La commémoration liturgique de la Nativité de Marie est liée à la dédicace d’une église, au 5e siècle, à Jérusalem, dans les environs de la piscine probatique, là où, selon la tradition, était la maison des parents de Marie : Joachim et Anne.
La date du 8 septembre ouvre l’Année liturgique byzantine à partir du 6e siècle.
La fête du 8 septembre fut accueillie par l’Église de Rome au cours du 7e siècle et devint une grande fête dans toute l’Europe.
Je vous propose une homélie qui date des environs de l’an 700, par saint Jean Damascène, qui, comme son nom l’indique, a vécu à Damas.
Saint Jean Damascène, Homélie sur la Nativité de Marie, § 10,11,12 :
§ 10 Marie est le temple où la Trinité est glorifiée.
Merveille qui dépasse toutes les merveilles : une femme est placée plus haut que les Séraphins, parce que Dieu est apparu abaissé "un peu au-dessous des anges (Ps 8,6)" ! Que Salomon le très sage se taise, et qu’il ne dise plus : "Rien de nouveau sous le soleil (Eccl 1,9)." Vierge pleine de la grâce divine, temple saint de Dieu, que le Salomon selon l’esprit, le Prince de la paix, a construit et habite, l’or et les pierres inanimées ne t’embellissent pas, mais, mieux que l’or, l’Esprit fait ta splendeur. Pour pierreries, tu as la perle toute précieuse, le Christ, la braise de la divinité. Supplie-le de toucher nos lèvres, afin que, purifiés, nous le chantions avec le Père et l’Esprit, en nous écriant : "Saint, Saint, Saint le Seigneur Sabaoth", la nature unique de la divinité en trois Personnes.
Saint est Dieu, le Père, qui a bien voulu qu’en toi et par toi s’accomplît le mystère qu’il avait prédéterminé avant les siècles (1Co 2,7).
Saint est le Fort, le Fils de Dieu, et Dieu le Monogène, qui aujourd’hui te fait naître, première-née d’une mère stérile, afin qu’étant lui-même Fils unique du Père et "Premier-né de toute créature (1Co 1,15)", il naisse de toi, Fils unique d’une Vierge-Mère, "Premier-né d’une multitude de frères (Rm 8,29)", semblable à nous et participant par toi à notre chair et à notre sang (Hb 2,14). Cependant, il ne t’a pas fait naître d’un père seul, ou d’une mère seule, afin qu’au seul Monogène fût réservé, en perfection le privilège de fils unique : il est en effet Fils unique, lui seul d’un père seul, et seul d’une mère seule.
Saint est l’immortel, l’Esprit de toute sainteté, qui par la rosée de sa divinité t’a gardée indemne du feu divin : car c’est là ce que signifiait par avance le buisson de Moïse.
§ 11 Piscine probatique [à côté de la maison natale de Marie]. Guérison du genre humain.
Je te salue, ô Portique des brebis, demeure très sainte de la Mère de Dieu. Je te salue, Portique des brebis, domicile ancestral de la reine, autrefois l’enclos des brebis de Joachim, devenu aujourd’hui l’Eglise du troupeau spirituel du Christ, cette imitation du ciel. Jadis tu recevais une fois par an l’ange de Dieu, qui agitait les eaux et rendait la santé à un seul homme en le délivrant du mal qui le paralysait (Jn 5,4). Aujourd’hui tu as ici des multitudes de puissances célestes qui célèbrent avec nous la Mère de Dieu, l’abîme des merveilles, la source de l’universelle guérison. Tu as reçu, non un ange serviteur (Hb 1,14), mais "l’Ange du grand conseil", descendu sans bruit sur la toison comme une pluie de bonté (Is 9,5; Ps 72,6), celui qui a rétabli la nature entière, malade et penchant vers sa perte, dans une santé inaltérable et une vie sans vieillesse : par lui, le paralytique qui gisait en toi a bondi comme un cerf (Is 35,6; Ac 3,7). Je te salue, précieux Portique des brebis, que se multiplie ta grâce !
Essai de portrait.
Je te salue, ô Marie, fille très douce d’Anne. Vers toi de nouveau l’amour m’attire. Comment dépeindre ta démarche pleine de gravité, ton vêtement ? Et la grâce de ton visage ? La maturité du jugement dans un corps juvénile ? Ta tenue fut modeste, éloignée de tout luxe et de toute mollesse ; ta démarche grave, sans précipitation, exempte de toute indolence ; ton caractère sérieux, tempéré d’enjouement, d’une parfaite réserve à l’égard des hommes : témoin le trouble qui te saisit aux propos inattendus de l’ange. À tes parents dociles et obéissants, tu avais d’humbles sentiments dans les contemplations les plus hautes, une parole aimable, venant d’une âme paisible. En résumé quoi d’autre en toi, que la digne demeure de Dieu ? Avec raison toutes les générations te proclament bienheureuse, toi la gloire insigne de l’humanité. Tu es l’honneur du sacerdoce, l’espoir des chrétiens, la plante féconde de la virginité, car c’est par toi que le renom de la virginité s’est étendu au loin. "Tu es bénie entre les femmes, et le fruit de ton sein est béni." Ceux qui confessent ta maternité divine sont bénis, et maudits ceux qui la nient.
§ 12 : Prière.
Joachim et Anne, couple béni, recevez de moi ce discours d’anniversaire.
Fille de Joachim et d’Anne, ô Souveraine, accueille la parole d’un serviteur pécheur, mais que l’amour enflamme, pour qui tu es le seul espoir de joie, la protectrice de la vie, et, auprès de ton Fils, la réconciliatrice et la garantie ferme du salut. Puisses-tu écarter le fardeau de mes péchés, dissiper le nuage qui obscurcit mon esprit et la lourdeur qui m’attache à la matière.
Puisses-tu arrêter les tentations, gouverner heureusement ma vie et me conduire par la main jusqu’à la béatitude d’en haut. Accorde au monde la paix, et à tous les habitants orthodoxes de cette cité, une joie parfaite et le salut éternel, par les prières de tes parents et de tout le corps de l’Église. Ainsi soit-il ! Ainsi soit-il !
"Salut, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi ; tu es bénie entre les femmes, et béni le fruit de ton sein", Jésus-Christ, le Fils de Dieu. A lui la gloire, avec le Père et le Saint-Esprit, dans toute l’infinité des siècles. Amen.