N°5, Marie à Cana

Marie à Cana

            L’Evangile de Cana est important, c’est le premier signe de l’Evangile de saint Jean qui est rythmé par les « signes ». C’est donc un paradigme, un modèle. Or Marie y joue un grand rôle. Voici notre plan :

5.1. Quand il faut grandir dans la foi (Jn 2, 4) 2

5.2. Les jarres de pierre, l’eau et le vin, Marie et Jésus messie. 3

5.3. Marie et la Création, à Cana et auprès de la Croix. 4

5.4. Marie à Cana et Marie dans l’Eglise. 5

5.5. Liturgie et magistère…... 7

Exercice d’assimilation. 7

 

 

      « Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses disciples. Or il n’y avait plus de vin, car le vin des noces était épuisé.

      La mère de Jésus lui dit: "Ils n’ont pas de vin."

      Jésus lui dit: "Que me veux-tu, femme ? Mon heure n’est pas encore arrivée."

      Sa mère dit aux servants : "Tout ce qu’il vous dira, faites-le."

      Or il y avait là six jarres de pierre, destinées aux purifications des Juifs, et contenant chacune deux ou trois mesures. Jésus leur dit : "Remplissez d’eau ces jarres." Ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit : "Puisez maintenant et portez-en au maître du repas." Ils lui en portèrent.

      Lorsque le maître du repas eut goûté l’eau changée en vin – et il ne savait pas d’où il venait, tandis que les servants le savaient, eux qui avaient puisé l’eau – le maître du repas appelle le marié et lui dit : "Tout homme sert d’abord le bon vin et, quand les gens sont ivres, le moins bon. Toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent !"

      Tel fut le premier des signes de Jésus, il l’accomplit à Cana de Galilée et il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui.

      Après quoi, il descendit à Capharnaüm, lui, ainsi que sa mère et ses frères et ses disciples, et ils n’y demeurèrent que peu de jours. » (Jn 2,1-12)

 

L’histoire est celle d’un mariage où sont invités Marie et Jésus. Par sa présence, Jésus enseigne à se réjouir avec celui qui se réjouit, il invite à ne pas négliger les joies humaines. « Réjouissez-vous avec qui est dans la joie » dira saint Paul (Rm 12,15). Très important pour les noces, le vin vint à manquer. La mère de Jésus en est préoccupée comme une sœur, c’est une attitude de miséricorde. Elle se charge des situations fragiles, comment le fait-elle ? Elle en parle à Jésus. C’est la prière. La prière de Marie fait des merveilles, auprès de Jésus et auprès des servants qui vont accepter ce que Jésus demande. Et Jésus par un miracle sauve la joie de cette fête. Vraiment, Dieu est tout puissant dans la vie quotidienne, et les disciples croient en Jésus.

 

            Cet événement très joyeux se passe « le troisième jour », et cette expression a une valeur théologique :

A Cana, le troisième jour, Jésus révéla sa gloire et ses disciples crurent en lui (Jn 2).

Au Sinaï, le troisième jour, Yahvé révéla sa gloire à Moïse, et le peuple crut en lui (Ex 19,10-11). Y aurait-il un lien entre l’événement de Cana et celui du Sinaï ?

A Pâques, le troisième jour, Jésus révéla sa gloire et ses disciples crurent en lui (Jn 2,19-21). Y aurait-il une continuité entre l’événement de Cana et l’événement pascal ; entre le rôle de Marie à Cana et le rôle de Marie dans l’Eglise née de la résurrection de Jésus ?

 

5.1. Quand il faut grandir dans la foi (Jn 2, 4)

       « Le troisième jour il y eut des noces à Cana en Galilée et la mère de Jésus était là. Jésus aussi fut aussi invité avec ses disciples. Comme le vin manquait, la mère de Jésus lui dit : "Il n’ont plus de vin" : Jésus lui répondit : "Femme, Qu’y a-t-il entre toi et moi ? Mon heure n’est pas encore venue" » (Jn 2, 1-4)

 

Marie fait la demande « ils n’ont pas de vin », mais Jésus n’a pas une réponse immédiate ; de même au chapitre quatre, le fonctionnaire royal semble rebuté dans sa demande[1] et au chapitre onze, Jésus ne guérit pas son ami Lazare…

 

            Jésus dit à Marie : « Qu’y a-t-il entre toi et moi ? » (Jn 2,4). Nous avons quinze passages analogues dans l’Ancien Testament, et cinq dans le Nouveau Testament : le sens habituel signifie une différence de vue, une disparité. Par exemple :

 « Après ces événements, il arriva que le fils de la maîtresse de maison tombe malade, et sa maladie fut si violente qu’enfin il expira. Alors elle dit à Elie: "Qu’ai-je à faire avec toi ( = Qu’y a-t-il entre toi et moi ?), Homme de Dieu? Tu es donc venu chez moi pour rappeler mes fautes et faire mourir mon fils!" » (1Rois 17,17-18)

            A Cana, il y a une différence de vue, une disparité : Marie se préoccupe du vin matériel. Jésus pense à son heure et au vin comme symbole de sa Parole révélatrice.

            En d’autres passages, Jésus passe aussi des réalités matérielles à une réalité figurée, c’était une méthode des maîtres d’Israël. Par exemple : « Détruisez ce temple et je le rebâtirai […] lui parlait du temple de son corps » (Jn 2,19-21). Nicodème pense qu’il parle d’une naissance matérielle mais Jésus parle de la naissance d’eau et d’Esprit (Jn 3). La Samaritaine pense à l’eau du puits, Jésus à l’eau de la Parole de Dieu et de son esprit (Jn 4). Quand Jésus parle ainsi, ces auditeurs ne comprennent pas et le discours doit être explicité.

           

            On peut donc penser qu’à ce moment précis Marie ne comprend pas, elle ignore le projet de Dieu. Elle se remet complètement à la volonté de Jésus qui est inconnue et dit aux serviteurs : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2, 5), tel est son acte de foi. Quand Jésus stimule ainsi la foi, il veut élever l’autre à un niveau plus élevé. Marie accepte, elle se laisse faire.

           

            Dans l’Evangile de Jean, Marie est la première à être ainsi formée par le Christ : ensuite, le fonctionnaire royal lui aussi sera exaucé au-delà de sa demande, l’enfant guérit et toute la famille devient croyante (Jn 4, 53), Marthe et Marie seront exaucées au-delà de leur demande, Lazare sera ressuscité et non seulement guéri (Jn 11). A Cana comme dans les autres cas l’attitude de Jésus et son commandement de Jésus déroute mais en obéissant, advient la surprise.[2]

 

5.2. Les jarres de pierre, l’eau et le vin, Marie et Jésus messie

« Or il y avait six récipients de pierre, utilisés pour la purification des Juifs, et qui contenaient deux ou trois mesures chacun. » (Jn 2,6)

            L’eau dans les jarres matérialise la Torah donnée par Moïse. Les jarres sont en pierre, cela rappelle encore la loi de Moïse qui fut donnée sur des tables de pierre.

            La mère de Jésus dit : « Tout ce qu’il vous dira faites-le » (Jn 2, 5), c’est l’écho des paroles du peuple d’Israël au Sinaї : « Tout ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique. » (Ex 19,8). La mère de Jésus est appelée « femme » (Jn 2, 4) : elle représente le peuple de l’Alliance. Mais Marie est aussi dans la position de Moïse qui transmet au peuple la volonté de Dieu.

            L’eau est utilisée pour la purification qui est obtenue par la loi de Dieu qui est aussi amour de Dieu (Dt 6, 5), et du prochain (Lv 19, 18). En Jn 15, 3 la purification est aussi obtenue par la parole de Jésus, sa parole attire et fait renoncer au mal.

            Le vin aussi matérialise la sagesse, la loi de Moïse : «… La sagesse prépare son vin… Venez, mangez de mon pain, buvez du vin que j’ai préparé » (Pr 9, 2-5)[3]. Souvenons-nous aussi que le mot sagesse signifie saveur… Jésus change l’eau en vin, il communique à toute chose une inexprimable saveur. Les jarres sont remplies jusqu’au bord. Avec Jésus, le temps de la plénitude est venu[4].

            Plus précisément, le vin est le symbole de la Torah expliquée par le Messie[5]. Cette tradition est présente dans les évangiles synoptiques qui comparent l’enseignement de Jésus à un vin nouveau (Mt 9, 14-17 ; Mc 2, 18-22 ; Lc 5, 33-39). En changeant l’eau en vin, Jésus se révèle donc comme le messie.

             

« Marie est présente à Cana de Galilée en tant que Mère de Jésus et il est significatif qu’elle contribue au commencement des signes qui révèlent la puissance messianique de son Fils. […] En tant que Mère, elle désire aussi que se manifeste la puissance messianique de son Fils, c’est-à-dire sa puissance salvifique destinée à secourir le malheur des hommes, à libérer l’homme du mal qui pèse sur sa vie sous différentes formes et dans des mesures diverses.» (Jean Paul II, RM 21)

 

Illustration

            Parmi les représentations les plus anciennes de l’évangile de Cana (Jn 2) il y a celle du Cimetière des saints Marcellin et Pierre à Rome. Sur le fond d’une scène de banquet, la scène a sept personnages et au premier plan, il y a un serviteur et le Christ qui, debout, touche avec un bâton six récipients posés par terre devant lui. Il est intéressant d’observer les peintures des voûtes de ce lieu : on y voit une représentation de Moïse qui fait jaillir l’eau de la roche en la frappant de son bâton[6]. Les chrétiens lisaient l’évangile de Cana en pensant à Moïse et à la Torah.

Cana, Catacombe saints Marcellin et Pierre à Rome. (Schéma F. Breynaert)

 

5.3. Marie et la Création, à Cana et auprès de la Croix

            Au jardin de la Genèse, Ève désobéit. Au Sinaï, le troisième jour, Israël est la nouvelle Ève qui dit : « Oui ce que le Seigneur a dit, nous le ferons » (Ex 19,8 ; cf. 24, 3.7). A Cana, le troisième jour, Marie reprend ce Oui en disant aux serviteurs « faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2, 5).

            Le troisième jour, au Sinaï, le Seigneur manifesta sa gloire à Moïse et le peuple crut que Moїse était l’envoyé du Seigneur (Ex 19,9.11). A Cana, « Jésus manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui. » (Jn 2, 11).

            On dit que Dieu s’est acheté (verbe hébreu qanâh) le peuple, mais ce verbe signifie aussi une création, on lit: « Yahvé m’a créée (Verbe qanâh), prémices de son oeuvre, avant ses oeuvres les plus anciennes. » (Pr 8,22). Le nom de Cana pourrait faire allusion à ce verbe, acheter-créer qui se dit en hébreu « qanâh ».

            Jésus à Cana créa un peuple qui croit en lui, comme Dieu l’a fait dans la première alliance. On lit par exemple: « ce peuple que tu t’es acquis (« qanâh ») » (Ex 15,16 et « Le peuple que j’ai modelé (« qanâh ») pour moi célébrera mes éloges. » (Is 43,21)

 

            Marie est présente, le troisième jour, à l’heure particulière de la création de ce nouveau peuple.

            Ce nouveau peuple commence très simplement, lors d’une fête de village. Une fête qui aurait pu tourner au vinaigre parce que le maître du repas avait mal calculé les provisions… Au contraire, imaginons la paix et la joie de cette maison où le miracle s’est produit. Marie est Jésus sont unis par un amour mystérieux ; les disciples découvrent Jésus plus profondément ; la fête s’achève dans la paix.. Un petit peuple s’est formé autour de cette rencontre des cœurs.

 

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            Le récit de Cana pourrait se référer aussi à la Création du monde, à son début "archê" : « Tel fut le premier (archên) des signes de Jésus, il l’accomplit à Cana de Galilée » (Jn 2, 11). Mais cet indice ne suffit pas.[7]

           

            Nous élargissons la réflexion au contexte du récit, en observant les mentions du temps.

            Premier jour, témoignage de Jean (Jn 1,19-28); le lendemain (1, 29), deuxième jour, Jean annonce Jésus l’agneau de Dieu ; le lendemain (1,35), troisième jour, André amène Simon Pierre vers Jésus; le lendemain (1,43), quatrième jour, Jésus et Philipe ; après cela, "le troisième jour", Cana. On hésite un peu pour savoir si ce "troisième jour" est le sixième ou le septième de la semaine, plus probablement le sixième. L’évangile présente donc le début du ministère de Jésus dans une semaine, comme la semaine de la création, pour signifier que Jésus commence une nouvelle création.

            La description d’une semaine de 6 jours pourrait faire allusion au récit de la création, mais Genèse 1 est formulé d’une manière régulière jusqu’à la fin.

            L’évangile peut avoir une source d’inspiration intermédiaire qui expliquerait que son rythme n’est pas aussi régulier. Cette source serait le théophanie du Sinaï. La Bible parle seulement de trois jours (Exode 19, 10-11) mais la littérature inter-testamentaire, extra-biblique insère ici une semaine complète[8] : le troisième jour symbolique du texte biblique est le sixième jour du mois.

            Au Sinaï, Dieu créa Israël comme son vrai peuple, le sixième jour. Dans la Genèse Dieu créa l’homme le sixième jour. Au Sinaï, une dense nuée apparut, recouvrant la montagne et le peuple. Dans la Genèse, l’Esprit de Dieu planait sur la surface des eaux (Gn 1,1) et couvait la création.[9]

            Ainsi, le troisième jour de Cana, sixième jour de la semaine initiale de l’évangile de Jean, est un jour qui fait référence à la fois au Sinaï et à la création.

           

            Les six jarres de Cana, remplies d’eau et maintenant pleines d’un vin excellent, annoncent que la parole de Jésus est une parole créatrice. En chacun de ceux en qui demeure la parole (Jn 15,5.7), le Verbe réalise une nouvelle création. L’Esprit Saint fait naître de nouveau (Jn 3,5).[10]

            Et la mère de Jésus était là… Marie est présente en cette œuvre créatrice, elle est présente en tant que mère (Jn 2, 1).

 

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            Après l’épisode de Cana, Jésus s’arrête quelques jours seulement à Capharnaüm et à monte à Jérusalem. Alors il annonce mystérieusement sa dernière Pâque : « Détruisez ce temple et en trois jours je le ferai relèverai. » (Jn 2,19). Le lien direct entre l’épisode de Cana et la dernière Pâque est marqué par trois mots communs : l’appellation Femme pour Marie, la mention de la gloire de Jésus et la mention de l’heure, - cette «heure» signifie le moment fixé par le Père où le Fils accomplit son œuvre et doit être glorifié (cf. Jn 7, 30 ; 8, 20 ; 12, 23. 27 ; 13, 1 ; 17, 1 ; 19, 27).

            La Passion de Jésus commence dans un jardin (Jn 18,1) et il se termine dans un jardin (Jn 18,41), jardin qui rappelle celui de la Création. Dans le premier jardin d’Eden Adam appela Ève la mère de tous les vivants (Gn 3,20), et désormais dans le jardin Jésus s’adresse à Marie : « Femme, Voilà ton fils » (Jn 19, 26) et au disciple: « Voilà ta Mère » (Jn 19,27).

 

5.4. Marie à Cana et Marie dans l’Eglise

            En regardant vers l’avenir, le troisième jour fait allusion au jour de la Résurrection, qui est aussi celui de la naissance de l’Eglise. En ce jour-là, Marie, quelle rôle a-t-elle ? Dans l’Eglise, Marie a le rôle qu’elle a eu à Cana : parler à Jésus, parler aux serviteurs.

            Et dans l’Eglise de la Résurrection, nous devons aussi faire « tout de qu’il vous dira » comme Marie l’a suggéré et ainsi devenir les amis de Jésus. « Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. » (Jn 15,14).

            Le commandement de Jésus à Cana était déroutant : apporter de l’eau à la table des noces ! Aujourd’hui encore Jésus demande la réconciliation entre les personnes et entre les nations, le pardon des ennemis, c’est tout aussi difficile ! Sans aucun doute, Marie désire que nous soyons aussi actifs que les servants de Cana et que, même dans les choses les plus petites, nous coopérions comme eux.

            La surabondance du vin de Cana (cf. Jn 2-7) nous parle de la démesure de l’acte gratuit. Donner, c’est aussi la vérité de l’homme. Marie à Cana nous parle aussi de la joie et du don.

             

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            La place de Marie dans l’Eglise qui découle de l’Evangile de Cana est suggérée aussi par les rapprochements que les artistes anciens ont fait entre les représentations de Marie aux noces de Cana et celles de l’Eucharistie.

 

             Une représentation extrêmement précieuse vient de l’Orient, d’une catacombe d’Alexandrie. Elle date du 3ème siècle ou dernières années du 2ème siècle.

            Nous avons ici la première véritable représentation des Noces de Cana : à gauche une figure très détériorée et repeinte plus tardivement porte le sigle « IC » : il s’agit du Christ qui fait probablement le geste de la bénédiction. A côté, les traces de deux autres figures, l’une d’elle porte l’inscription « HAΓIA MAPIA» (sainte Marie). A l’opposé de la scène, une figure avec l’inscription ΠAIΔIA, les serviteurs. Il y a tous les éléments et tous les personnages principaux du récit évangélique. Au centre, c’est une scène de banquet avec un groupe d’hommes et de femmes qui mangent assis par terre.

            La scène suivante, séparée de la première par un arbre, représente la multiplication des pains et des poissons.

            Un autre arbre sépare la troisième scène dans laquelle trois personnages dans un cadre champêtre mangent étendus par terre. L’inscription, bien conservée, dit clairement qu’ils mangent les « eulogies » du Christ : à Alexandrie en particulier, le terme « eulogia » indiquait le pain et le vin eucharistiques.[11]

            Ainsi la scène de Marie aux noces de Cana où l’eau est changée en vin est-elle rapprochée de la multiplication des pains et de l’Eucharistie (cf. Jn 6).

 

 

Cana : Fresque des catacombes d’Alexandrie, vers l’an 200 après J-C. Schéma F. Breynaert.

 

5.5. Liturgie et magistère…

 

« Vraiment, il est bon de te rendre grâce, il est juste et bon de te glorifier,

Père très saint, en célébrant la bienheureuse Vierge Marie.

 

En intervenant pour les époux de Cana, elle implore son Fils

Et demande aux serviteurs de faire ce qu’il commandera :

Alors les urnes deviennent rouges de vin, pour la joie des convives :

Première annonce du repas de noces

que le Christ tient prêt chaque jour pour l’Eglise.

 

Ce signe merveilleux

annonce la venue des temps messianiques,

prélude à l’effusion de l’Esprit Saint,

mais surtout il laisse entrevoir l’heure mystérieuse

où le Christ, dans la pourpre de sa passion,

livrera sa vie sur la croix pour l’Eglise, son Epouse.

 

C’est par lui que les anges, assemblés devant toi, adorent ta gloire ;

A leur hymne de louange laisse-nous joindre nos voix

pour chanter et proclamer : Saint !… » (Préface eucharistique de la messe votive « La Vierge Marie à Cana »)[12]

            Cette préface romaine reprend dans une ample prière tout l’enseignement que nous venons de donner : l’intercession de Marie et sa foi, le Oui d’Alliance auquel elle encourage, les noces, le Christ qui se révèle et ouvre les temps messianiques…

            Cette prière est dans l’esprit de Vatican II qui a noté : « Dès le début, quand aux noces de Cana en Galilée, touchée de pitié, elle obtint par son intercession que Jésus le Messie inaugurât ses miracles (cf. Jn 2,1-11) » (LG 58). Ce qui est aussi repris par Jean Paul II (RM 21).

 

 

Exercice d’assimilation

1) Noter 5 points de découvertes (Ne dépassez pas une vingtaine de lignes en tout).

2) Comparer ces 5 points à ce que vous aviez noté dans les pré-requis.

 


[1] “Si vous ne voyez signes et prodiges, vous ne croiriez pas !” (Jn 4, 48)

[2] Cf. A.Serra, Infaillibile la preghiera ? in “Via, Verità e vita”, n° 172, mars-avril 1999, pp. 12-15 ; A. Serra, Maria di Nazaret, una fede in cammino, San Paolo, Milano 1993

[3] Cf. Philon, De benedictionibus 121-123 ; De Somniis II, 246-249 ; Legum allegoriae III,82.

Targum sur le cantique 7,3 ; Targum sur Osée 9,10

Commentaires des rabbins : Genèse Rabba 43,6…

[4] Et le sein de Marie a donc lui aussi été rempli en plénitude avec Jésus.

[5] Targum sur Ct 8,12 et midrash Genèse Rabba 98,9 à 49,11.

[6] Cf. M. Soranzo, Iconografia delle nozze di Cana, in “Theotokos”, Anno VII – 1999- n. 1, p. 165-193

[7] Notre étude se réfère à A. Serra, Maria e la pienezza del tempo, Paoline 1999, p. 79-83 ; A. SERRA, Maria a Cana e presso la Croce, Rome, 1991, p. 13-26 ; H. Sahlin, Zur typologie des Johannesevangeliums, UppsalaLeipzig, 1950, p. 8-12

[8] La Mekiltà (= mesure) de Rabbi Ismaël (tradition tannaïtique du 2e siècle) parle de 6 jours. ; Le Talmud Babylonien, Shabbat 86b-87a. 88a ; Yoma 4b ; Ta’anit 28b parle de 7 jours ; le premier Targum de Jérusalem, ou targum du pseudo Jonathan parle de 7 ou peut-être 8 jours.

[9] Ainsi, le Sinaï a une force créatrice, et réciproquement, l’acte de Dieu dans la création se comprend dans l’Alliance du Sinaï.

[10] Cf. A.Serra, Maria e la pienezza del tempo, Ed. Paoline, Milano 1999, pp. 29-49

[11] Cf. M. Soranzo, Iconografia delle nozze di Cana, in “Theotokos”, Anno VII – 1999- n. 1, p. 165-193

[12] Congrégation pour le culte divin, Messes en l’honneur de la Vierge Marie, Desclée Mame 1988, p. 84