Rm 11, 13-17 : La réintégration du peuple hébreu

La réintégration des "rameaux élagués" du peuple hébreu

Ce chapitre s’appuie sur la délicate notion d’accomplissement des Ecritures. Pour un chrétien, tout l’Ancien Testament trouve son accomplissement dans le Christ, et il n’est pas correct d’imaginer un accomplissement parallèle à celui-là. Cependant, cet accomplissement peut avoir lieu dans le Christ à plusieurs niveaux : en son incarnation, sa Passion et sa Résurrection, en son Eglise, ou encore, et on l’oublie souvent, en son retour glorieux (sa Parousie). Abraham hérite, dans le Christ, non plus seulement de Canaan, mais du monde (Rm 4, 13) et saint Jacques (Ac 15, 16-19) affirme que la restauration d’Israël attendue par Amos est déjà accomplie (par le Christ). Les Pères de l’Eglise nous enseignent que d’autres prophéties auront leur accomplissement lors de la manifestation glorieuse du Christ.

Mise à l’écart et réintégration

      « Or je vous le dis à vous, les païens, je suis bien l’apôtre des païens et j’honore mon ministère, mais c’est avec l’espoir d’exciter la jalousie de ceux de mon sang et d’en sauver quelques-uns. Car si leur mise à l’écart fut une réconciliation pour le monde, que sera leur réintégration, sinon une vie hors des morts ? […] Quoique quelques-uns des rameaux aient été élagués, toi [Romain], comme un olivier sauvage, tu as été greffé parmi ces derniers pour participer de la sève de la racine » (Rm 11, 13-15 ; 17).

          La « mise à l’écart » dont parle saint Paul concerne ceux d’entre les juifs qui ont rejeté le Christ et qui sont désormais « élagués », la majorité des « rameaux », eux, l’ayant accepté.

          Lors de la Passion, aux chefs religieux et à leurs partisans qui anticipaient ce rejet,

      « Pilate leur dit : "Que ferai-je donc de Jésus que l’on appelle Christ ?" Ils disent tous : "Qu’il soit crucifié !" Il reprit : "Quel mal a-t-il donc fait ?" Mais ils criaient plus fort : "Qu’il soit crucifié !" Voyant alors qu’il n’aboutissait à rien, mais qu’il s’ensuivait plutôt du tumulte, Pilate prit de l’eau et se lava les mains en présence de la foule, en disant : "Je ne suis pas responsable de ce sang ; à vous de voir !" Et tout le peuple répondit : "Que son sang soit sur nous et sur nos enfants !" » (Mt 27, 22-25).

          Benoît XVI insiste beaucoup sur le fait que, selon les évangiles de Marc et de Jean, ce sont seulement les "partisans de Barabbas" et les "chefs du sanhédrin" juif qui ont ainsi crié. Par ailleurs, « le sang de Jésus n’exige ni vengeance ni punition, mais il est réconciliation... ce n’est pas une malédiction, mais une rédemption, un salut. »[1]

« Que sera leur réintégration, sinon une vie hors des morts [zoè ek nekrôn] ? » (Rm 11, 15).

          La « réintégration » vivifiante de tous les Juifs, c’est leur adhésion aux rameaux qui n’ont pas été « élagués ». Ceci signifie que nous ne sommes pas autorisés à imaginer un accomplissement des promesses de l’Ancien Testament en dehors du Christ et de l’Église universelle.

          En Jésus, Israël s’ouvre à l’universel ; alors que l’Ancien Testament décrit les frontières de la terre promise à Abraham, saint Paul écrit : « Abraham hérite du monde » (Rm 4, 13)[2]. C’est vrai au temps de saint Paul (qui est juif), et ce sera encore vrai dans les derniers temps.

          De même, l’apôtre saint Jacques[3] justifie la mission de Paul chez les païens avec un texte d’Amos sur la « restauration » (Amos 9, 11-12), autrement dit, il sous-entend qu’Israël a déjà été restauré dans le mystère pascal du Christ et les premières conversions.

          Israël est restauré dans la résurrection du Christ, c’est une vérité valable hier comme aujourd’hui et demain. La réintégration des Juifs dans le corps mystique du Christ signifie qu’ils accueillent la relecture de saint Jacques sur la promesse d’Amos.

 

Une vie hors des morts 

« Que sera leur réintégration, sinon une vie hors des morts [zoè ek nekrôn] » (Rm 11, 15).

          Saint Paul ne précise pas si l’intégration des Juifs dans l’Eglise coïncidera avec la manifestation du Christ en Gloire, mais que ce sera « une vie hors des morts », expression que l’on peut rapprocher du « salut-vivification » qui doit accompagner la seconde venue de Jésus (He 9, 28).

          Dans le cadre de La Cité de Dieu où il n’y a plus rien sur la terre après la Venue glorieuse du Christ, saint Augustin, ne peut interpréter « la vie hors de morts » que dans le cadre de la résurrection générale, c’est pourquoi il propose cette « chronologie » :

      « Voilà donc les choses qui arriveront en ce jugement, ou vers cette époque : l’avènement d’Elie, la conversion des Juifs, la persécution de l’Antéchrist, la venue de Jésus-Christ pour juger, la résurrection des morts, la séparation des bons et des méchants, l’embrasement du monde et son renouvellement. Il faut croire que toutes ces choses arriveront ; mais comment et en quel ordre? L’expérience nous l’apprendra mieux alors que toutes nos conjectures ne peuvent le faire maintenant. J’estime pourtant qu’elles arriveront dans le même ordre où je viens de les rappeler. »[4]

          Mais dans l’optique de saint Justin et de saint Irénée, il y a deux résurrections, dont la première est en réalité une vivification de ceux qui sont encore sur la terre au moment de la manifestation glorieuse du Christ, un mystérieux règne des justes avec le Christ, une transition qui prépare à l’éternité (Ap 20, 5-6 ; 1 Co 15, 23)… Ceux qui meurent actuellement participeront aussi au Royaume des justes, ils y règneront, non pas dans une régression, mais à la manière du Christ ressuscité apparaissant à ses amis dans une grande évidence.

          Saint Justin montre à un lecteur juif l’accomplissement des Ecritures ; il commente Isaïe 65, 17-25 qui décrit la nouvelle terre et la nouvelle Jérusalem, où la vie sera caractérisée par la longévité et la paix. Ensuite, sachant que « aux yeux du Seigneur, mille ans sont comme un jour » il fait le lien avec l’Apocalypse de Jean qui « nous annonce, parmi les choses qui lui furent révélées, que ceux qui auront eu la foi en notre Christ passeront mille ans à Jérusalem, qu’ensuite tous les hommes ressusciteront ensemble et en un même moment, que cette résurrection sera générale, éternelle, et qu’il y aura pour tous un jugement »[5]. Plus loin, Justin évoque brièvement, après « la grande résurrection », « la véritable terre promise » et « l’héritage éternel »[6].

          Saint Irénée développe le scenario de la fin en montrant lui aussi l’accomplissement de l’Ancien Testament :

      « "Heureux et saint celui qui a part à la première résurrection (Ap 20,6) !" Isaïe a également indiqué le moment où auront lieu ces événements : "Et je dis : Jusques à quand, Seigneur ? Jusqu’à ce que les villes soient dépeuplées, faute d’habitants, ainsi que les maisons, faute d’hommes, et que la terre soit laissée déserte. Après cela le Seigneur éloignera les hommes, et ceux qui auront été laissés se multiplieront sur la terre (Is 6, 11-12)."»[7]

Une réponse possible aux espérances juives

          Ni saint Justin ni saint Irénée ne donnent aux Juifs un statut ou un rôle particulier dans l’avènement de la Parousie ou dans le millenium. Cependant, le texte de saint Paul appelle une réflexion plus poussée :

          Jean-Miguel Garrigues fait cette observation sur l’inachèvement du salut :

          « L’Eglise est pour Israël le signe de Jonas de la conversion des païens au vrai Dieu, qui rappelle à celui-ci que les temps messianiques ont commencé avec un élément de visibilité. Mais inversement, l’incrédulité d’Israël par rapport à la messianité de Jésus, et la permanence d’Israël envers et contre tout depuis vingt siècles, rappelle à l’Eglise que l’accomplissement de ce même Royaume messianique reste inachevé et que l’espérance messianique d’Israël garde son sens jusqu’à l’avènement du Christ dans la gloire. Les juifs ont raison quand ils nous font remarquer que toutes les promesses messianiques ne sont pas achevées. Ils ont par contre tort de sous-estimer le signe de Jonas, la conversion des païens comme signe du commencement du Royaume. »[8]

          Saint Paul est ici particulièrement éclairant :

          « Que sera leur admission, sinon une résurrection d’entre les morts ? [zoè ‘ek nekros] » (Rm 11, 15).

          Lorsque nous la relisons dans la perspective de saint Irénée, la phrase de saint Paul pourrait constituer une réponse à l’espérance juive qui aspire à une rédemption sur la terre (avant la vie éternelle proprement dite).

          Pour expliquer cette idée, nous avons besoin d’un certain développement. Il nous faut premièrement présenter l’espérance juive, or, celle-ci est loin d’être homogène. Il nous faut donc ouvrir au moins un éventail… Deuxièmement, nous devons mettre cette espérance en regard avec l’espérance chrétienne.

Un éventail des espérances juives

          Au temps du Christ, la figure du rédempteur a de nombreuses variantes possibles. La variante la plus connue est celle d’un rédempteur qui serait un souverain de chair et de sang, accomplissant la prophétie de Balaam (Nb 24, 17, Isaïe 11, 1-10). Mais il est écrit aussi : « Dieu lui-même rédimera le peuple » (Isaïe 43, 11-12) et comme on n’ose pas imaginer l’Incarnation de Dieu, cela donna lieu à un type d’attente sans Messie personnel.

          Ainsi, « Rabbi Hillel disait : "Israël n’aura pas de Messie, car il lui a déjà été accordé au temps d’Ezéchias" »[9]. Mais d’autres textes anciens suggèrent que Dieu lui-même, le saint béni-soit-il, viendra rédimer l’humanité d’une rédemption éternelle.[10]

          Si la Rédemption n’advient qu’au temps de la fin, la figure du messie personnel est effacée. De même, si la Rédemption vient de l’effort humain, de la simple repentance de chacun, la nécessité d’un rédempteur personnel est aussi effacée.[11]

          Plus s’efface l’attente d’un Messie personnel, et plus le consensus des sages prend de l’importance pour le discernement sur les modalités de l’application de la loi et pour la pratique (collective) de la Torah. Ce consensus des sages est d’abord oral (le sanhédrin). Après le Christ, le consensus des sages est fixé dans la Mishna (code de lois remontant aux environs de l’an 200 de notre ère), le Talmud et d’autres écrits[12].

          Durant le Moyen Age, il y avait trois types de messianisme juif, que Gershom Scholem (1897-1982) décrit comme le messianisme conservateur, le messianisme réparateur et le messianisme utopique.

  • Le premier était centré sur le présent, et mettait l’accent sur la valeur de la pratique des commandements, la rédemption messianique devant s’accomplir dans le temps historique. Maïmonide incarne bien ce genre d’attente messianique.
  • Le deuxième était orienté sur le passé et la rédemption en tant que restauration d’un royaume historique sur le modèle de celui de David.
  • Le troisième regardait l’avenir, et s’est exprimé en termes révolutionnaires, comme rupture avec le passé : la rédemption messianique est une nouveauté totale non sans douleur et bouleversements.

          Ces trois messianismes ont en commun qu’ils attendent tous la rédemption par une intervention miraculeuse de Dieu[13].

 

          Si nous regardons maintenant l’époque moderne, nous constatons l’existence d’un grand pluralisme, un large éventail de courants de pensée dont voici un aperçu :

          Pour Herman Cohen (1842-1918), l’âge messianique, selon les prophètes bibliques, n’est rien d’autre que l’accomplissement du monothéisme : tous les peuples formeront une unité avec Israël, ils seront pour Dieu, comme Israël, son peuple. Et sera surmonté le nationalisme de l’élection.[14]

          Franz Rosenzweig (1886-1929), dans « l’étoile de la Rédemption », développe une vision eschatologique où la vérité se vérifiera, sur la terre.

          Abraham Isaac Ha-Cohen Kook (1865-1935) veut donner de l’importance au travail matériel, aux lois, à la langue, dans une volonté de revenir à Dieu de tout le monde matériel. Pour lui, le retour sur la terre d’Israël est considéré par le grand rabbin ashkénaze comme un signe de l’ouverture de l’ère messianique. Ni le sionisme socialiste, ni l’orthodoxie antisioniste ne constituent la phase finale ; il faudra surmonter leur hostilité mutuelle vers une synthèse supérieure[15].

          Samuel Hugo Bergman (1883-1975) veut une "philosophie authentique" qui sache accepter l’interdépendance de l’intervention historique de Dieu avec la liberté de l’homme. Si ce n’était pas le cas, si l’homme n’était pas libre et si Dieu ne parlait pas dans l’histoire, ça n’aurait pas de sens d’affirmer que "l’homme est partenaire du Saint". Le partenariat entre l’humanité et la divinité est une mission que toutes les religions, et Israël en particulier, doivent assumer en vue de l’unité du genre humain. Réaliser cet idéal est possible seulement si on s’efforce de dépasser les divisions et les conflits, comme entre Juifs et Arabes sur la terre d’Israël.[16]

          Steven S. Schwarzschild (1924-1989) a relancé en 1956 la doctrine d’un Messie personnel et pas seulement collectif ou symbolique. A la fin de sa vie, il a pris la métaphore géométrique de Cohen, celle de l’asymptote : nous nous approchons du Messie, mais nous ne pourrons jamais le toucher.

          Yeshayahu Leibowitz (1903-1994) est méfiant sur les attentes messianiques : bien illustrées par l’histoire entière du judaïsme, elles sont souvent non pas une expression de foi religieuse mais l’antichambre des apostasies. On se souvient de Jacob Frank au XVIII° siècle… « Le messie est toujours celui qui viendra ; ce qui apparaît dans le concret est vraiment le faux messie »[17]. Il refuse de sacrifier les valeurs de la conscience et de la justice au nationalisme et à la raison d’Etat : on peut y voir une volonté anti-idolâtrique. L’horizon de Leibowitz est celui de la sanctification et de la bénédiction ; il refuse l’idée chrétienne d’une rédemption.

 

Les espérances juives au regard de l’espérance chrétienne

          La pensée juive est extrêmement variée, elle peut être athée et s’allier au communisme ou à la franc-maçonnerie, elle peut aussi entrer dans un dialogue très fraternel avec le christianisme.

          Au messianisme juif qui met sa confiance dans la pratique des commandements, le christianisme fait réentendre l’appel vibrant du prophète : « Nous sommes, depuis longtemps, des gens sur qui tu ne règnes plus et qui ne portent plus ton nom. Ah ! si tu déchirais les cieux et descendais -- devant ta face les montagnes seraient ébranlées » (Isaïe 63, 19). La Nouvelle Alliance a commencé par une « ouverture du ciel » au moment de l’Annonciation à Marie. Cette ouverture se manifeste ensuite au Jourdain quand Jean le Baptiste baptisa Jésus, puis au moment de la Transfiguration, et enfin lors de la Pentecôte. Le ciel s’est ouvert, Dieu a envoyé son Fils. La pratique de la Halakha en est transfigurée par la grâce de l’Esprit Saint. Le Ciel s’ouvrira encore à la Parousie.

          Face au messianisme juif qui espère la restauration du royaume de David, les apôtres affirment : Israël a déjà été restauré dans le mystère pascal du Christ et les premières conversions (Ac 15, 16-19 cf. Amos 9, 11-12).

          Face au messianisme juif révolutionnaire, le christianisme fait entendre l’avertissement sur la venue de l’Antichrist :

      « 675 L’imposture religieuse suprême est celle de l’Anti-Christ, c’est-à-dire celle d’un pseudo-messianisme où l’homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair (cf. 2Th 2,4-12 ; 1Th 5,2-3 ; 2Jn 7 ; 1Jn 2,18 2,22).

      676 Cette imposture anti-christique se dessine déjà dans le monde chaque fois que l’on prétend accomplir dans l’histoire l’espérance messianique qui ne peut s’achever qu’au-delà d’elle à travers le jugement eschatologique : même sous sa forme mitigée, l’Eglise a rejeté cette falsification du Royaume à venir sous le nom de millénarisme[18], surtout sous la forme politique d’un messianisme sécularisé, "intrinsèquement perverse" (cf. Pie XI, enc. "Divini Redemptoris" condamnant le "faux mysticisme" de cette "contrefaçon de la rédemption des humbles"[19]). » (Catéchisme 675-676).

 

          Dans cet ordre d’idée, on se souvient que Leibowitz refuse de sacrifier les valeurs de la conscience et de la justice au nationalisme et à la raison d’Etat : on peut y voir une volonté anti-idolâtrique. De même, Levinas (1906-1995) voit bien que l’État d’Israël est aussi l’État de César, car la prophétie juive n’a jamais coïncidé avec l’anarchie ou le manque de gouvernement politique ; mais il est différent et, si nécessaire, contre l’État de César parce que chaque État expose au risque d’idolâtrie. Cependant, les racines de cette volonté sont-elles suffisantes et persuasives quand il n’y a quasiment pas d’eschatologie ?

          L’Eglise, du moins avec saint Irénée, ne se contente pas de dire ce qu’il ne faut pas croire. Elle propose aussi une espérance.

          Nous avons vu que Steven S. Schwarzschild (1924-1989) a relancé en 1956 la doctrine d’un Messie personnel (et pas seulement collectif ou symbolique). Un jour peut-être viendra où les Juifs s’ouvriront au Christ, comme étant le Messie personnel attendu.

          C’est alors que saint Irénée pourrait apparaître comme une précieuse passerelle : ses descriptions exubérantes et miraculeuses des fruits de la terre dans le royaume des justes constituent une réponse possible à l’espérance juive, « c’est comme si Dieu disait à l’homme : "tu vois, le ‘c’était très bon’, que j’ai prononcé au début n’était pas une parole en l’air, il s’accomplit à la fin, tu peux en juger par toi-même" »[20]. Et la Venue glorieuse du Christ accomplit les antiques prophéties :

 « "Lorsque les villes des nations seront dépeuplées, faute d’habitants, ainsi que les maisons, faute d’hommes, et lorsque la terre sera laissée déserte... (Is 6,11) "Dieu éloignera les hommes, et ceux qui auront été laissés se multiplieront sur la terre (Is 6,12)." /…/ Toutes les prophéties de ce genre se rapportent sans conteste à la résurrection des justes, qui aura lieu après l’avènement de l’Antéchrist et l’anéantissement des nations soumises à son autorité : alors les justes régneront sur la terre, croissant à la suite de l’apparition du Seigneur [la Parousie] ; ils s’accoutumeront, grâce à lui, à saisir la gloire du Père et, dans ce royaume, ils accéderont au commerce des saints anges ainsi qu’à la communion et à l’union avec les réalités spirituelles. /…/ Mais lorsque cette "figure" aura passé, que l’homme aura été renouvelé, qu’il sera mûr pour l’incorruptibilité au point de ne plus pouvoir vieillir, "ce sera alors le ciel nouveau et la terre nouvelle (Is 65,17)", en lesquels l’homme nouveau demeurera, conversant avec Dieu d’une manière toujours nouvelle. » (AH, V, 35 –- 36,1).

          En parlant d’un royaume sur la terre, saint Irénée n’ouvre pas la porte aux faux messies car ce royaume advient dans la grâce de vivification concomitante avec la Venue glorieuse du Christ.

 

 


[1] J. RATZINGER - BENOIT XVI, Jésus de Nazareth, Tome II, Paris 2011, p. 214-216.

[2] En Gn 12, 7, la promesse se limite à ce qu’Abraham peut voir autour de lui, à partir de Sichem. En Gn 17, 8, la terre promise à Abraham se limite « à toute la terre de Canaan », c’est-à-dire l’ancienne Palestine, mais en Gn 15, 18, il s’agit d’un territoire étonnant : « depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve d’Euphrate » (Gn 15,18) : tout le monde connu par Abraham ! Lorsque saint Paul évoque « la promesse faite à Abraham ou à sa descendance de recevoir le monde en héritage » (Rm 4, 13), ce n’est donc pas tant une déformation de l’Ecriture qu’un choix théologique. Et dans ce cas, l’idée de terre promise n’a plus aucune implication politique puisqu’elle concerne toute la terre.

[3] « [L’apôtre saint Jacques dit :] Après cela je reviendrai et je relèverai la tente de David qui était tombée ; je relèverai ses ruines et je la redresserai, afin que le reste des hommes cherchent le Seigneur, ainsi que toutes les nations qui ont été consacrées à mon Nom, dit le Seigneur [= Amos 9, 11-12] qui fait connaître ces choses depuis des siècles. C’est pourquoi je juge, moi, qu’il ne faut pas tracasser ceux des païens qui se convertissent à Dieu » (Ac 15, 16-19).

[4] Saint Augustin, La Cité de Dieu, XX, 30, 5.

[5] Saint Justin, Dialogue avec Triphon § 81.

[6] Saint Justin, Dialogue avec Triphon § 113.

[7] Saint Irénée, Contre les hérésies V, 34, 2-3.

[8] Père Jean-Miguel Garrigues, « L’inachèvement du salut », Nova et Vetera, 1996/2, pp. 13-29.

[9] Talmud de Babylone, Traité Sanhédrin 99a ; Rachi, ad loc.

[10] Midrash Tehillim XXXI, 2 : « Israël dit au Saint, béni soit-Il :

 Ne nous as-Tu pas déjà délivrés par l’intermédiaire de Moïse, de Josué, de juges et de rois ? Or voici que nous sommes de nouveau dans les chaînes et abreuvés d’humiliations, comme si nous n’avions jamais été délivrés.

 Le Saint, béni soit-Il, leur dit : Parce que votre rédemption avait été réalisée de main d’homme et que vos chefs étaient des mortels, lesquels un jour sont ici et le lendemain dans la tombe, votre rédemption fut temporaire. Mais à l’avenir, Moi, qui vis à jamais, je vous rédimerai Moi-même, Je vous rédimerai d’une rédemption éternelle. »

[11] Cf. E. Urbach, Ibid., p. 710.

[12] - Le Talmud de la terre d’Israël [Talmud palestinien], exégèse systématique de la Mishna datant des environs de 400 ;

 - Les différentes collections d’exégèse scripturaire qu’on appelle midrashim, vers 400-600,

 - Le Talmud de Babylone, nouvelle explication systématique de la Mishna, des environs de 500-600

[13] Cf. Massimo Giuliani, Il pensiero ebraico contemporaneo, Morcelliana, 2003, p. 102

[14] Massimo Giuliani, Il pensiero ebraico contemporaneo, Morcelliana, 2003, p.36

[15] Cf. Massimo Giuliani, Ibid., p. 199-201

[16] Cf. Massimo Giuliani, Ibid., p. 232-234.

[17] Massimo Giuliani, Ibid., p. 251-252.

[18] Cf. DS 3839.

[19] Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et Spes 20-21.

[20] Cyril Pasquier, Ibid., p. 102-103


Extraits de : 

Françoise Breynaert, La Venue glorieuse du Christ. Véritable espérance pour le monde. Editions du Jubilé (octobre 2016). « Solidement ancré sur les fondements scripturaires et patristiques, le livre de Françoise Breynaert nous expose l’enseignement de l’Église sur le retour glorieux du Christ, tout en nous mettant bien en garde contre les autres messianismes, religieux ou politiques. » (+ Mgr Dominique Rey Évêque de Fréjus-Toulon)

Autrement dit, ce livre montre jusqu'où peut (ou non) aller la collaboration avec les non-chrétiens dans la lutte contre l'Antichrist, et réveille une grande espérance dans le cœur des chrétiens en abordant un thème que les chrétiens d’Orient n’ont jamais oublié.

Ce livre a fait l’objet d’une invitation à Notre Dame le lundi de Pentecôte 21 mai 2018 « décryptage », et 12 décembre 2018 « écoute dans la nuit ».

7- Que sera leur réintégration (celle des juifs) sinon une résurrection ? (Rm 11)

Résumé : La Venue glorieuse du Christ (vidéo)

Date de dernière mise à jour : 09/12/2019