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15e dimanche ordinaire (B)
Voici pour mémoriser le texte de l'évangile de ce jour en vue d'une récitation orale avec reprises de souffles.
Evangile Mc 6, 7-13 15e dimanche ordinaire B (83.13 Ko)
Podcast sur : https://radio-esperance.fr/antenne-principale/entrons-dans-la-liturgie-du-dimanche/#
Sur Radio espérance : tous les mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 8h15
et rediffusées le dimanche à 8h et 9h30).
Première lecture (Am 7, 12-15)
Psaume (Ps 84 (85), 9ab.10, 11-12, 13-14)
Première lecture (Am 7, 12-15)
En ces jours-là, Amazias, prêtre de Béthel, dit au prophète Amos : « Toi, le voyant, va-t’en d’ici, fuis au pays de Juda ; c’est là-bas que tu pourras gagner ta vie en faisant ton métier de prophète. Mais ici, à Béthel, arrête de prophétiser ; car c’est un sanctuaire royal, un temple du royaume. » Amos répondit à Amazias : « Je n’étais pas prophète ni fils de prophète ; j’étais bouvier, et je soignais les sycomores. Mais le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit : ‘Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël.’ » – Parole du Seigneur.
Au temps de Déborah ou de David, malgré l’infériorité du développement matériel vis-à-vis des cités cananéennes de la plaine côtière, certaines victoires pouvaient fournir la preuve qu’on avait raison d’être différents des autres peuples. Mais un tournant s’opère dès lors qu’Israël et ses voisins sont menacés par de grands empires, à commencer par les Assyriens (ce sera ensuite Babylone puis les Perses).
Au VIII° siècle avant J-C, il y a dans le royaume du Nord (Samarie) depuis les rois Omri et Achab, des villes construites sur de vastes terrassements en hauts des collines… l’époque est prospère. Mais le prophète Amos voit venir de loin le danger de l’Assyrie. Il veut faire comprendre que l’important ne consiste pas dans les signes extérieurs tels que la paix, la prospérité ; seuls comptent la justice sociale et le vrai culte, citons le prophète Amos : « parce qu’ils écrasent la tête des faibles sur la poussière de la terre et qu’ils font dévier la route des humbles ; parce que fils et père vont à la même fille afin de profaner mon saint nom » (Am 2, 7). De même, les sacrifices déplaisent au Seigneur quand manque le droit (Am 5, 21-27).
On lit aussi en Amos 4, 6-12 un contre-Exode, un Exode à l’envers : au lieu de vous donner l’eau du rocher comme avec Moïse, Dieu dit : « je vous ai privé d’eau ». L’oracle dit aussi : « J’ai envoyé parmi vous une peste comme celle d’Égypte… et vous n’êtes pas revenus à moi ! » (Am 4, 10). Autrement dit, Israël est devenu comme l’Égypte, car ce qui compte c’est le cœur, et la terre sainte n’est pas sainte en elle-même.
Amos annonce la chute du royaume de Samarie aux mains des Assyriens. On comprend qu’Amos dérange ses contemporains… Qui supporterait facilement l’oracle : « je vous déporterai par-delà Damas, dit le Seigneur » (Am 5, 27) ? L’histoire ne sera plus faite de victoires. Malgré la promesse faite à Abraham, Dieu n’est pas tenu à une logique en faveur de son peuple. Dieu n’est pas non plus la projection de nos désirs. L’histoire n’est pas le juge ultime. Les signes extérieurs ne sont pas l’unique façon dont Dieu se communique, ni même la première façon. L’important, c’est le vécu intérieur, la justice et le vrai culte.
Amos aurait bien aimé rester tranquillement auprès de ses troupeaux de bovins. « Je n’étais pas prophète ni fils de prophète ; j’étais bouvier, et je soignais les sycomores ». Sans doute, son métier l’a-t-il mis en contact avec le commerce transfrontalier et il y a probablement une part de connaissance humaine dans son oracle : « je vous déporterai par-delà Damas, dit le Seigneur ». Ceci étant dit, il y a des vérités que l’homme ne supporte pas de voir, et qu’inconsciemment il se cache à lui-même, parce que ces vérités le déstabilisent et contredisent ses intérêts et ses plans humains. « Le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit : ‘Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël.’ » Amos a reçu la force de parler : c’est un don de l’Esprit Saint. Le don de prophétie est un charisme de l’Esprit Saint. Israël a donc été averti de l’invasion assyrienne, et la prophétie d’Amos aurait dû aider les Hébreux à garder la foi durant cette épreuve, malheureusement, il n’y a plus de trace des tribus déportées par les Assyriens au moment de la chute de Samarie en l’an -721 avant Jésus-Christ.
Observons qu’être prophète n’est pas un métier, ce n’est pas un gagne-pain, on ne monnaye pas ce genre de service. Amazias, prêtre de Béthel tente Amos d’en faire un gagne-pain, « Toi, le voyant, va-t’en d’ici, fuis au pays de Juda ; c’est là-bas que tu pourras gagner ta vie en faisant ton métier de prophète. » Mais Amos le refuse. C’est en ce sens qu’Amos répond à Amazias : « Je n’étais pas prophète ni fils de prophète. […] Mais le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit : ‘Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël.’» Être prophète est un appel de Dieu, et c’est Dieu qui veille sur les besoins matériels du prophète qui ne doit pas chercher à en faire un gagne-pain.
Amos a eu des paroles très dérangeantes : « 23 Ecarte de moi le bruit de tes cantiques, que je n'entende pas la musique de tes harpes ! 24 Mais que le droit coule comme de l'eau, et la justice, comme un torrent qui ne tarit pas. 25 Des sacrifices et des oblations, m'en avez-vous présentés au désert, pendant 40 ans, maison d'Israël ? 26 Vous emporterez Sakkut, votre roi, et l'étoile de votre dieu, Kevân*, ces images que vous vous êtes fabriquées ; 27 et je vous déporterai par-delà Damas, dit le Seigneur » (Am 5, 23-27).
Notons que la Bible ne parle jamais de l’étoile de David, mais de l’étoile de Kevân ou de Rephân. Le symbole de l’étoile à six branches (l’étoile de David) existait en Israël à l'époque romaine, mais son lien avec le judaïsme en particulier ne semble apparaitre que dans les siècles suivants [1]. Ce n’est qu’à la fin du Moyen Âge que la kabbale, la branche ésotérique du judaïsme, lui confère un sens religieux [2]. Au 12e siècle, né en Irak, David Alroy se présenta comme messie sous le nom de Menaḥem ben Solomon, et semble avoir adopté l’étoile à six branches comme symbole de son messianisme. C’est donc un anachronisme que d’imaginer que le dessin de cette étoile jouerait avec les lettres hébraïques DVD du nom de David ou que ce roi portait ce symbole sur son bouclier.
Dernier point. Face à la menace de l’invasion assyrienne, Amos affirme que Dieu sera fidèle, et il annonce une restauration future : « En ces jours-là, je relèverai la hutte branlante de David, je réparerai ses brèches, je relèverai ses ruines, je la rebâtirai comme aux jours d’autrefois » (Am 9, 11). Or on lit dans les Actes des apôtres que la mission chez les païens pose problème. Ce problème reposait, entre autres, sur la conviction, tirée des Écritures, qu’Israël devait sûrement être restauré en premier, avant que la question des nations ne se pose (Amos 9, 11-12 ; Isaïe 1,1-2 ; Michée 4, 1-2), cette restauration était nécessaire avant la conversion et le rassemblement des nations. Or Israël était encore sous domination romaine. Or l’apôtre saint Jacques clôt le débat et justifie la mission de Paul chez les païens avec ce texte d’Amos sur la « restauration » (Am 9, 11-12), ce qui sous-entend qu’Israël a déjà été restauré, en Jésus ressuscité et dans les premières conversions (cf. Actes 15, 14-19).
Psaume (Ps 84 (85), 9ab.10, 11-12, 13-14)
J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ? Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles. Son salut est proche de ceux qui le craignent, et la gloire habitera notre terre. Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ; la vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice. Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit. La justice marchera devant lui, et ses pas traceront le chemin.
« J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ? Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles. » Cette paix n’est pourtant pas ce qu’annonce d’abord le prophète Amos qui voit au contraire le danger venant de l’Empire assyrien. Mais Amos savait voir aussi au-delà de ce danger. Il avait en effet annoncé la restauration future d’Israël, donc une ère de paix. En attendant, il avait dénoncé l’injustice : « parce qu’ils écrasent la tête des faibles sur la poussière de la terre et qu’ils font dévier la route des humbles ; parce que fils et père vont à la même fille afin de profaner mon saint nom » (Am 2, 7).
Le psaume continue : « Son salut est proche de ceux qui le craignent, et la gloire habitera notre terre. Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ; la vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice. »
Nous aurons dans l’évangile l’exemple des apôtres qui, après leur prédication, et souvent après des exorcismes, « oignaient d’onguent de nombreux malades, et ils [les] guérissaient » (Mc 6, 13). Chacune de ces guérisons accomplissait ainsi le psaume : « Son salut est proche de ceux qui le craignent, et la gloire habitera notre terre ».
« Amour et vérité » se rencontrent, pas seulement la vérité, la vérité avec amour. Pas seulement l’amour, l’amour dans la vérité.
« Amour [ṭaybūtā : bonté, grâce, miséricorde] et vérité [qūštā : vérité ou justice] se rencontrent », on parle ainsi du baiser de la miséricorde à la justice, et saint Jean-Paul II faisait cette remarque profonde : « Personne n’a expérimenté autant que la Mère du Crucifié le mystère de la croix, la rencontre bouleversante de la justice divine transcendante avec l’amour : ce "baiser" donné par la miséricorde à la justice (Ps 85, 11 selon le latin) ». (Jean-Paul II, encyclique Dives in Misericordia 9)
« Justice et paix s’embrassent » : si vous voulez la paix, réalisez la justice.
« La vérité [haymānuṯā : la vérité, la foi, la fidélité] germera de la terre et du ciel se penchera la justice ». De la part des hommes sont requis la vérité, la foi, la fidélité [haymānuṯā], et Dieu, lui, donnera la justice.
Dieu est aux cieux, c’est sa Demeure, et « c’est dans le Christ que le ciel et la terre sont réconciliés (cf. Is 45,8 Ps 85,12), car le Fils "est descendu du ciel", seul, et il nous y fait remonter avec lui, par sa Croix, sa Résurrection et son Ascension » (CEC 2795).
Le psaume continue : « Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit. » On a déjà entendu que « la gloire habitera notre terre ». C’est une promesse, notre terre donnera son fruit.
Cette promesse a un sens au temps de Jésus : la terre, en la personne de la Vierge Marie, porte son fruit béni, Jésus : « notre terre donnera son fruit. »
On peut aussi se souvenir de l’oracle d’Amos dont saint Jacques, dans les Actes des apôtres, affirme qu’il est accompli : « Dieu a pris soin de tirer d’entre les païens un peuple réservé à son Nom. Ce qui concorde avec les paroles des Prophètes, puisqu’il est écrit : Après cela je reviendrai et je relèverai la tente de David qui était tombée ; je relèverai ses ruines et je la redresserai, afin que le reste des hommes cherchent le Seigneur, ainsi que toutes les nations qui ont été consacrées à mon Nom, dit le Seigneur [= Amos 9, 11-12] qui fait connaître ces choses depuis des siècles. C’est pourquoi je juge, moi, qu’il ne faut pas tracasser ceux des païens qui se convertissent à Dieu » (Actes 15, 14-19). Ainsi, dans la foi apostolique, la prophétie d’Amos sur la restauration d’Israël a déjà été accomplie.
Mais la promesse « Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit » a encore un sens eschatologique : la terre doit accomplir le dessein du créateur, quand l’humanité ayant accueilli son Sauveur, accomplira la volonté de Dieu sur la terre comme au Ciel. Tel est, nous dira la seconde lecture, « le mystère de sa volonté, selon que sa bonté l’avait prévu dans le Christ : pour mener les temps à leur plénitude, récapituler toutes choses dans le Christ, celles du ciel et celles de la terre » (Eph 1, 9-10). Notre terre donnera son fruit à la plénitude des temps, dans un temps à venir par conséquent, et tout ce que nous réalisons actuellement n’est qu’une préfiguration. Nous devons en avoir conscience. Les temps doivent encore être menés à leur plénitude, et c’est le Christ en sa venue glorieuse qui le réalisera, comme dit le catéchisme en commentant la prière du Notre Père, « que ton règne vienne » : « Dans la prière du Seigneur, il s'agit principalement de la venue finale du Règne de Dieu par le retour du Christ » (CEC 2818). C’est alors que « Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit ». Et le catéchisme continue : « Mais ce désir ne distrait pas l'Eglise de sa mission dans ce monde-ci, il l'y engage plutôt. » (CEC 2818).
Le psaume continue : « La justice marchera devant lui, et ses pas traceront le chemin » ; zaḏiqūṯā : c’est la justice, la probité, un mot qui a les mêmes consonnes que le mot zeḏqṯā aumône, bienfaisance. En grec, justice et aumône sont deux mots très différents, mais en araméen, on passe facilement de l’un à l’autre. La première charité est de donner aux autres ce qui leur est dû, la justice [zaḏiqūṯā], ensuite vient la bienfaisance gratuite, le partage, l’aumône [zeḏqṯā].
Alors, chers auditeurs, préparons déjà la venue glorieuse du Christ par la justice, la probité, l’honnêteté, et ajoutons déjà la bienfaisance gratuite, le partage, l’aumône.
Deuxième lecture (Ep 1,3-14)
3 Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ.
4 Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. 5 Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. 6 Ainsi l’a voulu sa bonté, à la louange de gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous donne dans le Fils bien-aimé.
7 En lui, par son sang, nous avons la rédemption, le pardon de nos fautes. 8 C’est la richesse de la grâce que Dieu a fait déborder jusqu’à nous en toute sagesse et intelligence. 9 Il nous dévoile ainsi le mystère de sa volonté, selon que sa bonté l’avait prévu dans le Christ : 10 pour mener les temps à leur plénitude, récapituler toutes choses dans le Christ, celles du ciel et celles de la terre.
11 En lui, nous sommes devenus le domaine particulier de Dieu, nous y avons été prédestinés selon le projet de celui qui réalise tout ce qu’il a décidé : 12 il a voulu que nous vivions à la louange de sa gloire, nous qui avons d’avance espéré dans le Christ.
13 Vous aussi, en lui, après avoir écouté la parole de vérité, l’Évangile de votre salut, et après y avoir cru, vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint. 14 Et l’Esprit promis par Dieu est une première avance sur notre héritage, en vue de la rédemption que nous obtiendrons, à la louange de sa gloire. – Parole du Seigneur.
- L'ouverture est trinitaire
« Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ ».
Il y a une relation de bénédictions réciproques. « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ ! Il nous a bénis
Hier comme aujourd’hui, gnostiques et spiritualistes sont tentés de faire du Christ une puissance inférieure tout en continuant à placer leurs espoirs de salut dans les puissances de l’air, les esprits... Les baptisés sont déjà « au ciel », dans les cieux qui dominent tous les autres (le grec dit : επουρανιοις) et où le chrétien est appelé à se détourner des tentations des pratiques occultes des spiritualismes.
2) Saints et immaculés… à la louange de sa gloire : v. 4-6.
« 4 Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. 5 Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. 6 Ainsi l’a voulu sa bonté, à la louange de gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous donne dans le Fils bien-aimé. ».
L'élection est l'entrée dans une relation devenue possible par le fait que le Christ nous a sauvés. Nous avons dans le Christ ("en lui") la possibilité de rencontrer Dieu le Créateur. Ce lieu de rencontre existait déjà dans le Christ « avant la fondation du monde ».
« Prédestinés » : ce mot signifie que la création a un but, et ce but est que nous soyons saints et immaculés, mais personne n’est prédestiné à être pécheur comme le pense l’hérésie de la prédestination, hérésie présente chez les protestants et chez les musulmans.
« Saints et immaculés » voilà une qualité des offrandes rituelles : dans le dessein éternel de Dieu, l'Église est, dans le Christ, comme une offrande sainte et sans tache devant Dieu, donc un lieu de rencontre entre Dieu et les hommes.
Après l'offrande sainte et immaculée, lieu de rencontre parfait entre Dieu et les hommes, ce sera une liturgie d'action de grâce. « Ainsi l’a voulu sa bonté, à la louange de gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous donne dans le Fils bien-aimé ».
«7 En lui, par son sang, nous avons la rédemption, le pardon de nos fautes. 8 C’est la richesse de la grâce que Dieu a fait déborder jusqu’à nous en toute sagesse et intelligence. 9 Il nous dévoile ainsi le mystère de sa volonté, selon que sa bonté l’avait prévu dans le Christ : 10 pour mener les temps à leur plénitude, récapituler toutes choses dans le Christ, celles du ciel et celles de la terre. »
Il nous convient d’adorer le sang du Christ, de remercier Jésus pour sa Rédemption et d’accueillir cette Rédemption dans nos vies. De plus, l'histoire ne s'écoule pas dans l'absurde, mais elle aura une mesure comble à la Parousie, quand la volonté du Père se réalisera sur la terre comme au ciel (cf. CEC 2818). Les fruits de la Rédemption seront alors au complet.
Chaque année, au Yom Kippour, on purifiait avec le sang des victimes le propitiatoire ; de même le Christ a purifié par son sang le nouveau lieu de rencontre.
« Le mystère »
- En 1Co 2 : le mystère, c'est le plan de Dieu qui se réalise sur la croix.
- En Rm 11 et 16, le mystère c'est le plan de salut de Dieu en tant qu'il inclut les païens en même temps que les juifs.
- En Col (1;2;4) le mystère c'est le salut universel et cosmique.
- En Eph (3, 3-9 ; 5,32 ; 6,19) : la fresque se complète de sa dimension éternelle, « avant la fondation du monde ». Le mystère est la sagesse de Dieu dont le Christ est avant les temps "la forme", puisque tout est fait par lui, avec lui et en lui.
- Les hébreux : v. 11-12.
« 11 En lui, nous sommes devenus le domaine particulier de Dieu, nous y avons été prédestinés selon le projet de celui qui réalise tout ce qu’il a décidé : 12 il a voulu que nous vivions à la louange de sa gloire, nous qui avons d’avance espéré dans le Christ. »
Il s’agit ici des hébreux qui étaient devenus le domaine particulier de Dieu (Dt 7), un peuple élu pour préparer la venue du Messie, le Christ en qui ils ont « d’avance espéré ». Mais, en refusant de se faire baptiser par Jean, les pharisiens et les scribes ont rejeté « en leur âme », voire « contre eux-mêmes » [3], le dessein de Dieu (Lc 7, 30). Ce « dessein de Dieu » est qu’Israël soit un médiateur pour la guérison des païens, par exemple, le centurion a envoyé en délégation les anciens des Juifs (Lc 7, 1-10). Paul lui-même est un pharisien choisi par Dieu et qui travaille puissamment à l’évangélisation.
« En lui, vous aussi, après avoir écouté la parole de vérité, l’Évangile de votre salut, et après y avoir cru, vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint. Et l’Esprit promis par Dieu est une première avance sur notre héritage, en vue de la rédemption que nous obtiendrons, à la louange de sa gloire. »
« vous aussi » : saint Paul s’adresse ici aux Éphésiens, issus du paganisme.
« L’Évangile de votre salut [sḇarṯā d-ḥayaykon] » sḇarṯā est la bonne nouvelle, c’est aussi une espérance ; d-ḥayaykon littéralement de votre vie, la vie étant un mot pluriel en araméen. Le salut est une vivification, et bien sûr seul le Créateur peut vivifier.
« en vue de la rédemption [pūrqānā] que nous obtiendrons » : nous attendons encore une ultime délivrance, au moment de la venue glorieuse du Christ, quand le monde entier sera délivré de l’emprise du Mauvais.
« Vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint weṯḥṯemton b-rūḥā d-qūḏšā », littéralement, vous avez été scellé du Saint Esprit. Il s’agit du baptême qui suppose d'entendre l'évangile et d'y adhérer par la foi.
Conclusion : en même temps que Paul comprend, par le concret de la mission, l'origine éternelle du retour du monde à Dieu, il fait l'une des plus belles contemplations de la Trinité.
L'homme retrouve le lieu de la rencontre avec Dieu le Père, le Créateur. Ce lieu de rencontre, c’est de toute éternité le Christ, « le Fils bien-aimé » de Dieu. C’est aussi l’Église en tant qu’elle est une offrande « sainte et immaculée » dans le Christ.
Évangile (Mc 6, 7-13)
7 Et il appela ses Douze,
et il commença à les envoyer, / deux par deux,
et il leur donna pouvoir sur les esprits impurs, / afin qu’il [les] fassent sortir.
8 Et il leur commanda / de ne rien emporter pour le chemin
sinon un bâton seulement.
Ni besace, ni pain, / ni monnaie de cuivre dans leur bourse.
9 Mais qu’ils portent des sandales / et qu’ils ne prennent pas deux tuniques.
10 Et il leur dit :
‘En quelque maison / où vous entriez,
que l'on reste là, / jusqu'à ce que vous en sortiez.
11 Et quiconque ne vous recevra pas / ni ne vous écoutera,
quand vous sortirez / de ce chef-lieu,
secouez la poussière de dessous vos pieds / en témoignage pour eux.
Amen, / je vous le dis :
On sera plus clément / pour Sodome et Gomorrhe,
au jour du jugement / plus que pour ce chef-lieu !’
12 Et ils sortaient / et prêchaient afin qu’ils se convertissent,
13 et, de nombreux démons-génies, / ils les faisaient sortir,
et ils oignaient d’onguent de nombreux malades, / et ils [les] guérissaient.
Durant leur première mission, les douze ne s’éloignent pas beaucoup, ils reviennent rapidement auprès de Jésus, notamment pour le soir du Shabbat, c’est pourquoi ils ne prennent pas deux tuniques. Ils ne prennent pas non plus de pain ni de monnaie : ils seront nourris par leurs auditeurs.
Ils sont envoyés deux par deux. Dans leur civilisation, l’usage veut qu’au tribunal, on appelle deux témoins. Ici aussi, nous avons deux témoins, deux apôtres témoignant ensemble.
« En quelque maison où vous entriez, que l’on reste là » (Mc 6, 10). Nous avons un verbe à la troisième personne du pluriel traduit par : « Que l’on reste là ». Il n’y a qu’un unique lieu de prédication, avec une maisonnée spécialement formée et qui va rayonner. Dans la suite de l’histoire de l’Église, les monastères seront aussi des lieux de rayonnement dans lesquels on reste là.
Et si on ne les écoute pas, les apôtres secouent la poussière de leurs pieds en témoignage.
« On sera plus clément / pour Sodome et Gomorrhe,
au jour du jugement / plus que pour ce chef-lieu ! »
En araméen, le mot chef-lieu est construit sur la même racine que le mot jugement : le chef-lieu est la ville où il y a un tribunal. La localité qui exclut les apôtres, qui les juge et les repousse, cette localité doit savoir qu’elle sera un jour jugée par Dieu lui-même. Et le jugement de Sodome sera plus clément. Le jugement de Dieu tient compte des lumières et des grâces reçues. Celui qui a reçu davantage est jugé plus sévèrement que celui qui ne savait pas.
« Et ils sortaient prêcher / afin qu’ils se convertissent » (Mc 6, 12). La prédication amène la conversion. Une prédication qui n’amènerait aucune conversion serait une prédication qui aurait un problème…
« Et, de nombreux démons-génies, / ils les faisaient sortir » (Mc 6, 13), nous avons ici le terme šīḏe génies qui est plutôt utilisé en contexte de paganisme.
La question de l’exorcisme demeure très actuelle.
Par exemple, qu'est-ce que le Ouija board ou planche Ouija ? Le Ouija est une planche contenant des lettres de l’alphabet latin, des chiffres 0 à 9, des mots « oui » et « non », parfois des mots « bonjour » et « au revoir », ainsi que divers symboles et graphiques. La planche est accompagnée d’un petit accessoire en forme de goutte qui sert d’indicateur mobile pour faire « parler » la planche. La planche Ouija est censée être un moyen de communiquer avec des esprits.
Depuis sa commercialisation en 1990, les médias du monde entier rapportent des faits divers aussi bien individuels que collectifs en lien direct avec cette pratique (meurtres, suicides, hystéries collectives, ...), certains gouvernements ont même été amenés à prendre des mesures d'interdiction pour ce « divertissement ».
Selon le père José María Munoz Urbano, exorciste, 70% des cas de possessions ou d'infestations démoniaques qu'il rencontre, sont dus à des exercices sur la planche Ouija. Mise en ligne en octobre 2015, une terrifiante vidéo filmée dans un hôpital circule sur le net. Elle montre une jeune Péruvienne de dix-huit ans, Patricia Quispe, prise de terribles convulsions et qui d'une voix rauque et profonde hurle « 666 ! » et « Laisse-moi partir ! Laisse-moi partir !! ». Selon des témoins, la jeune femme originaire de Lima avait joué avec ses amis sur une version pour téléphone mobile du jeu de plateau ouija pour évoquer les esprits. De retour au domicile familial, devant ses parents, Patricia convulse, de l'écume sort de sa bouche. Inquiets, ils décident de contacter les urgences qui dépêchent une ambulance. Les amis de Patricia affirment que sa personnalité s'était transformée, sa voix commençait à se modifier et subitement elle perdait le contrôle de son corps et se mettait à invoquer le diable. Les membres du personnel médical ont attesté que la jeune femme faisait preuve d'une force peu commune, qu'il était ardu de la maîtriser. Ce jeu est en réalité un rite conçu pour contacter des entités de l'au-delà, c'est-à-dire ouvrir une porte de l'enfer. C'est dans cette optique qu'il a été créé à la base.
Les apôtres faisaient sortir les démons (Mc 6, 13). Souhaitons qu’il y ait toujours dans l’Église des successeurs des apôtres qui continuent, eux aussi, de faire sortir les démons.
« et ils oignaient d’onguent de nombreux malades, / et ils [les] guérissaient » (Mc 6, 13)
Dans l’évangile selon saint Jean, l’épisode du fils du fonctionnaire royal nous montre une guérison à distance, par la parole. Le seul « contact » est temporel : l’enfant guérit à l’heure où Jésus avait dit : « Ton fils vit » (Jn 4, 53).
L’évangile selon saint Marc nous montre que durant les premières missions apostoliques, au temps où Jésus vivait encore sur la terre, les disciples donnèrent déjà aux malades des onctions d’huile, au nom du Seigneur (Mc 6, 13), ces onctions transmettant un certain contact avec Jésus et opérant ainsi des guérisons à distance de Jésus. Cette pratique se poursuit après la résurrection de Jésus, au temps de l’Église (Jc 5, 14). Il ne s’agit pas dans l’Église primitive d’une « extrême onction » mais bien d’une onction des malades ayant pour but le réconfort, la santé et la sanctification. Au début du troisième siècle, à la fin de la célébration eucharistique, de l’huile pouvait être bénie en ces termes : « De même qu’en sanctifiant cette huile tu donnes, ô Dieu, la sainteté à ceux qui en sont oints et qui la reçoivent, cette huile dont tu as oint les rois, les prêtres et les prophètes, qu’ainsi elle procure le réconfort à ceux qui en goûtent et la santé à ceux qui en font usage » (Tradition Apostolique, édition B. Botte, Münster, 1963, p. 18-19) [4].
[2] https://www.rts.ch/info/monde/14495630-aux-origines-de-letoile-de-david.html
[3] « b-napšhon » commence avec la conjonction « b » qui peut signifier : par, avec, dans, contre, au sujet de » et peut donc être traduit « dans leur âme, en eux-mêmes, par eux-mêmes, contre eux-mêmes, à leur sujet, à leur égard ».
[4] A.G. MARTIMORT, L’Église en prière, T. II, R. Cabié, Desclée, Paris, 1983, p. 132-137.
Date de dernière mise à jour : 15/06/2024