Pentecôte

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Voici pour mémoriser le texte de l'évangile de ce jour en vue d'une récitation orale avec reprises de souffles.

Pentecote b evangile jn 15 16Pentecote B - Evangile Jn 15--16 (110.35 Ko)

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Sur Radio espérance : tous les mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 8h15
et rediffusées le dimanche à 8h et 9h30). 

Première lecture (Ac 2, 1-11)

Psaume (103 (104), 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34) = année A

Deuxième lecture (Ga 5,16-25)

Séquence

Évangile (Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15)

Première lecture (Ac 2, 1-11) 

Quand arriva le jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours après Pâques, ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.
Or, il y avait, résidant à Jérusalem, des Juifs religieux, venant de toutes les nations sous le ciel. Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient en pleine confusion parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient. Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient : ‘Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène, Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu’. » – Parole du Seigneur.

Chers auditeurs, nous allons suivre ici ce qu’avait dit Benoît XVI, à la XIIIe assemblée générale ordinaire du synode des évêques, 8 octobre 2012 parce qu’il explique ce que représente ce feu de la Pentecôte, ces langues de feu à la fois brûlantes et compréhensibles par tous :

« La grande souffrance de l’homme — à cette époque, tout comme aujourd’hui — est justement celle-ci : derrière le silence de l’univers, derrière les nuages de l’histoire, y a-t-il ou n’y a-t-il pas un Dieu ? Et, si ce Dieu existe, nous connaît-il, a-t-il quelque chose à voir avec nous ? Cette question est aujourd’hui tout aussi actuelle qu’elle l’était à cette époque. Beaucoup de personnes se demandent : Dieu est-il une hypothèse ou pas ? Est-ce une réalité ou pas ? Pourquoi ne se fait-il pas entendre ? ‘Évangile’ signifie : Dieu a rompu son silence, Dieu a parlé, Dieu existe. Ce fait, en tant que tel, est salut : Dieu nous connaît, Dieu nous aime, Il est entré dans l’histoire. Jésus est sa Parole, le Dieu avec nous, le Dieu qui nous montre qu’Il nous aime, qui souffre avec nous jusqu’à la mort et qui ressuscite. Ceci est l’Évangile même. Dieu a parlé, Il n’est plus le grand inconnu mais Il s’est montré lui-même et c’est cela le salut.
La question pour nous [le pape s’adresse aux évêques] est la suivante : Dieu a parlé, Il a vraiment rompu le grand silence, Il s’est montré, mais comment pouvons-nous faire arriver cette réalité à l’homme d’aujourd’hui afin qu’elle devienne salut ? […]
Les Apôtres n’ont pas dit après certaines assemblées : ‘à présent nous voulons créer une Église’ et avec la forme d’une constituante ils auraient élaboré une constitution. Non, ils ont prié et dans la prière ils ont attendu, car ils savaient que seul Dieu lui-même peut créer son Église, que Dieu est le premier agent : si Dieu n’agit pas, nos affaires sont seulement les nôtres et elles sont insuffisantes ; Dieu seul peut témoigner que c’est Lui qui parle et qui a parlé. La Pentecôte est la condition de la naissance de l’Église : seulement parce que Dieu a d’abord agi, les Apôtres peuvent agir avec Lui et avec sa présence et rendre présent ce que Lui fait. Dieu a parlé et ce ‘a parlé’ est le parfait de la foi mais c’est toujours également un présent : […] c’est un passé véritable qui porte toujours en soi le présent et le futur. Dieu a parlé, cela veut dire : ‘il parle’. Et comme à cette époque, c’est seulement grâce à l’initiative de Dieu que pouvait naître l’Église, que pouvait être connu l’Évangile, le fait que Dieu a parlé et parle, ainsi aujourd’hui aussi c’est seulement Dieu qui peut commencer, nous ne pouvons que coopérer, et le début doit venir de Dieu. […]
Dieu est toujours le début, et c’est toujours seulement Lui qui peut faire Pentecôte, qui peut créer l’Église, qui peut montrer la réalité de sa présence parmi nous. Mais d’un autre côté, ce Dieu, qui est toujours le début, veut également notre engagement. Il veut engager notre activité, de façon à ce que les activités soient théandriques, pour ainsi dire, faites par Dieu, mais avec notre engagement et en impliquant notre être, toute notre activité.
Lorsque nous faisons donc la nouvelle évangélisation, il s’agit toujours d’une coopération avec Dieu, elle réside dans l’être ensemble avec Dieu, elle est fondée sur la prière et sur sa présence réelle. […]
La foi a un contenu […] et la foi portée dans le cœur doit être proclamée : elle n’est jamais seulement une réalité dans le cœur, mais elle tend à être communiquée, à être vraiment confessée devant les yeux du monde. […] [Il s’agit de] témoigner face à des instances ennemies de la foi, de témoigner même dans des situations de passion et de danger de mort. […] [C’est] la première colonne — pour ainsi dire — de l’évangélisation et la seconde est caritas [charité] […]

L’ardeur, c’est la flamme, elle allume les autres. Il y a une passion qui est nôtre, qui doit grandir de la foi, qui doit se transformer en feu de la charité. Jésus nous a dit : ‘Je suis venu jeter un feu sur la terre et qu’ai-je à désirer s’il est déjà allumé ?’. Origène nous a transmis une parole du Seigneur : ‘Celui qui est près de moi est près du feu’. Le chrétien ne doit pas être tiède. […] La foi doit devenir en nous une flamme de l’amour, une flamme qui allume réellement mon être, devient une grande passion de mon être, et allume ainsi mon prochain. […] Saint Luc nous dit qu’à la Pentecôte, dans cette fondation de l’Église par Dieu, l’Esprit Saint était un feu qui transformait le monde, mais un feu sous forme de langue, à savoir un feu qui est toutefois raisonnable, qui est esprit, qui est aussi compréhension ; un feu qui est uni à la pensée, à la « mens ». Et justement ce feu intelligent, cette [sobre ivresse] sobria ebrietas », est une caractéristique du christianisme. […] Le feu de Dieu est un feu transformateur, un feu de passion – certes – qui détruit aussi tant de choses en nous, qui conduit à Dieu, mais un feu surtout qui transforme, renouvelle et crée une nouveauté de l’homme, qui devient lumière en Dieu. 
Ainsi, au bout du compte, nous pouvons seulement prier le Seigneur que la ‘confessio [le témoignage du contenu de la foi]’ soit en nous fondée de façon profonde et qu’elle devienne le feu qui allume les autres ; ainsi le feu de sa présence, la nouveauté de son être avec nous, devient réellement visible et force du présent et de l’avenir.» [1]

Psaume (103 (104), 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34)

« Bénis le Seigneur, ô mon âme ; Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur ! la terre s’emplit de tes biens.
Tu reprends leur souffle, ils expirent et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre.
Gloire au Seigneur à tout jamais ! Que Dieu se réjouisse en ses œuvres !
Que mon poème lui soit agréable ; moi, je me réjouis dans le Seigneur ».

Chers auditeurs, prier en disant : « Bénis le Seigneur, ô mon âme ; Seigneur mon Dieu, tu es si grand ! », c’est entrer en relation avec Notre Père, Dieu le créateur, et c’est grandir grâce à cette relation. Quand un personnage important entre dans un lieu, tout le monde se presse et veut lui serrer la main et lui adresser une salutation. Le Seigneur est vivant, et une rencontre personnelle avec lui est possible. Prier, c’est cultiver une rencontre personnelle avec lui, et cette relation nous ennoblit, car nous sommes l’ami de quelqu’un de grand. « L’homme a été créé à l’image de Dieu, capable de connaître et d’aimer son Créateur. » (Concile Vatican II, G.S. 12) « Bénis le Seigneur, ô mon âme ; Seigneur mon Dieu, tu es si grand ! »,

« Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur ! la terre s’emplit de tes biens ».

« Au fond du vaste horizon, on apercevait les montagnes dont les contours indécis auraient échappé à nos yeux si leurs sommets neigeux que le soleil rendait éblouissants n’étaient venus ajouter un charme de plus au beau lac qui nous ravissait… En regardant toutes ces beautés, il naissait en mon âme des pensées bien profondes. Il me semblait comprendre déjà la grandeur de Dieu et les merveilles du Ciel… » (Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, Histoire d’une âme, 58 r)

« Tu reprends leur souffle, ils expirent et retournent à leur poussière ».

C’est Dieu qui maintient l’univers dans l’existence, c’est pourquoi le péché est si grave. Comment Dieu maintiendrait-il indéfiniment un univers qui le rejette et rejette sa Loi d’amour ? La Bible nous dit qu’il y aura un jugement, que l’on appelle le jugement eschatologique, et que ceux qui se sont endurcis dans le mal n’auront plus le droit de vivre sur la terre, n’y vivront que ceux qui désirent vivre avec Dieu, pour que son règne advienne sur la terre comme au Ciel, préparant ainsi les hommes à l’éternité.

 « Tu envoies ton souffle : ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre ».

Le souffle de Dieu, c’est l’Esprit Saint, l’Esprit de Sainteté. « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l'abîme, un vent de Dieu tournoyait sur les eaux » (Gn 1, 1-2 BJ). Le vent, le souffle de Dieu couve et fait éclore les possibilités de vie qui sont cachées dans les eaux. C’est par le souffle de Dieu qu’Adam devint un être vivant. « Le Seigneur Dieu modela l'homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l'homme devint un être vivant » (Gn 2, 7 BJ). L’homme se renouvelle sans cesse en recevant le souffle de Dieu au plus profond de son âme, par la prière. La Pentecôte nous renouvelle. L’Esprit Saint rend notre vie toujours nouvelle, toujours fraîche parce que Dieu ne sait créer que des choses nouvelles et fraîches ! « Tu envoies ton souffle : ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre ».

Et il la renouvellera au temps de la Parousie, la venue glorieuse du Christ !

Gloire au Seigneur à tout jamais ! Que Dieu se réjouisse en ses œuvres !

Rendre gloire au Seigneur, c’est reconnaître qu’il est l’auteur de l’univers. Il a fait le soleil, nous, nous ne savons pas faire le soleil, mais nous savons faire des trous d’ozone, ou réfracter les rayons du soleil par des épandages de neige carbonique. C’est le Seigneur qui a fait notre ADN et ARN, nous, nous savons seulement manipuler cet ADN, ou ARN, c’était l’ultime thérapie tentée pour quelques maladies rares, et c’est devenue une expérimentation mondiale avec des milliards d’injections. Rendre gloire au Seigneur, c’est demander la sagesse divine dans notre rapport à la science et à la technique. Beaucoup de choses sont possibles, mais tout n’est pas inspiré par Dieu, il faut rendre gloire au Seigneur à tout jamais. Le Créateur se réjouit en ses œuvres quand nous en faisons un bon usage. La prière de ce psaume revêt donc une grande actualité : « Gloire au Seigneur à tout jamais ! Que Dieu se réjouisse en ses œuvres ! »

« Que mon poème lui soit agréable ; moi, je me réjouis dans le Seigneur ».

A Medjugorje :

"Petits enfants, réjouissez-vous en Dieu le Créateur car Il vous a créés de façon si merveilleuse." 25.08.88

"Réservez un temps de la journée pour prier dans la paix et l’humilité, pour rencontrer le Dieu Créateur. Je suis avec vous, et j’intercède pour vous auprès de Dieu. Ainsi, soyez en éveil [il ne s’agit pas d’être woke, il s’agit du véritable éveil] pour que chaque rendez-vous dans la prière soit joie de votre rencontre avec Dieu." 25.11.88 (entier)

"Chers enfants, aujourd’hui encore je vous invite tous à nouveau à la prière, une prière de joie, afin qu’en ces jours douloureux personne d’entre vous ne ressente de la tristesse dans la prière, mais une rencontre joyeuse avec son Dieu Créateur." 25.07.92

« Que mon poème lui soit agréable ; moi, je me réjouis dans le Seigneur ».

Viens Esprit Créateur ! (Veni Creator Spiritus)

Viens, Esprit Créateur,
visite l’âme de tes fidèles,
emplis de la grâce d’En-Haut
les cœurs que tu as créés.

Toi qu’on nomme le Conseiller,
don du Dieu très-Haut,
source vive, feu, charité,
invisible consécration.

Tu es l’Esprit aux sept dons,
le doigt de la main du Père,
l’Esprit de vérité promis par le Père,
c’est toi qui inspires nos paroles.

Allume en nous ta lumière,
emplis d’amour nos cœurs,
affermis toujours de ta force
la faiblesse de notre corps.

Repousse l’ennemi loin de nous,
donne-nous ta paix sans retard,
pour que, sous ta conduite et ton conseil,
nous évitions tout mal et toute erreur.

Fais-nous connaître le Père,
révèle-nous le Fils,
et toi, leur commun Esprit,
fais-nous toujours croire en toi.

Gloire soit à Dieu le Père,
au Fils ressuscité des morts,
à l’Esprit Saint Consolateur,
maintenant et dans tous les siècles.

Deuxième lecture (Ga 5,16-25)

Frères, je vous le dis : marchez sous la conduite de l’Esprit Saint, et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair. Car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit, et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez. Mais si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la Loi.

On sait bien à quelles actions mène la chair : inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalité, jalousie, emportements, intrigues, divisions, sectarisme, envie, beuveries, orgies et autres choses du même genre. Je vous préviens, comme je l’ai déjà fait : ceux qui commettent de telles actions ne recevront pas en héritage le royaume de Dieu.

Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. En ces domaines, la Loi n’intervient pas. Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses convoitises. Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit. – Parole du Seigneur

Ce passage de la lettre aux Galates commence et s’achève par la même formule : marcher sous la conduite de l’Esprit (Ga 5, 16.25). Le mot Esprit ne désigne pas quelque chose dans le cerveau, mais, en araméen, le souffle ou le vent. En décrivant une opposition de l’Esprit aux tendances de la chair, saint Paul décrit l’état de notre nature humaine marquée par le péché des origines depuis lequel l’humanité est engagée dans un combat spirituel. Notre vie est un chemin où nous risquons de nous perdre et nous devons chercher jour après jour à marcher sous la conduite de l’Esprit Saint, non pas n’importe quel « esprit », mais l’Esprit de Dieu, non pas n’importe quel souffle, mais le Souffle Saint.

La chair [ḇesrā] représente ici ce qui s’oppose à l’Esprit Saint, elle ne représente pas ici la matérialité du corps, qui n’est pas mauvaise puisque Jésus lui-même a pris un corps. La chair, c’est l’homme coupé de sa source qui est en Dieu. C’est alors « l’inconduite, l’impureté, la débauche » : alors que le manque de pudeur livre la chair à l’emprise des autres, une riche vie intérieure ne s’expose pas aux regards, mais cherche à préserver le parfum de l’intimité avec le Seigneur, sans emprise extérieure. « L’idolâtrie et la sorcellerie » s’opposent aux premiers commandements de Dieu, ce sont les fruits de la chair parce que, quand l’homme est coupé de sa source qui est en Dieu, il manque de vie et va chercher la vie auprès des magiciens et des anges déchus. Au contraire, c’est bien l’Esprit qui « nous fait vivre ».

Ou bien, l’homme cherche à se faire valoir aux dépens des autres, et c’est « la rivalité, la jalousie ». La jalousie conduit au vol et au meurtre, et là encore, la Loi est enfreinte. Le remède à la jalousie consiste à prier pour se laisser aimer par Dieu, être comblé par Dieu et on ne ressort pas de la prière sans douceur. Avec la prière viennent les fruits de l’Esprit, amour, joie, douceur.

« Il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez » : l’affrontement vient des convoitises de la chair, par exemple, les orgies et les débauches, « vous empêchent de faire tout ce que vous voudriez » alors qu’on les vante parfois comme des droits ! De même, les rivalités et les jalousies « vous empêchent de faire tout ce que vous voudriez », alors qu’un certain libéralisme veut leur laisser libre cours ! L’idolâtrie et la sorcellerie aussi « vous empêchent de faire tout ce que vous voudriez », alors qu’on les présente parfois comme des épanouissements sans limites.

« Le fruit de l’Esprit est amour, joie ». Le mot joie est pris ici dans son sens propre ; les hommes mauvais au sens propre ignorent la joie, mais connaissent le plaisir. « Il n'y a pas de joie pour les impies, dit le Seigneur » Is 48,22. Saint Thomas d’Aquin rappelle les paroles d’un martyr : « je souffre dans mon corps de cruelles douleurs ; mais dans mon âme je les supporte volontiers par crainte de Dieu » (2M 6,30), et il fait remarquer à juste titre que « la délectation de la vertu surpasse la tristesse psychique en tant que l'homme préfère le bien de la vertu à la vie physique et à ce qui s'y rapporte » (II-II Secunda Secundae Qu.123 a.8).

Les fruits de l’Esprit Saint perfectionnent les vertus. Saint Thomas d’Aquin envisage avec raison la possibilité d’une vie vertueuse avant la naissance du Christ [2]. Dans le livre de la Sagesse, il est dit que la Sagesse divine est « un esprit bienfaisant » qui « pénètre à travers tous les esprits » (Sg 7, 23). Au temps d’Aristote, l’exercice des vertus préparait l’accueil du Christ. Au temps de saint Thomas d’Aquin, la société chrétienne était d’autant plus imprégnée des vertus morales que les vertus théologales infusées chez les baptisés les nourrissaient.

Ce qu’il faut maintenant comprendre, c’est que le rejet du Christ ne produit pas uniquement un retour au paganisme pré-chrétien, il a pour conséquence un blocage de la communication divine, consciente ou pas. Après la venue du Messie, pour les uns, les vertus théologales accroissent les vertus morales et l’on parlera aussi des dons et des fruits de l’Esprit Saint, mais chez les autres, le refus du Christ assèche les vertus. En société, on parle de la vertu, mais on n’y persévère pas.

Chers auditeurs, que ce jour de Pentecôte soit l’occasion de faire le « choix de la foi, de l’obéissance de la foi Rm 16,26, par laquelle l'homme s'en remet tout entier et librement à Dieu dans  un complet hommage d'intelligence et de volonté. Cette "foi, opérant par la charité Ga 5,6, vient du centre de l'homme, de son "coeur" Rm 10,10, et elle est appelée, à partir de là, à fructifier dans les oeuvres Mt 12,33-35 Lc 6,43-45 Rm 8,5-8 Ga 5,22. » (Jean-Paul II, Veritatis Splendor 66).

Les fruits de l'Esprit sont : « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi » et « En ces domaines, la Loi n’intervient pas », non pas au sens où les commandements de Dieu seraient relativisés mais au sens où l’on ne peut pas commander la joie ou la bonté, c’est un surcroît. « Les fruits de l'Esprit sont des perfections que forme en nous le Saint-Esprit comme des prémices de la gloire éternelle » (CEC 1832). Quand nous arriverons au Ciel, nous serons étonnés par la douceur, par la bonté, et par la joie qui y règneront.

Séquence

Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière. Viens en nous, père des pauvres, viens, dispensateur des dons, viens, lumière de nos cœurs. Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur. Dans le labeur, le repos ; dans la fièvre, la fraîcheur ; dans les pleurs, le réconfort. Ô lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous les fidèles. Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti. Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé. Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé. À tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacrés. Donne mérite et vertu, donne le salut final, donne la joie éternelle. Amen. 

Évangile (Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15)

15, 26 Lorsque, donc, sera venu l’Esprit Paraclet, / celui que, moi, je vous envoie d’auprès de mon Père,
l’Esprit de Vérité [le véritable Esprit], / celui qui sort d’auprès de mon Père.

Lui, il témoignera / de moi,
27
et, vous aussi, vous témoignerez / que, depuis le début, vous êtes avec moi.

[…]

16, 12 J’ai encore beaucoup de choses à vous dire,
mais vous n’êtes pas capables / de le saisir maintenant.

13 Or, lorsqu’il sera venu / l’Esprit de vérité
il vous conduira, lui, / dans toute la vérité.

En effet, / il ne parle pas à partir de sa propre pensée,

mais, tout ce qu’il entendra / c’est de cela qu’il parlera,

et, les choses à venir, / il vous les fera connaître ;

14
et, lui, / il me glorifiera

parce qu’il prendra de ce qui est mien / et vous le montrera.

15 Toute chose qui est à mon Père / est à moi
c’est pour cela / que je vous ai dit :

‘Il prendra de ce qui est mien / et vous le montrera.’

– Acclamons la Parole de Dieu. 

« L’Esprit Paraclet ». Le mot Paraclet est à la fois un mot grec et un mot araméen (araméen disent les évêques irakiens, syriaque disent les universitaires français).

Selon l’étymologie grecque, le paraklètos est celui qui est appelé aux côtés, appelé à l’aide : un assistant ou un adjoint, un avocat, ou encore un intercesseur, un consolateur. Dans le monde grec, le paraclet est l’avocat qui prend la défense de son client, donc celui qui sauve d’une condamnation. D’où la traduction fréquente du mot « paraclet » par « avocat ». cette fonction de souffleur n’existe pas. L’influence grecque formera des rabbis qui jugent et argumentent sur des citations de versets figés presque comme les sophistes grecs, alors que la culture sémite suscite des jugements inspirés des Écritures, ce qui est bien différent. L’inspiration saisit les prophètes dans un souffle puissant, au point qu’ils n’écrivent pas tout de suite, c’est souvent un autre qui met les paroles du prophète par écrit.

D’après l’araméen, le mot paraqlitâ se comprend ainsi. Le verbe praq signifie : séparer, relâcher, racheter tandis que lawTthâ signifie malédiction. Le paraqlitâ est donc Celui qui sauve de la malédiction. Le Paraclet sépare de la malédiction.

Dans le monde sémite, à la synagogue, le paraclet est le souffleur qui aide le récitateur des textes sacrés, et au tribunal, c’est le conseiller qui « souffle » au témoin sa déposition qu’il a préparé et apprise par cœur, sans toutefois parler à la place du témoin, lequel y met du sien. L’Esprit Saint est le conseiller dont le « souffle » est saint, on l’appelle donc Paraclet.

Mais dans le monde grec, cette fonction de souffleur n’existe pas. L’influence grecque formera des rabbis qui jugent et argumentent sur des citations de versets figés presque comme les sophistes grecs, alors que la culture sémite suscite des jugements inspirés des Écritures, ce qui est bien différent. L’inspiration saisit les prophètes dans un souffle puissant, au point qu’ils n’écrivent pas tout de suite, c’est souvent un autre qui met les paroles du prophète par écrit.

Jésus, qui n’avait pas besoin de rhétorique et qui enseignait avec autorité, promet le « Paraclet » à ses disciples : le Souffleur, qui est en même temps Celui qui délivre de la malédiction.

Le Paraclet est envoyé par Jésus en rapport à son « départ » par la Croix : « Si je pars, je vous l’enverrai » (Jn 16, 7). C’est « l’Esprit de vérité » (Jn 16, 13) qui, en araméen (rūḥā dašrārā)  a la nuance : « l’Esprit de vérité et de fermeté » : c’est lui qui fait tenir bon dans l’épreuve, ferme dans le témoignage. On peut traduire « Esprit de vérité » ou « véritable Esprit » par opposition à l’esprit du monde, à ce que le monde considère comme Esprit.

Les versets 13 à 15 revêtent une importance particulière.

« En effet, / il ne parle pas à partir de sa propre pensée,
mais, tout ce qu’il entendra / c’est de cela qu’il parlera,

et, les choses à venir, / il vous les fera connaître ;

14
et, lui, / il me glorifiera

parce qu’il prendra de ce qui est mien / et vous le montrera.

15 Toute chose qui est à mon Père / est à moi
c’est pour cela / que je vous ai dit :

‘Il prendra de ce qui est mien / et vous le montrera.’ »

Depuis Joachim de Flores, on a imaginé un temps de l’Esprit qui succèderait au temps du Fils, avec une Église de spirituels, qui pourraient s’imposer à l’Église ordinaire, désormais dépassée. Une telle vision de l’histoire se retrouve aussi chez Hegel qui oppose le Père (la thèse, le passé) et le Fils (l’antithèse, le présent), l’Esprit est la synthèse (et l’avenir). Certains chrétiens ont été fascinés, mais la dialectique d’Hegel est une contrefaçon du christianisme. Par exemple, alors que Jésus dit qu’il n’est pas venu abolir la loi (Mt 5, 17), on affirmera que vivre dans l’esprit permet de relativiser la loi, d’une manière subjective. Par exemple, alors que Jésus a voulu souffrir et mourir sur la croix, on effacera les croix ou on les masquera, au nom d’un nouvel esprit.

Dans sa salutation à l’ouverture du livre de l’Apocalypse, le Père est décrit comme « Celui qui existe et qui existait et Celui qui vient » (Ap 1, 4), l’Esprit Saint est décliné avec « sept esprits » comme dans le texte d’Isaïe 11, 2-3 relatif à l’onction du Messie, et Jésus est décrit comme étant « premier-né des morts », donc le Ressuscité devant emporter les hommes dans sa résurrection, et il est aussi le « Chef des rois de la terre » (Ap 1, 5), une formule trinitaire, donc. Ensuite, l’Apocalypse dit que le dessein du Créateur (la Trinité) se réalisera. C’est donc l’amour divin trinitaire qui conduit l’Histoire, et non pas une Idée en perpétuelle dialectique. L’ange montre finalement à Jean, sur la terre nouvelle, « le fleuve d’eaux vives [image de l’Esprit Saint (Jn 7, 38-39)] aussi pur que lumineux, comme la glace ; et il sortait du Trône de Dieu [le Père] et de l’Agneau [le Fils] » (Ap 22, 1).

Comme Jésus le dit dans cet évangile :

« Toute chose qui est à mon Père / est à moi
c’est pour cela / que je vous ai dit :

‘Il prendra de ce qui est mien / et vous le montrera.’ »

Par ailleurs, dans mon livre « Jean, l’évangile en filet », Parole et Silence 2020, j’explique que l’évangile est composé de perles qui s’enfilent dans des fils, avec, comme dans un filet, des fils horizontaux ou verticaux, c’est-à-dire que l’on peut faire des méditations transversales. Le passage que nous avons lu est un extrait de ce que j’appelle la perle 6E et qui peut s’écouter dans un fil transversal, que l’appelle le fil « E » décrivant le vaste combat spirituel qui traverse l’histoire.

Le Fils de l’homme jugera le monde et l’histoire (Jn 12, 31 perle 5E), mais auparavant, l’Esprit Saint soutient la mission des apôtres (perle 6E). Le fil vertical s’est ouvert sur un dialogue de Jésus avec Nicodème durant lequel Jésus se compare au serpent d’airain élevé par Moïse au désert, pour guérir les Hébreux des blessures mortelles des serpents (perle 1E). La Sagesse du Christ guérit de la fausse sagesse. Le serpent, animal sans écailles, ni pelage ni plumage, est dit « nu », mais il est aussi dit « rusé ». Sa langue est double : bifide, l’ambiguïté de son langage permet une inversion des valeurs. A cause du Serpent des origines, « l’heure vient où quiconque vous tuera pensera rendre un culte à Dieu » (Jn 16, 2 perle 6E), ce qui est une inversion totale. L’Esprit Saint rétablira la vérité (Jn 16, 8-11 perle 6E), ce qui constituera, là encore, une manière d’exorcisme. Et Jésus encourage en donnant le sens de l’histoire : « Celui qui aime sa vie la perd ; et celui qui hait sa vie en ce siècle, la garde pour la vie éternelle » (Jn 12, 25 perle 5E).

Puisse donc l’Esprit Saint nous soutenir tout au long de notre marche en ce monde. Amen.

 

[1] https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2012/october/documents/hf_ben-xvi_spe_20121008_meditazione-sinodo.html

[2] Somme Théologique Ia, IIae, Q 55, a4.

Date de dernière mise à jour : 26/04/2024