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Pentecôte (C)
Podcast sur : https://radio-esperance.fr/antenne-principale/entrons-dans-la-liturgie-du-dimanche/#
Sur Radio espérance : tous les mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 8h15
et rediffusées le dimanche à 8h et 9h30
Première lecture (Ac 2, 1-11)
Psaume (103 (104), 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34)
Deuxième lecture (Rm 8, 8-17)
Séquence
Évangile (Jn 14, 15-16.23b-26)
Première lecture (Ac 2, 1-11)
Quand arriva le jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours après Pâques, ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.
Or, il y avait, résidant à Jérusalem, des Juifs religieux, venant de toutes les nations sous le ciel. Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient en pleine confusion parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient. Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient : ‘Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène, Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu’. » – Parole du Seigneur.
Chers auditeurs, nous allons suivre ici ce qu’avait dit Benoît XVI, à la XIIIe assemblée générale ordinaire du synode des évêques, 8 octobre 2012 parce qu’il explique ce que représente ce feu de la Pentecôte, ces langues de feu à la fois brûlantes et compréhensibles par tous :
« La grande souffrance de l’homme — à cette époque, tout comme aujourd’hui — est justement celle-ci : derrière le silence de l’univers, derrière les nuages de l’histoire, y a-t-il ou n’y a-t-il pas un Dieu ? Et, si ce Dieu existe, nous connaît-il, a-t-il quelque chose à voir avec nous ? Cette question est aujourd’hui tout aussi actuelle qu’elle l’était à cette époque. Beaucoup de personnes se demandent : Dieu est-il une hypothèse ou pas ? Est-ce une réalité ou pas ? Pourquoi ne se fait-il pas entendre ? ‘Évangile’ signifie : Dieu a rompu son silence, Dieu a parlé, Dieu existe. Ce fait, en tant que tel, est salut : Dieu nous connaît, Dieu nous aime, Il est entré dans l’histoire. Jésus est sa Parole, le Dieu avec nous, le Dieu qui nous montre qu’Il nous aime, qui souffre avec nous jusqu’à la mort et qui ressuscite. Ceci est l’Évangile même. Dieu a parlé, Il n’est plus le grand inconnu mais Il s’est montré lui-même et c’est cela le salut.
La question pour nous [le pape s’adresse aux évêques] est la suivante : Dieu a parlé, Il a vraiment rompu le grand silence, Il s’est montré, mais comment pouvons-nous faire arriver cette réalité à l’homme d’aujourd’hui afin qu’elle devienne salut ? […]
Les Apôtres n’ont pas dit après certaines assemblées : ‘à présent nous voulons créer une Église’ et avec la forme d’une constituante ils auraient élaboré une constitution. Non, ils ont prié et dans la prière ils ont attendu, car ils savaient que seul Dieu lui-même peut créer son Église, que Dieu est le premier agent : si Dieu n’agit pas, nos affaires sont seulement les nôtres et elles sont insuffisantes ; Dieu seul peut témoigner que c’est Lui qui parle et qui a parlé. La Pentecôte est la condition de la naissance de l’Église : seulement parce que Dieu a d’abord agi, les Apôtres peuvent agir avec Lui et avec sa présence et rendre présent ce que Lui fait. Dieu a parlé et ce ‘a parlé’ est le parfait de la foi mais c’est toujours également un présent : […] c’est un passé véritable qui porte toujours en soi le présent et le futur. Dieu a parlé, cela veut dire : ‘il parle’. Et comme à cette époque, c’est seulement grâce à l’initiative de Dieu que pouvait naître l’Église, que pouvait être connu l’Évangile, le fait que Dieu a parlé et parle, ainsi aujourd’hui aussi c’est seulement Dieu qui peut commencer, nous ne pouvons que coopérer, et le début doit venir de Dieu. […]
Dieu est toujours le début, et c’est toujours seulement Lui qui peut faire Pentecôte, qui peut créer l’Église, qui peut montrer la réalité de sa présence parmi nous. Mais d’un autre côté, ce Dieu, qui est toujours le début, veut également notre engagement. Il veut engager notre activité, de façon à ce que les activités soient théandriques, pour ainsi dire, faites par Dieu, mais avec notre engagement et en impliquant notre être, toute notre activité.
Lorsque nous faisons donc la nouvelle évangélisation, il s’agit toujours d’une coopération avec Dieu, elle réside dans l’être ensemble avec Dieu, elle est fondée sur la prière et sur sa présence réelle. […]
La foi a un contenu […] et la foi portée dans le cœur doit être proclamée : elle n’est jamais seulement une réalité dans le cœur, mais elle tend à être communiquée, à être vraiment confessée devant les yeux du monde. […] [Il s’agit de] témoigner face à des instances ennemies de la foi, de témoigner même dans des situations de passion et de danger de mort. […] [C’est] la première colonne — pour ainsi dire — de l’évangélisation et la seconde est caritas [charité] […]
L’ardeur, c’est la flamme, elle allume les autres. Il y a une passion qui est nôtre, qui doit grandir de la foi, qui doit se transformer en feu de la charité. Jésus nous a dit : ‘Je suis venu jeter un feu sur la terre et qu’ai-je à désirer s’il est déjà allumé ?’. Origène nous a transmis une parole du Seigneur : ‘Celui qui est près de moi est près du feu’. Le chrétien ne doit pas être tiède. […] La foi doit devenir en nous une flamme de l’amour, une flamme qui allume réellement mon être, devient une grande passion de mon être, et allume ainsi mon prochain. […] Saint Luc nous dit qu’à la Pentecôte, dans cette fondation de l’Église par Dieu, l’Esprit Saint était un feu qui transformait le monde, mais un feu sous forme de langue, à savoir un feu qui est toutefois raisonnable, qui est esprit, qui est aussi compréhension ; un feu qui est uni à la pensée, à la « mens ». Et justement ce feu intelligent, cette [sobre ivresse] sobria ebrietas », est une caractéristique du christianisme. […] Le feu de Dieu est un feu transformateur, un feu de passion – certes – qui détruit aussi tant de choses en nous, qui conduit à Dieu, mais un feu surtout qui transforme, renouvelle et crée une nouveauté de l’homme, qui devient lumière en Dieu.
Ainsi, au bout du compte, nous pouvons seulement prier le Seigneur que la ‘confessio [le témoignage du contenu de la foi]’ soit en nous fondée de façon profonde et qu’elle devienne le feu qui allume les autres ; ainsi le feu de sa présence, la nouveauté de son être avec nous, devient réellement visible et force du présent et de l’avenir.»
https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2012/october/documents/hf_ben-xvi_spe_20121008_meditazione-sinodo.html
Psaume (103 (104), 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34)
« Bénis le Seigneur, ô mon âme ; Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur ! la terre s’emplit de tes biens.
Tu reprends leur souffle, ils expirent et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre.
Gloire au Seigneur à tout jamais ! Que Dieu se réjouisse en ses œuvres !
Que mon poème lui soit agréable ; moi, je me réjouis dans le Seigneur ».
Chers auditeurs, prier en disant : « Bénis le Seigneur, ô mon âme ; Seigneur mon Dieu, tu es si grand ! », c’est entrer en relation avec Notre Père, Dieu le créateur, et c’est grandir grâce à cette relation. Quand un personnage important entre dans un lieu, tout le monde se presse et veut lui serrer la main et lui adresser une salutation. Le Seigneur est vivant, et une rencontre personnelle avec lui est possible. Prier, c’est cultiver une rencontre personnelle avec lui, et cette relation nous ennoblit, car nous sommes l’ami de quelqu’un de grand. « L’homme a été créé à l’image de Dieu, capable de connaître et d’aimer son Créateur. » (Concile Vatican II, G.S. 12) « Bénis le Seigneur, ô mon âme ; Seigneur mon Dieu, tu es si grand ! »,
« Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur ! la terre s’emplit de tes biens ». « Au fond du vaste horizon, on apercevait les montagnes dont les contours indécis auraient échappé à nos yeux si leurs sommets neigeux que le soleil rendait éblouissants n’étaient venus ajouter un charme de plus au beau lac qui nous ravissait… En regardant toutes ces beautés, il naissait en mon âme des pensées bien profondes. Il me semblait comprendre déjà la grandeur de Dieu et les merveilles du Ciel… » (Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, Histoire d’une âme, 58 r)
« Tu reprends leur souffle, ils expirent et retournent à leur poussière ».
C’est Dieu qui maintient l’univers dans l’existence, c’est pourquoi le péché est si grave. Comment Dieu maintiendrait-il indéfiniment un univers qui le rejette et rejette sa Loi d’amour ? La Bible nous dit qu’il y aura un jugement, que l’on appelle le jugement eschatologique, et que ceux qui se sont endurcis dans le mal n’auront plus le droit de vivre sur la terre, n’y vivront que ceux qui désirent vivre avec Dieu, pour que son règne advienne sur la terre comme au Ciel, préparant ainsi les hommes à l’éternité.
« Tu envoies ton souffle : ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre ».
Le souffle de Dieu, c’est l’Esprit Saint, l’Esprit de Sainteté. « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l'abîme, un vent de Dieu tournoyait sur les eaux » (Gn 1, 1-2 BJ). Le vent, le souffle de Dieu couve et fait éclore les possibilités de vie qui sont cachées dans les eaux. C’est par le souffle de Dieu qu’Adam devint un être vivant. « Le Seigneur Dieu modela l'homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l'homme devint un être vivant » (Gn 2, 7 BJ). L’homme se renouvelle sans cesse en recevant le souffle de Dieu au plus profond de son âme, par la prière. La Pentecôte nous renouvelle. L’Esprit Saint rend notre vie toujours nouvelle, toujours fraîche parce que Dieu ne sait créer que des choses nouvelles et fraîches ! « Tu envoies ton souffle : ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre ». Et il la renouvellera au temps de la Parousie, la venue glorieuse du Christ ! Gloire au Seigneur à tout jamais ! Que Dieu se réjouisse en ses œuvres !
Rendre gloire au Seigneur, c’est reconnaître qu’il est l’auteur de l’univers. Il a fait le soleil, nous, nous ne savons pas faire le soleil, mais nous savons faire des trous d’ozone, ou réfracter les rayons du soleil par des épandages de neige carbonique. C’est le Seigneur qui a fait notre ADN et ARN, nous, nous savons seulement manipuler cet ADN, ou ARN, c’était l’ultime thérapie tentée pour quelques maladies rares, et c’est devenue une expérimentation mondiale avec des milliards d’injections. Rendre gloire au Seigneur, c’est demander la sagesse divine dans notre rapport à la science et à la technique. Beaucoup de choses sont possibles, mais tout n’est pas inspiré par Dieu, il faut rendre gloire au Seigneur à tout jamais. Le Créateur se réjouit en ses œuvres quand nous en faisons un bon usage. La prière de ce psaume revêt donc une grande actualité : « Gloire au Seigneur à tout jamais ! Que Dieu se réjouisse en ses œuvres ! »
« Que mon poème lui soit agréable ; moi, je me réjouis dans le Seigneur ».
A Medjugorje :
"Petits enfants, réjouissez-vous en Dieu le Créateur car Il vous a créés de façon si merveilleuse." 25.08.88
"Réservez un temps de la journée pour prier dans la paix et l’humilité, pour rencontrer le Dieu Créateur. Je suis avec vous, et j’intercède pour vous auprès de Dieu. Ainsi, soyez en éveil [il ne s’agit pas d’être woke, il s’agit du véritable éveil] pour que chaque rendez-vous dans la prière soit joie de votre rencontre avec Dieu." 25.11.88 (entier)
"Chers enfants, aujourd’hui encore je vous invite tous à nouveau à la prière, une prière de joie, afin qu’en ces jours douloureux personne d’entre vous ne ressente de la tristesse dans la prière, mais une rencontre joyeuse avec son Dieu Créateur." 25.07.92
« Que mon poème lui soit agréable ; moi, je me réjouis dans le Seigneur ».
Deuxième lecture (Rm 8, 8-17)
« Frères, ceux qui sont sous l’emprise de la chair ne peuvent pas plaire à Dieu. Or, vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas. Mais si le Christ est en vous, le corps, il est vrai, reste marqué par la mort à cause du péché, mais l’Esprit vous fait vivre, puisque vous êtes devenus des justes.
Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. Ainsi donc, frères, nous avons une dette, mais elle n’est pas envers la chair pour devoir vivre selon la chair. Car si vous vivez selon la chair, vous allez mourir ; mais si, par l’Esprit, vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous vivrez.
En effet, tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si du moins nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire. – Parole du Seigneur. »
L’Ancien Testament parle déjà de l’Esprit de Dieu (Gn 41, 38; Ex 31, 3) ou d’un Esprit Saint (cf. Is 63, 10.11; Ps 51, 13). Quelle est donc la spécificité de la foi chrétienne ? C’est que cet Esprit Saint est communiqué de la part du Seigneur ressuscité, qui est devenu lui-même « l’être spirituel qui donne la vie » (1 Cor 15, 45). C’est précisément pour cela que saint Paul parle directement de « l’Esprit du Christ » (Rm 8, 9), de « l’Esprit de Fils » (Ga 4, 6) ou de « l’Esprit de Jésus Christ » (Ph 1, 19). C’est comme s’il voulait dire que non seulement Dieu le Père est visible dans le Fils (cf. Jn 14, 9), mais que l’Esprit de Dieu s’exprime aussi dans la vie et dans l’action du Seigneur crucifié et ressuscité !
L’Esprit Saint amène à reconnaitre en Jésus le Seigneur (« nul ne peut dire : ‘Jésus est SEIGNEUR [māryā équivalent tétragramme]’, s'il n'est avec l'Esprit Saint » (1Cor 12, 3).
Saint Pierre parle de notre participation à la nature divine (2P 1, 4). Dieu le Père communique entièrement sa nature au Fils et au Saint-Esprit, mais il a voulu créer d'autres personnes afin de leur communiquer partiellement la nature divine, sa bonté et son bonheur ; c'est pourquoi nous parlons de "participation". Cette participation est la grâce sanctifiante qui fait de l'homme un enfant de Dieu. C’est Jésus qui est le chemin qui conduit au Père : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jn 14, 6).
Le Père nous adopte comme fils, de sorte que le Fils est le modèle auquel nous nous identifions et notre porte d'entrée dans la Trinité, tandis que l'Esprit Saint, lien d'amour entre le Père et le Fils, est la lumière et la puissance qui nous poussent à nous identifier au Christ afin de vivre avec Lui pour la gloire du Père, en accomplissant sa volonté en toutes choses.
Les sept dons du Saint-Esprit sont la sagesse, l’intelligence, le conseil, la force, la science, la piété et la crainte de Dieu. Ils appartiennent en leur plénitude au Christ, Fils de David (cf. Is 11, 1-2). Ils complètent et mènent à leur perfection les vertus de ceux qui les reçoivent. Ils rendent les fidèles dociles aux inspirations divines.
Les fruits de l’Esprit sont des perfections que forme en nous le Saint-Esprit comme des prémices de la gloire éternelle. Ils sont décrits en Ga 5, 22-23. L’araméen en donne 9, le latin en donne 12.
1. ḥūbbā : c’est la charité, l’amour ardent, une charité qui consume. Nous avons été aimés par le Seigneur qui a donné, a consumé, sa vie pour nous, à notre tour, nous brûlons d’amour pour Dieu et pour le prochain. Nous aimons Dieu d'un amour divin, de l'amour que l'Esprit Saint met dans notre âme.
2. ḥaḏūṯā : la joie. On peut traverser des situations dramatiques, et le mal qui nous entoure nous fait pleurer. Mais avec l’Esprit Saint, il y a un bonheur qui est attaché à notre propre sainteté de vie et qui nous maintient dans une certaine joie.
3. šlāmā : la paix, plénitude (et non pas šaynā la paix de compromis).
4. maggraṯ rūḥā : l’endurance de l’esprit, la capacité de souffrir longtemps. L’Esprit Saint n’est pas uniquement dans les 100 décibels d’une soirée de louange. Les apôtres, par l’Esprit Saint, étaient capables d’endurer des persécutions.
5. basīmūṯā, c’est le fait d’être agréable, comme un parfum d’agréable odeur. Il y a des personnes qui sont un bon pain pour leur prochain, on apprécie leur présence.
6. ṭāḇūṯā : la bonté. L’Esprit Saint est don, il nous inspire de faire des cadeaux aux autres, de leur donner notre temps, de leur faire grâce, de leur pardonner, etc.
7. haymānūṯā : est un mot qui a plusieurs sens : la foi, la doctrine de foi, la fidélité, la constance. L’Esprit Saint n’est pas là où il y a des erreurs et des inexactitudes dans l’enseignement chrétien. L’Esprit Saint rend fidèle et constant parce que l’on s’appuie sur le Seigneur qui est un roc, un bouclier.
8. makkīḵūṯā : la douceur et l’humilité. Ce mot se retrouve dans les Béatitudes.
9. msaybrānūṯā : patience, endurance, savoir supporter.
Le latin, la vulgate a douze fruits : charitas, gaudium, pax, patientia, benignitas, bonitas, longanimitas, mansuetudo, fides, modestia, continentia, castitas.
Séquence
Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière. Viens en nous, père des pauvres, viens, dispensateur des dons, viens, lumière de nos cœurs. Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur. Dans le labeur, le repos ; dans la fièvre, la fraîcheur ; dans les pleurs, le réconfort. Ô lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous tes fidèles. Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti. Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé. Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé. À tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacrés. Donne mérite et vertu, donne le salut final, donne la joie éternelle. Amen.
Évangile (Jn 14, 15-16.23b-26)
(Je vous donne l’évangile selon ma propre traduction de la Pshitta, (Le texte traditionnel et liturgique des Églises de langue syriaque ou araméenne) pour la proclamation orale. Imprimé avec l’autorisation ecclésiastique donnée le 14 novembre 2024 par la Conférence des évêques de France.)
L’évangile commence avec les versets 15 et 16
« 15 Si vous m’aimez, / mes commandements, gardez-les !
16 Et, moi, je supplierai mon Père, / et il vous donnera un autre Paraclet,
afin qu’il soit avec vous pour toujours. »
Jésus va partir. Que Jésus s’en aille à cause du refus des pécheurs, on comprend. Mais les autres ? Les autres continueront le « foyer d’amour », et, dans la mesure où ils garderont les commandements, Jésus leur promet le « Paraclet ».
Le mot Paraclet est à la fois un mot grec et un mot araméen*.
Selon l’étymologie grecque, le paraklètos est celui qui est appelé aux côtés, appelé à l’aide : un assistant ou un adjoint, un avocat, ou encore un intercesseur, un consolateur. Dans le monde grec, le paraclet est l’avocat qui prend la défense de son client, donc celui qui sauve d’une condamnation. D’où la traduction fréquente du mot « paraclet » par « avocat ».
D’après l’araméen, le mot paraqlitā se comprend ainsi. Le verbe praq signifie : séparer, relâcher, racheter tandis que lawṭtā signifie malédiction. Le paraqlitā est donc Celui qui sauve de la malédiction. Le Paraclet rachète de la malédiction. (rejoignant la signification du terme grec).
Dans le monde sémite, à la synagogue, le paraclet est le souffleur qui aide le récitateur des textes sacrés ; et au tribunal, c’est le conseiller qui « souffle » au témoin sa déposition qu’il a préparée et apprise par cœur, sans toutefois parler à la place du témoin, lequel y met du sien. En araméen, l’Esprit se dit rūḥā, souffle, vent. L’Esprit Saint est le conseiller dont le « souffle » est saint, on l’appelle donc Paraclet, parce que le Paraclet est le souffleur.
Dans le monde grec, cette fonction de souffleur n’existe pas, et l’on comprend que la traduction grecque amène un appauvrissement dans le domaine de la théologie de l’inspiration. L’avocat du monde grec tend à se substituer à celui qu’il défend, et il fait de la rhétorique et des déductions logiques. L’influence grecque formera des rabbis qui jugent et argumentent sur des citations de versets figés, presque comme les sophistes grecs. Alors que la culture sémite suscite des jugements inspirés des Écritures, ce qui est bien différent : l’inspiration saisit les prophètes dans un souffle puissant, au point qu’ils n’écrivent pas tout de suite – c’est souvent un autre qui met les paroles du prophète par écrit.
Jésus, qui n’avait pas besoin de rhétorique et qui enseignait avec autorité, promet le « Paraclet » à ses disciples : le Souffleur, qui est en même temps Celui qui délivre de la malédiction. On peut aussi dire que la malédiction fige, tandis que l’Esprit Saint vivifie. L’Esprit Saint est l’avocat, le défenseur, le « Paraclet » en tant qu’il est Esprit de Vérité, celui qui déjoue les pièges, les tentations de l’Accusateur, Satan*.
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Ouvrons une brève parenthèse : dans le dialogue islamo-chrétien, il est utile de comprendre que, transcrit à la mode arabe (sans tenir compte des voyelles), le mot grec paraklètos s’écrit brklts (lire : biriklutos), et vaut fortuitement pour la transcription arabe d’un autre terme grec : périklutos, qui signifie « renommé », donc « loué ». Il suffira donc que mu-hammad signifie « celui qui est loué » pour que l’on dise que Jésus l’ait annoncé (Coran 61, 6) et que l’islam soit l’accomplissement du christianisme. Ce petit jeu entre paraklètos et biriklutos, périklutos et Muhammad ne peut que faire sourire.
[Cf. http://www.lemessieetsonprophete.com/annexes/s.61,6_ahmad.htm]
La liturgie omet les versets 17 à 22.
Le verset 17 nous apprendrait que le Paraclet est « rūḥā dašrārā » (Jn 14, 17) ce qui peut être traduit « Esprit de vérité », ou « véritable Esprit (par opposition à l’esprit du monde, à ce que le monde considère comme Esprit), qui rendra les disciples fermes dans le témoignage. Ensuite, Jésus dit que le monde n’est pas capable de le recevoir ; le disciple sait collaborer avec le Paraclet, le monde ne le sait pas.
L’évangile de ce dimanche enchaîne directement avec la réponse de Jésus à une question de l’apôtre Jude : « Pourquoi vas-tu te manifester à nous et non pas au monde ? » Jésus répondit et lui dit :
« 23 Celui qui m’aime (affectueusement), / ma Parole, il la garde !
Et mon Père / l’aimera
Et auprès de lui nous venons, / et une demeure auprès de lui nous faisons !
24 Mais celui qui ne m’aime pas (affectueusement), / ma parole il ne la garde pas.
Et cette Parole que vous entendez / n’est pas mienne,
mais du Père, / qui m’a envoyé !
25 Ce sont ces choses dont j’ai parlé avec vous / tandis que j’étais auprès de vous !
26 Lui, donc, le Paraclet, l’Esprit de Sainteté, / celui que mon Père envoie en mon Nom,
lui, vous enseignera / toute chose
et, lui, vous remémorera / tout ce que je vous dis. »
« Celui qui m’aime (affectueusement), ma Parole, il la garde ! Et mon Père l’aimera » (Jn 14, 23). En écho au verset 21, que la liturgie a omis : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est lui qui m’aime (ardemment – verbe aḥḥeḇ qui signifie aussi brûler) ! » (Jn 14, 21). Considérons le feu : il peut convertir toutes les variétés de bois et les autres choses en feu. De même, nous pouvons tout changer en amour, les joies et les peines. Sainte Marguerite Marie a vu sortir du Cœur du Christ des flammes continuelles. Leur principal objectif est de communiquer l’amour aux créatures, et cela de différentes manières. Il doit en être ainsi pour les créatures : bien qu’elles fassent des choses différentes, leur but ultime doit être l’amour. Ainsi, leurs actions deviennent des petites flammes qui, unies ensemble, forment une grande flamme qui brûle tout et transforme tout dans le Christ.
« Lui, donc, le Paraclet, l’Esprit de Sainteté, / celui que mon Père envoie en mon Nom,
lui, vous enseignera / toute chose
et, lui, vous remémorera / tout ce que je vous dis. » (Jn 14, 26)
L’Église n’est pas une communauté qui invente au fur et à mesure. Les récitatifs appris « par cœur » parlent au cœur et transmettent une parole vivante : ce que Dieu dit, il le fait. L’Esprit Saint fait littéralement un « mémorial » et maintient le « foyer d’Amour » en incandescence avec les guérisons, les Eucharisties.
Comme je le montre dans mon ouvrage*, le verset Jn 14, 26 rayonne sur tout l’ensemble du fil vertical C : l’Esprit de Sainteté établit le mémorial et vitalise tous les sacrements.
*Françoise BREYNAERT, Jean, l’évangile en filet. L’oralité d’un texte à vivre. (Préface Mgr Mirkis – Irak) Éditions Parole et Silence. Paris, 8 décembre 2020
Date de dernière mise à jour : 29/04/2025