ils devaient avoir été mari d'une seule femme (1Tm 3, 1-13) était le signe de leur capacité à vivre cette continence une fois entrés dans le ministère. C'est ainsi que le comprenait le pape Sirice au IV° siècle. La signification de cette continence est suggérée dans une autre lettre de saint Paul, quand il explique que le Christ est « l'époux de l'Eglise » (Eph 5, 25-32). Or c'est le Christ représentent que les apôtres, et après eux les prêtres.

 

***

            Dans le christianisme, quand le pape Sirice rappelle[4] la chasteté des ministres du culte, il motive cette chasteté par la continuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament :

« Pourquoi était-il ordonné aux prêtres, pendant l’année où revenait leur tour de service, d’habiter dans le Temple, loin de leur domicile ? (sinon), de toute évidence, afin qu’ils ne puissent avoir de commerce avec leur épouse, en sorte qu’avec une conscience resplendissante d’intégrité ils présentent à Dieu des offrandes dignes d’être acceptées »[5].

           

            Sans cette continuité avec le judaïsme, cette chasteté pourrait être motivée de manière trouble par des philosophies telles que l’encratisme, le mépris du mariage, et il n’est pas surprenant qu’elle soit alors contestée.[6]Citons encore la décrétale « cum in unum » du même pape Sirice, en l’an 386 :

« En outre, comme il est digne, chaste et honnête de le faire, nous conseillons ceci : que les prêtres et les lévites n’aient pas de relations avec leurs épouses, étant donné qu’ils sont absorbés par les devoirs quotidiens de leur ministère. […] Peut-être croit-on que cela est permis [de ne pas être continent] parce qu’il est écrit "Le mari d’une seule femme" (1Tm 3, 2) ? Mais (Paul) n’a pas parlé d’un homme qui persisterait dans le désir d’engendrer ; il a parlé en vue de la continence qu’il lui faudrait pratiquer. »[7]

(Autrement dit, la fidélité à une seule femme est une garantie prouvant que le candidat sera capable de pratiquer la continence parfaite qui lui sera demandée après l’ordination).

 

            Et, finalement, au concile de Carthage en l’an 390 conclut ainsi :

« L’évêque Geneclius dit : "Comme on l’a dit précédemment, il convient que les saints évêques et les prêtres de Dieu, ainsi que les lévites, c’est-à-dire ceux qui sont au service des sacrements divins, observent une continence parfaite, afin de pouvoir obtenir en toute simplicité ce qu’ils demandent à Dieu ; ce qu’enseignèrent les apôtres, et ce que l’antiquité elle-même a observé, faisons en sorte, nous aussi, de le garder."

A l’unanimité, les évêques déclarèrent : "Il nous plaît à tous que l’évêque, le prêtre et le diacre, gardiens de la pureté, s’abstiennent (du commerce conjugal) avec leur épouse, afin qu’ils gardent une chasteté parfaite ceux qui sont au service de l’autel." » (Concile de Carthage en l’an 390)[8]

 

            Ainsi donc, dans le christianisme, la chasteté ecclésiastique est vécue :

- pour éviter la captation magique comme au temps lévitique,

- pour que la prière soit simple et bien exaucée,

- pour que le prêtre ait des affections bien ordonnées à la vie éternelle,

- et pour que l’Eucharistie soit accueillie comme le Christ fut accueilli lorsqu’il s’incarna par l’Esprit Saint.

 

***

            Ce qui nous conduit de l’histoire d’Israël à saint Joseph, fils de David… (Saint Augustin faisait remarquer que la chasteté n’empêche par Joseph d’être vrai père et vrai époux[9]. Cette vérité a été rappelée par Jean-Paul II[10]). Achevons par une prière du sanctuaire d’Itapiranga (Amazonie). Observons le lien entre chasteté et sagesse (goût des choses divines). Observons aussi que saint Joseph est appelé protecteur de l’Eglise.

« Je vous salue Joseph, Fils de David, homme juste et virginal, la sagesse est avec vous.

Vous êtes béni entre tous les hommes et Jésus, le fruit de votre fidèle épouse Marie, est béni.

Saint Joseph, père digne, protecteur de Jésus-Christ et de la sainte Eglise, priez pour nous pécheurs, obtenez-nous la sagesse divine de Dieu, et secourez-nous à l’heure de notre mort. Amen. » [11]

© Françoise Breynaert


[1] S. AUGUSTIN, Les Confessions 10, 29

[2] Catéchisme de l’Eglise catholique § 2346

[3]JEAN PAUL II,Redemptoris Custos § 19-20

[4] Le pape Sirice ne donne pas de nouvelles règles, mais redonne vigueur à ce qui n’aurait jamais dû être enfreint.

[5] Pape SIRICE, Décrétale « Directa », écrite le 10 février 385 en réponse à l’évêque espagnol Himère pour lui demander de garder la tradition de la continence ecclésiastique,PL 13, 1138a-1139a

[6] Cf. C. COCCHINI, Origines apostoliques du célibat sacerdotal, éditions Lethielleux, Paris, 1981, p. 60-62

[7] PL 1160a-1161a, cité par C. Cocchini, Ibid., p. 32

[8]C. COCCHINI Ibid., p. 26

[9] St AUGUSTIN, Sermon 51, 20,30 PL 38, 350-351

[10]Redemptoris Custos, en particulier § 5

[11] Olivier ALBERICI, Fabrice KEDINGER, Les apparitions de la Reine du Rosaire et de la Paix à Itapiranga (Brésil). Editions l’Appel du ciel, 2012, p. 36

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Date de dernière mise à jour : 16/07/2019