Le temps de l’Eglise et la fidélité du Fils de l’homme

Travail pour les étudiants de l'institut Foi vivifiante

Lectures bibliques :

Les références données dans le livre.

Exercices :

(Répondez brièvement)

  1. Pourquoi ne peut-on pas dire « Jésus, oui ; l’Eglise, non » ?
  2. L’eau du baptême : donnez-en un sens familier, un sens juif, un sens chrétien.
  3. Sachant que l’Eglise est fondée à la Cène, à la Croix, la résurrection et la Pentecôte. Peut-on séparer l’Eucharistie du baptême et de la confirmation ?
  4. Peut-on dire que Jésus ait voulu le sacrement de réconciliation (la confession) ?
  5. Peut-on dire que Jésus ait voulu le sacrement des malades ?
  6. En quoi le mariage est-il un signe sacramentel ?
  7. Le sacerdoce est-il important ? (pourquoi ?)

Etude :
Françoise Breynaert, Parcours biblique : Le berceau de l'Incarnation (imprimatur), Parole et silence 2016, p. 372-380
Disponible en librairie et sur internet, à la Procure (merci de privilégier les librairies catholiques).

Parcours biblique -64- Temps de l'Eglise. Fidélité du Fils de l'homme. Sacrements.

Le temps de l’Eglise et la fidélité du Fils de l’homme

Plein de grâce et de fidélité

            Dans son prologue, Jean dit de Jésus qu’il est le « Fils unique, plein de grâce et de fidélité » (Jn 1, 14), une expression qui reprend ce que le livre de l’Exode dit de Dieu lui-même : « Dieu de tendresse et de pitié, plein de grâce et de fidélité » (Ex 34, 7). Moïse ne pouvait voir la face de Dieu (Ex 33, 20), mais le Fils unique, qui est dans le sein du Père, « nous l’a fait connaître » (Jn 1, 18).

            Le Prologue de Jean ne doit pas être lu sans son Evangile.

            Plein de grâce, Jésus fait les œuvres de Dieu. Il répand la grâce de la santé et du pardon. Il donne la vie partout où il passe.

            Plein de fidélité, devant Dieu et devant les hommes. Jésus est vraiment fidèle à faire la volonté du Père qui l’a envoyé : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et de mener son œuvre à bonne fin » (Jn 4, 34). Il est aussi l’ami fidèle qui accueille Judas parmi les siens, espérant sa conversion jusqu’au bout. Il est celui qui ne change pas quand vient l’heure de la croix. Jésus est « plein de fidélité » !

 

Vérité, fidélité, mystère

            Observons le vocabulaire.

            En hébreu, le mot « vérité » vient de la racine « ferme, solide », il peut être traduit par « fidélité ». Il est possible de faire confiance à Jésus. Et le chrétien, à son tour, doit être ferme et solide. Jésus, le Fils de l’homme, est « plein de grâce et de fidélité » (Jn 1, 14) pendant tout le temps de l’Eglise, jusqu’à, nous dit l’Apocalypse, la chute de « Babylone », quand il reviendra tel un cavalier « fidèle et vrai » (Ap 19, 11).

            En grec, le terme « vérité » touche à la connaissance, c’est ce que l’on doit découvrir sous les apparences ; mais la pensée biblique va donner un sens nouveau à ce mot vérité : il désigne le mystère. La vérité doit être accueillie car elle est donnée par la Parole de Dieu. « Il [le Père] nous a fait connaître le mystère de sa volonté, ce dessein bienveillant qu’Il avait formé en lui par avance » (Eph 1, 10).

 

La fidélité du Fils de l’homme ; le corps du Christ

            La fidélité de Jésus dans l’au-delà de sa mort, ce n’est pas la fidélité d’un Verbe abstrait, c’est la fidélité du Fils de l’homme, incarné, mort et ressuscité, qui incorpore en lui ses disciples. Le Fils de l’homme « n’est pas simplement un, mais de nous tous avec lui-même il ne fait "plus qu’un" (Ga 3, 28) : il nous transforme en une humanité nouvelle ».[1]

            Voici quelques exemples concrets.

            Au Christ « envoyé » (Jn 5, 38) sont incorporés les apôtres, qui sont à leur tour « envoyés », et cela du vivant même de Jésus : « Celui qui vous accueille m’accueille et accueille celui qui m’a envoyé » (Mt 10, 40 ; Mc 9, 37 ; Lc 10, 16 ; Jn 13, 20). Les apôtres enseignent, guérissent et exorcisent « au nom de Jésus », avant et après la mort et la résurrection du Fils de l’homme. Autre exemple : les apôtres osent non seulement répandre l’Evangile aux Juifs de langue grecque (Ac 6), mais aussi aux Samaritains (Ac 8), aux craignant-Dieu, sympathisants du judaïsme, non circoncis (Ac 10-11) et à tout homme (Ac 15). Ce faisant, ils déploient l’enseignement de Jésus sur le pur et l’impur (Mc 7, 14-23) et tout ce que le Christ avait commencé, en Samarie (Jn 4,1-42) et à l’égard des sympathisants du judaïsme et de tout homme (Jn 12, 20-24 ; Mt 8, 5-13 ; Mc 7, 31-37…). Ainsi, par cette continuité, on comprend que les chrétiens sont incorporés à Jésus Fils de l’homme. Et la fidélité du Fils de l’homme à son Eglise s’exprime par le langage de l’Eglise comme corps du Christ.

 

Le baptême

            Sur les indications que le Ressuscité donna sur la montagne (Mt 28, 19-20), les apôtres commencèrent à baptiser, dès le soir de Pentecôte (Ac 2, 41).

            Il ne s’agit pas du rite juif qui consiste à purifier dans l’eau (ou l’eau lustrale) tout ce qui provient du paganisme, cependant, si les anciens rites d’eau peuvent être repris, c’est parce que Jésus accomplit ce qui a forgé le langage et les symboles du peuple Hébreu : il est la nouvelle Torah et il fait vivre à son peuple un nouvel Exode, donc une nouvelle traversée des eaux.

            Ces baptêmes adviennent immédiatement après l’annonce du kérygme : « Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous avez crucifié » (Ac 2, 36). Il s’agit d’un rite nouveau, directement issu de la mort et de la résurrection de Jésus : il s’agit d’être enseveli dans la mort du Christ pour vivre avec lui une vie nouvelle (cf. Rm 6, 2-4).

 

La confirmation

            « Apprenant que la Samarie avait accueilli la parole de Dieu, les Apôtres qui étaient à Jérusalem y envoyèrent Pierre et Jean. Ceux-ci descendirent donc chez les Samaritains et prièrent pour eux, afin que l'Esprit Saint leur fût donné. Car il n'était encore tombé sur aucun d'eux ; ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean se mirent à leur imposer les mains et ils recevaient l'Esprit Saint » (Ac 8, 14-17).

            L'Eglise a trois sacrements d'initiation - Baptême, Confirmation, Eucharistie, - qui correspondent au fait que l'Eglise est fondée à la Cène, dans le mystère pascal (croix et résurrection) et à la Pentecôte.

Le texte cité montre le geste de la confirmation (l'imposition des mains), et sa signification (le don de l'Esprit Saint).

 

L’Eucharistie

            Les réalités matérielles sont extérieures les unes aux autres, mais les réalités invisibles sont intérieures les unes aux autres. Le Christ Jésus ne veut pas seulement se manifester extérieurement à nous. Son amour réclame l’intériorité.

            Après Pâques, et sur les indications de Jésus la veille de sa Passion, on pratique aussi l’Eucharistie. « Ceci est mon corps… Ceci est mon sang… ». Dans sa résurrection, Jésus est plus que jamais le « pain de vie » (Jn 6, 34). Et si jadis la manne était donnée pour le temps de l’Exode, Jésus pain de vie est donné pour un nouvel Exode, à la fois vers le monde entier et vers la vie éternelle.

            Plein de grâce, Jésus offre son pain de vie, lui-même (Jn 6, 34). Il faut avoir faim (comme le Qohelet que rien de terrestre ne satisfait car tout est vanité), une faim spirituelle. « Il t’a humilié, il t’a fait sentir la faim, il t’a donné à manger la manne que ni toi ni tes pères n’aviez connue, pour te montrer que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais que l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche de Dieu » (Dt 8, 3). C’est le repas messianique (Is 25, 6-8), où l’on mange autant que l’on écoute : « que vous trouviez jouissance dans des mets savoureux, tendez l’oreille, venez vers moi, écoutez et vous vivrez » (Is 55, 2-3). C’est le festin de la Sagesse (Pr 9, 5-6). Et, dépassant ce que l’Ancien Testament pouvait percevoir, le pain de vie, c’est celui qui, descendu du ciel, et qui peut donc nous diviniser : « le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde » (Jn 6, 32).

            Plein de fidélité (Jn 1, 14), Jésus donne ce pain à toutes les générations. Non seulement par sa résurrection, mais par sa présence sacramentelle. Le discours du pain de vie se poursuit et devient un discours eucharistique, et pour dire manger, l’évangéliste utilise un mot très concret qui signifie croquer, mâcher : il ne s’agit plus seulement de croire en Jésus, il s’agit de l’Eucharistie sacramentelle : « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » (Jn 6, 56). La veille de sa Passion, « prenant du pain, il rendit grâces, le rompit et le leur donna, en disant : "Ceci est mon corps, donné pour vous ; faites cela en mémoire de moi" » (Lc 22, 19).

            L’Eucharistie nous sanctifie, et nous divinise.

 

Le pardon

            Nous avons déjà évoqué le pardon dans les Evangiles. Jésus avait enseigné combien il est important de croire en sa miséricorde, par des paraboles, la brebis perdu, l’enfant prodigue (Lc 15), par l’exemple de tel ou tel pécheur notoire qui devient disciple (Zachée, Matthieu, Marie de Magdala). Ressuscité, Jésus n’a pas changé…

            Il n’a pas seulement donné à ses disciples la mission de baptiser, mais aussi la mission de remettre les péchés d’une manière distincte du baptême (Jn 20, 23). Les apôtres, qui ont expérimenté leurs faiblesses en fuyant à l’heure de la croix, se savent pardonnés et transmettent le pardon en annonçant. Le baptême est pourtant déjà un pardon : « Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez alors le don du Saint Esprit » (Ac 2, 38). Il y a encore des péchés après le baptême et le baptême et le pardon des péchés sont complémentaires : la grâce de la Rédemption est une grâce de pardon qui appelle en réponse, en complément, notre coopération qui est imparfaite, et donc mêlée de péché, et qui a besoin incessamment de pardon.

 

Le sacrement des malades

            « Le soir venu, on lui présenta beaucoup de démoniaques ; il chassa les esprits d'un mot, et il guérit tous les malades, afin que s'accomplît l'oracle d'Isaïe le prophète : Il a pris nos infirmités et s'est chargé de nos maladies » (Mt 8, 16-17).

            Durant les premières missions apostoliques, au temps où Jésus vivait sur la terre, les disciples donnèrent aux malades des onctions d’huile, au nom du Seigneur (Mc 16, 18). Cette pratique se poursuit après la résurrection de Jésus, au temps de l’Eglise naissante (Jc 5, 14). Au nom du Seigneur, par la foi, adviennent alors les guérisons physiques et spirituelles, et ceci jusqu’au seuil de la mort.

 

Le sacrement du mariage

            Le mariage[2] fut béni par Jésus qui réalisa son premier signe, changeant l’eau en vin lors des noces de Cana (Jn 2). Jésus avait aussi donné des enseignements : les époux doivent être, comme dans le récit de la Genèse, une seule chair dans la fidélité (Mt 19). L’Eglise comprend que le mariage devient le signe du mystère (Eph 5, 21-33) qui unit le Christ (l’époux) et l’Eglise (l’épouse), dans le sens où c’est le mystère divin du Christ époux de l’Eglise qui est le modèle du couple humain (et non pas l’inverse).

            Nous avons expliqué combien Jésus apporte une grâce puissante : créatrice !

Le mariage se vit dans l’ensemble de la grâce apportée par Jésus. Jésus a restauré notre relation au Père céleste : c’est en recevant du Père céleste tout amour humain que nous recevons cet amour avec pureté ; et c’est en aimant l’autre pour Dieu, que nous aimons avec pureté et que nous grandissons dans le don de soi. Lorsque les conjoints se comprennent et s’aiment, c’est la vie trinitaire qui commence… La sainte famille nous stimule, la vie avec les anges transfigure la vie conjugale, l’amour de Jésus en croix sanctifie nos existences…

 

Le sacerdoce

            Au sacerdoce de l’Ancienne Alliance[3] et à ses sacrifices d’expiation ou de communion a succédé un nouveau sacerdoce fondé sur l’unique sacrifice du Christ. L’Eucharistie succède aux sacrifices de communion « Le soir venu, il arrive avec les Douze […] Et tandis qu'ils mangeaient, il prit du pain, le bénit, le rompit et le leur donna en disant: "Prenez, ceci est mon corps… » (Mc 14, 17. 22). Le sacrement de réconciliation succède aux sacrifices d’expiation. « Ayant dit cela, il [Jésus ressuscité] souffla sur eux [les apôtres] et leur dit: "Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus." » (Jn 20, 22-23). Etc.

            Depuis les prophètes Osée et Isaïe, Dieu a révélé son Amour comme un Amour d’époux qui élève l’humanité au rang (ineffable) de partenaire d’Alliance… Et Jésus-Christ, surtout à travers les paraboles, s’est présenté comme l’Epoux. L’ordination sacerdotale est donnée à des hommes. Les fidèles doivent cependant vivre leur sacerdoce commun :

       « Le Christ Seigneur, grand prêtre d’entre les hommes (cf. He 5, 1-5) a fait du peuple nouveau "un Royaume, des prêtres pour son Dieu et Père" (Ap 1, 6 ; 5, 9-10). Les baptisés, en effet, par la régénération et l’onction du Saint-Esprit, sont consacrés pour être une demeure spirituelle et un sacerdoce saint, de façon à offrir, par toutes les activités du chrétien, autant d’hosties spirituelles, en proclamant les merveilles de celui qui, des ténèbres, les a appelés à son admirable lumière (cf. 1 P 2, 4-10). C’est pourquoi tous les disciples du Christ, persévérant dans la prière et la louange de Dieu (cf. Ac 2, 42-47), doivent s’offrir en victimes vivantes, saintes, agréables à Dieu (cf. Rm 12, 1), porter témoignage du Christ sur toute la surface de la terre, et rendre raison, sur toute requête, de l’espérance qui est en eux d’une vie éternelle (cf. 1 P 3, 15).

       Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, qui ont entre eux une différence essentielle et non seulement de degré, sont cependant ordonnés l’un à l’autre : l’un et l’autre, en effet, chacun selon son mode propre, participent de l’unique sacerdoce du Christ. Celui qui a reçu le sacerdoce ministériel jouit d’un pouvoir sacré pour former et conduire le peuple sacerdotal, pour faire, dans le rôle du Christ, le sacrifice eucharistique et l’offrir à Dieu au nom du peuple tout entier ; les fidèles eux, de par le sacerdoce royal qui est le leur, concourent à l’offrande de l’Eucharistie et exercent leur sacerdoce par la réception des sacrements, la prière et l’action de grâces, le témoignage d’une vie sainte, leur renoncement et leur charité effective »[4].

                                      

            Le sacrement de l’ordre prend sa source en Jésus, qui est le grand prêtre de la nouvelle Alliance. « Nul ne s'arroge à soi-même cet honneur, on y est appelé par Dieu, absolument comme Aaron. De même ce n'est pas le Christ qui s'est attribué à soi-même la gloire de devenir grand prêtre, mais il l'a reçue de celui qui lui a dit: Tu es mon fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré; comme il dit encore ailleurs : Tu es prêtre pour l'éternité, selon l'ordre de Melchisédech » (He 5, 4-5).

            Jésus appela douze apôtres, en hébreu « shaliah », ce qui signifie envoyé comme lieutenant, alter ego ; tout ce que fait le Christ, ils sont envoyés pour le faire eux aussi (Mt 10, 1). Les disciples sont ensuite envoyés de même (Lc 10), et comme les apôtres, ils chassent les démons (Lc 10, 17). Mais il y a un ordre : l’Eglise est le corps du Christ (1Co 12) et les apôtres représentent le « Christ tête ». Fondée sur la notion juive de « Shaliah », l'image du prêtre comme « alter Christus » (autre Christ) s'est développée à partir de la spiritualité de l'école française. Il convient cependant de bien comprendre ce type d’expression. Pie XII a mis en garde dans son encyclique Mystici Corporis (1943) contre toute identification trop directe et générale entre l’Église et le Christ, car c'est excessif et ce serait attribuer au Christ les péchés des prêtres ou des chrétiens, qui, quelle que soit leur charge, demeurent toujours des disciples du Seigneur. On doit bien observer que Jésus a institué les Douze : c’est ensemble que les Douze représentent le Christ, et non pas seuls. Ainsi, les prêtres en communion avec leurs évêques et les évêques en communion avec le pape. Précisons encore ceci : au moment de la prière de consécration eucharistique, ils agissent directement « en nom et place du Christ ». Mais lorsqu'ils enseignent, dirigent ou célèbrent, ils sont simplement « à l'image du Christ » (Vatican II, Lumen gentium 21et 28). Chez les saints, l’image devient très ressemblante au Christ…

       « Le prêtre est appelé à être l'image vivante de Jésus Christ, Époux de l'Église : assurément, il reste toujours dans la communauté dont il fait partie, comme croyant, uni à tous ses frères et ses sœurs rassemblés par l'Esprit ; mais, en vertu de sa configuration au Christ Tête et Pasteur, il se trouve en cette situation sponsale, qui le place en face de la communauté. En tant qu'il représente le Christ Tête, Pasteur et Époux de l'Église, le prêtre a sa place non seulement dans l'Église, mais aussi en face de l'Église »[5].

       « Pour remplir de si hautes charges, les Apôtres furent enrichis par le Christ d’une effusion de l’Esprit Saint descendant sur eux (cf. Ac 1, 8 ; 2, 4 ; Jn 20, 22-23) ; eux-mêmes, par l’imposition des mains, transmirent à leurs collaborateurs le don spirituel (cf. 1 Tm 4, 14 ; 2 Tm 1, 6-7) qui s’est communiqué jusqu’à nous à travers la consécration épiscopale. Le saint Concile enseigne que, par la consécration épiscopale, est conférée la plénitude du sacrement de l’Ordre, que la coutume liturgique de l’Église et la voix des saints Pères désignent en effet sous le nom de sacerdoce suprême, la réalité totale du ministère sacré »[6].

 

L’Eglise relit les Ecritures. Du midrash juif au pesher chrétien.

            Après Pâques, l’Eglise continue bien sûr de méditer les Ecritures. Distinguons, à ce sujet, le midrash et le pesher.    

            Les Juifs étaient accoutumés au midrash, mot hébreu (pluriel : midrashim) signifiant recherche, donc commentaire. Par exemple, la moitié du livre de la Sagesse (10-19) est un midrash du livre de l’Exode. Le midrash est un genre littéraire, celui de la Haggada, mais on donne de préférence ce nom à des écrits précis du judaïsme. Le midrash est une prospective. La démarche est typiquement de rechercher les sens possibles de l’Ecriture pour y trouver, avec la tradition des sages, la bonne manière de vivre l’Alliance. Dans cette démarche, l’autorité des sages est essentielle de sorte que les Juifs « tirent leur gloire les uns des autres » (Jn 5, 44), c’est-à-dire qu’ils reçoivent leur autorité en citant leurs prédécesseurs, mais cela reste une autorité humaine.

            Le midrash se distingue du « pesher » qui est une rétrospective, développée par les chrétiens qui font cette relecture à partir du Christ, car il est celui qui est descendu du ciel (Jn 3, 13) et qui a donc l’autorité pour interpréter les Ecritures : les Ecritures parlent de lui (Jn 5, 39). Le Ressuscité commença à pratiquer cette relecture avec les pèlerins d’Emmaüs : « Et, commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Ecritures ce qui le concernait » (Lc 24, 27). Autrement dit, pour comprendre l’Exode, Jérémie ou le serviteur du livre d’Isaïe, il faut partir de Jésus. Saint Matthieu le fait plutôt avec des citations, Luc le fait plutôt avec des allusions, mais tous pratiquent à leur façon cette relecture des Ecritures.

            Sans l’enracinement dans l’Ancien Testament, l’extase du mont Thabor où Jésus apparait transfiguré entre Moïse et Elie n’a pas beaucoup d’épaisseur, de même la Passion et la résurrection de Jésus… C’est la tentation du marcionisme qui élimine l’Ancien Testament.

            Inversement, trop d’attachement aux sources juives risque de faire manquer le but, l’ouverture du ciel… N’oubliez pas que Jésus est Torah céleste, Temple céleste : si on en reste aux préparations juives, on a raté le but…

           

 

[1]JOSEPH RATZINGER, BENOIT XVI, Jésus de Nazareth, Flammarion, Paris 2007, p. 362-363.

[2] Voir ce qui a été dit par Jésus sur le mariage supra.

[3] Voir ci-dessus ce qui a été dit du culte lévitique et de la chasteté (§ Au temps des Perses).

[4] VATICAN II, Constitution dogmatique Lumen gentium § 10

[5] JEAN-PAUL II, Exhortation apostolique Pastores dabo vobis (1992), §22

[6] VATICAN II, Lumen gentium 21

Date de dernière mise à jour : 11/07/2019