5° dimanche pascal

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Voici pour mémoriser le texte de l'évangile de ce jour en vue d'une récitation orale avec reprises de souffles.

B 5e dimanche pascal evangile jn 15 1 8B- 5e dimanche du temps pascal Evangile Jn 15, 1-8 (77.94 Ko)

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Sur Radio espérance : tous les mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 8h15
et rediffusées le dimanche à 8h et 9h30). 

Première lecture (Ac 9, 26-31)

Psaume (21 (22), 26b-27, 28-29, 31-32)

Deuxième lecture (1 Jn 3, 18-24)

Évangile (Jn 15, 1-8)

5ème Semaine du Temps Pascal Première lecture (Ac 9, 26-31)

En ces jours-là, arrivé à Jérusalem, Saul cherchait à se joindre aux disciples, mais tous avaient peur de lui, car ils ne croyaient pas que lui aussi était un disciple. Alors Barnabé le prit avec lui et le présenta aux Apôtres ; il leur raconta comment, sur le chemin, Saul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé, et comment, à Damas, il s’était exprimé avec assurance au nom de Jésus. Dès lors, Saul allait et venait dans Jérusalem avec eux, s’exprimant avec assurance au nom du Seigneur. Il parlait aux Juifs de langue grecque, et discutait avec eux. Mais ceux-ci cherchaient à le supprimer. Mis au courant, les frères l’accompagnèrent jusqu’à Césarée et le firent partir pour Tarse. L’Église était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ; elle se construisait et elle marchait dans la crainte du Seigneur ; réconfortée par l’Esprit Saint, elle se multipliait. – Parole du Seigneur.

  Le premier contact de saint Paul (Saul) avec la personne de Jésus eut lieu à travers le témoignage de la communauté chrétienne de Jérusalem. « Ce fut un contact orageux. Ayant connu le nouveau groupe de chrétiens, il en devint immédiatement un féroce persécuteur. Il le reconnaît lui-même à trois reprises dans autant de Lettres : "J’ai persécuté l’Église de Dieu" écrit-il (1 Co 15, 9; Ga 1, 13; Ph 3, 6), présentant presque son comportement comme le pire des crimes.

L’histoire nous montre que l’on parvient normalement à Jésus à travers l’Église ! […] Pour Paul, l’adhésion à l’Église fut due à l’intervention directe du Christ, qui, se révélant à lui sur le chemin de Damas, s’identifia à l’Église et lui fit comprendre que persécuter l’Église signifiait Le persécuter, Lui, le Seigneur (cf. Ac 9, 5). En effet, le Ressuscité dit à Paul, le persécuteur de l’Église : "Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu ?" (Ac 9, 4). En persécutant l’Église, il persécutait le Christ. Paul se convertit alors, dans le même temps, au Christ et à l’Église. On comprend donc pourquoi l’Église a été ensuite aussi présente dans les pensées, dans le coeur et dans l’activité de Paul. Elle le fut tout d’abord dans la mesure où il fonda littéralement de nombreuses Églises dans les diverses villes où il se rendit en tant qu’évangélisateur. » [1]

« Réconfortée par l’Esprit Saint, l’Église se multipliait » (Ac 9,31). « L’Esprit de Pentecôte apporte avec lui une impulsion vigoureuse à assumer l’engagement de la mission pour témoigner de l’Evangile sur les routes du monde. De fait, le Livre des Actes rapporte toute une série de missions accomplies par les Apôtres, tout d’abord en Samarie, puis sur la bande côtière de la Palestine, et enfin vers la Syrie. Ce sont surtout les trois grands voyages missionnaires accomplis par Paul qui sont rapportés. Cependant, dans ses Lettres, saint Paul nous parle de l’Esprit d’un autre point de vue également. Il n’illustre pas uniquement la dimension dynamique et active de la troisième Personne de la Très Sainte Trinité, mais il en analyse également la présence dans la vie du chrétien, dont l’identité en reste marquée. En d’autres termes, Paul réfléchit sur l’Esprit en exposant son influence non seulement sur l’agir du chrétien, mais également sur son être. En effet, c’est lui qui dit que l’Esprit de Dieu habite en nous (cf. Rm 8, 9; 1 Co 3, 16) et que "envoyé par Dieu, l’Esprit de son Fils est dans nos coeurs" (Ga 4, 6). Pour Paul donc, l’Esprit nous modèle jusque dans nos profondeurs personnelles les plus intimes. A ce propos, voilà quelques-unes de ses paroles d’une importance significative: "En me faisant passer sous sa loi, l’Esprit qui donne la vie dans le Christ Jésus m’a libéré, moi qui étais sous la loi du péché et de la mort... L’Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur ; c’est un Esprit qui fait de vous des fils ; poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l’appelant : "Abba!"" (Rm 8, 2.15). On voit donc bien que le chrétien, avant même d’agir, possède déjà une intériorité riche et féconde, qui lui a été donnée dans le Sacrement du Baptême et de la Confirmation, une intériorité qui l’établit dans une relation de filiation objective et originale à l’égard de Dieu. Voilà notre grande dignité : celle de ne pas être seulement des images, mais des fils de Dieu. Et cela est une invitation à vivre notre filiation, à être toujours plus conscients que nous sommes des fils adoptifs dans la grande famille de Dieu. Il s’agit d’une invitation à transformer ce don objectif en une réalité subjective, déterminante pour notre penser, pour notre agir, pour notre être. Dieu nous considère comme ses fils, nous ayant élevés à une dignité semblable, bien que n’étant pas égale, à celle de Jésus lui-même, l’unique véritable Fils au sens plein. En lui nous est donnée, ou restituée, la condition filiale et la liberté confiante en relation au Père.

Nous découvrons ainsi que pour le chrétien, l’Esprit n’est plus seulement l’"Esprit de Dieu", comme on le dit normalement dans l’Ancien Testament et comme l’on continue à répéter dans le langage chrétien (cf. Gn 41, 38; Ex 31, 3; 1 Co 2, 11.12; Ph 3, 3; etc.). Et ce n’est pas non plus un "Esprit Saint" au sens large, selon la façon de s’exprimer de l’Ancien Testament (cf. Is 63, 10.11; Ps 51, 13), et du Judaïsme lui-même dans ses écrits (Qumràn, rabbinisme). En effet, à la spécificité de la foi chrétienne appartient la confession d’un partage original de cet Esprit de la part du Seigneur ressuscité, qui est devenu Lui-même "l’être spirituel qui donne la vie" (1 Co 15, 45). C’est précisément pour cela que saint Paul parle directement de l’"Esprit du Christ" (Rm 8, 9), de l’"Esprit de Fils" (Ga 4, 6) ou de l’"Esprit de Jésus Christ" (Ph 1, 19). C’est comme s’il voulait dire que non seulement Dieu le Père est visible dans le Fils (cf. Jn 14, 9), mais que l’Esprit de Dieu s’exprime aussi dans la vie et dans l’action du Seigneur crucifié et ressuscité !

Paul nous enseigne également une autre chose importante : il dit qu’il n’existe pas de véritable prière sans la présence de l’Esprit en nous. Il écrit en effet : "Bien plus, l’Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intervient pour nous par des cris inexprimables. Et Dieu, qui voit le fond des coeurs, connaît les intentions de l’Esprit : il sait qu’en intervenant pour les fidèles, l’Esprit veut ce que Dieu veut" (Rm 8, 26-27). C’est comme dire que l’Esprit Saint, c’est-à-dire l’Esprit du Père et du Fils, est désormais comme l’âme de notre âme, la partie la plus secrète de notre être, d’où s’élève incessamment vers Dieu un mouvement de prière, dont nous ne pouvons pas même préciser les termes. En effet, l’Esprit, toujours éveillé en nous, supplée à nos carences et il offre au Père notre adoration, avec nos aspirations les plus profondes. Cela demande naturellement un niveau de grande communion vitale avec l’Esprit. C’est une invitation à être toujours plus sensibles, plus attentifs à cette présence de l’Esprit en nous, à la transformer en prière, à ressentir cette présence et à apprendre ainsi à prier, à parler avec le Père en tant que fils dans l’Esprit Saint. » [2]

Psaume (21 (22), 26b-27, 28-29, 31-32)

Devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses. Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ; ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent : ‘À vous, toujours, la vie et la joie !’ La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur, chaque famille de nations se prosternera devant lui : ‘Oui, au Seigneur la royauté, le pouvoir sur les nations !’ Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ; on annoncera le Seigneur aux générations à venir. On proclamera sa justice au peuple qui va naître : Voilà son œuvre !

Un commentaire adapté nous est offert par saint Nicolas Cabasilas.

« C’est par des procédés très miséricordieux que Jésus-Christ établit sa royauté sur les âmes.

Il était venu sur terre pour nous manifester son amour. […] Et voici le comble. Ce n’est pas seulement au moment où il apparaît sur terre revêtu de l’infirmité humaine (et non point, certes, pour juger le monde), qu’il se présente sous la forme de l’esclave et dissimule sa qualité de Maître ; mais même plus tard, au jour où il viendra dans toute sa puissance et paraîtra dans toute la gloire de son Père, lors de sa glorieuse manifestation, lors de son règne : ‘Il se ceindra, les invitera à se mettre à table et, un à un, Il les servira’ (Lc 12, 37). Lui-même par qui règnent les souverains et gouvernent les princes. C’est ainsi qu’Il a exercé sa royauté vraie et sans reproche, Lui seul se suffisant à Lui-même pour établir ce règne. […] Il n’asservit pas par l’appât du gain. En lui seul il trouve sa force d’attraction, par lui seul il s’attache ses sujets. Régner par la crainte ou par l’argent n’est pas régner soi-même. […] Et comme il fallait que Notre Seigneur régnât dans le sens propre du mot, sinon c’eut été indigne de lui, il a su comment y parvenir. Et voici ce moyen étrange. Il va à l’opposé. Pour devenir le vrai Maître, il embrasse la condition de l’esclave et se constitue le serviteur des esclaves jusqu’à la croix et la mort et, de la sorte, il ravit l’âme des esclaves et étend son empire sur leur volonté. Sachant que là est le secret de cette royauté, Paul écrit : ‘Il s’est humilité et a obéi jusqu’à la mort, jusqu’à la mort de la croix : c’est pourquoi Dieu l’a exalté’ (Ph 2, 8) […] Par la première création, le Christ devint maître de la nature ; par la création nouvelle, il s’empare de notre volonté. Or entraîner après soi l’humanité, après avoir subjugué et soumis notre entendement et notre libre arbitre, en quoi consiste tout l’homme : voilà ce qui s’appelle régner sur l’homme. » [3]

Nous n’avons pas à craindre pour notre descendance, si nous sommes jeunes, d’avoir des enfants, si nous sommes plus âgés, pour l’avenir de nos enfants ou de nos petits-enfants. L’avenir est à Dieu. Au-delà de l’Antichrist dont parle aussi le Nouveau Testament, l’avenir est à la royauté de Dieu, et cette royauté sera douce.

Nous pouvons reprendre le psaume : 

« Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ; on annoncera le Seigneur aux générations à venir. On proclamera sa justice au peuple qui va naître : Voilà son œuvre !  » (Ps 21, 28-29)

Immergés dans un flot d’informations d’une extrême violence, nous devons savoir que Jésus reviendra dans la gloire et que son retour sera :

  • le jugement de la violence par la douceur,
  • le jugement de l’arrogance par l’humilité,
  • le jugement de la cruauté par la gentillesse,
  • le jugement de l’injustice par la justice.

« Il détruit la guerre jusqu’au bout du monde” (Ps 45 (46),10).

L’espérance des hommes doit être liée au Christ et à son retour dans la gloire, qui n’est pas la fin du monde, mais l’accomplissement du dessein créateur, avec l’image d’une Cité sainte, c’est-à-dire d’une civilisation sainte. Pour le dire autrement, l’Église va connaître un temps de triomphe, consécutif au jugement eschatologique, c’est-à-dire après l’anéantissement de l’Antichrist par le souffle de la venue glorieuse du Christ (2Th 2, 8-12). Cf. CEC 675-677. Tant que le monde ignorera ces choses, on trouvera des gens qui rêvent de concorde, mais ne font qu’imposer leurs propres idées, à leur propre gloire... On trouvera des comités de « salut public » qui répandront la terreur… On trouvera des messianismes politiques qui, au nom d’un monde idéal, qu’il soit « libéré » ou « soumis », s’arrogeront le droit de vie et de mort sur les gens. Bref, des gens qui se substituent au Christ dans son rôle de jugement et de salut du monde. Ceci étant dit, à quoi servirait le retour glorieux du Christ s’il n’y a personne sur la terre qui désire vivre selon l’Évangile ? À quoi servirait le retour glorieux du Christ s’il n’y a personne qui désire le règne de Dieu et de l’Agneau ?

En 1927, Jésus demanda à sœur Olive (bénédictine du Saint Sacrement) : « Je désire une belle chapelle pour honorer mon Divin Cœur. Ce sera la chapelle du CHRIST-ROI, PRINCE DE LA PAIX, ET MAÎTRE DES NATIONS. Je veux que cette chapelle soit faite pour mon Cœur et Je serai le Roi de France et de tous les pays de l’Univers. Là viendront les âmes de tous les États pour chercher la paix et la force, et même la lumière pour vivre et mourir sous mes lois. » [4] Grâce à l’intervention du cardinal Verdier puis du cardinal Feltin, l’inauguration eut lieu le 27 octobre 1940, mais ce sanctuaire fut détruit en 1977. Sœur Olive savait que le Sanctuaire du CHRIST-ROI, PRINCE DE LA PAIX, ET MAÎTRE DES NATIONS serait détruit, car, dès 1946, elle annonçait sa reconstruction. « La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur, chaque famille de nations se prosternera devant lui : ‘Oui, au Seigneur la royauté, le pouvoir sur les nations !’ Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ; on annoncera le Seigneur aux générations à venir. On proclamera sa justice au peuple qui va naître : Voilà son œuvre ! » (Ps 21, 28-29).

Deuxième lecture (1 Jn 3, 18-24)

Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. Voilà comment nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité, et devant Dieu nous apaiserons notre cœur ; car si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses. Bien-aimés, si notre cœur ne nous accuse pas, nous avons de l’assurance devant Dieu. Quoi que nous demandions à Dieu, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements, et que nous faisons ce qui est agréable à ses yeux. Or, voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et voilà comment nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné part à son Esprit. – Parole du Seigneur.

« Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité ». En vérité… De nombreux médias indépendants montrent que les guerres actuelles sont faites avec des horreurs qui sont bien autre chose que de simples dommages collatéraux, des horreurs qui montrent une déchéance morale encore jamais atteinte. L’efficacité de la propagande est telle que la grande majorité d’entre nous n’est même pas consciente de sa complicité dans le génocide de tel ou tel peuple. Face aux guerres actuelles, alors même qu’une proportion considérable de la population demande un cessez-le-feu, nous ne disposons d’aucun recours institutionnel réaliste. Nous ne sommes plus tant gouvernés que dominés par des gouvernants qui ont besoin de la guerre pour se maintenir au pouvoir. Pourtant, souvent, nous pouvons parler. Mais au nom d’un poste de professeur ou d’un dîner tranquille, nous nous taisons, et la plupart d’entre nous ne sont guère différents des faiseurs de guerre, dans leur quête obsessionnelle de pouvoir à des fins personnelles. 

La deuxième lecture nous rejoint dans la complexité de cette situation actuelle.

« Voilà comment nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité, et devant Dieu nous apaiserons notre cœur ; car si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses ».

« Nous apaiserons notre cœur ». Les apparitions de Notre Dame à Pellevoisin suggèrent en quelque sorte une devise qui se résume en trois lettres « C » : Calme, Confiance, Courage. Ce calme que la Vierge demande pour l’Église et pour la France, elle a appris à Estelle à le découvrir. Ne l’exhorte-t-elle pas 5 fois à le rechercher : par exemple à la 6e apparition : « Du calme, mon enfant, patience, tu auras des peines, mais je suis là » ; à la 7° : « Il y aura bien des contradictions, ne crains rien, sois calme » à la 8° : « Je voudrais que tu sois encore plus calme. Je ne t’ai pas fixé l’heure à laquelle je devais revenir, ni le jour. Tu as besoin de te reposer, je ne resterai que quelques minutes » ; à la 9° : « Tu t’es privée de ma visite le 15 août ; tu n’avais pas assez de calme. Tu as bien le caractère du Français. Il veut tout savoir avant d’apprendre, et tout comprendre avant de savoir. Hier encore je serais venue ; tu en as été privée. J’attendais de toi cet acte de soumission et d’obéissance ». Enfin à la 11e : « Je tiendrai compte des efforts que tu as fait pour avoir le calme ». Rappelons le psaume qui semble nous inviter à regarder au-delà des méfaits de l’Antichrist et à vivre paisiblement ancrés dans le Seigneur : « Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ; on annoncera le Seigneur aux générations à venir. On proclamera sa justice au peuple qui va naître : Voilà son œuvre !  » (Ps 21, 29)

Saint Jean continue : « Bien-aimés, si notre cœur ne nous accuse pas, nous avons de l’assurance devant Dieu. Quoi que nous demandions à Dieu, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements, et que nous faisons ce qui est agréable à ses yeux. Or, voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus-Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé ».

Pour ne pas être endurcis par la dureté des informations qui nous arrivent chaque jour, il nous faut prier pour une personne unique, aimer une famille, aider un pauvre. Garder une correspondance avec une personne dans la détresse.

Certes, il sera sans doute difficile aux historiens d’aborder le caractère moral de notre époque. Les différentes crises, avec leurs atrocités quotidiennes nous conduisent vers un état de déchéance. Elles nous privent de notre ancrage moral. Nous devons résister, intellectuellement et matériellement. Garder l’ancre au Ciel, dans la Très Sainte Trinité. Garder l’ancre dans les commandements de Dieu, notre Père. Garder l’ancre dans le nom de son Fils Jésus-Christ. Le chrétien ne craint pas l’avenir, mais il regarde au-delà du règne de l’Antichrist. Saint Jean dit : « Or, voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus-Christ ».

Saint Jean ajoute : « et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et voilà comment nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné part à son Esprit ». « Il nous a donné part à son Esprit ».

Jadis, lors de la création de l’homme, Dieu lui insuffla une haleine de vie (Gn 2, 7), maintenant il nous communique son Esprit même (Jn 20,22). Jésus, est le Fils, il n’est nullement asservi au péché, il nous communique et sa chair et son sang et son esprit et tout ce qui est à Lui ; c’est en nous imprégnant de son être sain, libre et vraiment divin, qu’Il nous a recréé, affranchi, déifié.

En considérant son immense amour, nous sommes portés à garder ses commandements, en méditant la grâce qui nous est faite, nous sommes portés à persévérer jalousement dans l’union à celui qui nous divinise.

Et nous en avons besoin. Aujourd’hui.

Le monde a une organisation pyramidale dominée par la puissance de l’argent et par César. On y voit des « vendeurs » comme ceux qui encombraient l’accès au Temple et que Jésus a chassé (Jn 2, 15), il a aussi des voleurs et des brigands, furtifs et rapaces, auxquels s’oppose Jésus qui est à la fois la porte et le bon berger (Jn 10, 8-10). Et finalement, les Juifs demandent la mort de Jésus en déclarant : « Nous n’avons pas d’autre roi que César » (Jn 19,15). Cette organisation est celle d’un Empire dont le chef a le pouvoir de tuer, et auquel parfois on rend même un culte explicite.

Jésus propose une autre organisation : elle ressemble à une vigne qui vivifie ses rameaux (Jn 15, 1-8). Le chef sert et met en valeur les potentialités de chacun, – c’est important pour les maîtres de stage ! – comme le cep de vigne permet aux rameaux de porter du fruit, il en pose les conditions favorables. La société est vivifiée par l’Esprit Saint comme la vigne est nourrie par la sève. Ce qui nous conduit à l’évangile de ce dimanche.

Évangile (Jn 15, 1-8)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :

1 Je suis la vigne véritable / et mon Père est le vigneron.
2
Tout sarment qui, en moi, ne donne pas de fruits, / il l’enlève ;

et celui qui donne des fruits, / il le purifie ;

afin que de nombreux fruits, / il produise.

3 Vous, déjà, / vous êtes purs,
à cause de la Parole, / dont j’ai parlé avec vous.

4 Demeurez en moi, / et moi en vous.
De la façon dont le sarment / est incapable

de donner des fruits de lui-même, / sinon en demeurant sur la vigne,

de la même façon, vous non plus, / si vous ne demeurez en moi.

5 Je suis la Vigne, / et vous êtes les sarments.
Qui demeure en moi, / et moi en lui

celui-ci produit / de nombreux fruits.
arce que, sans moi, / vous n’êtes capables de rien faire.

6 Si, donc, quelqu’un ne demeure pas en moi, / il est jeté dehors,
comme le sarment qui se dessèche / et on le ramasse pour le jeter dans le feu afin qu’il brûle.

7 Si donc vous demeurez en moi, / et mes paroles demeurent en vous,
tout ce que vous désirez demander, / [cela] sera pour vous,

8
en ceci / le Père est glorifié,

afin que ne nombreux fruits / vous produisiez

et que vous soyez mes disciples !

L’Ancien Testament a fréquemment parlé d’une vigne plantée par le Seigneur, généralement pour évoquer Israël, par exemple le psaume 80 [79]. Maintenant, le Fils lui-même s’identifie à la vigne : « Il s’est laissé planter dans la terre. Le mystère de l’Incarnation, dont Jean a parlé dans le Prologue, est repris d’une manière surprenante » [5].

Les Orientaux appellent l’Eucharistie « qūrbānā », un mot qui signifie rencontre, contact, et dans l’image de la vigne et des sarments, le contact est justement décrit comme le contact vivifiant, vital :

« Qui demeure en moi, / et moi en lui
celui-ci produit / de nombreux fruits.» (Jn 15, 5).

Nicolas Cabasilas écrit : « par le banquet eucharistique, le Christ, qui est la véritable justice, nous le faisons plus intimement nôtre que tout ce dont nous a dotés la nature et ce, au point de pouvoir nous glorifier de ses mérites, d’en être félicités comme s’il s’agissait de succès personnels, d’en acquérir des titres de noblesse, si toutefois nous demeurons en communion avec Lui. » [6]

Dans l’évangile, on entend une répétition « en Moi ». Le fait de demeurer « en Moi », ou « sur la vigne » est similaire au fait de demeurer dans le Temple. La vigne et le Temple sont liés, mais ont des connotations complémentaires.

L’image de la vigne est essentiellement vivante, elle exprime la transmission de la vie divine. Le chrétien est celui qui est branché sur le Christ par l’Esprit Saint, et il est appelé à grandir : Tout sarment qui porte du fruit, [le père] l’émonde « afin que de nombreux fruits / il produise » (Jn 15, 2).

Le Temple est l’image de l’Église en tant qu’institution. Il permet à la vie de grandir, dans l’existence de chacun et dans l’histoire du monde. Au Temple, la liturgie fait un mémorial de l’histoire sainte, et ce mémorial constitue en quelque sorte l’enracinement qui permet à la vigne de porter du fruit. Le Nouveau Temple qu’est l’Église ne peut subsister que comme ramification sur la vigne. L’Église ne doit jamais se penser comme une réalité autonome. L’institution et la vie vont ensemble.

« Tout sarment qui, en moi, ne donne pas de fruits, / il l’enlève » (Jn 15, 2). Il s’agit de la purification des disciples qui s’opère par le mystère de la Mort et de la Résurrection. « L’exaltation propre à l’homme et aux institutions doit être émondée. Ce qui est trop poussé doit être à nouveau ramené à la simplicité et à la pauvreté du Seigneur lui-même. C’est seulement à travers ces processus de mort que la fécondité se préserve et se renouvelle » [7]. Pierre lui-même ne manquera de rappeler sa propre purification. La nuit de la Passion, son tempérament sera brisé, il deviendra un autre homme que le Ressuscité pourra instituer berger.

Isaïe et toute la tradition prophétique avaient dit que Dieu attendait de sa vigne des raisins et donc un vin délicieux, images de la justice et de la droiture, de la sainteté et de la fécondité de la vie nourrie de la volonté et de la Parole de Dieu. Le rameau sec est celui qui n’est pas alimenté par la sève, l’Esprit de Jésus. Celui-là, « ils le ramassent, le jettent au feu afin qu’il brûle » (Jn 15, 6). Le pronom « ils » arrive dans le texte sans autre explication. Les auditeurs de Jésus, comme les auditeurs de Jean, ont déjà reçu un autre enseignement de Jésus, conservé dans le lectionnaire (l’évangile) de saint Matthieu : « à l’aboutissement du temps », les anges arracheront l’ivraie du champ et la brûleront (Mt 13, 40). Ce « ils » (Jn 15, 6) se réfère à la Venue glorieuse de Jésus que Jean évoque (Jn 21, 22) sans répéter ce qui est connu. Le feu qui brûle, c’est encore l’amour de Dieu (Jn 15, 9), mais tel qu’il est perçu par quelqu’un qui le rejette.

« 4 Demeurez en moi, / et moi en vous.
De la façon dont le sarment / est incapable

de donner des fruits de lui-même, / sinon en demeurant sur la vigne,

de la même façon, vous non plus, / si vous ne demeurez en moi. […]

Sans moi, / vous n’êtes capables de rien faire. » (Jn 15, 4-5)

Il faut entendre la force du mot « incapable », dont la racine aškḥ signifie « trouver et moissonner », ou « être capable de », « être possible ». L’expression est très forte : Jésus veut dire que sans lui, il est impossible de faire ni de moissonner, ni de trouver : impossible. Et tout le discours après la Cène se situe sur ce registre du possible ou impossible. Il est demandé à l’être humain un acte de foi, une attention et une intention d’être uni à Jésus, afin de devenir capable de quelque chose. Certes, Dieu n’a pas « rien créé » quand il a créé l’être humain, mais il y a bel et bien entre la créature et le Créateur un rapport impossible/possible, incapable/capable, comme aussi, en Jn 6, 53 : absence de vie / Vie qui est pour toujours. Et Dieu (le Père) veut élever sa créature à la Vie, à la possibilité, à la capacité de trouver et de moissonner. Il s’agit ici d’un enseignement sur ce que les Orientaux appellent la divinisation.

« Ce qui est au Christ est nôtre, parce que nous devenons ses membres et sommes adoptés ; parce que nous communions à sa chair, à son sang, à son esprit. Ce qui est au Christ nous touche de plus près que ce que nous acquérons par notre propre industrie, et même que ce que nous possédons par nature, parce que le Christ nous est plus apparenté que nos parents mêmes.

C’est pourquoi nous ne devons pas nous embarrasser de notre sagesse humaine ni nous en tenir à nos succès humains, mais nous sommes dans l’obligation de vivre de cette vie nouvelle, obligation qui n’aurait pas existé, si cette vie ne nous eût convenu particulièrement et éminemment. Aussi avons-nous été ensevelis avec le Christ par le baptême afin de mener une vie nouvelle (Rm 4, 4) » [8]. 

 

[1] Benoît XVI, audience générale du mercredi 22 novembre 2006.

[2] Benoît XVI, audience générale du mercredi 15 novembre 2006

[3] Nicolas Cabasilas (1322 – 1391 Grèce), « La vie en Jésus-Christ », Prieuré d’Amay sur Meuse, traduit par S. Broussaleux, Belgique, p. 132-133

[4] ROUSSOT J-B, La Colombe de France, p. 17

[5] Joseph RATZINGER, BENOIT XVI, Jésus de Nazareth, tome I, Flammarion, Paris 2007, p. 286

[6] Nicolas Cabasilas (1322 – 1391 Grèce), « La vie en Jésus-Christ », Prieuré d’Amay sur Meuse, traduit par S. Broussaleux, Belgique, p. 128-129

[7] Joseph RATZINGER, BENOIT XVI, Ibid., p. 287

[8] Nicolas CABASILAS (1322 – 1391 Grèce), « La vie en Jésus-Christ », Prieuré d’Amay sur Meuse, traduit par S. Broussaleux, Belgique, p. 127-128

Date de dernière mise à jour : 05/04/2024